La vraie croix gaulliste ?

Il y a eu d'un coup deux bonnes nouvelles sur le plan de la morale personnelle et de la dignité publique.

Michèle Laroque, compagne de François Baroin notre ministre du Budget, va se rapatrier fiscalement à partir de ce mois de mai (Le Canard enchaîné). Quelles que soient ses motivations dont la principale est facile à deviner, les occasions de se réjouir du respect d'une forme d'éthique sont trop rares pour qu'on s'abandonne à une ironie qui n'a pas lieu d'être. Je me souviens que certains couples politico-médiatiques, sur un autre registre, n'ont pas eu l'élégance de Michèle Laroque !

Louis Gallois continue de surprendre. La rigueur et l'honnêteté lui sont naturelles. Il n'hésite pas sans doute à se faire des ennemis puisqu'il donne le bon exemple -donc le mauvais, pour certains de ses pairs - en se privant de plus d'un million d'euros. Au lieu d'admirer, j'entends déjà les esprits aigres répliquer qu'il lui restera 900 000 euros ! Il n'empêche. (nouvelobs.com, lepoint.fr)

Abordant la morale et les devoirs qu'il convient de s'imposer à soi-même, j'en arrive naturellement à Charles de Gaulle. Même sans l'avoir connu on peut en avoir une idée juste et forte quand on se passionne pour l'Histoire et qu'on a pu lire, par exemple, l'excellent livre de Thierry Desjardins. Celui-ci recueille les multiples témoignages de ceux qui ont travaillé avec de Gaulle et ont apprécié, au fil des jours, ses immenses qualités et ses défauts évidents. Il y a, depuis quelques années et aujourd'hui plus que jamais, une volonté de s'afficher dépositaire de la pensée gaulliste, détenteur d'un morceau de la vraie croix qui serait ridicule si de Gaulle lui-même ne continuait pas de peser, au moins par contraste, sur notre vie politique.

On apprend que Michèle Alliot-Marie veut développer l'action de son club Le Chêne pour amplifier le courant gaulliste au sein de l'UMP. Les sénateurs vont bénéficier de la même sollicitude que les députés. Apparemment, ce désir de monter en puissance serait lié à la création le 19 juin de la structure de Dominique de Villepin. Il s'agirait d'une lutte entre gaullistes ou nostalgiques de de Gaulle pour ne pas laisser déposséder "Le chêne" de ce qui lui reviendrait de droit contre les usurpateurs.

Il est piquant d'entendre l'un des porte-parole du club, le député Nicolas Dhuicq, énoncer sans rire que "l'une des valeurs essentielles du gaullisme était la loyauté". Michèle Alliot-Marie elle-même, au plus fort de la controverse entre le président de la République et Dominique de Villepin, avait déclaré que le gaullisme – je cite de mémoire – aimait les gens. Ces opinions très conjoncturelles n'avaient et n'ont pour but que de montrer que Dominique de Villepin est éloigné de ces qualités. De Gaulle, d'une certaine manière, est privatisé, rapetissé.

Tout de même, dans sa politique et dans son comportement public, en dehors d'une parfaite urbanité personnelle et d'une exemplaire probité au quotidien, il est difficile de prétendre que la transparence et l'idéalisme étaient les vertus fondamentales du créateur de la Vème République. Il s'adaptait à la réalité, n'hésitait pas à justifier les moyens par la fin – sa stratégie pour l'Algérie notamment -, exigeait l'inconditionnalité et la soumission, était tout sauf un tendre et ne brillait pas par une conception très optimiste de la nature humaine et des Français. Loyal quand c'était nécessaire. Aimant quand c'était possible.

En réalité, "la valeur essentielle du gaullisme", voire sa valeur exclusive, c'était de Gaulle lui-même. Qu'on l'ait détesté ou porté aux nues, c'est autour de sa seule personnalité que tout s'ordonnait, se faisait ou se défaisait. Il est peu de politiques aussi indissolublement liées à leur inspirateur. Le gaullisme, c'est un être d'exception refusant de se laisser enfermer dans quoi que ce soit et en ce sens il est absurde de laisser croire que la vraie croix pourrait être encore aujourd'hui légitimement revendiquée par un club ou une faction. Le ton ne suffit pas ! C'est une singularité insaisissable. Ce n'est pas un capital à exploiter.

Pour la classe politique, il est consolant d'accoler au gaullisme des principes si généraux qu'elle peut feindre de les respecter. Mais Charles de Gaulle est mort et il est illusoire de prétendre faire renaître ce qui ne tenait qu'à lui.

On a le droit de le rêver, pas de se l'approprier.

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  1. N’en déplaise à Laurent Dingli (j’espère que vous le lirez, Laurent : je suis prêt à vous l’offrir !), le « Dictionnaire amoureux de Charles de Gaulle » par Tauriac est un livre indispensable pour appréhender l’essentiel de ce que fut l’homme ; je le déguste à petits traits, comme je regarde avec émotion les photos choisies par son fils dans le très bel album qu’il lui a consacré : celle où le père se penche sur la petite Anne ne laisse pas d’émouvoir…
    Les comparaisons sont alors cruelles…

  2. Cher Philippe,
    Il y a des raccourcis qu’aucun autre que vous n’imaginerait: de Michèle Laroque à Charles de Gaulle, il fallait oser!
    La « forme d’éthique » que vous attribuez à l’actrice est une forme assez souple (pour ne pas dire ectoplasmique) et contrainte. Sauf à vouloir torpiller la carrière de son compagnon, quel choix avait-elle? Juste une carte forcée et bien tardive.
    Louis Gallois fait un choix libre (à notre connaissance) qui l’honore.
    Tout ça est quand même loin de Charles de Gaulle.
    « Le gaullisme, c’est un être d’exception refusant de se laisser enfermer dans quoi que ce soit et en ce sens il est absurde de laisser croire que la vraie croix pourrait être encore aujourd’hui légitimement revendiquée par un club ou une faction ».
    Peut-être même chacun des innombrables candidats-héritiers rêve-il que le seul fait d’être reconnu comme détenteur de la vraie croix le transforme ipso facto en être d’exception et ça, on sait depuis 1971 que ça ne marche pas. Mais alors pas du tout!
    D’ailleurs, tout bien pesé, on se contenterait même d’un être d’exception non héritier du Général… voire tout simplement d’un type bien?

