Le 11 novembre 1918 est une date qui demeure dans les tréfonds de l’esprit français. Comme un savoir ou une vague allusion à quelque chose de capital.
C’est la fin d’une guerre de quatre ans épouvantablement meurtrière.
C’est l’héroïsme et la boue des tranchées.
C’est l’armistice.
C’est la fin d’un monde.
La nostalgie et l’émotion sont-elles permises ?
« Il a une certaine idée de la France, sa grande patrie, idée forgée par l’école publique, alors totalement patriote. Il est obéissant, il est encore totalement croyant. En 2015, que nous reste-t-il de ces valeurs ? Sommes-nous encore capables, avons-nous encore envie de nous battre pour une cause supérieure ? »
Cet extrait est tiré d’un numéro du Journal de Béziers qui fait sa « une » sur la célébration du centenaire de la guerre de 1914-1918.
Il s’agit, pour Brigitte Salino qui a écrit un article sur le théâtre à Béziers pour Le Monde, « d’un éloge du valeureux Français d’alors ».
Je ne crois pas avoir tort en décelant derrière ces simples mots une ironie, presque une condescendance à l’égard de ces vieilles lunes que des retardataires et des passéistes cultivent encore. Il est clair que la citation a été choisie par cette journaliste pour nous démontrer à quel point le Journal de Béziers avait une conception conservatrice de notre Histoire de France et comme ses interrogations inquiètes sur l’avenir étaient réactionnaires.
Pour ma part je ne perçois rigoureusement rien de ridicule ni de choquant dans la représentation qui nous est donnée du combattant d’alors ni dans l’expression de cette angoisse pour le futur.
Cette dernière est d’autant plus justifiée, au regard de l’immense soulagement unanime qu’a suscité l’armistice de 1918, que la France d’aujourd’hui cherche désespérément – dans tous les sens du terme – de quoi s’inventer ou se recréer un destin collectif, un lien fondamental autour duquel la France multiethnique pourrait trouver matière à s’aimer, à se rassembler.
On en est très loin et l’intense fusion républicaine du mois de janvier n’a duré que le temps de son exaltation verbale, politique et médiatique. Ses suites ont remis notre pays dans le fil d’une morosité démocratique éclatée, écartelée.
Quant à l’image de cette France d’il y a si longtemps – avec ses valeurs, ses structures, ses fidélités et ses ancrages, son courage et son amour de la nation, si magnifiquement incarnée par un Péguy tué si vite après le début des hostilités, au bout de cent jours -, en quoi serait-elle régressive, inexacte ou biaisée ? Pourquoi n’aurait-on pas le droit de retrouver de la chaleur et de l’émotion, dans notre existence d’aujourd’hui, en songeant aux épiques, sublimes et traditionnelles séquences de cette Histoire de France si éloignée à tous points de vue ?
Il est vrai que pour Brigitte Salino l’essentiel, selon un mode habituel, pour Le Monde comme pour une majorité d’autres médias, est de pourfendre le maire de Béziers Robert Ménard et pour cela tout peut servir. Pour elle, c’est le théâtre. Demain, ce sera autre chose. Un jour, on reprochera à Robert Ménard d’exister.
Mais pourquoi ce ton insupportable, cette manière de cracher avec délicatesse et une subtilité prétendue supérieure sur tout ce qui a fait de la France ce qu’elle est ?
Faudra-t-il un jour, pour plaire au Monde, envisager « le suicide français » non seulement à cause de notre présent calamiteux mais en raison de notre passé contrasté dont les pages de gloire et d’honneur devraient susciter forcément la dérision des « beaux esprits » ?
Pour ma part je ne perçois rigoureusement rien de ridicule ni de choquant dans la représentation qui nous est donnée du combattant d’alors
Normal.
Le sans-dent est le descendant direct de ces Français d’alors, totalement soumis par la guerre, et donc, de fait, nécessairement dépendants de l’Etat pour le moindre de leurs besoins vitaux.
Ce que les circonstances de la guerre imposaient alors, le sans-dent le désire encore aujourd’hui malgré l’état de paix.
Vous avez besoin de l’ordre et d’un chef parce que vous ne savez que faire de votre propre liberté et que vous considérez ainsi celle des autres comme une insulte personnelle.
Dans « Les Eparges », Maurice Genevoix n’exalte pas l’héroïsme du soldat. Il n’en éprouve pas le besoin, mais on peut se demander si c’est véritablement parce que cela va de soi.
Je l’ai dit souvent ici, se battre pour un roi, c’est se battre pour son père, sinon en pleine conscience politique, tout au moins de façon symbolique, et on doit se battre pour défendre l’honneur de son père quand bien même eût-il eu tort, sauf à perdre son âme. La question se poserait même de savoir si on ne doit pas le faire quand bien même le père se serait déshonoré.
Par contre, se battre pour les valeurs de la République est aussi creux que le mot valeur. Quelle République en effet ? Celle de 1793 ? Celle qui a trahi les peuples d’Indochine en 1954 et une bonne partie des Algériens autochtones et l’armée en 1962 ? Celle qui a harangué le peuple jusqu’à vouloir la guerre de 14 que les têtes couronnées voulaient éviter ? Le mot patrie est révélateur de l’imposture républicaine. En République, il n’y a pas de terre du père ; la terre du père, c’était celle du Roi.
Et pourtant, comment vivre en ayant fui ou évité son « devoir de soldat » alors que celui-ci n’est qu’un conditionnement psychologique fondé sur des archétypes que les perversions de l’esprit ont écartés de la nature humaine ?
Au retour des Eparges, un soldat jette de la boue dans le dos d’un officier ou d’un sous-officier – je ne m’en souviens plus – du seul fait qu’il n’avait pas été de la bataille, et celui-ci ne réplique pas. Ceux qui revenaient de l’enfer n’avaient pas conscience d’être des héros – ils étaient bien forcés d’y aller – mais ceux de l’arrière avaient quelque honte à les croiser. Tous les héros de la résistance antinazie d’après 68 devraient avoir lu « Les Eparges » pour comprendre du moins soupçonner ce qu’a pu être le ressentiment des soldats allemands revenus au pays pour découvrir que ceux qui n’avaient pas la nationalité avaient fait des études, acquis diplômes et prospérité pendant qu’ils se battaient.
Cependant, tout cela avait la notion de respect pour lien. Le respect dû aux morts pour la collectivité, quel qu’ait été leur degré de conscience, et par là-même, le respect dû aux symboles qui les avaient animés de gré ou de force, pour les rassembler dans le panthéon des héros.
Mais qui aujourd’hui se souvient des mots « honneur », « patrie » ou « respect » ? Le crime qui ronge et anéantit notre civilisation, c’est le meurtre des mots, et cela en parfaite cohérence avec l’athéisme tant le premier devoir religieux aux termes même du catéchisme officiel de l’Eglise catholique, est le respect du vocabulaire – l’hommage à Vac déesse indo-européenne de la création.
Honneur à la mémoire de nos héros de 14-18 même s’ils n’ont pas été des héros et qu’il n’y avait pas de patrie.
Une bande de fous furieux et d’infernales crapules les a sacrifiés, les mêmes que ceux qui ont poussé à la Seconde Guerre mondiale, et les Français ne le savent pas, ils ne veulent pas le savoir, ils ne sont même pas en état de savoir.
Alors, qu’ils en honorent encore davantage leurs morts pour la patrie.
Sur France 2 avant la commémoration de ce 11 novembre, il y avait un documentaire sur Georges Clemenceau commenté par les meilleurs de nos historiens… Un grand homme qui fût député à 36 ans mais ministre pour la première fois à 65 ans… à une époque où l’espérance de vie – pour les survivants – dépassait peu 60 ans.
Comparée au Tigre notre classe politique actuelle paraît bien fade, sans idéal, sans rien à proposer de grand, sans vision pour la France… juste de bien médiocres employés dont le seul horizon est leur carrière !
« Quant à l’image de cette France d’il y a si longtemps – avec ses valeurs, ses structures, ses fidélités et ses ancrages, son courage et son amour de la nation, si magnifiquement incarnée par un Péguy tué si vite après le début des hostilités, au bout de cent jours -, en quoi serait-elle régressive, inexacte ou biaisée ? Pourquoi n’aurait-on pas le droit de retrouver de la chaleur et de l’émotion, dans notre existence d’aujourd’hui, en songeant aux épiques, sublimes et traditionnelles séquences de cette Histoire de France si éloignée à tous points de vue ? »
Magnifique. Merci de rappeler cela.
Très occupée à faire mon arbre généalogique en rappelant quelques anecdotes sur ma famille, je côtoie par la pensée cette France-là tous les jours plus que jamais et aujourd’hui j’ai une pensée pour mes grands-pères et grands-oncles dont certains ne sont pas revenus ou revenus blessés à vie. Je pense aussi à mes grand-mères si courageuses et vaillantes pour pallier le manque de main-d’oeuvre masculine. Ces valeurs ne devraient pas être reléguées, elles sont bien ce qui manque aujourd’hui au tissu social.
Mais que faire avec des politiques qui viennent en ce jour du 11 Novembre 2015 commémorer l’armistice et les morts pour la France, d’abord pour s’en servir de tremplin électoral. Que dire de commentatrices qui expliquent les gazages en Belgique et disent : « Il y avait là des soldats d’Algérie, de Bretagne et de Normandie… »
Nous sentons la manipulation intellectuelle partout.
Doit-on encore leur rappeler que les Français sont capables de réfléchir ?
Quel toupet ! Oser écrire cet article en pleine décomposition morale intellectuelle gauchiste des valeurs de la France et de notre histoire, en plein reniement repentiste des sacrifices de nos aïeux, en pleine phase remplaciste par les nouvelles cultures immigrationnistes, mais vous allez vous faire traiter de réac, de facho !! Vous ne savez donc pas ce qui se passe à l’Education nationale socialiste ? Des pans entiers de notre histoire effacés pour se soumettre à la nouvelle charia éducative gauchiste ? Reprenez-vous cher Philippe, demandez d’urgence l’asile politique à Béziers, le seul village qui, comme celui d’Astérix résiste encore à l’envahisseur ; vous serez reçu à bras raccourcix par Ménard, ce héros résistant des temps modernes imperméable à toutes les vomissures fientesques que lui jettent ses adversaires haineux collabos du nouveau système destructeur de notre Nation.
Le Journal municipal de Béziers n°22 (Robert Ménard) fait sa Une sur la célébration du centenaire 14-18 : Vive la France, quel sens pour les jeunes générations ?
http://fr.calameo.com/read/001968470c60345919437?trackersource=library
Le journal du midi, Midi-Pas-Libre (groupe la Dépêche/Jean-Michel Baylet) fait sa Une aujourd’hui 11 Novembre sur l’homme mort dévoré par son chien (la Une est en colonne de droite)
http://www.midilibre.fr/2015/11/10/le-syndic-aux-belles-voitures-reste-en-prison,1239837.php
« Nous n’avons pas les mêmes valeurs »
Béziers. Ca tombe bien. Le nom de mon grand-père est inscrit sur les plaques de marbre du monument aux morts devant lequel en ce moment même les autorités, élues du peuple français, s’inclinent. Merci Monsieur Bilger pour ce moment et ces mots de dignité. Vous n’êtes pas, politiquement, de mon bord, mais je vous respecte.
Quelques images, quelques souvenirs, quelques paroles rapportées, si vous le voulez bien.
Dans la ville où je réside actuellement, loin de Béziers, la vie en a décidé ainsi, nous avions jusqu’à une date récente un Compagnon de la Libération. Un héros issu du peuple et resté dans le peuple, mais un authentique héros. Je m’entretenais souvent avec lui. De la paix, de la guerre, de l’entente entre les peuples, du devoir de mémoire. Un jour, peu de temps avant de mourir, il m’a confié, parlant de la guerre de 14/18 : « je n’ai toujours pas compris pourquoi on avait fait cette guerre ».
Récemment sur la première page de la revue des anciens combattants « La Voix du combattant », une photo, épouvantable, quand j’y pense. On voit, juste à la déclaration de guerre, avant les premières batailles, une section en armes, cachée derrière une haie dérisoire, prête à bondir. Les hommes sont en pantalon rouge, sans casque, agglutinés. Elle partira à l’assaut bientôt. Comme des milliers d’autres, elle sera décimée par les mitrailleuses allemandes qui l’attend derrière l’autre haie un peu plus loin. Les politiques qui ont envoyé le peuple français, en toute connaissance de cause, se faire tuer dans ces conditions, sont des criminels, des criminels contre le Peuple Français comme il y a des criminels contre l’Humanité et je souhaite qu’un jour, en tant que politique que j’ai été et que j’espère redevenir un jour, on déterre, non pas les baïonnettes rouillées mais les vraies responsabilités de cette guerre. N’est-ce pas, Monsieur l’Avocat Général ?
Quelques jours avant l’entrée en guerre, le Kaiser allemand convoque l’attaché militaire français à Berlin. Il lui dit : « Vous êtes complètement fous les Français, vos soldats sont en pantalon rouge, que l’on voit de loin, ils n’ont pas de casque, ils vont se faire tailler en pièces ». L’officier a rendu compte. Il ne s’est rien passé. Or on savait, l’Etat-major et l’Ecole de Guerre savaient, depuis la guerre russo-japonaise, que les mitrailleuses décimeraient la troupe. Ceux qui n’ont rien fait, rien dit, dans TOUTE la hiérarchie, jusqu’au politique, sont des criminels.
