J’ai vu dimanche le film d’Abdellatif Kechiche : La vie d’Adèle.
2 heures 58. Deux actrices exceptionnelles, particulièrement Adèle Exarchopoulos.
Peu m’importent les controverses liées aux conditions de tournage, à la fronde des techniciens et à la manière dont le réalisateur a traité les deux comédiennes avec, selon l’une d’elles, un sadisme artistique obsessionnel.
Kechiche grand cinéaste.
Impossible de le nier : il y a des preuves constantes, fulgurantes, indépassables du talent, voire en certaines circonstances, du génie de Kechiche pour filmer la vie, le naturel, la substance même du terreau quotidien, l’affrontement des personnalités, l’odeur des repas, l’atmosphère des familles, les découvertes, les curiosités et les peurs d’une jeune fille de 15 ans à 23 ans, la recherche de son identité, la présence obsédante du désir dans un monde à dominante homosexuelle, la douleur de la rupture, la détresse des visages quand ils sont abandonnés, trahis.
Mais Keckiche intarissable et narcissique.
Il n’y a pas une scène dans ce film qui n’en finit pas qui ne soit pas trop longue. Aucune séquence, même la plus anodine si ce créateur persuadé de son importance veut bien admettre qu’il en existe, ne se plie à un rythme plausible. Tout s’étire, est poussé jusqu’à une insupportable durée et le paradoxe tient alors au fait que si le contenu est spontané et libre – dans l’immédiateté, l’offrande ou les larmes -, la structure choisie par le cinéaste porte ces moments au comble de la lassitude et de l’épuisement : ceux du spectateur. Maurice Pialat, qui était un adepte du naturel, ne le dégradait pas par une ostensible répudiation du temps vraisemblable. A force, Kechiche apparaît moins comme un fabuleux maître d’oeuvre que pour un arrogant qui, en filmant, ne sait jamais se défaire de soi et vous déclare en permanence : « Admirez l’artiste »! Kechiche se contemple dans son film, ce qui explique les trois heures composées d’instants inoubliables mais répétitifs. Il arrive que la vie sache imiter le bon cinéma et soit rapide sans être expéditive. Celle que représente Kechiche se plaît à se montrer et, à cause de cette exhibition, perd parfois ce qu’il lui rêve de vérité définitive.
Avec un Kechiche voyeur.
Ce n’est pas le puritanisme qui m’inspire même si clairement je préfère la retenue intelligente, sensible, suggestive aux points mis sur les corps et aux interminables gymnastiques sexuelles certes de deux belles actrices mais tout de même parfaitement inutiles. En tout cas l’une d’elles durant six minutes, et d’autres plus rapides mais avec la volonté, toutes, de démontrer le tour de force – un art quasiment pornographique fascinant et, à la fois, détournant le spectateur – et de constituer le cinéaste non plus comme un metteur en scène mais comme l’ordonnateur complaisant et jamais rassasié de frénésies qui ralentissent l’histoire plus qu’elles ne l’irriguent. Comment Kechiche pourrait-il justifier que même pour illustrer l’incandescence du désir et du plaisir, il faille tant de minutes et et de positions pour nous faire appréhender ce que quelques secondes ou une minute auraient suffi à faire surgir chez nous ? Il n’est pas neutre que les longueurs constantes de ce film soient, pour la sexualité, démesurément amplifiées. Comme si Kechiche n’en avait jamais assez. Face à une telle surabondance, je devine plus la jouissance de l’homme que l’exigence de l’artiste.
Et un Kechiche absurdement adulé.
Le film, paraît-il, a obtenu la Palme d’or à Cannes en toute dernière extrémité parce que, malgré la présidence de Spielberg, je suis persuadé que le plus grand festival mondial se serait senti déshonoré s’il n’avait pas donné une prime à cette audace, une sorte de mélodrame lesbien à coeur et à ciel ouvert.
Mais les dithyrambes des médias, les quotidiens extasiés, Le Monde lui consacrant l’éditorial de première page et une critique où le ravissement le disputait à la ferveur – ce n’était plus un film mais le Saint-Sacrement -, Libération empli d’aise parce qu’au moins Kechiche ne lésinait pas sur le réalisme sexuel, une multitude de compliments, d’éloges, sauf, évidemment, de la part de l’impeccable Jean-Christophe Buisson qui, tout en appréciant le film, l’estimait longuet et osait discuter la durée des scènes torrides (France Inter) !