  3. Bonjour Philippe Bilger,
    Vous nous dites : « Je sais qu’il est consolant, pour la classe politique, d’accoler au gaullisme des principes si larges et généraux qu’elle peut feindre d’en être, de les respecter. Mais Charles de Gaulle est mort et il est illusoire de prétendre faire renaître ce qui ne tenait qu’à lui.
    On a le droit de le rêver, pas de se l’approprier. »

    Il est vrai que le gaullisme revêt encore et toujours des valeurs qui ont fait la gloire de la France au cours de la dernière moitié du siècle dernier.
    Pendant ces 20 dernières années elles semblaient pourtant être en sommeil, remplacées par un style de gouvernance plus moderne, plus adapté au monde d’aujourd’hui qui n’a plus grand-chose à voir avec l’époque des années soixante.
    Mais en cette période de crise, il semble que le gaullisme revienne au goût du jour.
    Il ne manque plus que quelqu’un qui soit capable de revêtir le costume du Général. Et c’est là le problème…

  4. Sans parler de ML, ni de ses motivations, force est de constater que les deux autres exemples de probité que vous citez sont d’une génération qui a appris ce que veut dire « contraintes, abnégation et sacrifice ».
    Maintenant nous sommes loin de côtoyer des personnes, y compris au pouvoir, qui soient passés par ces expériences de vie.
    Nous avons la génération du « fastbidulemachintruc », du « tout tout de suite », et dont l’instrument favori est le « zap ».
    Cordialement
    Pierre-Antoine

  5. Souhaitons, pour les finances de la France, au couple Laroque-Baroin de durer très longtemps (perdurer comme on abuse à le dire de nos jours) !
    Dans le cas contraire, il nous faudrait faire appel au FMI.
    Pour ce qui concerne Louis Gallois, il me semble avoir lu que EADS était en perte l’an dernier; dans certains cas la partie variable des émoluments gagnerait à être négative; ceci valant pour les chefs d’entreprise et les hommes d’Etat qui ne respectent pas les budgets votés.
    Nous nous approcherions un peu de l’honnêteté scrupuleuse du grand Charles.

  6. Jean-Dominique Reffait

    Ainsi donc il est démontré que le bouclier fiscal est une fumisterie, que Las Vegas à 0% vaudra toujours mieux que la mairie de Troyes à 50%. S’il faut, pour faire revenir à de meilleurs comportements civiques les expatriés fiscaux, que le ministre du Budget épouse tout ce qui se fait la belle à l’étranger avec l’oseille, je souhaite bien de la santé à F. Baroin ! Et s’il retourne à Troyes, ça ne vaut plus, on retourne tous à Las Vegas.
    Là où vos douces lunettes voient de l’éthique, j’y vois plus prosaïquement la crainte médiatique d’une révélation gênante à l’endroit de celui qui se charge de plumer la volaille courante mais dont la dinde officielle se ferait un joli duvet dans les casinos américains. Et ce n’est pas un hasard si l’annonce en fut faite dans les colonnes d’un autre volatile déchaîné.
    Louis Gallois paraît un peu rigide, vu de loin. Cette rigidité a sans doute de gros inconvénients dans la conduite sociale des affaires mais, avers de la pièce, conduit ce PDG à de justes décisions personnelles. Personne ne lui en saura aucun gré.
    Et je suis bien d’accord avec vous : le gaullisme sans de Gaulle n’a jamais pris que de tristes visages, des caricatures de matamores jusqu’à ce que l’un de ses derniers avatars sombre dans le pastis corse de la Cour de Justice. Allons même jusqu’à dire que le gaullisme pendant de Gaulle mais opéré par d’autres que lui fut un nid d’intrigues et de coup bas, de concussions diverses et que bien des barons ont construit de douteuses fortunes à l’ombre du Chêne. Le gaullisme n’est pas une idéologie mais un comportement singulier d’un homme qui se surprenait lui-même à être républicain quant tout lui eut offert une autre voie.

  7. N’importe quoi, si Michèle Laroque n’était pas devenue la compagne de François Baroin récemment investi à Bercy elle serait encore à siroter un drink martini à Las Vegas avec Johnny Hallyday. C’est parce qu’elle sort avec un mec politique qu’elle a décidé d’anticiper le scandale, tout cela est minable. Après c’est la même qu’on voit chaque année danser et chanter aux spectacles du Resto du Coeur sur TF1 pour inciter les honnêtes contribuables à donner leur argent. Quel cinéma !

  8. Bellier Philippe

    Le fait que le Gaullisme soit moins une doctrine politique que la propre vision de la société de De Gaulle lui-même n’est pas vraiment contestable. Mais n’était-ce pas le reflet d’une époque où la plupart des hommes politiques avaient une vraie culture et de vraies convictions ? Il est effectivement difficile d’imaginer De Gaulle accepter la « démocratie participative ».
    En ce qui concerne Louis Gallois, vous ne pouvez pas rappeler qu’il se place dans la ligne droite d’une décision identique qui avait été prise par votre frère lors de son départ d’Alsthom. Ces deux renoncements sont d’autant plus méritoires que la décision judiciaire récente relative à la rémunération de l’ancien dirigeant de Vinci confirme qu’il n’existe quasiment aucune limite juridique au montant de la rémunération d’un dirigeant d’une entreprise cotée…