Il n’y a pas longtemps je visitais un vieux château oublié dans le haut Languedoc. La famille propriétaire y avait rassemblé plein de vieux objets d’autrefois, dont des armes du Moyen Âge. Il y avait des casques en acier forgé. Ils avaient dû coûter très cher à l’époque. Sur le monument aux morts du village, une effrayante et interminable liste d’enfants du pays morts au champ d’honneur. Je me suis dit : « comment se fait-il qu’il y a cinq cents ans on était capables de donner à nos soldats des casques et qu’à l’époque contemporaine, censée être « de progrès », on n’en ait plus été capable ? Combien d’enfants du pays auraient été épargnés s’ils avaient pu disposer ne serait-ce que de ceux exposés au petit musée ? »
J’arrête. Ma femme me houspille. Nous sommes attendus au repas des anciens combattants d’ici. Je ferai porter un toast à votre santé, cher Monsieur Bilger, pour vos mots justes et sincères de ce matin. Et aussi pour emm… la bande de vieux gauchos antimilitaristes qui nous font ch.. sur votre site. Vive la France !
Les Morts pour la France appellent, dans la sonnerie qu’ils inspirent, les Vivants pour l’Europe. Le drame de cette guerre et de celle qui a suivi, comme de celles qui les ont précédés, est celui du nationalisme. On ne peut donc pas faire honneur à la mémoire des victimes de ces guerres en exaltant le seul sacrifice national.
Pourquoi le seul Péguy et non pas, avec lui, Julien Benda ? L’un blé fauché et l’autre pain, farine et levain…
« Ce que je crois bon que l’Europe entende, je vous le dirai dans l’absolu, vous laissant le soin de le modifier selon la nature des auditoires auxquels vous aurez à le redire dans vos patries respectives. Cette position, elle encore, m’aliène tout de suite maint des vôtres. Le nationalisme est, en effet, parvenu à vous faire croire que le Verbe n’est considérable que s’il attache à valoir pour une portion du globe déterminée, que celui qui prétend s’élever au-dessus de ce relatif et parler dans l’universel ne mérite que notre risée.
Comme si le nationalisme n’avait pas, lui aussi, son Verbe qu’il a élaboré sur la montagne, loin des nations particulières, et qu’il adapte ensuite à la nature de chacune d’elles. La réhabilitation de l’Éternel est un des premiers assauts qu’il vous faudra livrer.
(…)
Je vous dis : « Ne vous pensez pas dans le national. » Je ne vous dis point : « Ne soyez pas dans le national. ».
(…)
Vous, clercs français, ne soyez pas glorieux de Jeanne d’Arc ou de la Marne ;
soyez glorieux si votre intelligence est bonne, si elle est, comme voulait un des vôtres, une belle balance de précision. Vous, clercs allemands, ne soyez pas honteux de la capitulation du 11-novembre ; soyez honteux de mal raisonner, de mal penser.
Répudiez la furie de vos nations à se glorifier elles-mêmes, à humilier les autres : leur pont d’Austerlitz, leur pont d’Iéna, leur Trafalgar Square, leur Waterloo Bridge, leurs avenues de Sedan.
Et ne vous laissez pas accuser pour cela d’un stupide individualisme ; ne laissez pas dire que vous croyez sottement que chacun de vous ne relève que de lui-même, n’est le captif d’aucun passé, n’a été façonné par aucune ascendance.
Répondez que ceux qui vous ont faits sont ceux qui vous ont appris à penser ; c’est Socrate, c’est Bacon, c’est Descartes, c’est Kant. Dites à ces patriotes que, tout comme eux, vous avez vos ancêtres, dont vous portez fièrement l’héritage, et quelquefois durement, mais que votre héritage, à vous, est au-dessus de la nation. S’ils vous disent que, quoi que vous prétendiez, votre esprit porte la marque des penseurs de votre pays, que vous n’y pouvez rien, que, quoi que vous fassiez, vous êtes des leurs, répondez qu’il la porte dans ses formes extérieures, non dans sa réalité profonde ; que la puissance, qui
est votre propre, de demander vos jugements à autre chose qu’aux émois de votre coeur ou aux éblouissements de votre cerveau, vous a été léguée par des hommes qui survolent les frontières de votre patrie.
Ce désintéressement que je vous demande, pour beaucoup il n’ira pas sans douleur. C’était facile à un Goethe, à un Leibniz, à un Érasme, de ne point se penser comme citoyens de l’Allemagne ; à un Galilée, à un Thomas d’Aquin, de placer leur vulnérabilité ailleurs qu’en leurs coeurs d’Italiens. L’Allemagne,
l’Italie, la plupart des nations, n’existaient pas alors.
Aujourd’hui, vos patries sont nées ; vous les avez aimées ; vous vous êtes associés, dans vos coeurs, à leurs triomphes, à leurs humiliations. Une pâture s’est offerte à votre orgueil de vie ; et cette pâture, vous l’avez prise. Confessons-le ; depuis quinze ans, de ce côté-ci du Rhin, les meilleurs d’entre nous ont éprouvé une mauvaise joie, au fond d’eux-mêmes, d’appartenir à un pays
vainqueur.
Il vous faut à tout prix rompre cette solidarité que les patries, dans la monstrueuse razzia spirituelle qu’elles mènent depuis cent ans et que vous leur avez laissé mener, ont su créer entre elles et vous. Là encore, il vous faut détruire l’oeuvre folle du XIXe siècle. »
Cette oeuvre folle, étendue à une complexité qui n’est pas celle du début du siècle dernier, recouvre sa force et son ambition.
Les nations n’ont de grands hommes que malgré elles, comme les familles. Baudelaire.
Le journal de Béziers et Le Monde sont à renvoyer dos à dos. Chacun se définit par rapport à l’autre. Ça n’a pas d’intérêt.
On peut tenter, encore et toujours, de faire de cette armistice de 1918, obtenu grâce à l’héroïsme de nos morts, un immense sacrifice expiatoire national. Mais ça ne marche plus. Ces millions de morts de part et d’autre n’ont servi à rien. C’est cela la réalité objective. La preuve ? La guerre, à nouveau, à peine 20 ans après…
« Ce que le monde avait possédé jusqu’alors de plus sacré et de plus puissant a perdu son sang sous nos couteaux – qui essuiera ce sang de nos mains ? Quelle eau lustrale pourra jamais nous purifier ? Quelles solennités expiatoires, quels jeux sacrés nous faudra-t-il inventer ? » (aphorisme 125 du Gai Savoir)
S’il y a une chose à retenir des écrits de René Girard, c’est celle-ci : le regard du survivant (bourreau ou complice de bourreau) déforme, ment, le regard de la victime, lui, voit les choses comme elles sont. Soit nous pratiquons cette conversion du regard, adoptant celui de la victime, devenant ainsi capables de nous voir tels que nous sommes, soit nous mourrons tous dans des solennités expiatoires et jeux sacrés de plus en plus épouvantablement meurtriers…
Intéressant ce numéro du journal municipal de Béziers où l’on peut lire comme vous le citez :
« Il a une certaine idée de la France, sa grande patrie, idée forgée par l’école publique, alors totalement patriote. Il est obéissant, il est encore totalement croyant. En 2015, que nous reste-t-il de ces valeurs ? Sommes-nous encore capables, avons-nous encore envie de nous battre pour une cause supérieure ? » où l’on idéalise le soldat héros de la Première Guerre mondiale pour l’opposer au Français d’aujourd’hui qui serait incapable de se sacrifier pour la patrie. « Mourir pour des idées, mais de mort lente » dirait Brassens.
Les choses ne sont évidemment pas si simple. Il suffit de lire le journal municipal en entier, ce que vous n’avez peut-être pas fait cher Philippe. On y lit également :
« La population biterroise tient le choc malgré tout. Seulement, l’enthousiasme s’est terriblement fané, dans certaines conversations de comptoirs, les réseaux sociaux de l’époque, des voix commencent à critiquer la poursuite de la guerre. Comme partout ailleurs, un pacifisme diffus semble retourner les âmes. En 17-18 les premiers craquements sérieux apparaissent à Béziers secoué par une demi-douzaine de grèves. Chez les métallurgistes, les couturières et mais aussi les coiffeurs ! La ville est alors quadrillée par les forces de l’ordre dont les troupes coloniales. »
Les survivants de ceux qui étaient partis la fleur au fusil, pour reprendre l’image d’Epinal de l’époque, accueillent l’armistice avec soulagement, convaincus que c’était la « Der des Ders », la grande illusion.
Quant à votre ami Robert Ménard, rassurez-vous, personne ne lui reproche d’exister. Je souhaite qu’il en soit de même pour Christiane Taubira, bien d’avantage objet d’attaques ad hominem !
Hier, j’ai regardé ce téléfilm poignant « Les fusillés » qui souligne l’arbitraire que des généraux incompétents et imbus de leur pouvoir ont fait régner sur le front.
675 soldats, pour la grande majorité courageux et patriotes, ont été fusillés pour l’exemple et aucun gouvernement n’a, depuis, accepté de les réhabiliter (sauf une quarantaine) sous des prétextes fallacieux.
Une injustice insupportable.
Bonjour Philippe,
« Je ne crois pas avoir tort en décelant derrière ces simples mots une ironie, presque une condescendance à l’égard de ces vieilles lunes que des retardataires et des passéistes cultivent encore. Il est clair que la citation a été choisie par cette journaliste pour nous démontrer à quel point le Journal de Béziers avait une conception conservatrice de notre Histoire de France et comme ses interrogations inquiètes sur l’avenir étaient réactionnaires. »
Je ne connais pas cette Brigitte Salino mais je dois avouer que je ne vois pas d’ironie condescendante, de second degré sournois, ni la moindre allusion perfide envers ceux qui cultivent encore le patriotisme.
Il est vrai que ce terme a tendance à tomber en désuétude dans les générations actuelles. Sans doute est-ce le fait que celles-ci n’ont pas eu à prendre les armes, pas plus d’ailleurs que leurs parents nés après 1945, dont je suis.
Le « néo-patriotisme » qui est en train de renaître, attisé par les discours enflammés des ténors du FN ou assimilés, me paraît malsain car animé par des intentions qui relèvent plus de la crise identitaire et du nationalisme dans ce qu’il représente de plus ambigu.
Existe-t-il un lien entre la querelle qui oppose Brigitte Salino à Robert Ménard et son article sur la cérémonie du 11 novembre ? Là encore j’ai du mal à faire la relation. Même s’il est vrai que le maire de Béziers fait preuve d’un patriotisme particulièrement zélé depuis quelque temps.
Le 11 novembre est une journée de recueillement alors autant laisser les armes dans leur fourreau.
En hommage à ceux de la « grande guerre » un extrait de « Jules Matrat »
« Matrat a quitté son village de la Loire dans les premiers jours d’août 14, sans comprendre ce qui lui arrivait.
En trente ans il n’avait abandonné sa ferme qu’une fois : pour son service militaire. Aujourd’hui il a dû brutalement se séparer du père, de la mère, des bêtes, des champs, et aussi de Rose, sa promise.
Ceux qui reviennent, apparemment vivants, des batailles gagnées ou perdues, sont parfois, sans que nul s’en doute, aussi morts que les morts abandonnés dans la boue des tranchées.
Quant à celles qui attendaient leur retour, elles voient revenir des hommes qu’elles ne connaissent pas » (Charles Exbrayat)
Est-ce que lorsque l’on commente ce blog le « bonjour Philippe ! » nous donne une carte de membre actif du blog, voire un bon de réduction (de peine, of corse) pour quelques gauloiseries échappées du clavier ?
La familiarité sous pseudo a un p’tit côté indécent qui m’exaspère (si je puis me permettre évidemment)…
Commémorer le 11 novembre c’est rappeler l’horreur d’une guerre qui s’est soldée par 9 millions de morts et presque autant d’invalides. Alors pour les jeunes générations le message c’est « plus jamais ça ».
Dans la fin de votre billet, Monsieur Bilger, vous posez me semble-t-il les vraies questions qui se posent à la France :
« Quant à l’image de cette France d’il y a si longtemps – avec ses valeurs, ses structures, ses fidélités et ses ancrages, son courage et son amour de la nation, si magnifiquement incarnée par un Péguy tué si vite après le début des hostilités, au bout de cent jours -, en quoi serait-elle régressive, inexacte ou biaisée ? Pourquoi n’aurait-on pas le droit de retrouver de la chaleur et de l’émotion, dans notre existence d’aujourd’hui, en songeant aux épiques, sublimes et traditionnelles séquences de cette Histoire de France si éloignée à tous points de vue ? »
S’il est vrai que la gloire de 1918 a été en grande partie effacée par la défaite de 1940, en ce 11 novembre il reste difficile à beaucoup de jeunes (et de moins jeunes parce qu’idéologues obtus) de comprendre les sacrifices des hommes mobilisés en 1914.
Dans votre énumération, vous avez oublié un mot pourtant essentiel : celui de patrie. La nation reste le symbole maternel, la patrie celui du père, parce que selon l’expression consacrée il s’agit du « pays de nos pères », celui dont on hérite et que l’on veut transmettre à ses descendants parce qu’il s’inscrit dans une lignée et dans le temps long de la succession des générations.
Il faut sans doute aussi ne pas oublier que le traumatisme de la mise en œuvre de la loi de 1905 de séparation de l’Église et de l’État datait de moins de dix ans et qu’il n’a pas empêché les Français de se rassembler pour défendre leur patrie au sacrifice de leurs vies, le plus souvent de jeunes vies. Il faut encore se rappeler que la France d’alors était principalement rurale et l’attachement à la terre natale était extrêmement puissant dans la mentalité collective des Français. Enfin l’esprit de revanche qui a suivi la défaite de 1870 et la perte de l’Alsace-Moselle a été un moteur puissant pour lutter contre l’envahisseur allemand.
Le tort d’une certaine gauche est de confondre nation et nationalisme exacerbé. La nation n’est qu’un cadre de vie qui permet aux citoyens, au Peuple de s’identifier par rapport aux autres peuples, parce que dépositaires d’une Histoire, d’une langue, d’une culture, d’un mode de vie et de pensée, tout comme chaque individu a conscience qu’il est différent de son voisin. Ce sont les dirigeants politiques qui exploitent le nationalisme à des fins parfois déshonorantes pour l’humanité comme l’a fait Hitler en Allemagne, en grande partie par esprit de revanche contre les dispositions du Traité de Versailles et l’humiliation ressentie, la même humiliation ressentie par les Français en 1870-71 à Versailles.