Je suis persuadé qu’il était hors de question, pour quelque critique que ce soit, de se faire passer pour un conservateur même éclairé en portant sur cette Vie d’Adèle et son réalisateur un regard à la fois admiratif, ironique et lucide. Il fallait que tout fût exceptionnel puisque la provocation était au rendez-vous. Pourtant, comme Kechiche aurait mérité d’entendre des objections qui n’auraient pas flatté son contentement de soi mais sans doute rendu exceptionnelle sa prochaine oeuvre !
La vie d’Adèle : un long fleuve trouble.
« Il n’est pas neutre que les longueurs constantes de ce film soient, pour la sexualité, démesurément amplifiées »
« Au-delà de la mesure » a pour anagramme « Le radeau de la Méduse ». (*)
Il arrive que la démesure entraîne le naufrage !
(*) extrait du livre : Anagrammes renversantes ou Le sens caché du monde par Etienne Klein et Jacques Perry-Salkow. Ed. Flammarion
Bonjour Philippe Bilger,
« La vie d’Adèle : un long fleuve trouble »
Film « circonstanciel » bien dans l’air du temps après la loi Taubira sur le mariage pour tous.
Film encensé par la critique pour qui tout ce qui est excessif est forcément beau. Mais cela fait bien longtemps que les critiques sont totalement coupés de l’avis du public et au final c’est ce dernier qui jugera si ce film est véritablement un « chef d’œuvre ».
Je ne pense pas que les scènes érotiques (certains esprits puritains diront pornographiques) qui s’étirent pendant de longues minutes apportent une valeur ajoutée significative sur le sujet du film qui est d’abord et surtout l’amour entre deux filles.
Le cinéaste aurait été mieux inspiré s’il s’était attardé davantage sur les sentiments que se portent ces deux filles plutôt que de faire étalage d’images de deux corps certes magnifiques, mais dont le spectacle ne se différencie en rien des scènes torrides des films de série X pour petits voyeurs vicelards.
Une chose est sûre, si pour une raison quelconque j’avais été tenté d’aller voir « La vie d’Adèle », votre billet m’a définitivement convaincu de renoncer à aller voir ce film et ce même si cette décision s’avère préjudiciable pour ma culture cinématographique.
Il a eu la palme d’or à Cannes ?
Enfin les codes sont cassés !
Ce n’est plus la palme « Un homme et une femme » mais un homme et deux femmes…
Grâce à votre analyse, le film a perdu un spectateur, jusqu’à, peut-être, son passage à la télévision, à condition que je sois vivant alors.
Foin de longueurs, foin de cryptopornographie (je trouve cet oxymore plutôt amusant, non ? Crypto et porno associés, c’est coquet).
Comment combler ces deux heures gagnées par mon préconçu scandaleux sur les splendeurs d’un brio revendiqué, exhibé et tyrannique ? Préparer les foies gras pour les amis à recevoir. Il faut à peu près ce temps-là cumulé pour les froidir, les dénerver, assaisonner, reconstituer et les mi-cuire ! Il ne faut que quelques minutes pour les manger, mais des jours pour en parler. Comme boisson, on peut choisir le même vieux tawny qui l’aura humecté à cru, accompagné de confiture de figues de Corse et d’un petit morceau de roquefort. Cela suffira pour le repas, on pourra ensuite aller se promener sur le plateau de Vernègues, au sud d’Avignon où, espérons-le, le vent du Nord soufflera pour chasser les nuages que les vapeurs intimes avaient engendrés.
Pardon aux esthètes, mais pour foie gras j’aurai les mots de Brünehilde :
« Wer lebte der dich nicht liebte ? »
«J’ai vu dimanche le film d’Abdellatif Kechiche : La vie d’Adèle. »
À la lecture de ce billet : «Les vicelards distingués : Le sexe ne se cache plus : cinéma, livres, expositions (Le Parisien)… [L’artistique occulte de plus en plus mal les appétences et curiosités troubles qu’il favorise. Les mauvaises pensées ne font pas forcément de grandes œuvres] », ce qui rappelle le propos de Gide : «Ce n’est pas avec de bons sentiments qu’on fait de la bonne littérature » pour dire semble-t-il :«On ne fait pas de grande œuvre avec de la pure et simple lubricité», j’avais pensé que c’était prioritairement La Vie d’Adèle dont on nous rebattait les oreilles et la vue sur tous les médias, qui était visée. Mais, manifestement, je me trompais, puisque, visiblement vous ne l’aviez pas encore vue.