  9. Aïssa Lacheb-Boukachache

    Baroin a bien de la chance et de l’ambition … On jurerait qu’il n’a fait Politique que pour pouvoir coucher dans le lit d’actrices et de journalistes. Ce n’est pas lui faire offense que d’écrire cela; à vrai dire, j’aimerais être à sa place. Il faut souhaiter seulement que ces dames ne lui prennent pas trop de temps ni d’énergie et qu’il en trouve suffisamment pour se consacrer au bien public qu’il a choisi de servir … Nonobstant ( j’aime bien ce «nonobstant», il me donne un petit air bourgeois et pédant que je ne renie pas quelquefois; je me sens alors visitant Bagatelle et Neuilly, une pipe dans une main et une canne dans l’autre …), nonobstant donc, c’est quoi le problème à la Laroque? Elle aussi planquerait sa thune à l’étranger conciliant?! Je serais déçu; j’aime son style physique, veinard ce Baroin … En vérité, je n’en crois rien si j’en lis les rapports ici et là: elle vit longtemps et travaille souvent aux USA, disent-ils, elle impôte (néologisme, priorité!) donc là-bas, normal donc, banal qu’elle impôte là-bas… Puis, si les USA sont un paradis fiscal, alors ce serait une étonnante et inédite nouvelle!… Si, Baroin oblige (ah l’amuuuuur!), elle est mise d’aimer follement en demeure de se rapatrier et son travail et ses sous avec elle, elle impôtera à nouveau ici, banal, normal donc, basique … Je ne vois pas où serait le problème scandaleux sauf si, bien sûr, il y avait une fiscalité secrète aux USA et réservée exclusivement aux fuyards notamment les Français. Alex Paulista, ce cher comptable qu’on adore, nous en dira peut-être davantage sur ce lourd sujet si des choses en l’espèce nous échappent …
    De Gaulle, encore, toujours?… Il n’y aura donc eu rien ni personne publiquement, politiquement, valable depuis 1970 à aujourd’hui? C’est drôlement inquiétant … Pas trop envie de m’attarder sur ce sujet; de Gaulle et son invocation continuelle fatiguent les gens; lui-même, j’en suis sûr, depuis l’outre-tombe aimerait qu’on l’oublie un peu, ce serait la preuve que la France va mieux, s’est émancipée de ses démons, de ses faiblesses, de ses ladreries et ses incompétences et s’il est une autre vie en cet ailleurs, alors il doit être fier et réjoui de nous voir grandis … Mais je crains fort que plus on l’invoque, plus c’est la preuve que tout ce qu’il aura accompli de grand est devenu bien minable et petit au fil des ans en infinité d’actes politiques et sociaux de certains esprits non moins publics et politiques … Ca se discute; il faudrait faire publiquement et objectivement autant que se faire se puisse, une sorte de bilan. Ainsi on contemplerait l’évolution ou la régression ou les deux à la fois et selon quelle ampleur et à quel niveau de la France … C’est très compliqué que tout cela; ça ne se discute pas telle Alliot-Marie en Club face à la machine à café du ministère ou que sais-je encore, quelques médias apprivoisés qu’on convoque derechef pour qu’ils répètent quelques petites phrases réfléchies autant qu’elles sont insignifiantes … De Gaulle, de Gaulle, de Gaulle! mais ça ne signifie rien! ça n’aboutit à rien! je le répète, il faut prendre les choses comme elles sont!
    Je retiens une phrase de votre propos, cher PB … « Il s’adaptait à la réalité, n’hésitait à justifier les moyens par la fin …», puis une seconde qui le conclut: «On a le droit de le rêver …» … Rêvez-vous ainsi et tout le temps ces êtres pour qui même l’immoralité de leurs moyens justifient la fin? Car c’est exactement cela que votre commentaire veut dire …
    Aïssa.

  10. « On dressera une grande croix de Lorraine sur la colline qui domine les autres. Tout le monde pourra la voir, et comme il n’y a personne, personne ne la verra. Elle incitera les lapins à la résistance. »
    Phrase de De Gaulle citée par André Malraux dans « Les chênes qu’on abat »

  11. daniele deligny

    Lorsque l’on va dans un pays islamique, les femmes, quelle que soit leur religion, doivent obligatoirement porter un foulard sur les cheveux pour respecter les us et coutumes dudit pays.
    Je suis choquée qu’en France la réciprocité n’existe pas !
    Je ne comprends pas que des gens accueillis ici n’aient aucun respect pour « mes » us et coutumes.

  12. La providence peut-elle toucher autant Mme Laroque et M. Gallois qu’elle l’a fait dans un après-guerre pour le Général de Gaulle ?
    Peut-être fédèreraient-ils autour d’une instance providentielle?
    Mais il faudrait un après-guerre, des complices et des victime, et il faudrait un traité de paix qui fermement les désignent, et les accommodent.
    Il faudrait alors solder le marché des hypothèques, pour re-fonder et reconstruire, depuis le champ de ruines apparu parmi le champ de paix, là ou ne seraient que des abcès qu’il suffirait de guérir, et nulles ruines que l’on ne voudrait pas.
    La providence, une attente, une absence ?

  13. Mary Preud'homme

    « Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France. Le sentiment me l’inspire aussi bien que la raison. Ce qu’il y a en moi d’affectif imagine naturellement la France, telle la princesse des contes ou la madone aux fresques des murs, comme vouée à une destinée éminente et exceptionnelle. J’ai d’instinct l’impression que la Providence l’a créée pour des succès achevés ou des malheurs exemplaires. S’il advient que la médiocrité marque, pourtant, ses faits et gestes, j’en éprouve la sensation d’une absurde anomalie, imputable aux fautes des Français, non au génie de la patrie. Mais aussi, le côté positif de mon esprit me convainc que la France n’est réellement elle-même qu’au premier rang : que seules de vastes entreprises sont susceptibles de compenser les ferments de dispersion que son peuple porte en lui-même ; que notre pays tel qu’il est, parmi les autres, tels qu’ils sont, doit, sous peine de danger mortel, viser haut et se tenir droit. Bref, à mon sens, la France ne peut être la France sans grandeur. »
    (Charles de Gaulle, Mémoires de guerre)
    —————–
    Tout le personnage peut s’appréhender dans ces quelques lignes que j’ai souvent méditées. Et à mes yeux se dire gaulliste, ce n’est pas du tout adhérer à un parti mythique qui en fait n’a jamais existé au temps du général, mais c’est uniquement être l’homme ou la femme qui porte en lui l’amour de sa terre natale, qui revendique certaines valeurs et entend contribuer au rayonnement de son pays partout où il se trouve. Sauf que cet homme ou cette femme n’atteindra jamais la démesure en tout qui était la marque de fabrique du général et qu’il n‘abandonna jamais. Et c’est bien pourquoi aimé ou haï, il ne laissa personne indifférent de son vivant et il restera dans notre histoire comme celui qui sut rendre à une France « meurtrie, avilie, défigurée, déshonorée » son honneur et l’élan nécessaire pour reconquérir sa liberté. Et qui comprit ensuite bien avant d’autres que cette liberté là, à savoir l’aspiration d’un peuple à se libérer du joug de l’oppresseur n’était pas la spécificité de la France, mais une valeur à dimension universelle que personne ne pouvait s’approprier sans s’avilir.
    —————–
    Il est donc d’autant plus stupide et incongru que des seconds ou troisièmes couteaux de l’actuelle république des 35 heures, de la rogne, de la grogne et du bidouillage électoral, des binoclards complexés qui se prennent pour des électrons libres, des ambitieuses desséchées et autres fossiles politiques se déclarent aujourd’hui comme les ayant droits de cet homme habité par un grand destin et qui toute sa vie s’identifia à la France. Lequel homme n’est certes pas plus récupérable quarante ans après sa mort qu’il ne le fut de son vivant. Car le général était tout sauf un homme de parti, des partis (de gauche comme de droite) qu’il ne se gênait d’ailleurs pas pour brocarder avec une cinglante ironie, même s’il savait en utiliser certains à l’occasion pour servir ses (grands) desseins, n’hésitant pas à les renvoyer aussitôt l’objectif atteint, à des tâches ordinaires, voire à leur médiocrité, comme on renvoie une femme de ménage bavarde ou importune à son office ou à son plumeau.