Vous concluez, Monsieur Bilger : « Faudra-t-il un jour, pour plaire au Monde, envisager « le suicide français » non seulement à cause de notre présent calamiteux mais en raison de notre passé contrasté dont les pages de gloire et d’honneur devraient susciter forcément la dérision des « beaux esprits » ?
Il est vrai que l’Histoire de la France, au lieu d’être considérée pour ce qu’elle a eu d’admirable dans la pensée, singulièrement l’esprit des Lumières et son universalisme, n’est plus vue qu’au prisme de la honte. Comment se construire comme citoyen si l’on est élevé dans la honte éternelle du pays dans lequel on a eu l’honneur de naître et dont on se doit d’assumer l’héritage ?
Les concepteurs de l’Europe et de l’articulation des peuples et des nations en son sein devraient s’interroger sur la trahison des clercs qu’elle tend à représenter par le mépris des peuples européens et le déni de démocratie que nombre des choix opérés à Bruxelles ont institué.
« Un jour, on reprochera à Robert Ménard d’exister »…
C’est pratiquement fait.
Ceci écrit, l’avènement de milliers de Robert Ménard en France ne fait que commencer.
Je vous remercie, cher Philippe Bilger, pour cette phrase : « Pourquoi ce ton insupportable, cette manière de cracher avec délicatesse et une subtilité prétendue supérieure sur tout ce qui a fait la France et ce qu’elle est ».
J’ai lu UNE SEULE FOIS cet horrible journal (c’était il y a une quarantaine d’années) et je me demande encore comment un honnête homme peut lire pareil amas d’hypocrisie sournoise.
Le mot Patrie n’a plus le même sens aujourd’hui que naguère. En 1914, le service militaire obligatoire était de trois ans et l’espérance de vie de soixante ans. Qui, aujourd’hui, accepterait de donner trois ans de sa vie pour la Patrie, la France ? On ne peut imaginer ce que furent les quarante années qui précédèrent 1914 et l’idée obsédante, jusqu’à l’hystérie, de la revanche de 1870. Pas une association, une amicale ou un club sportif qui ne portât le nom de Alsace-Lorraine, La Revanche, En Avant, La Frontière, Le Drapeau, Aux Armes, La Victoire, etc. La notion de sacrifice était naturelle ; on ne l’enseigne plus qu’à Saint-Cyr et dans quelques grandes écoles militaires aujourd’hui.
Déjà, en 1940, après quatre ans de Front Populaire qui incitait au sabotage de l’armement, beaucoup criaient ne pas vouloir « mourir pour les gueules de vaches » (les officiers) et le pacte germano-soviétique de 1939 troublait pas mal de consciences de gauche comme de droite. J’ai vu le lamentable défilé des prisonniers français, jetant en tas énormes armes, munitions, casques, bidons, cartes sans avoir combattu. Deux millions de prisonniers, chiffre jamais atteint par aucune armée au monde. Je me souviens des larmes versées à l’écoute des messages du vieux Maréchal, de l’étonnement incrédule à la révélation d’un certain général de Gaulle, tellement inconnu que l’on crut un certain temps à un pseudonyme, Vercingétorix ne nous eut pas plus étonnés !
Et puis une Occupation ressentie très différemment selon qu’on ait habité la Corse (huit mois) ou les Vosges (quatre ans et demi), avec une Résistance intense ou nulle, avec destructions ou pas, avec dénonciations à la Kommandantur, puis aux Comités de Libération, avec des privations de nourriture ressenties jusqu’en 1948, les pires années ayant été celles… après le départ des Allemands ! Oui, à l’époque, on ne disait pas « les nazis », mais les Boches, les Chleuhs… Et les préoccupations étaient plus alimentaires que patriotiques.
Le patriotisme s’est effondré après les règlements de comptes de l’épuration et l’imposture de « la France s’étant libérée toute seule », les campagnes communistes contre la guerre d’Indochine, puis d’Algérie, et surtout la réalité de la réconciliation franco-allemande dans une Europe naissante, la quasi suppression des frontières, la mondialisation. Les renversements d’alliances où les ennemis héréditaires deviennent des partenaires commerciaux et où les libérateurs d’hier sont voués aux gémonies pour des raisons stupides, idéologiques et pas toujours honnêtes, déroutent les « anciens ». Le 11 novembre reste vivant à cause du sacrifice consenti par ceux qui étaient nos proches, symbolisés par le Soldat Inconnu. On pourrait sans crainte supprimer le jour férié du 8 mai 1945 si l’on associait ce jour-là à la commémoration du 11 novembre. Mais ceci est un autre débat.
Il n’est pas insultant en ce jour de revoir le film de Joseph Losey « King and Country » (1964) avec les sublissimes Tom Courtenay et Dirk Bogarde. Un déserteur est jugé en 1917.
Monsieur Philippe Bilger, je partage totalement les mots fort justes de votre billet.
« …cette manière de cracher avec délicatesse et une subtilité prétendue supérieure sur tout ce qui a fait de la France ce qu’elle est… »
Cette Brigitte Salino du Monde, dans tout son fielleux, oublie une chose : au cours des seulement trente dernières années, plusieurs centaines de soldats français sont morts pour la France, et quasiment le quadruple ont été blessés, dont au moins un tiers garde des séquelles à vie.
Ces soldats ont fait don de leur vie ou de leur intégrité physique, car ils étaient mus par des motivations similaires à leurs grands anciens de 14/18. Prendre le risque de donner la mort et la recevoir, cela repose certes sur des qualités mentales mais celles-ci reposent avant tout sur ce socle culturel que cette journaliste semble honnir.
Ses propos quand on les met en parallèle avec les articles et tribunes publiés par son journal sur la même période, frisent l’imposture. Car ces conflits furent dans leur très grande majorité approuvés et même encouragés dans les colonnes de son journal : intervention au Liban, en Yougoslavie, au Mali et République centrafricaine récemment, etc.
Bien sûr l’argument sous-jacent chez elle et nombre de ses confrères : ces militaires étaient des professionnels ayant choisi ce métier. En conséquence des sous-citoyens méritant au mieux une vague compassion, et souvent le mépris de ces intellectuels distingués. Jusqu’au milieu des années 90, la moitié au moins de ces militaires étaient des appelés volontaires (sous statut VSL), entre autres au Liban et en Yougoslavie. Mais pour des Brigitte Salino, où est la différence avec des engagés, car tous étaient volontaires, et probablement mus avant tout par l’appât du gain !
Si Daech arrive à ses fins au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ce qui hélas n’est pas exclu, et qu’il se lance dans des raids en Europe et en France*, il faudra bien des militaires pour le combattre et nos effectifs sont bien insuffisants, alors que nous propose Brigitte Salino ? une manifestation de tous les intellectuels français ? un armistice se muant rapidement en collaboration (une « Soumission » à la Houellebecq mais en plus hard) ? Certainement pas un retour à une forme de conscription même partielle…
Voir sur ce sujet ces deux articles de Michel Goya :
http://lavoiedelepee.blogspot.fr/2015/10/le-jour-dapres-la-grande-attaque.html
http://lavoiedelepee.blogspot.fr/2015/11/la-derniere-bataille-de-la-france-un.html
Ah le 11 novembre, ses défilés sous la pluie, la flamme du soldat inconnu, cette guerre avec cette boue, ces tripes à ciel ouvert, ces fusillés pour l’exemple…
Honorons nos poilus, et ne recommençons jamais de tels charniers.
Puisque vous évoquez Béziers et son maire soutenu par le FN, il n’est pas hors sujet d’évoquer cet article de Libération :
http://www.liberation.fr/desintox/2015/11/06/immigrationle-fn-reconnait-son-imposture_1411865
C’est une évidence que j’ai déjà soulignée ici : le programme du FN sur l’immigration est inapplicable dès la première ligne. Ça fait plaisir de voir que même le FN le reconnaît. On peut juste regretter qu’aucun journaliste ne l’ait souligné à l’occasion des nombreuses apparitions TV des chefs du parti. Tout le monde s’accorde à dénoncer le programme économique qui, même s’il est néfaste, n’est ni irréalisable ni extrémiste ni incompatible avec la tradition de notre pays. Alors que celui sur l’immigration est (était ?) raciste au-delà de tout ce qu’on peut voir dans les autres pays, et incompatible avec la culture de notre pays, sa tradition, son histoire, la composition de sa population actuelle.
@ Garry Gaspary | 11 novembre 2015 à 10:56
Vous avez tout faux, au début du siècle les Français ne dépendaient pas beaucoup de l’État.
@Michelle D-LEROY | 11 novembre 2015 à 11:33
« Mais que faire avec des politiques qui viennent en ce jour du 11 Novembre 2015 commémorer l’armistice et les morts pour la France, d’abord pour s’en servir de tremplin électoral. »
Vous ne croyez pas si bien dire. Même en ce jour de recueillement certains se distinguent par un comportement scandaleux. Toujours les mêmes ou leurs héritiers. Ils savent qu’ils sont sur le point de devoir laisser leur place alors par une haine qu’ils n’arrivent même pas à contenir ils tournent le dos au monument aux morts parce que des élus FN y déposent leur gerbe. Ville d’Arcueil.
https://pbs.twimg.com/media/CThghRqWoAA87bo.jpg
@breizmabro | 11 novembre 2015 à 16:12
« Est-ce que lorsque l’on commente ce blog le « bonjour Philippe ! » nous donne une carte de membre actif du blog, voire un bon de réduction (de peine, of corse) pour quelques gauloiseries échappées du clavier ?
La familiarité sous pseudo a un p’tit côté indécent qui m’exaspère (si je puis me permettre évidemment)… »
Je suis un de ceux qui commence mon premier commentaire d’un billet par « bonjour Philippe ».
Ceci ne constitue absolument pas un signe de familiarité de ma part et d’ailleurs je pense que Philippe Bilger est suffisamment intelligent pour le rendre ainsi.
D’ailleurs dans certaines réponses qu’il m’adresse de temps en temps directement, il lui arrive de m’appeler par mon prénom, ce dont je lui sais gré.
J’ajoute qu’il connaît parfaitement mon nom puisqu’il apparaît dans mon adresse e-mail.
Aussi au risque de vous exaspérer je continuerai donc mes commentaires par un « bonjour Philippe ».
Je vous souhaite le bonsoir, si toutefois vous ne trouvez pas cette familiarité par trop indécente.
@ JB Ouliard | 11 novembre 2015 à 12:06
« J’arrête. Ma femme me houspille. Nous sommes attendus au repas des anciens combattants d’ici. Je ferai porter un toast à votre santé, cher Monsieur Bilger, pour vos mots justes et sincères de ce matin. Et aussi pour emm… la bande de vieux gauchos antimilitaristes qui nous font ch.. sur votre site. Vive la France ! »
Hé Savonarole enlève ton gros nez, on t’a reconnu !
« Porte de fer
Bouclier d’airain
Partout la terre lunaire crie :
On ne passe pas !
Les visages des crucifiés
Chantent pour toujours sous le ciel plombé
Les morts sont debout !
Insolente bravoure qui se rit
De la tiédeur des foules curieuses
Venues l’apercevoir
Parmi l’austère rigueur des croix alignées,
Tournoi perpétuel de tes enfants si fiers
Et mourant par milliers,
Rituel implacable et long
Du phare de l’ossuaire
Veillant pieusement
Sur les hommes du monde
Enfin réconciliés au cœur de Douaumont.
Forêts hachées et défigurées
D’énormes entonnoirs de sapes et de tranchées,
Baïonnettes dressées pour l’éternité,
Compagnie immuable et bruissante,
Mémoire ultime des ombres agenouillées
Et droites
Evoquant l’harmonie d’une conscience pure…
Paix aux hommes !
Lamentation sereine au mur fidèle,
Les fleurs sont mortes à jamais
Mais le pays respire et vit
En sa dignité reconquise.
Villages reliquaires enfouis
Sous des torrents d’obus
Où souffle désormais le souvenir poignant
D’innombrables Poilus,
Offrande glorieuse de leurs mains dressées
En monceaux d’ossements,
Pyramides de crânes aux orbites béants
Contemplant à jamais l’humain dépouillement.
Ici s’arrête l’oppression, le servile,
Et la peur embusquée a fui honteusement
Où règnent pour toujours la vaillance et l’honneur.
Dieu fort, veille sur eux !
Ebranle ceux qui dorment
Repus de basse indifférence
Et d’oubli indécent,
Passant
Ecoute l’étrange rhapsodie
Des soldats engloutis.
La vallée est sans fond
Et l’appel infini,
Mémorial alentour,
Compagnon immobile du vent désolé
Implorant sans répit la conscience du monde,
Troublante invocation résonnant lancinante
Au cœur de tous les hommes épris de liberté,
Au nom des Enfants Sacrifiés,
Ceux de Verdun ne se tairont jamais ! »
Mary Preud’homme (Verdun, inédit)
Mary, superbe poème et pour l’illustrer voici :
https://m.youtube.com/watch?v=A_u6nhZa9Ho
Vous écrivez : Quant à l’image de cette France d’il y a si longtemps (…) en quoi serait-elle régressive, inexacte ou biaisée ? .
Tout simplement parce qu’elle n’est plus adaptée au monde actuel, qu’on l’aime ou pas, là n’est pas la question. Bien entendu, on peut retrouver, comme vous l’écrivez « chaleur et émotion » en songeant aux épiques, sublimes et traditionnelles séquences de cette Histoire de France si éloignée à tous points de vue ».