  14. @M.Philippe Bellier,
    Un de mes souvenirs contredit l’imaginaire collectif que vous présentez quant au général pour quelque considération contemporaine d’une « démocratie participative ».
    Tout jeune téléspectateur, je me rappelle avoir entendu pour la première fois un mot, et cela de la bouche du Général, raison pour laquelle, sans avoir à s’inviter en dé-construction, ce mot original est resté gravé dans ma mémoire.
    Notre famille, traditionnellement anti-gaulliste, écoutait gravement (ainsi qu’à l’époque) les messes télévisuelles qui suivirent le 29 mai 1968 et préparèrent le référendum du 27 avril 1969.
    Ce mot dit et redit était:
    « la participation »
    Nul autre que De Gaulle ne semblait autoriser quelconque compréhension assez fine en politique pour ce terme, et le général était insistant.
    Il ne pouvait être démagogique, il pressentait l’issue du scrutin.
    Pour ma jeune compréhension, « la participation » c’était alors une sorte d’atout énigmatique, une arme, une invention…
    A l’époque, notre rire était issu de naïveté, nous étions forcément contre l’orateur, alors nous riions de concert… pour force d’arguments, et sans méchanceté.
    Alors « la participation » c’est resté, pour moi, une sorte de proposition inouïe, alors qu’elle fut vite oubliée par les électeurs et enterrée méthodiquement par leurs guides à penser.
    En effet, ce fut un bide en 1969, mais bien plus tard, c’est devenu actif, quelle que soit la manière adoptée aujourd’hui pour la considérer… « la participation ».
    Il y avait en 1969 avec de Gaulle, avec cette « participation », plus le sentiment proposé d’une nécessité que celui d’une exigence alors confusément revendiquée autant que par avance contenue, déjà, il y a si longtemps…
    Mais peut-être s’agit-il de politique, tandis qu’en justice ce que l’on côtoie intime avec une sorte de « généralisation » la méfiance et le pessimisme, remise par l’habitude et la répétition depuis et envers l’autre, ainsi qu’à la volée.

  15. Je ne sais rien du conceptuel ni du spirituel.
    Tout comme vous je ne spécule donc pas sur lequel de nos politiciens a l’ex général-président pour ange-gardien.
    Mais la pratique dans le pouvoir est plus évidente à voir.
    S’il y avait eu du gaullisme après lui la pratique du référendum serait encore approuvée et ses conséquences assumées. Cela semblait manifestement être un devoir.
    L’évasion fiscale (on touche un point où je ne fais plus beaucoup de distinctions) est une toute autre croix à porter, si je peux détourner vos expressions.
    Cependant, respecter les ancêtres est une chose, les pleurer et ne voir que par eux est bien malheureux.
    La crise politique m’est plutôt limpide, mais qu’est-ce qui vous rend si amer ?

  16. Alex paulista

    @ Aïssa
    Je ne suis pas comptable (pas même de mes sous: j’en paye un !), pour autant je suis aussi entre deux pays et en cette période de déclarations françaises je confirme ce que vous avez dit plus bas:
    – lorsqu’on vit entre deux pays, on peut choisir sa résidence fiscale là où on gagne de l’argent (centre d’intérêt économique) ou bien là où on vit le plus. Je ne sais pas où se situent les affaires de ML, ni le temps qu’elle passe dans chaque pays. Peut-être qu’un changement dans la répartition est à l’origine du rapatriement du foyer fiscal.
    – les USA ne sont pas un paradis fiscal. L’impôt sur le revenu y est moins exponentiel mais en moyenne bien plus important qu’en France, les charges sociales bien moindres mais il faut contracter des assurances privées qui ont un coût indépendant du salaire mais ne sont pas gratuites. Quelqu’un qui veut fuir les impôts n’ira pas en priorité s’installer aux USA, ou du moins pas dans cet État. Ni au Brésil.
    Les Français ont tendance à oublier la loyauté que l’on doit aussi au pays qui nous accueille !

  17. Alex paulista

    Ce sont d’abord les événements qui font les grands hommes.
    Dominique de Villepin est un bon exemple: il a montré une certaine envergure à l’occasion de la controverse sur les supposées armes de destruction massive et la guerre en Irak. Avant, après, il a fait son quotidien de la petite politique. De passage au ministère de l’Intérieur, il ne voulut surtout pas être en reste. Il appliqua sans vergogne les circulaires et les quotas absurdes de Sarkozy, rajouta parfois sa touche internationale pour expulser arbitrairement un étudiant ivoirien qui manifestait un peu trop contre l’intervention de la France pour décider des dirigeants de son pays.
    Aujourd’hui, DdV s’oppose aux « méthodes Sarkozy » en prenant la pose républicaine.
    Le grand Dominique de Villepin a bien rétréci au lavage.
    Et c’est tant mieux: mieux vaut la paix et sa politique de bas niveau.

  18. Savonarole

    Baroin :
    « Les avantages pour mes amis, la justice pour les autres », vieux dicton franc-maçon…

  19. Jean-Dominique Reffait@Savonarole

    Savonarole, si vous courez aussi vite que les francs-maçons vous emm…, vous êtes qualifié haut la main pour les jeux olympiques.
    François Baroin n’est pas franc-maçon.
    Pas de bol, faudra recycler votre dicton de café du commerce quand vous serez mieux renseigné.

  20. Catherine A Un chêne ça fait quoi ?????

    Que Michèle Laroque revienne payer ses impôts en France c’est tout de même la moindre des choses. Quant à Louis Gallois il y a longtemps qu’il fait preuve non seulement d’un grand sens moral mais aussi de ses qualités de gestionnaire. De quoi en faire pour certains un pisse-froid. C’est pratique.
    Et pour MAM : « c’est vrai que je suis un chêne » aurait dit de Gaulle, « j’ai fait des glands »…………..

  21. Vu la représentation dans l’imaginaire collectif de de Gaulle, et l’effectivité de sa valeur, pas étonnant que tant d’hommes politiques tente de « se l’approprier ». Mais personne dans ce petit monde ne se pose la seule question qui vaille: que ferait un de Gaulle aujourd’hui ? Et pour cause…
    M.Laroque et F.Baroin… Il a du succès auprès des femmes médiatiques ce Baroin, après M.Drucker, voilà M.Laroque… Décidément, les riches tendent à se reproduire…!
    L’attitude de Gallois me paraît noble, et je ne ferai pas partie des « esprits aigres » qui répliqueront qu’il lui restera 900 000 euros ! Il aurait pu s’appeler Gaulois…

  22. L’enquête judiciaire a établi que le tir ayant causé la mort de Florent Lemaçon, le skipper du voilier Tanit capturé par des pirates somaliens, est bien d’origine militaire, vient d’annoncer le procureur de la République de Rennes. Les conclusions de l’expertise balistique demandée par le juge d’instruction, déterminent en effet que le projectile qui a tué Florent Lemaçon le 10 avril 2009 a été tiré par un militaire français.
    Vu de loin, il m’est difficile d’apprécier cette péripétie : pourquoi la Justice fait-elle écho a l’attitude incompréhensible de cette famille ? Leur deuil n’excuse pas tout.
    Des citoyens peuvent attaquer l’Etat lorsque celui-ci met en oeuvre des moyens militaires ou autres pour les sortir d’un mauvais pas, et lorsque ce mauvais pas est une conséquence de leur seul libre arbitre ?
    Si quelques dizaines de milliers d’entre nous choisissent de courir l’aventure, c’est à nos seuls risques et périls. Je trouve hallucinant que des individus reprochent ensuite à la Collectivité les modalités de l‘assistance portée en cas de pépin. Et je ne comprends pas bien pourquoi la Justice, et même l’Etat, donnent ensuite crédit a ces attitudes indignes de citoyens immatures, devenus obsédés de protection, d’assurance, de sécurité : une offre d’indemnité de 400 000 euros ? Des excuses des intervenants ? Des excuses de l’Etat ? Cette brave dame et les parents du défunt s’égarent. Attitude bizarre, qui participe de la vindicte imbécile de vacanciers qui, retardés par les cendres d’une éruption volcanique, s’en prennent ensuite violemment aux fonctionnaires des consulats de France qui les écoutent poliment.
    J’espère que ce fait divers ne dissuadera pas, à l‘avenir, les autorités publiques françaises de continuer à porter assistance à mes concitoyens en réelle détresse.
    Pour ma part je vis depuis 30 ans, en mer, les avantages énormes de cette tradition française qui nous vaut une certaine sécurité, ou considération spontanée – enviées par d’autres nationalités -, dans les recoins du vase monde et les situations parfois… « extrêmes », ou notre saine curiosité nous emmènent, par choix libre et assumé.
    J’attends votre billet sur le sujet avec impatience. J’en profite pour vous remercier de ce blog de haute tenue, qui me permet de maintenir un lien intellectuel supplémentaire avec mon beau pays.

  23. Mary Preud'homme

    Alex paulista a écrit :
    « Ce sont d’abord les événements qui font les grands hommes. »
    Il semble que ce seraient plutôt les grands hommes qui font l’histoire en imprimant les événements de leur marque, de leur charisme, de leur talent exceptionnel ou de leur génie.
    Quelques exemples pris au hasard parmi nos contemporains du 20ème siècle : Gandhi, Mustapha Kemal, W. Churchill, Ch. de Gaulle, Nehru, Indira Gandhi, Juan et Eva Peron, Patrice Lumumba, Ho Chi Mihn, Martin L King, John Kennedy, Fidel Castro, Shimon Peres, Anouar el Sadate, Jean-Paul II, Mère Teresa, Soljenitsyne, Aimé Césaire, Soeur Emmanuelle, etc.

  24. Alors là, si enfin les valeurs du gaullisme revenaient, ce serait une pierre blanche pour le pays qui en a tant besoin !
    La première bonne nouvelle depuis la disparition de « Jours de France » (le seul journal à n’annoncer que des bonnes nouvelles !)

  25. Moi, je trouve plutôt bien que la compagne du ministre du Budget fasse preuve d’exemplarité au point de quitter sa position d’exilée fiscale pour venir payer ses impôts en France. L’amour peut parfois conduire à des actes magnifiques… même si par la suite on peut les regretter.
    Je pense qu’il serait souhaitable qu’un jour Johnny et les autres célébrités exilés dans un paradis fiscal s’éprennent d’une femme ministre (il y a peut-être encore des cœurs à prendre parmi les femmes du gouvernement) et puissent aussi faire preuve d’un tel patriotisme.
    Quant à Louis Gallois, je ne peux que lui rendre hommage. Je connais peu de capitaines d’industrie qui, aujourd’hui, soient capables de faire ce geste qui, vu le montant de la somme n’est pas si « symbolique » que certains veulent bien le laisser entendre.