Mais ces séquences étaient-elles si sublimes ? Je ne vois rien de sublime dans la mort de plusieurs millions d’hommes dont beaucoup ont été sacrifiés lors d’offensives inutiles. Et n’étaient-ce pas aussi ces valeurs, par ailleurs estimables, qui conduisirent une génération à la boucherie, de part et d’autre du Rhin ? Nous avons certainement perdu des valeurs essentielles, mais n’avons-nous rien gagné ? Regrettons-nous le nationalisme belliqueux, la femme limitée au rôle de matrice et de potiche ? L’antisémitisme virulent ? Et n’est-ce pas cette société, imbue des valeurs que vous avez rappelées, qui s’est elle-même suicidée ? Comme je l’ai rappelé il y a quelque temps, la civilisation européenne est morte en 1914 et personne ne l’a encore ranimée.
@ Mitshane
Déjà, en 1940, après quatre ans de Front Populaire qui incitait au sabotage de l’armement
D’où sortez-vous cela ? Le Front populaire n’a jamais incité au sabotage de l’armement, bien au contraire.
Les historiens décrivent évidemment une autre réalité que la mythologie patriotique de la Grande Guerre, qui n’est devenue Grande qu’après l’armistice. Les oppositions sociales étaient grandes, Jaurès avait été assassiné pour avoir refusé que les peuples s’entretuent au profit d’intérêts opaques. La France était majoritairement paysanne et ces paysans constituèrent la chair à canon privilégiée : le taux de pertes humaines (morts / nombre de soldats mobilisés) a été, en Bretagne, le double de la moyenne nationale. Il n’y a pas eu d’égalité sociale et patriotique devant la mort, nombreux sont d’ailleurs les journaux et auteurs de l’époque qui l’évoquent à demi-mot. L’Union Sacrée n’a pas survécu à la paix, le 11 novembre 1918 fut en très grand ce que fut le 10 janvier 2015, un moment fugace de communion vite dissipé par les antagonismes sociaux qui ont vite repris.
Il n’est pas mauvais qu’il y ait des mythes nationaux pour marquer la mémoire d’une époque mais il convient d’y croire avec modération, de les comprendre par leur valeur symbolique et la réalité historique est autre. Le patriotisme français de 1914 à la Déroulède si bien illustré par la citation du journal de Béziers se nourrit de la haine du boche, de l’esprit de revanche. Il y a une humiliation à venger et un ennemi à détruire. Quelle humiliation doit-on venger aujourd’hui ? Quel boche veut-on détruire ? Nous n’avons pas, aujourd’hui, de quoi nourrir ce patriotisme exalté de 1914, pas de boche dont la haine souderait la nation. Doit-on s’en plaindre ?
Il est permis d’éprouver de la nostalgie pour un monde disparu de vieilles photos de famille ; encore convient-il de ne pas s’y abandonner au mépris des contextes historiques et sociaux qui n’ont rien de comparable avec notre époque. Il faut aimer la France différemment, on ne sait pas encore le faire.
@mitshane 18 h 37
« …après quatre ans de Front Populaire qui incitait au sabotage de l’armement »
Cette affirmation n’a aucun fondement.
Ce qui est exact c’est le sabotage organisé par le parti communiste dès 1939, particulièrement dans les usines d’aviation (sabotage des carburateurs chez Hispano) et de blindés (sable dans les boîtes de vitesse des chars Renault).
@JB Ouliard 12h 06
Voici ce qu’écrit le général Maitrot dans un livre paru en 1914 (Les armées française et allemande – Leur artillerie – Comparaison) :
Artillerie lourde du corps d’armée allemand :
– 16 obusiers de 150 mm portée 7 400m
– des canons de 105 mm, portée 10 500 m
– éventuellement 8 mortiers de 210 mm, portée 8 500 m
Artillerie lourde du corps d’armée français
– Zéro
Certes le 75 français était supérieur au 77 allemand, mais sans la puissance destructrice des 105 et 150 allemandes, qui ont fait des ravages dans nos troupes dès les premiers mois de la guerre.
@ Achille | 11 novembre 2015 à 20:19
« Aussi au risque de vous exaspérer je continuerai donc mes commentaires par un « bonjour Philippe » ».
Vous avez bien raison d’écrire comme vous le voulez, ce que vous voulez, je ne suis pas votre censeur 😀
Ceci dit ça continuera à m’exaspérer. Quoique…
nozvezh vat.
@Jean-Dominique Reffait
J’ai lu il y a quelques années dans le Télégramme un article rédigé par deux historiens qui démontaient, chiffres à l’appui, le mythe d’une Bretagne sacrifiée sur le champ de bataille. Il me semble qu’il faudrait vérifier votre affirmation.
@Claggart
Je n’ai pas trouvé de traces de sabotages prouvés chez Renault. D’une manière générale, si de tels actes ont en effet été commis dans l’industrie par des sympathisants ou des militants du PCF (dissous pendant la drôle de guerre) leur proportion demeure toutefois assez faible au regard de ce que prétendra la propagande vichyste. Surtout le PCF s’est rallié aux impératifs de la défense nationale et, très tardivement il est vrai, à la nécessité d’augmenter le temps de travail (mars 1939) dans les usines de guerre.
Si je considère l’édition, il me semble au contraire que la Grande Guerre donne lieu depuis quelques années à une production littéraire importante. Sans compter le nombre de publications en lien avec le Centenaire.
Parmi cette multitude, j’aimerais signaler à vos lecteurs « Notre Mère la Guerre », série en 4 tomes (Maël – Kris) et ses illustrations déchirantes que j’ai beaucoup aimées.
http://www.futuropolis.fr/fiche_titre.php?id_article=717195
« Pourquoi n’aurait-on pas le droit de retrouver de la chaleur et de l’émotion, dans notre existence d’aujourd’hui, en songeant aux épiques, sublimes et traditionnelles séquences de cette Histoire de France si éloignée à tous points de vue ? »
« J’ai été témoin de la plus effroyable défaite de la raison » écrivait S. Zweig dans « Le Monde d’hier ».
Les épiques sublimes, les traditionnelles séquences ne transmettent pas l’envers effroyable de cette Histoire de France.
Peu importe l’article du Monde et celui du Journal de Béziers, le spectre de la Grande Guerre a hanté pendant des décennies et des décennies l’imaginaire de chaque famille française. Le roman national de cette tragédie collective s’est d’abord construit ainsi : en direction de l’intime et du familial, dans la chaleur et l’émotion.
C’est à présent à la littérature et à l’histoire au sens haut et universel de prendre le relais et de transmettre cet héritage. Pas aux politiques qui recyclent et recyclent à tout-va.
Qu’on nous laisse nous souvenir en paix, hors d’atteinte des querelles feutrées entre Le Monde et le journal de Béziers.
Ben alors ! Un billet pour l’armistice avec Robert Ménard ?
@ Laurent Dingli | 11 novembre 2015 à 21:37
Entièrement d’accord avec vous. Nombre de héros l’ont été parce qu’ils n’avaient pas le choix. Ceux qui hésitaient étaient fusillés après une parodie de justice militaire. Les ouvrages ne manquent pas à ce sujet.
Brigitte Salino diffuse son catéchisme depuis des lustres en tremblotant du stylo dans les colonnes du Monde, avec ses chroniques lacrymales qui lui vaudront peut-être un jour son rond de serviette à l’Elysée tant elle transmet benoîtement la bien-pensance de gauche. Tous ces gens-là commémoreront un jour la première Gay Pride de préférence aux fêtes nationales qu’ils méprisent souverainement.
Comment ne pas voir que pour les médias, notamment pour la télévision, les seuls « héros » de 1914-1918 qui méritent d’être encore honorés et qui sont encore dignes d’intérêt sont les mutins… (Il suffit de consulter le programme des téléfilms de la semaine pour le constater…)
Vous devriez lire Zemmour… j’ai l’impression que vous venez de découvrir ce qui se passe en France depuis quarante ans…
A chacun son 11 Novembre, deux exemples :
1- Celui de 2015 sera celui de Patrick Pelloux, qui par indulgence et donc complaisance des journaleux télé, se présente comme seule victime des attentats de Janvier 2015, étalant sa douleur sans aucune pudeur, son objectif est en fait de présenter/vendre son nouveau bouquin.
Quel renversement, quel bouleversement des valeurs, quel mépris pour les vraies victimes que sont ceux qui ont été assassinés par des fous, les vraies victimes ce sont ceux qui ont été assassinés puis au premier rang leurs conjoints, leurs enfants, puis seulement et après leurs amis… Maryse Wolinski et ses enfants sont eux plus dignes dans leur douleur silencieuse que ce Patrick Pelloux, qui depuis quelques jours pour vendre son bouquin ne cesse d’étaler sa douleur, sa reconstruction… certes il a perdu des amis, mais il en fait un peu trop et ce n’est pas du tout convenable.
2- Ces journaleux qui n’ont retenu de la commémoration du 11 Novembre que la présence de Sarkozy… contrairement à ce qu’ont affirmé certains, Sarkozy n’a pas accompagné le président Hollande, Sarkozy était un invité parmi de très nombreux autres, et s’il était venu cette fois-ci – en 2015 – c’est parce qu’il y avait pour lui Sarkozy un intérêt politique, rien de plus.
Quand aurons-nous des journalistes qui cesseront de vouloir nous faire prendre des vessies pour des lanternes, mais peut-être ne sont-ils capables de rien d’autre, il faut faire le buzz, quel que soit le sujet, quelquefois ça ressemble à de la désinformation, à de la propagande.
Monsieur Bilger, j’espère que vous portez un masque à gaz quand vous ouvrez le prétendu grand quotidien du soir, porte-voix de nos tout aussi prétendues élites, et grand intoxicateur devant l’Eternel !
@ Alex paulista
J’étais justement en train d’expliquer que cette dépendance résulte directement de la guerre : l’homme du XXe siècle est né en 1914, le dernier Français libre du XIXe étant le socialiste Jaurès qu’il a fallu assassiner pour que la France puisse prendre part à cette boucherie.
Mais si vous êtes à ce point en manque de tout faux à dénoncer, je vous conseille le commentaire de JB Ouliard qui est un vrai petit bijou puisqu’il réussit l’exploit d’affirmer que les Français d’alors étaient assez décérébrés pour se comporter en pigeons en obéissant aveuglément à des ordres totalement irrationnels, mais que, Dieu merci, si le pigeon vivant est bien un pigeon, le pigeon mort a cette particularité miraculeuse de se transformer en héros à l’instant où l’on a gravé son nom sur du marbre et que, cependant, il faudra un jour penser à venger ces pauvres animaux de basse-cour en réglant son compte au camp qui les a envoyés se faire massacrer pour des raisons toujours obscures.
Je vous laisse donc le soin de lui expliquer, puisque je vous sens en forme et motivé pour le faire, que ce camp n’est autre que celui auquel il revendique d’appartenir, à savoir celui des abrutis nationalistes.
Une petite pensée en conclusion pour René Girard, dont j’avais ici enterré la théorie une semaine avant sa propre mort, en rappelant à quel point elle est valide uniquement pour des christianisés qui restent de grands enfants incapables de faire preuve d’une quelconque volonté pour réussir à s’extirper d’un mimétisme familial, et qui sont ainsi de véritables anachronismes vivants, soit une belle troupe de zombies complètement inadaptés à leur époque tant ils meurent doucement à tenter de faire revivre au présent une vie passée qui n’est en rien la leur.
Bref, P. Bilger, R. Ménard et JB Ouliard mènent chacun de leur côté un même combat totalement absurde et nécessairement perdu d’avance !
@ Jean-Dominique Reffait | 11 novembre 2015 à 22:45
« …le taux de pertes humaines (morts / nombre de soldats mobilisés) a été, en Bretagne, le double de la moyenne nationale »
S’il est vrai que les paysans bretons et les marins pêcheurs ont toujours été des patriotes engagés – il n’est que de se souvenir de l’engagement de TOUS les hommes valides de l’île de Sein lors de l’appel du 18 Juin de de Gaulle – cependant il ‘semblerait’ que cette affirmation fasse partie des fameuses légendes bretonnes.
Ceci dit je ne suis pas une historienne spécialisée dans le comptage des morts…
Mais que vient faire Ménard dans cet article dont j’ai cru un instant qu’il était consacré au 11 novembre ??
Cette atroce guerre et le sort fait aux soldats ne doivent certes pas être oubliés, et il serait digne et même nécessaire que ce jour leur soit destiné, à eux seuls. Comment entrer en soi-même ? Comment comprendre cette atrocité, s’il faut faire dans le même temps la part belle à celui-ci, héros de papier, à cet événement-là (et je m’abstiendrai d’en citer aucun, tant ils sont polluants…) ? Cette société est incapable de profondeur, cela suppose du temps, du temps à consacrer, du temps qui s’écoule à la mesure de l’homme, du temps qui n’est pas de l’argent, du temps qui fuit irréparablement… Les hommes d’aujourd’hui, pleutres et veules, craignent de perdre le matériel comme l’immatériel, ils ne savent pas encore qu’ils ont perdu l’essentiel et cela les rend pathétiques.
@Laurent Dingli 23 h 55
Voici ce qu’écrivait Jacques Duclos en janvier 1940 :
« Le moment pour nous est venu d’orienter les ouvriers vers le sabotage des fabrications de guerre destinées à la Finlande et d’attirer leur attention sur l’utilisation antisoviétique du matériel de guerre produit en France »
Cela était écrit après l’invasion de la Finlande par l’Armée rouge.
Ajusteur chez Farman, Roger Rambaud a suivi ces instructions et, commettant un défaut de montage sur les carburateurs des avions, les faisait exploser en vol.
Il a été fusillé en juin 40 à l’âge de 17 ans.