  26. @Laurent Dingli,
    « Mon cher sbriglia, je lirai tous les de Gaulle que vous voudrez quand vous célèbrerez avec coeur la journée de la grenouille…
    Rédigé par: Laurent Dingli | 05 mai 2010 à 18:06 »
    Pardon pour cette immixtion dans une discussion privée, mais monsieur Dingli, là, vous voici pris au piège de votre propre propos.
    En effet, après le commentaire que j’ai adressé à monsieur sbriglia, après le vôtre sur les batraciens, ce dernier ne manquera pas vous prendre aux mots et je pense que vous pouvez, de ce fait, acheter, de suite, le gros chariot pour y placer tous les ouvrages qui concernent notre « De Gaulle », que vous ne manquerez pas d’acquérir, pour vous jeter à corps perdu dans la lecture de sa vie, après ce que vous avez avancé !!!! Sans invoquer d’autres maux !
    Monsieur Bilger procèdera à une interrogation pour rattrapage !
    http://www.youtube.com/watch?v=bP2DG4eoZnM&feature=player_embedded#!
    Ainsi que l’autre lien.

  27. Blabla 1h 15
    Selon vous, la « participation » de 1969 a été « ….un bide….mais bien plus tard….c’est devenu actif ».
    Si je déchiffre bien, la « dem’ part’  » à la Royal serait la résurgence d’une proposition gaulliste qui avait tourné court.
    On imagine volontiers de Gaulle attendant patiemment, en précurseur visionnaire, les conseils et suggestions de millions de clampins, avant d’élaborer une politique pour la France !
    Malheureusement pour cette analyse, elle est fondée sur un malentendu.
    Les Français de 1969 savaient que la « participation » était une vieille idée gaullienne voulant associer les salariés à la marche et aux résultat de leurs entreprises. Seulement cela et c’était beaucoup. Quelques enfants, surtout ceux qui ont grandi dans une famille anti-gaulliste et rieuse, sont peut-être restés dans l’ignorance; depuis lors, ils auraient pu se rattraper.
    Le projet de participation progressait non sans mal depuis des décennies et, disait de Gaulle, il fallait le développer. De solides réalisations concrètes avaient cependant été mises en place par les ordonnances de 1959 et 1967.
    Le signataire de ces lignes, témoin et bénéficiaire, vous remercie de votre attention.
    La « participation » du Général ? pas tout à fait un bide, pas du tout l’ancêtre de la contemporaine « démocratie participative ».

  28. Marie@Herman

    @Herman,
    « M.Laroque et F.Baroin… Il a du succès auprès des femmes médiatiques ce Baroin, après M.Drucker, voilà M.Laroque… Décidément, les riches tendent à se reproduire…! »
    Eh oui ! Tout le monde ne peut pas draguer en avançant : « Je t’offre un pot ? »
    Et puis, il faut payer la solidarité à la Grèce, avant de balayer devant notre porte !
    http://www.wat.tv/video/rapetout-inconnus-ha2e_aqvi_.html

  29. Denis Monod-Broca

    « En réalité, la valeur essentielle du gaullisme, voire sa valeur exclusive, c’était de Gaulle lui-même. »
    Je crois que vous faites là, M. Bilger, un contresens.
    Paraphrasant une célèbre formule de de Gaulle, il me semble qu’on peut dire : « le gaullisme a une apparence, celle d’un personnage hors du commun, et il a une réalité, l’alliance dans la pensée comme dans l’action de la foi et de la raison ».

  30. Savonarole

    Comme dit Catherine A avec humour, de Gaulle n’était pas un gland, lui.
    Toutefois on regrettera qu’après guerre il se soit empressé d’aller serrer la paluche à Staline au lieu d’aller se recueillir au cimetière de Colville et de faire fusiller un écrivain égaré.

  31. Eh oui, mazette ! Marie, puisque sbriglia finance le WWF me voici contraint d’entrer dans la sainte religion de Charles de Colombey et d’ingurgiter toute son hagiographie en guise de pénitence. Bigre ! Une vie n’y suffirait pas !

  32. Marie@Laurent Dingli

    @Laurent Dingli,
    Peut-être que sbriglia vous offrira le portrait de Charles de Gaulle en bonus !
    Ce soir « Le vieux fusil », avec la magistrale Romy Schneider.
    Film qu’un ami, officier allemand, m’avait emprunté, avant la chute du mur, pour le faire visionner à ses hommes de troupes !

  33. @Yves
    Vous ne déchiffrez pas très bien mes propos, et j’en suis heureux.
    Évidement, la participation, thème gaullien, pressentait la nécessité que soient présents corporations et syndicats aux destinées de la nation. Ce fut malheureusement un bide avec l’incompréhension (partielle) pour l’élection de 69 car il y eut le rejet par les urnes.
    C’est ce que je voulais, par constat, dire!
    Alors ensuite, l’idée gaullienne de la « participation », toujours elle me séduit, comme mon billet la pose en balance, et le dit.
    Quant au rire, il s’épuise beaucoup plus qu’on ne le voudrait, surtout quand chez l’autre on le constate, et que chez l’autre on le voudrait pérenne, pour d’obscures raisons.
    Le rire de l’époque, c’est pour moi une réminiscence, une bienheureuse nostalgie, la nostalgie du bébé…
    Mais,
    qu’en fut-il ensuite, au sujet de la « participation »?
    Aujourd’hui, les corporations sont omniprésentes par l’activité du lobbyisme, et les syndicats font de la pantomime, mais pas plus l’un que l’autre ne sont en participation autant qu’à l’œuvre avec l’Etat, comme on pouvait et pourrait encore l’espérer, car ils ne sont pas symboliquement intégrés au sujet du bien public, des résultats, comme possiblement avec de feu le plan cela était « naturellement ».
    L’autogestion d’alors pourrait-elle être apparentée à la « dem-part » d’aujourd’hui?
    Là, je subodore comme vous pensez et c’est pour le blog, car au fond je n’en sais rien du tout, et en général je n’ose pas ce genre d’introspection faite à l’autre autrement qu’en tentatives!
    Ainsi, De Gaulle n’osait pas traiter ses administrés de « clampins », c’étaient des veaux, espèces en devenir.
    Comme dans le temps, ce bon vieux temps, c’était encore là pour un évitement du panurgisme, avec une foncière générosité, à traduire comme responsabilité.
    Alors, si vous ne comprenez pas mes propos, c’est qu’ils se prouvent suffisamment nostalgiques, même si pour moi étant si petit, nous ne pouvons mettre en partage nos nostalgies, alors que ces nostalgies furent pour moi au rire enfantin ce qu’elles furent pour vous une œuvre, tandis qu’il me reste à œuvrer.
    Comme vous m’avez inventé, je n’hésite pas à être hypothétique (c’est pour le lecteur!)
    Je ne saurais vous accusez de ne pas grandir, sur la foi d’un malentendu.
    J’ai profité du Gaullisme tout petit et au-delà.
    Plus sérieusement, les motifs de la « participation » ont évolué, et il apparaît désormais un motif opposé, celui de la « viscosité », depuis l’attendu mais sans doute post-compris motif de l’action voire corporatiste, voire syndicale….
    Et reste que pour moi, l’idée de participation reste entière, voire gaullienne !
    Bien à vous donc.

  34. @Catherine, Laurent, sbriglia, Marie, sans oublier Aïssa,
    CdG n’était pas un gland, il était militaire ! ce qui pourrait expliquer une certaine rigueur intellectuelle et morale, non que l’armée vaccine ses soldats pour en faire des héros, mais commander des hommes sous le drapeau français ça renforce certaines valeurs… les bonnes comme les mauvaises.
    Pourtant quand je dis ça, je sais ce que disait Clemenceau : « Quand les talons claquent, l’esprit se vide ».
    Cordialement
    Pierre-Antoine

  35. « Abordant la morale et les devoirs qu’il convient de s’imposer à soi-même… » Comment peut on encore lire de tels propos, de telles vieilleries, alors que le penseur-oracle de la culture médiatique contemporaine proclame urbi et orbi, du Nouyvel Observateur au Point en passant par Libération et Le Monde, que « chacun dot être à soi-même sa propre norme »…

  36. Un cheminement de la pensée sur la morale et les devoirs peut bien mener à De Gaulle mais là où je ne suis plus très bien le raisonnement c’est quand on arrive à Villepin ! Jouer les rebelles à l’ONU avec « la poésie pour les nuls » sous le bras n’est pas lancer l’appel du 18 juin. Surtout que depuis lors il se trimbale les dossiers de Clearstream autrement plus lourds à porter. Laroque, MAM… j’aimerais bien qu’on y aille doucement avec les comparaisons.

  37. Cher Monsieur Bilger,
    Je ne soumettrai comme épitaphe à votre juste appréciation quant à la bienveillance du général pour « nous autres les pieds-noirs » que ma reconnaissance à votre égard pour la justesse de votre jugement et le sentiment d’une réhabilitation.

  38. Merci pour votre soutien, mon cher Aïssa, il est de poids.
    Sans transition (comme vous dites), qu’est-ce qui faisait, autrefois, le prestige de la France en Europe et dans le monde ? Le rayonnement de la cour de Louis XIV, les arts et les lettres, les valeurs de la Révolution française, la gloire militaire de Napoléon Bonaparte, le génie industriel, l’indépendance nationale préservée par Charles de Gaulle, etc.
    Je lis actuellement l’ouvrage d’un indien, Pankaj Mishra, « Temptation of the West. How to be modern in India, Pakistan and beyond ». L’auteur y raconte comment la lecture de l’Education sentimentale l’a bouleversé et à quel point il s’est identifié au héros du roman de Flaubert. Voilà la France : c’est le fait qu’un jeune indien de Bénarès puisse se pâmer devant le personnage d’un roman français du XIXème siècle ; c’est que la Déclaration de l’homme et du citoyen fasse vibrer tous ceux qui aspirent à davantage de liberté et d’égalité, ce sont les châteaux de nos rois que l’on vient visiter depuis le monde entier, c’est enfin ce que les étrangers appellent le « savoir-vivre » à la française.
    Or, dans tous les domaines, nous grignotons davantage l’héritage que nous ne l’alimentons.
    La gloire militaire ? Elle n’est plus un critère et il faut s’en réjouir.
    Le modèle politique ? Aucun des derniers présidents n’a su se hisser au niveau de l’universel.
    La littérature ? Elle est aux mains d’un quarteron de peigne-culs télévisuels et radiophoniques, d’absolus médiocres qui se disputent les places comme de vulgaires marchands à la foire d’empoigne.
    Le talent créatif de nos industriels et de nos ingénieurs ? Il est souvent éclipsé par l’appétit des requins de la finance et surtout mis à mal par la concurrence des pays émergents.
    Mais heureusement ! Il nous reste la cuisine…

  39. Savonarole

    @L. Dingli : « Or, dans tous les domaines, nous grignotons davantage l’héritage que nous ne l’alimentons.
    La gloire militaire ? Elle n’est plus un critère et il faut s’en réjouir.
    Le modèle politique ? Aucun des derniers présidents n’a su se hisser au niveau de l’universel.
    La littérature ? Elle est aux mains d’un quarteron de peigne-culs télévisuels »
    ——————
    Tout cela est bien vu, on pourrait y ajouter un phénomène d’émigration de nos compatriotes. Une nouvelle vague Huguenote, en quelque sorte, qui quitte la France.
    On compte 400.000 français au Royaume Uni, dont bon nombre sont des « Bac+5″…

  40. @Savonarole
    La France est en déficit commercial, pourtant c’est la championne de l’exportation des cerveaux
    Savez-vous que Werner Von Bron aurait dit « si l’Edit de Nantes n’avait pas été révoqué, le premier homme sur la Lune aurait été français » !
    Le malaise français commence par là, son trop fort attachement à la conception catholique d’un projet de société !
    CdG l’avait bien compris quand il a dit « les français sont dévots ». Contredisait-il en cela ce que Pétain avait dit « les français ont la mémoire courte » ?
    PS : je ne suis nostalgique de Pétain ni de de Gaulle.
    Cordialement
    Pierre-Antoine

  41. Mary Preud'homme

    Ceux qui aiment vanter les mérites de la révolution et de la période napoléonienne oublient souvent hélas de citer à son passif :
    .Le bilan de la Terreur, génocidés de Bretagne et Vendée, guillotinés sans jugement compris, plus ceux des guerres révolutionnaires et napoléoniennes… soit au bas mot 2.000.000 de morts (civils et militaires) en 20 ans sur une population française d’environ 28.000.000 à l’époque.
    . Ajouté à cela un tiers de notre patrimoine national détruit en quelques années, dont les plus beaux fleurons de notre héritage religieux systématiquement saccagés et pillés.
    . Des milliers d’intellectuels et savants réduits au silence et à la misère ou forcés de s’exiler.
    . L’Europe entière liguée contre nous et notre réputation de régicides, d’assassins, de despotes et d’escrocs parvenus qui nous colla longtemps aux basques.
    . La révolte de St Domingue (actuelle Haïti) et la perte de cette colonie que l’on doit à Napoléon qui y fit rétablir l’esclavage, lequel avait pourtant été aboli quelques années plus tôt par la révolution. Ce qui se solda par une insurrection généralisée et la défaite calamiteuse du corps expéditionnaire français, toujours à cause des calculs tortueux de Napoléon qui plutôt que de négocier loyalement avec le général Toussaint Louverture, le fit enlever par traîtrise, via le général Brunet et déporter sans jugement au Fort de Joux, alors que celui-ci venait parlementer (seul, dans l’honneur et sans armes) avec l’état-major français.