@ Claggart
Je suis bien d’accord avec vous. Je remettais seulement en perspective les sabotages effectivement réalisés par des communistes. Dans l’état actuel de nos connaissances, nous estimons qu’ils ont été assez peu nombreux (tous les dossiers de justice n’ont pas été dépouillés, me semble-t-il). Vous savez qu’un certain nombre de militants ou de sympathisants du parti dissous ont pris leur distance avec lui après la signature du pacte Molotov-Ribbentrop d’août 1939. Dans la seconde moitié des années trente, les communistes se trouvent souvent dans une position ambiguë entre l’inféodation à la « patrie soviétique » et au Komintern d’une part, et l’ancrage national de l’autre. La guerre fait évoluer les positions comme vous le savez, même si c’est bien l’opération Barbarossa qui marque l’entrée massive des communistes dans la Résistance. Voyez aussi les bouleversements qui surviennent à l’extrême droite, un certain nombre de militants de l’AF (Action française) se désolidarisant clairement de Charles Maurras après l’armistice et surtout, après Montoire.
J’apprécie, dans leur grande majorité, les commentaires relatifs à ce 11 Novembre, loins d’exalter les images d’Epinal de l' »Héroïsme sacrificiel transcendantal »…
Véronique Raffeneau, rappelant « Le Monde d’hier » de Zweig, Garry Gaspary faisant de Jaurès le dernier homme libre du XIXe siècle, pointent ce qu’est, à mon point de vue, le 11 Novembre :
la fin de la civilisation européenne
…malgré le brillant sursaut de l’entre-deux-guerres
Dans ces conditions, à quoi servent donc les spectacles de ce « devoir de mémoire » (monstrueux oxymore entre parenthèses), alors que le monde dit « moderne » est une machine de guerre culturelle, au sens de Gramsci marchande et politique), à effacer le passé ?
Résumons peu mais résumons bien :
Donc si on fait un condensé de vos messages, la guerre de 14 c’est la faute au Christ, aux chrétiens, au FN, à Ménard et ses Biterrois. OK les gars, vous avez fait combien d’années d’études pour pondre vos bouses ?
Bonjour,
Il y a dans la condescendance à l’égard du référent patriote (qui aboutit parfois à l’incitation à la haine… de soi) non seulement une dimension française (l’interminable positionnement vis-à-vis de Vichy, de la guerre d’Algérie, etc.), mais aussi une haine de classes.
Je travaille sur les pays nordiques, principalement le Danemark et la Norvège, et je constate cette même condescendance à l’endroit du peuple qui pense et vote mal, et qui n’est pas saisi d’enthousiasme face à une modernité ouverte aux quatre vents.
@breizmabro 09 h 23
En 1914 la population de la Bretagne était essentiellement agricole ; alors que dans les provinces industrielles il était nécessaire de laisser en place des hommes dans les usines, il est évident que la proportion d’hommes sous les armes était plus élevée en Bretagne qu’ailleurs et partant le nombre de victimes.
Lahet eo bet me zad koh ar unan ha tregont eus miz Here 1914
Da galon
@breizmabro 09 h 33
Claggart e oé, evel just !
Le texte de Mary ci-dessous m’a ému. Il dit l’horreur de la guerre telle que je la ressens et l’espoir ou l’échappée qu’on peut pratiquer à son souvenir.
On vit une époque formidable, je l’écris sans ironie aucune. Quelques vingtenaires choisissent maintenant leur guerre plutôt que de tenir des murs ou de se baisser pour
ramasser le « tombé du camion ». Pour la plupart d’entre eux, ce ne sont pas des idéologues, ils ont de la testostérone à revendre et une vie à remplir, même si leur cause est détestable, c’est bien d’essayer. Surtout quand ils agissent en dehors de notre territoire et de toute façon ils savent ce qu’ils risquent. Il y a un siècle, c’était le choc frontal des Nations triomphantes qui préfigurait l’abattage industriel du cochon à l’abattoir d’Alès. En faisant qui plus est involontairement le lit de Lénine, de Staline et plus tard d’Hitler. Moi je dis qu’il y a progrès sur ce plan-là, l’artisanal gagnant du terrain jusque dans nos assiettes. Un peu mais c’est déjà beaucoup.
Le sieur Ménard est sans doute plus militariste que je ne suis, ayant honoré récemment un militaire très Algérie française… pourquoi pas dans quelque commune une impasse Nivelle ou un cimetière Joffre ? Deux des officiers les plus viandards de la Grande guerre. Une façon de leur rendre mémoire par l’horreur ou simplement pour l’information des générations montantes. Du moins les gens que cela peut intéresser. De temps à autre au fond de ma campagne, la statue équestre du général de Castelnau, autre militaire de ce conflit, est nuitamment recouverte de peinture rouge par quelque anonyme. De l’Histoire participative comme je l’aime, qu’on soit pour ou contre. En tout cas vous avez peu de chance de me voir à quelque commémoration, l’officiel ne me faisant guère kiffer ; l’Histoire, je la prends à pleines mains même quand elle me fait mal et la date ou le calendrier importent peu.
Si Lazare ressuscitait que nous dirait-il ? Un Italien francisé, le dernier survivant des poilus décédé à un âge canonique. 1918. Monte Grappa [d’après le site liberation.fr, NDR] :
. «Quarante-huit heures après ma blessure, ils m’ont arraché l’éclat que j’avais dans la tête. Il y avait quatre bonshommes qui me tenaient et le chirurgien coupait la chair, parce que comme l’éclat était resté un peu longtemps, c’était verdâtre. Ça saignait, ça saignait et ça coulait. […] Une fois guéri, j’ai été renvoyé au front, où nous étions bombardés par des obus au gaz. Ceux qui étaient devant nous étaient tous morts, morts asphyxiés. Puis notre compagnie est montée à Monte Grappa, où on a annoncé que la paix allait être signée. Tout le monde est sorti des tranchées et on a levé les bras en l’air. C’était terminé. Tout le monde était content, aussi bien les Autrichiens que nous. On se demandait toujours : « Pourquoi on s’est battus ? »»
@Garry Gaspary
Bref, P. Bilger, R. Ménard et JB Ouliard mènent chacun de leur côté un même combat totalement absurde et nécessairement perdu d’avance !
On sent une vraie souffrance chez vous et malheureusement nous ne pouvons rien pour votre ego si ce n’est que de vous abstenir de vous faire mal en fréquentant ce blog odieusement christianisé !!
Et on dit : « merci docteur »…
@Jean MORLAND 09h 12
« …le grand quotidien du soir intoxicateur »
Cela ne date pas d’ aujourd’hui : en 1967 le chroniqueur militaire Jacques Isnard avait publié un reportage tendancieux et bourré d’erreurs sur nos troupes des FFA.
Servant alors dans l’armée du Rhin j’ai eu l’honneur d’accompagner Brigitte Friang qui faisait un reportage qui rétablissait la vérité.
Tout ce qu’on écrira sur les raisons de rejeter avec horreur 14-18 est justifié. Médiocrité du commandement, équipement mortifère, couardise de bien des officiers, mépris du combattant, stratégie suicidaire, tout cela est vrai, pour partie de l’ensemble qui n’a été finalement vainqueur que grâce à l’arrivée de troupes fraîches. Il faudrait aussi examiner les offres de paix rejetées, l’entêtement des gouvernants pour aller jusqu’au bout, comme le fit Hitler plus tard dans un spectaculaire Götterdämmerung.
Je sais aussi que beaucoup n’ont plus voulu parler « après », n’ont jamais compris pourquoi on avait fait cette guerre, ont refusé ensuite de prendre en considération celle de 39. Nous possédons des documents qui ne sortiront jamais de leur refuge, photos, lettres, messages qui racontent toute la douleur et la révolte aussi. Heureusement le tonnelier Barthas a été publié. Notre famille ne publiera jamais, les archives sont au secret, ailleurs.
Alors, que reste-t-il si ce n’est de distinguer les combattants de ceux qui les firent combattre, l’Etat et la Nation ? Ceci réduit considérablement le champ de la solidarité et surtout désolidarise les citoyens de l’Etat en les faisant adhérer au fameux aphorisme nietzschéen : « l’Etat nous pille, l’Etat nous vole, l’Etat nous ment et notre premier devoir est de nous opposer à ses entreprises. » Mais Nietzsche était complètement détraqué…
Gaspary a raison, nous ne savons pas que faire de notre liberté et le feu patriotique qui pourrait se rallumer, malgré la décadence irréversible de celui-ci ne trouverait à s’exprimer que dans l’excès d’une revanche contre l’abaissement, créer une exaltation comme celle d’Eponine ou Jeanne d’Arc, faire surgir un Classicus ou un Civilis avec l’issue inévitable du cataclysme.
Bon, nous avons des hommes politiques plutôt minables mais cela les empêche d’être grands, donc durables. Leur nocivité est proportionnelle à leur date de péremption, courte. Le patriotisme leur est interdit, ils feraient rire. On peut toutefois saluer la réaction de l’Elysée face au président iranien « Pas de vin, pas de repas. » C’est plutôt sympathique, bien que minime.
Le souvenir des hommes de 14-18 s’amenuise avec le temps, comme on ne célèbre plus que confidentiellement les hommes de 70. « Le père Millon… » et que ceux d’Alésia sont des statues d’archéodrome.
Vivons encore un peu, le temps que la vague furieuse de l’Islam ne déferle obligeant à tirer les fusils de la paille et que nous ayons encore une raison de lutter et de mourir.
@Laurent Dingli, breizmabro
Les travaux publiés par les historiens Gilles et Lagadec en 2008 considèrent en effet que les chiffres sont énormes pour la Bretagne mais se justifient par le fait que la Bretagne était à l’époque très peuplée, jeune et très rurale, ce qui a fait pénétrer le sentiment de perte dans chaque petit village. A classe d’âge égale, la proportion semble être la même que nationalement sauf que la classe d’âge mobilisable la plus jeune était plus fortement représentée dans la population bretonne. A cela s’est ajouté un sentiment d’injustice concernant les brigades territoriales, composées d’hommes adultes voire soutiens de famille, conçues pour établir la présence militaire à l’arrière et qui, pour plusieurs unités bretonnes, furent envoyées au feu (Ypres notamment). Ce qui explique que, tout de même, un monument aux morts breton apparaît beaucoup plus lourd qu’un monument aux morts béarnais (j’ai fait cette comparaison il y a quelques années sur quelques communes comparables).
@ protagoras
Il y a aussi un très beau film de Bertrand Tarvernier qui s’appelle « La Vie et rien d’autre ».
L’épilogue est une longue lettre que le commandant Dellaplane (Philippe Noiret) adresse en 1922 à Irène (Sabine Azéma).
A la fin de sa lettre le commandant écrit qu’en comparaison du défilé de la Victoire sur les Champs Elysées qui a duré trois heures :
« j’ai calculé que dans les mêmes conditions de marche et de formations réglementaires le défilé des pauvres morts de cette inexpiable folie n’aurait duré pas moins de onze jours et de onze nuits »
C’est grâce à des images et des mots comme ceux-là, je pense, que se construit un magnifique roman intime, collectif et national.
https://www.youtube.com/watch?v=BNfRsCctkbQ
L’imMonde, est-ce bien nécessaire d’en parler ? Non ? Alors, n’en parlons pas.
Depuis environ vingt ans, une tendance m’agace profondément : celle qui consiste à présenter les Poilus comme des victimes, des moutons qu’un méchant commandement menait à l’abattoir.
En vérité, la situation était très différente, il y avait un consentement à la guerre, et même une motivation. Certes, hétérogène, variant dans le temps.
La victimisation en dit plus sur notre époque que sur nos aïeux : aujourd’hui, il est mieux vu d’être une victime qu’un combattant, nous transformons donc nos aïeux en victimes, alors qu’ils étaient des combattants, pour complaire à notre époque.
Le minimum pour honorer nos morts est de respecter leur engagement et de ne pas le déformer à l’usage de nos polémiques contemporaines.
@genau
Où voyez-vous doncla vague furieuse de l’Islam, propice, si nous vivons assez, à tirer les vieux fusils de la paille ?
Il vous faut sortir l’oeil de la lunette grossissante pour embrasser la réalité.
@scoubab00
« Pourquoi on s’est battus ? »
Bonne question à laquelle il est difficile de répondre !
L’antagonisme entre la France et l’Allemagne issu de la défaite de 1870, l’assassinat de l’Archiduc ou la volonté de se frictionner de la part des deux Triples Alliances ? C’était chaud dans les Balkans, il fallait que ça pète et une étincelle enflamma l’Europe. Et une fois que l’incendie se propage personne ne peut plus l’arrêter. Et ce sont des innocents qui trinquent.
@sylvain | 12 novembre 2015 à 11:19
La faute à qui ?
Quitte à paraître conservateur voire réactionnaire, la « faute » de la mentalité pangermaniste, militariste et violente, grégaire, lourdingue, niant l’individu, tribale wotaniste, alliée à une haute efficacité technologique et scientifique… me paraît déterminante… (toute ressemblance avec une situation récente impliquant les Grecs serait parfaitement volontaire et assumée…)
Bref les mentalités sont plus puissantes que les explications purement matérialistes.
Un texte de référence ci-dessous :
http://classiques.uqac.ca/classiques/Durkheim_emile/allemagne_par_dessus_tout/allemagne.html
@genau
« …les offres de paix rejetées.. »
Je pense que genau évoque les offres de paix de l’Autriche, via Sixte de Bourbon-Parme ; mais les alliés, francs-maçons et puritains protestants en tête, voulaient la fin d’un Empire catholique.
Si ces offres avaient été acceptées, sans doute pas de Seconde Guerre mondiale…
@ Franck Boizard
Nombreux sont les historiens qui ont décrit la guerre de 14-18 comme étant la dernière « guerre médiévale » de l’histoire. On y a vu les dernières charges de cavalerie, une mise à mort de peuples pour la plus grande gloire de généraux prostatiques.
Arrêtez cette lyre innommable, je vous prie. J’apprécie habituellement votre esprit boy-scout, mais votre admiration devant les monuments aux morts me gonfle.
Les 400 000 soldats anglais engloutis dans la Somme ne sont pas pour rien dans nos difficultés actuelles avec le Royaume-Uni et le french bashing en général. Les peuples ont une mémoire.
Ce fut « une boucherie internationale » comme disait Céline, « et quand on me parle de la France, je pense irrésistiblement à mes tripes »…
Ce 11 novembre devrait disparaître de nos calendriers, ce fut une honte de l’humanité la plus civilisée du monde. Une honte transformée en jour férié qui permet selon les années de prendre un pont pour aller en week-end. À gerber.
(J’ai 5 croix de guerre 14-18 dans mes tiroirs)…
J’ai découvert Péguy quand j’ai lu « Entre ciel et terre : Péguy », le livre de Michael Lonsdale.
Quand je compare avec certains auteurs actuels, pourtant abonnés aux prix littéraires, j’ai un peu honte pour eux et je me dis que dans dix ans, vingt ans, il n’en restera rien.
Je ne sais pas ce qui animait les jeunes soldats de 14/18 mais hier, devant le monument aux morts de ma ville, j’ai compté plus de 300 noms pour une population de 12 000 habitants à cette époque.
@Véronique Raffeneau | 12 novembre 2015 à 13:11
Merci de m’avoir remis en mémoire ce merveilleux film.
Tavernier, quelles que soient les critiques justes ou injustes dont il fait l’objet, reste un artiste à la fois « grinçant », réaliste à la Zola, et profondément tendre et « amoureux malgré tout » (il me fait parfois penser à Reiser…).
Mais c’est un homme du « Monde d’hier », que la modernité triste et vulgaire condamne à l’indifférence ; pour cela-même, il me plaît.
@ Franck Boizard
« En vérité, la situation était très différente, il y avait un consentement à la guerre, et même une motivation. Certes, hétérogène, variant dans le temps ».
Vous avez raison, du moins pour beaucoup de contemporains. L’enthousiasme n’était pas toujours aussi évident dans les campagnes et a fortement faibli à partir de 1917 comme vous le suggérez. Sans évoquer l’insurrection et la grève, la résignation était parfois de règle et ce, dès l’été 1914. Le paysan ne quittait pas sa terre et sa famille de gaieté de coeur.
Il y a près de vingt ans, j’avais interviewé le général Bourgeois, qui était alors âgé de 104 ans. Il avait devancé l’appel, en 1914, à 17 ans, « pour tuer du Boche », parce qu’il avait été nourri dans la haine de ceux qui avaient annexé l’Alsace et la Lorraine. Plus récemment, j’ai entendu la même formule de la bouche de Daniel Cordier, le secrétaire de Jean Moulin, dont le beau-père, militant de l’AF, avait la haine de l’Allemand. Lorsqu’il fut nommé agent du BCRA, il regretta amèrement lui aussi de ne pouvoir « tuer du Boche » comme ses camarades. Et il le regrette aujourd’hui encore.
Mais de là à considérer la boucherie de la Grande Guerre comme « une séquence sublime », il y a un pas que je ne saurais franchir… Comme l’a écrit un historien dont j’ai oublié le nom, le crime de Nivelle n’est pas d’avoir commis une erreur, mais d’avoir persisté dans l’erreur… Et à quel prix…
@breizmabro
En effet, les Bretons ont été sur-représentés dans la France Libre dès l’été 1940, et pas seulement pour des raisons géographiques et pratiques. Dans ses Mémoires (« Alias Caracalla »), Daniel Cordier précise bien qu’à Londres, dans la « Légion de Gaulle », il était entouré de jeunes Bretons, il ajoute que ces derniers réagirent très mal au bombardement de Mers el-Kébir (beaucoup avaient un parent dans la Marine) ou… à l’évocation innocente par Cordier du personnage de « Bécassine ». Le jeune volontaire bordelais n’avait pas encore réalisé ce que les Bretons avaient enduré d’humiliations et de mépris dans leur histoire récente, d’où l’impression d’avoir été, plus que d’autres, considérés comme de la chair à canon pendant la Grande Guerre. Vous savez aussi bien que moi d’où viennent les termes très péjoratifs de « ploucs » ou de « baragouiner » pour que j’aie besoin d’insister : le mépris dont les Bretons, pauvres et déracinés, faisaient l’objet est loin d’être une légende. Ils étaient les immigrés de l’époque et faisaient souvent le sale boulot, comme dans les mines où ils mouraient comme des mouches. Aujourd’hui encore, mais de manière bien moins douloureuse, nous pestons, non sans raison, lorsque la présentatrice météo se place devant la Bretagne !
Le 11 novembre 1918 est une date qui demeure dans les tréfonds de l’esprit français. Comme un savoir ou une vague allusion à quelque chose de capital.
C’est la fin d’une guerre de quatre ans épouvantablement meurtrière.
C’est l’héroïsme et la boue des tranchées.
Émouvant billet de Philippe Bilger.
Nous avons tous eu dans notre famille, parmi nos aïeux, un ou plus de ces héros, parfois tombés dans la boue des tranchées.
Mais qu’auraient-ils dit, ces hommes déterminés, ayant accepté de souffrir pendant quatre ans pour éviter que la France ne soit envahie et placée sous la coupe d’une population étrangère pourtant relativement proche par sa culture, devant leurs descendants qui la livrent sans vergogne à l’étranger, qui s’y comporte trop souvent déjà comme en pays conquis ?
@ Jabiru
il fallait que ça pète et une étincelle enflamma l’Europe. Et une fois que l’incendie se propage personne ne peut plus l’arrêter.
Malheureusement, le 11 Novembre 1918, les Français répétaient que c’était la Der des Der et qu’il ne fallait plus jamais cela, et vingt ans plus tard, on a recommencé avec une guerre plus « moderne » mais tout aussi tueuse et monstrueuse.
Aujourd’hui, nos politiques nous répètent que l’U.E. est nécessaire pour la paix. Et pourtant, il suffirait d’une étincelle pour que cela pète à nouveau, pour d’autres raisons.
L’Europe était partagée et dirigée par des empereurs aux pouvoirs absolus ou presque, cela s’est effondré lors de la guerre 14/18, puis Hitler a voulu être le maître de l’Europe, cela s’est soldé par la guerre de 40/45 et maintenant l’U.E. des 28, une organisation qui ne gère pas grand-chose mais impose ses choix aux Etats-nations de plus en plus contre la volonté des peuples. Cette grogne est qualifiée de populisme, néanmoins elle existe bel et bien et le moindre incident pourrait bien remettre en cause cette paix souhaitée et souhaitable.
Mais nous ne sommes sûrs de rien, d’autant que la crise et le chômage, les milliers de migrants qui arrivent en Europe, échauffent les esprits et que chaque peuple a ses propres spécificités, ses propres difficultés, sa propre Histoire.
Chaque tentative pour tendre à des nations unifiées, uniformisées, sous la coupe d’un seul maître qu’il soit empereur, chancelier délirant, soviet suprême ou organisation mal ficelée, s’effondre à un moment donné. Qui, par exemple, début novembre 1989, aurait pu dire que le mur de Berlin allait s’écrouler si brutalement ?
Espérons que je ne sois qu’une grande pessimiste et tant mieux si la paix est durable car ces guerres ont été horribles.
Paroles de Poilus – Lettres et carnets du front 1914-1918
Ils avaient dix-sept ou vingt-cinq ans. Se prénommaient Gaston, Louis, René. Ils étaient palefreniers, boulangers, colporteurs, ouvriers ou bourgeois, Ils devinrent soudainement artilleurs, fantassins, brancardiers… Voyageurs sans bagage, ils durent quitter femmes et enfants, et revêtir l’uniforme mal coupé, chausser des godillots cloutés…
Sur huit millions mobilisés entre 1914 et 1918, plus de deux millions de jeunes hommes ne revirent jamais le clocher de leur village natal. Plus de quatre millions subirent de graves blessures.
Huit mille personnes, dont ma grand-mère avec les lettres de son père, de ses oncles, ont répondu à l’appel de Radio France visant à collecter les lettres, jusqu’ici éparpillées, de ces Poilus. Une centaine de ces lettres est présentée dans un petit ouvrage. Des mots déchirants, qui devraient inciter les générations futures au devoir de mémoire, au devoir de vigilance, au devoir d’humanité.
J’ai lu toutes ces lettres, toutes pleines de tendresse, jamais pleurnichardes, adressées à leur « chers parents, leur bien-aimée, leurs chers enfants » : quelques jours avant d’être tué au combat à 28 ans, Alain Fournier (Le Grand Meaulnes) adressa une très très longue lettre d’amour, très émouvante, à Pauline de Balgy qu’il aurait dû épouser dès la fin de la guerre, mais il avait voulu faire son devoir… comme tant d’autres jeunes gens !
Sans croire au hasard, il existe des concordances des dates malicieuses !
28 Juin 1914 – L’archiduc héritier de l’Empire austro-hongrois est assassiné à Sarajevo
28 Juin 1919 – Signature du traité de paix avec l’Allemagne dans la Galerie des Glaces du Château de Versailles… traité qui sera pour Hitler la honte suprême, et origine pour lui de la Seconde Guerre mondiale.
@Garry Gaspary | 12 novembre 2015 à 09:21
« …(christianisés) qui sont ainsi de véritables anachronismes vivants, soit une belle troupe de zombies complètement inadaptés à leur époque tant ils meurent doucement à tenter de faire revivre au présent une vie passée qui n’est en rien la leur. »
Ha ha ha
Comme dirait Pierre, Paul ou Pasolini,
« je suis une force du passé… Plus moderne que les modernes »
Mais vous êtes trop déchristianisé pour comprendre, trop concavo pour être reconverso.
@ Savonarole | 12 novembre 2015 à 14:28
« Ce fut « une boucherie internationale » comme disait Céline, « et quand on me parle de la France, je pense irrésistiblement à mes tripes »…
Ce 11 novembre devrait disparaître de nos calendriers, ce fut une honte de l’humanité la plus civilisée du monde. Une honte transformée en jour férié qui permet selon les années de prendre un pont pour aller en week-end. À gerber. »
Rien à ajouter. Tout est dit et bien dit !
@ Laurent Dingli | 12 novembre 2015 à 15:13
« …nous pestons, non sans raison, lorsque la présentatrice météo se place devant la Bretagne ! »
Si, si, avec raison, lorsqu’à la radio les météorologues zappent la Bretagne, la confondant avec la météo de « la Manche » normande 🙁
En même temps, les Bretons, un peu (sic) chauvins, aiment à penser que ceux qui viennent en Bretagne le font par amour du pays breton, et pour le reste ce ne sont que billevesées parisiennes…
Quoi de meilleur en fait qu’un homard bleu pêché dans un casier au large d’Ouessant ? Deux/trois girolles ? Un bon foie gras des Landes ? Un cassoulet toulousain ?
Elle n’est pas belle – notre France – ?… si on veut, évidemment 😉
nozvezh vat
@Claggart 12 novembre 12.32
Un autre témoignage sur le grand journal de référence, dans les années 1967 environ.
Chapitre 1 :
Un titre majestueux en une du Monde : ALGÉRIE AN V
Une introduction-roulement de tambour, en substance :
ce que notre envoyé spécial a observé en deux semaines de reportage dans tout le pays est si bouleversant que nous allons publier le reportage en cinq épisodes.
Et la première phrase du premier des cinq épisodes, en substance également :
« On dit couramment que lorsque le bâtiment va, tout va. Eh bien dans la jeune et trépidante Algérie, il y a un tel boum de la construction et des travaux publics que le ciment vient à manquer ! » Et la suite de la même farine.
Chapitre 2 (quelques jours avant le premier chapitre) :
Dialogue entre le directeur français d’une entreprise française en Algérie et son chauffeur algérien.
– Vous n’avez pas l’air de bonne humeur aujourd’hui ?
– Ne m’en parlez pas, j’ai voulu acheter un sac de ciment pour réparer un mur, j’ai eu le plus grand mal à en trouver et c’était au marché noir. J’ai dû payer 1500 francs au lieu de 500 (il ne s’était pas mis au dinar mais c’est une autre histoire). Depuis « qu’ils » ont nationalisé les deux cimenteries, « ils » sont incapables de les faire fonctionner.
Chapitre 3 (quelques jours plus tard)
Questionnée sur le reportage, l’ambassade de France à Alger explique : le reporter s’est interdit pendant tout son séjour de rencontrer le moindre Français pour bénéficier de la meilleure objectivité. De bout en bout, il a été cornaqué par un fonctionnaire du ministère de l’Information.
@eileen
Les plus belles lettres sont dans le livre de Jacques Benoist-Méchin « Ce qui demeure ».
@breizmabro
Il conviendrait aussi dans votre défense – tout à fait légitime – de la Bretagne de rajouter que c’est « le Couesnon dans sa folie qui a mis le Mont (Saint-Michel) en Normandie », mais que
– au XVe siècle la Bretagne était indépendante
– que c’est grâce à une disposition, ou une phrase ?? attribuée à la Duchesse Anne que des siècles plus tard les autoroutes en Bretagne étaient gratuites !
@ Daniel Ciccia
« Où voyez-vous donc la vague furieuse de l’Islam, propice, si nous vivons assez, à tirer les vieux fusils de la paille ? »
Pour le moment ce ne sont que vaguelettes chaudasses et clapotis s’immisçant entre vos doigts de pieds et vos fesses en les chatouillant. Sur la côte landaise on appelle ça une baïne.
Un peu de patience que diable !
@Michelle D-LEROY
Je ne pense pas que vous soyez pessimiste mais au contraire très réaliste. En 1914 c’était le chaudron des Balkans qui était en ébullition, aujourd’hui c’est le Moyen-Orient qui en est un autre avec son cortège de malheureux qui sont poussés vers l’Europe avec pour certains des visées déstabilisatrices télécommandées par les extrémistes. Des banlieues sont incontrôlables, les forces de l’ordre ont de plus en plus de mal à faire en sorte que force reste à la loi, le moindre dérapage peut engendrer des désordres difficilement contrôlables. Il y a de quoi être inquiet pour l’avenir de nos institutions avec ce pouvoir qui n’a de cesse de prêcher l’intégration pour satisfaire ses vues électorales. On n’a pas encore tout vu mais on sent bien que la météo de nos civilisations n’est pas pour rester au beau fixe.