  42. Mary Preud'homme

    A ma précédente intervention concernant les méfaits de la révolution, je pourrais ajouter l’abolition du droit de vote des femmes en 1791 qui existait pourtant depuis le 14ème siècle, du moins pour le vote aux municipales.
    Et ne l’oublions pas, c’est en grande partie grâce au général de Gaulle que les femmes purent enfin redevenir des citoyennes à part entière, à compter de mars-avril 1944.

  43. Mary Preud’homme,
    D’où sortez-vous ce chiffre de 2 millions de morts en 20 ans ? De mémoire, et sans avoir vérifié, je dirai : 1 million de morts pendant les guerres révolutionnaires et de l’Empire ; environ 250 000 morts au cours des guerres de Vendée (comprenant les morts des deux camps) et enfin entre 40 et 50 000 morts dus à la Terreur légale et extra-légale. Désolé de faire cette comptabilité macabre, mais il y a un déficit de 700 000 personnes !
    Surtout, il ne s’agissait pas, dans mon évocation, de porter un jugement de valeur sur tel ou tel événement, mais de constater seulement qu’à des titres différents, Louis XIV, les philosophes des Lumières, les constituants, Napoléon Bonaparte, et même ce bon vieux Charles de Gaulle ont contribué au prestige de la France. Je suis d’autant plus à l’aise pour le dire qu’il y en a un certain nombre dans la liste que je n’apprécie pas personnellement, mais il n’était pas question de mon opinion ni de jugement moral – d’ailleurs anachronique : qu’on les apprécie ou pas, qu’on le veuille ou non, ces événements et ces hommes ont contribué au prestige de la France (vous aurez remarqué que je n’ai mentionné ni Marat ni Robespierre). C’est ainsi.
    Pierre-Antoine,
    Je ne crois pas du tout que le malaise français commence par son trop grand attachement à un projet catholique de société comme vous le prétendez : il ne faut pas oublier que tous les pays de l’époque recherchaient l’unité religieuse, garante à leurs yeux de stabilité politique. Même les tolérantes Provinces-Unies pensaient ainsi. Après la Révocation de l’Edit de Nantes, il n’y a aucun « malaise français » dû à la répression de l’hérésie calviniste : tout le monde au contraire, à part Vauban, l’applaudit. La France s’est privée ainsi de précieux concours, il est vrai, mais son prestige n’en n’a pas été durablement écorné pour autant. Pendant la centaine d’années qui sépare la Révocation de la Révolution, l’élite de l’Europe parle français, admire son art, sa littérature et ses grands esprits.

  44. PS : Mary Preud’homme,
    Je ne comprends pas non plus à quoi vous faites référence quand vous évoquez la suppression du vote des femmes sous la Révolution. Pardon, mais c’est vraiment burlesque !

  45. Sur de Gaulle et sa philosophie, je vous invite à lire deux livres de Philippe de Saint Robert :
    > De Gaulle et ses témoins. C’est une tentative d’interprétation philosophique. De Gaulle était essentialiste (d’où son expression récurrente «les choses étant ce qu’elles sont» et ses déclinaisons «Fécamp, port de pêche qui entend le rester» – ce qui n’apparaît plus si idiot après quarante ans de déclin de la pêche française). A contrario, notre époque est existentialiste : elle fait croire aux imbéciles qu’ils peuvent être ce qu’ils décident d’être (tromperie mercantile destinée à vendre les instruments de transformation).
    > Le secret des jours. Saint-Robert raconte la Vème République sans De Gaulle et, par contraste, on obtient une image instructive de De Gaulle.
    On attribue au général Lee cette phrase : «Le mot devoir est le plus sublime de notre langue».
    Elle irait bien à De Gaulle.
    En notre époque maternaliste, peuplée de grands enfants qui n’ont plus que des droits et aucun devoir, cette citation n’est pas horrible, elle est incompréhensible.

  46. @Laurent Dingli
    Cher ami, c’est vous qui qualifiez le calvinisme d’hérésie. Il reste à prouver que votre analyse corresponde à la réalité biblique, livre de référence des deux parties antagonistes en présence.
    Quant au déclin du prestige et le malaise qui ont découlé de cette révocation, il suffit de voir l’essor qu’on connu les pays qui ont hébergé les « hérétiques ».
    Selon le vieux principe des vases communicants, en quittant la France « contre leur gré », c’est leur intelligence et leur capacité qui enrichissant dans de nombreux domaines leur pays d’accueil, ont appauvri la France dans les mêmes domaines.
    Il y a des principes moraux qui ne font pas défaut dans la théologie, mais qui font défaut dans l’exercice du pouvoir religieux. C’est cela que Luther et Calvin ont dénoncé en proclamant (protestare) la vérité biblique !
    Et bien avant eux, Wiclitf (1324-84) et Jean Huss (1369-1415) pour ne citer que ces deux là.
    Ne pas oublier que Luther en affichant sur la porte de Wittenberg ses « 95 proclamations » en opposition à la doctrine des indulgences prêchée par le moine dominicain TRETZEL, ne faisait que dénoncer l’emprise d’un pouvoir temporel sous couvert d’espérance éternelle. Et tout ça pour avoir du fric pour construire la cathédrale de St. Pierre de Rome parce que son évêque ne supportait pas que Ste. Sophie à Constantinople la plus grande de la chrétienté soit devenue une mosquée.
    Si l’intention était louable, les moyens utilisés pour le financement étaient eux « hérétiques ».
    Cordialement
    Pierre-Antoine

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