@Savonarole
Je ne peux partager votre emportement. J’y trouve, peut-être à tort, une forme d’irrespect.
Nos aïeux ont pris les décisions qu’ils ont prises et fait la guerre qu’ils ont faite au mieux de leurs capacités, sans être plus bêtes ou plus méchants que nous.
Jaurès, dernier homme libre du siècle ?? LOL ! faut vraiment être inculte culturellement ou faire l’autruche pour ne pas se rendre compte que des hommes libres, il y en a à foison ; les tout derniers sont ceux qui se dressent héroïquement face aux troupes des procureurs de l’armada socialoviétique qui tentent en vain de leur faire courber l’échine et les museler : le FN, Zemmour, Ménard occupent le podium des résistants à la charia gauchiste ; des hommes libres il y en a eu et il y en aura ; mais quand on est socialiste comme Jaurès et se revendiquer homme libre, ce serait à mourir de rire si cette idéologie nauséabonde n’avait pas infecté l’humanité partout où elle a sévi.
Un homme libre socialiste !! hahahaha je vais avoir du mal à me déplier de rire. C’est quand le prochain épisode ? je voudrais pas louper ça.
http://classiques.uqac.ca/classiques/Durkheim_emile/allemagne_par_dessus_tout/allemagne.html
Rédigé par : protagoras | 12 novembre 2015 à 13:40
A choisir, je préfèrerais être germanisé qu’islamisé, ils ont une autre classe nos voisins d’outre-Rhin.
@Yves
Ce que vous dites du Monde et l’Algérie me réjouit profondément.
A la fin des années 1970 celui qui succéda à l’ineffable boumedienniste Paul Balta ne trouva rien de mieux à dire sur les coopérants militaires français (VSNA) qu’ils vivaient confortablement et qu’ils ne fréquentaient pas beaucoup les Algériens…
Ce type n’avait jamais interrogé un seul coopérant et il se contentait de répéter les mensonges des fonctionnaires algériens.
Pourtant dans des HLM pourris, sans eau et sans avantage particulier négocié avec le gouvernement algérien (au contraire des Roumains ou des Egyptiens) leur situation était fort peu enviable !!
Lettre de protestation envoyée au directeur du Monde pour obtenir que le correspondant daigne rencontrer des Français sur place !
Pardon du hors sujet mais ce souvenir me met encore hors de moi !!
@Daniel Ciccia
De grâce, lisez, la vie musulmane, Sansal, Ramadan, les manuels de Hadith, allez sur les sites islamistes et interrogez les musulmans, s’ils sont responsables ils reconnaîtront qu’ils ont tous au coeur le sentiment brûlant d’une victoire POLITIQUE de leur religion. Lorsqu’ils rejettent l’Islam, c’est tacitement, avec la peur au ventre. Cela fait des années que j’étudie l’Islam, sur la fracture religion/politique que nos gouvernants refusent d’envisager tant que le commerce l’interdit. J’ai fréquenté des calligraphes arabes, je suis calligraphe moi-même, qui se désespère des pressions qu’ils subissent ?
Cependant, je vais dans votre sens, car l’Islam semble en léger retrait, à force de bêtise, d’intolérance et de cruauté.
@Claggart
Oui, bien sûr.
@Savonarole 12.11.15 – 19:08
Vous avez sans aucun doute raison, toutefois permettez que la lecture des lettres pleines de pudeur et de tendresse de mon arrière-grand-père adressée à mon arrière-grand-mère et de mes arrière-grands-oncles adressées à leurs parents, mes arrière-grands-parents ait été pour moi particulièrement émouvante et que leurs lettres resteront les plus belles parmi les plus belles ! Na !
Pardon de parler avec mes tripes, langage inconnu aux sachants et autres donneurs de leçons, mais que les humbles apprécient comme ceux rescapés d’un enfer quel qu’il soit ou fut… Et aussi les jeunes (de toutes origines et nationalités) que je rencontre parfois ici (ou au Centre mondial de la paix) à l’occasion de certaines commémorations auxquelles je participe avec fidélité. A chacun son Kampf. Moi mon combat, ce sera toujours (parmi tant d’autres) Verdun et le devoir de mémoire. Langage inaccessible aux historiens de pacotille parce que procédant du témoignage et de l’émotion pure. Celle qui vous étreint par exemple pendant la sonnerie aux morts dans la crypte de l’ossuaire ou quand le glas résonne à la tombée de la nuit sur l’immense cimetière.
Comme aimait le répéter l’un de mes oncles, rescapé de cette terrible boucherie (et décédé en 1970) :
« Ne donnez pas aux chiens ce qui est saint et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur qu’ils ne les foulent aux pieds, et, se tournant contre vous, ne vous déchirent » (de l’Evangile de Matthieu)
« A eux la gloire, à nous la reconnaissance et le souvenir ! »
@eileen | 12 novembre 2015
J’avais mal lu, je ne savais pas que vous évoquiez des lettres de famille.
@eileen
Une adresse précieuse :http://jeanluc.dron.free.fr/th/historiques.htm
Grâce à Jean-Luc Dron j’ai retrouvé des récits, plans et photos évoquant des batailles où ont figuré mes deux grands-pères.
Dépêchez-vous car c’est un vieux monsieur et je doute que son fils reprenne la boutique… car « plus le temps passe et moins on rencontre de gens ayant connu Napoléon » (Alphonse Allais).
Sauf Mary bien sûr, qui est éternelle !…
Un archiduc est assassiné à Sarajevo. Par le jeu des alliances, quatre ans après, le bilan est :
9,7 millions de morts pour les militaires et 8,9 millions pour les civils.
Ceux qui sont morts l’ont-ils vraiment été pour la France ?
Je ne sais plus qui a dit un jour : « La guerre est « l’art » de faire s’entretuer des gens pauvres, qui ne se connaissent pas, au profit de gens riches qui, eux, se connaissent très bien. »
La guerre c’est ça, ce n’est rien d’autre !
L’exemple le plus évocateur de la stupidité de la guerre est sans doute celui des ces familles d’Alsace et de Moselle qui ont vu le père français combattre les Allemands lors de la guerre de 1870, puis le fils faire la guerre de 14-18 avec l’uniforme allemand contre les Français vu qu’entre-temps ces départements étaient passés allemands, et enfin le petit-fils faire la guerre avec l’uniforme français pour combattre les Allemands.
Raison pour laquelle sur les monuments aux morts de l’Alsace-Moselle ne figure pas l’appellation « Morts pour la France » mais « Morts au champ d’honneur ».
J’ajouterai à ceux qui exhibent avec fierté les états de service de leurs ancêtres morts au « champ d’honneur » qu’il est facile de se féliciter du courage et du patriotisme de ces derniers qui dans l’enfer du combat pensaient certainement plus à la mort qui allait les ramasser qu’à la grandeur de la France.
@Savonarole 12/11/15 – 21.51
Ainsi va la vie, il arrive toujours un moment où le nombre de ceux/celles qui nous ont connus en culottes courtes ou avec des couettes sont de moins en moins nombreux ahaha !
Une question, est-ce l’omniscience qui conduit à l’éternité ou le contraire ?? ahaha !
Avec les millions de morts, les femmes obligées de tout assumer et même de fabriquer des obus, l’humanité a régressé de quelques siècles avec ce conflit.
Et on continue de fêter des types qui ont obéi à des ordres alors qu’il fallait imaginer la vie autrement ?
Et à mentir aux peuples pour justifier l’intervention dans des conflits ici et/ou ailleurs… ?
Les calendriers sont pleins de sang ! Vite une réforme.
@Garry Gaspary | 12 novembre 2015 à 09:21
« Une petite pensée en conclusion pour René Girard, dont j’avais ici enterré la théorie une semaine avant sa propre mort, en rappelant à quel point elle est valide uniquement pour des christianisés qui restent de grands enfants incapables de faire preuve d’une quelconque volonté pour réussir à s’extirper d’un mimétisme familial, et qui sont ainsi de véritables anachronismes vivants, soit une belle troupe de zombies complètement inadaptés à leur époque tant ils meurent doucement à tenter de faire revivre au présent une vie passée qui n’est en rien la leur. »
C’est votre intérêt d’enterrer ce qui souligne votre incompréhension, car ce que vous appelez déchristianisation, c’est exactement la conséquence du christianisme.
« En cherchant à démystifier le sacrificiel, la démystification actuelle fait donc moins bien le travail du christianisme qu’elle croit attaquer, car elle le confond toujours plus avec le religieux archaïque. »
@genau | 12 novembre 2015 à 12:46
« Gaspary a raison, nous ne savons pas que faire de notre liberté et le feu patriotique qui pourrait se rallumer, malgré la décadence irréversible de celui-ci ne trouverait à s’exprimer que dans l’excès d’une revanche contre l’abaissement, créer une exaltation comme celle d’Eponine ou Jeanne d’Arc, faire surgir un Classicus ou un Civilis avec l’issue inévitable du cataclysme… Vivons encore un peu, le temps que la vague furieuse de l’Islam ne déferle obligeant à tirer les fusils de la paille et que nous ayons encore une raison de lutter et de mourir ».
N’est-ce donc pas votre incapacité au pardon, et croyez qu’elle ne m’inspire rien d’autre que de la compassion, qui vous dicte ce désir d’en découdre et d’enfin vous venger, vous entraînant à ressembler de plus en plus à l’islamiste que vous dénoncez, et à en désirer la déferlante ?
« Clausewitz témoigne, de façon plus réaliste que Hegel, de l’impuissance foncière du politique à contenir la montée aux extrêmes. Les guerres idéologiques, justifications monstrueuses de la violence, ont en effet mené l’humanité à cet au-delà de la guerre où nous sommes aujourd’hui entrés. L’Occident va s’épuiser dans ce conflit contre le terrorisme islamiste, que l’arrogance occidentale a incontestablement attisé. »
@Xavier NEBOUT | 11 novembre 2015 à 11:22
« Par contre, se battre pour les valeurs de la République est aussi creux que le mot valeur. Quelle République en effet ? Celle de 1793 ? Celle qui a trahi les peuples d’Indochine en 1954 et une bonne partie des Algériens autochtones et l’armée en 1962 ? Celle qui a harangué le peuple jusqu’à vouloir la guerre de 14 que les têtes couronnées voulaient éviter ? Le mot patrie est révélateur de l’imposture républicaine. En République, il n’y a pas de terre du père ; la terre du père, c’était celle du Roi. »
Deviendrez-vous un jour réellement catholique ?
« Nous étions encore il y a peu de temps dans le mythe de la grandeur française, dans Louis XIV et dans Napoléon. Nous avons changé d’époque. C’est sans doute une bonne chose. »
« La repentance de Jean-Paul II est un phénomène inouï et absolument imprévisible, mené peut-être en partie contre la Curie romaine. Cette repentance seule fait de l’infaillibilité du pape une idée neuve en Europe, car elle fait du pape le représentant imprévisible de l’idée européenne.(…)Elle achève sous nos yeux de saper toute idée impériale, au moment même où son pouvoir temporel disparaît. Il s’agissait donc bien d’une lutte où toutes les forces étaient engagées des deux côtés. L’empire a perdu. L’actuel élargissement de l’Europe, hors de toute velléité impériale, inaugure une période inédite, qui constitue notre seul horizon crédible, même s’il est extrêmement précaire.L’idée qui s’expérimente en Europe, et dans tous les pays du monde où cette idée essaime, est celle d’une identité de tous les hommes ; la relève de cette idée par le pape est le rappel incessant, entêté, du caractère divin de cette identité. »
Les passages entre guillemets sont tirés du « Achever Clausewitz » de R.Girard.
@eileen
« …c’est grâce à une disposition, ou une phrase ?? attribuée à la Duchesse Anne que des siècles plus tard les autoroutes en Bretagne étaient gratuites ! »
En Bretagne, il n’y a pas d’autoroute avec la vitesse limitée à 130 km/h ; mais les automobilistes peuvent circuler au maximum à 100 km/h sur des voies rapides.
La nuance est importante.
J’ai fait un rêve terrible cette nuit : j’étais attaché à une chaise devant la tête d’un pauvre petit veau cuisinée par Mary Preud’homme qui récitait ses vers emphatiques pendant que son fils, commissaire de police, sonnait l’appel aux morts. Un vrai cauchemar…
@sylvain | 12 novembre 2015 à 19:32
« A choisir, je préfèrerais être germanisé qu’islamisé, ils ont une autre classe nos voisins d’outre-Rhin »
Mouaip ; pour ce qui me concerne, c’est un non choix.
L’appartenance imposée est comme la mixité imposée, tout simplement parce que le sentiment personnel d’appartenance relève d’un préalable d’appropriation individuelle : il est tout à fait loisible de rencontrer, dans la vie, des individus se sentant « appartenir » à deux cultures, si et seulement si, à force d’imprégnation et de travail, ils se sont appropriés des éléments importants d’une culture qui n’était pas celle de leur milieu familial.
Ainsi, par exemple, les intellectuels juifs allemands et austro-hongrois qui ont « signé » pour la culture allemande et le pangermanisme, sans voir ce qui allait leur tomber sur la tête.
Il va sans dire que, compte tenu de cette thèse, la notion de « communauté » n’a pas d’existence pour moi.
Rédigé par : protagoras | 13 novembre 2015 à 11:14
Ok mais nous, en pleine soumission complicité faiblesse et laxisme, nous avons « signé » pour la culture coranique et le panislamisme qui sont les chevaux de Troie d’une horreur pire que le nazisme : le daechisme à nos portes contre lesquels nous ne sommes pas en mesure de résister, la France et ses collabos gauchislamistes passeurs de terroristes sera encore une fois mise à genoux par nos nouveaux envahisseurs.
Regardez ce qui se passe à l’IUT de Saint-Denis, c’est atroce ! et ça va empirer, le gouvernement ferme les yeux sachant que s’il bouge ce seront des émeutes partout dans les universités et dans les rues, applaudies par Besancenot, Duflot etc. comme à Barbès où les appels aux meurtres et les drapeaux du Djihad ont mis Valls à genoux.
@vamonos 13/11/15 – 9.38
Vous avez raison, ce sont des voies rapides et non des autoroutes : la nuance n’est pas aussi importante que vous voudriez le laisser croire, l’essentiel étant qu’il n’y a pas de péage ! Vous ne remettez donc en cause ni le souhait de la Duchesse Anne, ni la gratuité de circulation.
@ eileen et vamonos
Ce sont des autoroutes de fait avec les échangeurs et aménagements qui les caractérisent, limitées à 110 km/h. Mais rien à voir avec Anne, la reine aux deux rois. Elle a perdu le premier emplafonné, pas dans une voiture badgée Bzh mais dans un château ligérien.
C’est Charles de Gaulle qui en eut décidé la construction et la gratuité, eu égard à l’éloignement de la région et à son retard en matière d’infrastructures. Et c’est son ancien supérieur qui s’est illustré lors de la Grande guerre – l’idole de Xavier vous voyez ? – qui a dessiné administrativement la Bretagne telle qu’on la connaît en 2015.
@sylvain
Le problème, c’est que la droite ne va regarder que cela :
Le Figaro
et la gauche que ceci :
Europe 1)
alors que ces deux réalités sont tout aussi importantes l’une que l’autre.
@ Achille
C’est bien plus compliqué qu’une histoire de riches et de pauvres.
Merci à Mary Preud’homme | 12 novembre 2015 à 21:30 pour ce témoignage émouvant.
Oui la pâte humaine n’est pas que raison. Elle est aussi chair et sentiment. Oui il suffit simplement d’emprunter la Voie Sacrée pour déjà s’imprégner de ce qu’ont vécu nos aïeux débarqués du train à Bar-Le-Duc pour prendre cette voie et monter au front, sachant que nombre d’entre eux n’en reviendraient pas. Avec pour seul mot d’ordre : « tenir ».
Et pourtant ils se sont sacrifiés : ils ont tenu et résisté à la volonté de l’état-major allemand de laminer l’armée française par une bataille d’usure dans laquelle l’armée allemande a de fait commencé psychologiquement de perdre cette guerre : chaque régiment allemand envoyé à Verdun était intégralement sacrifié, le choix du général Pétain ayant lui conduit tous les régiments français à combattre à Verdun avec une rotation rapide.
Oui, les cérémonies patriotiques sont d’abord celles du souvenir des morts pour rappeler que nous devons notre liberté à ceux qui sont morts dans cette guerre emblématique de la folie des hommes.
Quant aux considérations sur la guerre elle-même, le problème reste celui pour un pays, une nation d’être capable de la mener lorsqu’elle lui est imposée par un autre qui devient de ce fait, non plus un adversaire politique ou économique, mais son ennemi qui ne lui veut pas que du bien ! Sauf à accepter de se soumettre à tout envahisseur.
C’est bien le problème soulevé par Jean Jaurès dans son « Armée nouvelle » avec des solutions qui n’auraient pas résisté à la réalité de la puissance allemande, ni en 1914, ni en 1939. Il avait bien compris le caractère effroyable de cette guerre industrielle et technique entre puissances européennes et l’a parfaitement dénoncé. Mais qui dans les élites politiques européennes d’alors a écouté son message de sagesse ?
Il ne reste donc à nos générations un siècle plus tard qu’à se souvenir pour reprendre le slogan de cette époque : « plus jamais ça » ! C’est à cela que doit servir l’Histoire. Mais dans le concert des nations où la volonté de puissance l’emporte trop souvent sur la raison, personne ne peut raisonnablement considérer que pour l’éternité l’humanité aura la volonté de vivre dans la paix ! Il suffit pour s’en persuader de se rappeler le nombre de conflits qui ont eu lieu depuis la création de l’ONU…
@vamonos 09 h 38
Précisément 110 km/h et non 100.
D’accord avec Franck Boizard ainsi que j’avais déjà eu l’occasion de l’écrire ici. Il faut laisser aux anciens aïeuls leur histoire.
Bon, celles et ceux qui ont eu la chance d’en avoir des rebelles savent aussi ce qu’il leur en a coûté et leur en coûte encore… notamment celles et ceux qui ne verseront pas dans les extrêmes.
Il faut beaucoup d’amour pour comprendre et de l’intelligence pour accepter que nous en sommes là pour penser une solution.
Alors que se jouaient les parties de poker (telles que décrites par Achille) elles, ils savaient transmettre le savoir dignement en laïques cad en personnes responsables.
@Laurent Dingli | 13 novembre 2015 à 11:13
Elle vous a marabouté, là dis donc, Laurent !…
Moi je rêve qu’elle me fouette puis me brûle sur un bûcher.
Encore un qui rêve de moi et ne comprend rien au deuxième degré. Bien avant moi et sur une grande échelle, c’était aussi la spécialité du général de Gaulle de cuisiner la tête de veau (au pluriel et sans tambour ni trompette) !
Rien à dire sur le bœuf « mirliton » qu’affectionnait ma bisaïeule et que Savo aurait adoré !
Quant à faire un bœuf (tour court) ça m’arrive… Même que sur le toit c’était encore mieux !
@ Mary Preud’homme
Allez, je vous taquine, au fond, je vous aime bien.
@ Savonarole
Veinard !
@Robert | 13 novembre 2015 à 12:23
Oui Robert, vous avez tout dit. De même que scoubab00 avait compris l’émotion que peut susciter un tel lieu.
Quand on arrive au pied de l’Ossuaire de Douaumont, la première chose qui vous frappe est le mot PAX gravé en caractères géants au fronton du monument. Et ensuite le mot SILENCE à l’entrée de la crypte !
@Laurent Dingli | 13 novembre 2015 à 12:17
« Le problème, c’est que la droite ne va regarder que cela :
Le Figaro
et la gauche que ceci :
Europe 1
alors que ces deux réalités sont tout aussi importantes l’une que l’autre. »
Non désolé vous faites l’autruche et acceptez votre soumission forcée, je préfère que Le Figaro me dévoile les dangers qui nous attendent que cette gauche lâche laxiste qui nous les cache par trouille. Bravo au Figaro de braver les interdits ! Et honte aux collabos de gauche qui nous mentent !
@ Laurent Dingli | 13 novembre 2015 à 12:17
Au cas où cela vous aurait échappé, l’affaire des tapis de prière semble être une machination du directeur. En plus de malversations financières.
http://www.leparisien.fr/saint-denis-93200/saint-denis-la-suspension-du-directeur-de-l-iut-dechire-l-universite-paris-13-12-11-2015-5270735.php#xtref=https%3A%2F%2Fwww.google.fr
Mais le 16 octobre, Paris 13 dépose une main courante contre le directeur. Une vidéo à l’appui, l’université accuse Samuel Mayol d’avoir tenté d’introduire des tapis de prière dans un local associatif pour faire croire à une dérive communautariste au sein de la fac.
La vidéo litigieuse a certes été saisie par la police judiciaire. Elle montrerait le directeur, muni d’un sac, entrer dans un sas menant au local associatif. Mais à ce jour, « aucune enquête n’est ouverte », précise le parquet de Bobigny.
Affaire à suivre… ou pas.
Mais non, sylvain, je ne fais pas l’autruche et ne me sens soumis à quiconque, mais si vous avez raison de dénoncer les manoeuvres des salafistes en France, vous avez tort de ne pas prendre en compte cette autre France-là, qui existe aussi, ne vous en déplaise, et mérite tout notre intérêt. Mohamed Bekada se bat pour la sauvegarde de notre patrimoine commun. Et qui sait, peut-être le fait-il bien plus que le bavard sylvain-de-souche-christianisé, etc., etc.
Vous pouvez me traiter de « vautour », de gauchiste ou de fascislamiste, mon cher sylvain, tout cela glisse sur mon plumage de canard. Et puis, tiens, si ça vous rassure, on parle de ce jeune homme dans votre Bible, vous savez, ce journal dans les colonnes duquel on comparait jadis la magnifique Joséphine Baker à une guenon.
Le Figaro.
@Laurent Dingli | 13 novembre 2015 à 15:05
Désolé si je compare votre ramage à votre plumage de canard, j’en suis tout confit !
Quant à Joséphine Baker, bof, la ressemblance est plutôt frappante, isnt’ it ?
@scoubab00 13.11.15 – 12.07
Du calme, tout le monde sait que la Duchesse Anne n’a pas tracé les voies rapides que l’on connaît actuellement ahahaha
Tout le monde sait aussi que ces voies rapides ont été construites pour désenclaver la Bretagne ! ahaha
Quant à vous messieurs, il faudrait vous mettre d’accord sur une voie rapide c’est 100 ou 110 ?… vous ne semblez pas d’accord, je n’en sais rien, peu importe je me contente de (tenter) de respecter les panneaux, simple non ! ahaha
Ok, mon cher raciste, mais n’abusez pas trop du blanc de blancs, vous risquez de finir complètement noir…
sylvain est le type le plus black/arabian que je connaisse. Il ne parle que de ça, c’est son fond de sauce. On ne connaît même pas sa religion, « chrétien » c’est du floutage de gueule façon caméra de surveillance.
@ Aliocha
« N’est-ce donc pas votre incapacité au pardon, et croyez qu’elle ne m’inspire rien d’autre que de la compassion, qui vous dicte ce désir d’en découdre et d’enfin vous venger, vous entraînant à ressembler de plus en plus à l’islamiste que vous dénoncez, et à en désirer la déferlante ? »
Je tombe à la renverse à lire ces propos hallucinants !
Pardon vis-à-vis de qui ? Pour quoi ? Puis le fait de se défendre se transforme en désir d’en découdre… absolument dingue… Vous m’étonnez que la légitime défense ne soit plus reconnue ou à dose homéopathique par les tribunaux.
C’est le « courage fuyons » des humanistes. Je pensais à un autre mot insultant.
Allez jusqu’au bout de votre logique, abandonnez la nationalité française et fuyez. Vous pourrez ainsi revenir en vainqueur sain et sauf et déclarer telle la mouche du coche : « je vous l’avais bien dit, ils auraient dû, il aurait fallu ! »
Ou en posologie je vous conseille la conférence de monsieur de Villiers donnée à Béziers et disponible sur le net. A renouveler autant de fois que nécessaire.
C’est notre dernière carte vitale.
Hameau et nuage, restons calme, et personnellement je ne suis pas encore malade.
Je ne m’adressais pas à vous d’ailleurs.
Quant à votre médecine, j’ai assez soupé pendant six ans de la soupe, grasse certes et bien rémunérée, du sieur de Villiers, pour vous affirmer, sans preuve car soumis au devoir de réserve, que ses propos n’ont pour moi aucune réalité. Quand on veut dire la vérité, on va jusqu’au bout et on accède au romanesque, ou on fait silence et contrition. Cela éviterait les mensonges par omission, et la littérature revancharde à laquelle s’appliquent en passant les termes qui vous ont fait bondir. Ne lisez pas R.Girard, vous pourriez vous calmer.
Bonsoir.
Je trouve les réflexions pacifistes de nombre de commentateurs très datées. Ce n’est pas un compliment.
@aliocha | 13 novembre 2015 à 19:27
Vous avez une réponse ce soir à Paris qui ne vous est pas adressée personnellement. Et ce n’est qu’un début.
Je n’ai jamais prôné le pacifisme mais de ne jamais céder au désir de vengeance. Les atroces événements ne font qu’en signifier l’urgence absolue.
@ Laurent Dingli | 13 novembre 2015 à 12:17
« C’est bien plus compliqué qu’une histoire de riches et de pauvres. »
Merci, je ne suis pas historien mais cela ne m’avait pas échappé. Ce n’était qu’une citation qui se voulait d’abord spirituelle et donc à ne pas prendre au premier degré.
@ Franck Boizard | 13 novembre 2015 à 21:21
« Je trouve les réflexions pacifistes de nombre de commentateurs très datées. Ce n’est pas un compliment. »
Réflexions très datées dites-vous ? C’est curieux mais quand je lis vos commentaires réactionnaires j’ai l’impression de retourner au temps de la IIIe République, peut-être même au Second Empire ! 🙂
Cher Dingli, vous avez le bonjour de Mohamed Bekada ! Pas d’amalgame tout va bien hahahahaaa !
Vous êtes d’une répugnante sottise, mon pauvre sylvain, et je cesserai désormais de m’adresser à vous. D’une part, parce que ce n’était vraiment pas le moment de régler vos petits comptes avec moi qui ai toujours dénoncé l’islamisme radical mais qui, en effet, n’ai aucune envie de tomber dans vos généralisations racistes et xénophobes. Des policiers, des militaires français d’origine maghrébine sont tombés sous les balles des terroristes qui, tout comme vous, ne font pas de distinction. Votre discours sert le leur mais vous êtes trop fanatique pour le comprendre. Ceci dit, vous m’excuserez, je n’ai aucune envie de polémiquer. Il y a des moments où il faut savoir se taire.
Je viens de lire un billet fort instructif qui me semble être dans la veine spirituelle de Garry Gaspary. J’en donne le lien en conseillant à celles et ceux qui le liront de poursuivre leur lecture jusqu’à la fin.
http://www.asafrance.fr/item/libre-opinion-du-colonel-er-jacques-hogard-le-scandale-du-kosovo-a-l-unesco.html
@ Achille | 14 novembre 2015 à 08:21
Les événements de cette nuit vous ont hélas répondu à ma place.