J’ai pour ma part, regardé «Ascenseur pour l’échafaud» au Ciné club de France 2 qui suit «Mots croisés», hier soir et alors que le débat avait failli m’endormir, cet excellent film en noir et blanc avec la musique de Miles Davis, m’a réveillée et je pense que cette œuvre, à mon sens un chef-d’œuvre malgré quelques faiblesses, dans laquelle pas une seule fois les protagonistes principaux ne figurent dans la même scène, sinon au téléphone pour dire ces mots excessifs vu leurs conséquences, et que représente un «Je t’aime» et sa réplique, et par voie de conséquence, ne se touchent – si ce n’est par révélateur interposé le bout des doigts fins de Jeanne Moreau sur le cliché où les amants terribles figurent ensemble et qui les désigne comme les véritables coupables, ni, a fortiori ne s’embrassent et rempli d’un érotisme plus intense et ne rend plus palpable la tension du désir, car c’est de cela qu’il s’agit davantage que d’amour, que ne le feront jamais ces scènes de c.. dont RTL4, notamment, paraît abreuver ses spectateurs du vendredi soir.
Je pense donc que :
1. La société qui a besoin de voir du c.. pour croire au désir, manifeste une sorte de déliquescence du symbolisme qui à terme est sans doute très néfaste parce qu’elle ne peut que se manifester ailleurs avec des conséquences qui sont à craindre.
2. Les hommes qui filment et ceux qui ensuite se délectent du spectacle de jeunes femmes nues dans un plumard, manifestent sans doute une sorte de « complexe du polygame», que le nombre s’en limite à quatre légitimes, ou carrément quarante-quatre comme l’empereur de Chine Qianlong, lesquelles donnèrent au total à ce dernier 17 fils et 10 filles dont seulement la moitié atteignit l’âge adulte, alors qu’à elle toute seule, l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche (Maria Theresia Walburga Amalia Christina von Habsburg), eut 16 enfants (11 filles, 5 fils), parmi lesquels 10 parvinrent à l’âge adulte, ou seulement deux épouses comme Hârûn al-Rachîd auquel on prête cependant d’avoir eu jusqu’à 2 000 concubines dont il eut en tout treize fils dont onze sont des fils de mères qui avaient un statut social d’esclaves, et quatre filles, comme quoi les relations du pouvoir avec la fécondité dont il est présumé le garant, sont parfois très étranges.
3. Notre société qui a oublié que « Louis le Juste » (= Louis XIII, le roi-soldat misogyne), a mis vingt-trois ans à donner un «Roi Soleil» qu’il a à peine regardé à sa naissance à une épouse délaissée dès sa nuit de noces et à laquelle il craignait, de son preuve aveu, de rendre visite, tout occupé qu’il était du duc de Luynes et du marquis de Cinq-Mars, entre autres, paraît vouloir se prouver sans relâche une grande liberté d’esprit en matière de sexualité, volonté qui a conduit au mariage pour tous, en encensant en ce moment le couple Jean Marais, Jean Cocteau à travers la rénovation de la Belle et la Bête, ou encore en donnant une palme d’Or à vingt minutes, dit-on (évaluant à six minutes ladite scène, on dirait que vous ne l’avez pas vue passer…), de scènes de c.. interminables entre deux jeunes actrices qui cela n’a apparemment pas fait grandir dans leur tête vu leur comportement dans la promotion du film.
Si vous voulez mon avis, la vie d’Adèle est à l’Empire des sens ce que Dujardin est à Chaplin, ce que Cotillard est à Arletty, ce que Valls est à Clemenceau, ce qu’Eric Orsenna est à Julien Gracq. En un mot, ce que la Leffe en boîte est à la Chimay au fût.
Un peu trop tiède, un peu trop éventée… Mais ça se boit.
ERRATUM du post : Catherine JACOB | 15 octobre 2013 à 11:36
1. Dans (Le Parisien)… [L’artistique occulte de plus en plus mal les appétences et curiosités troubles qu’il favorise. Les mauvaises pensées ne font pas forcément de grandes œuvres] » les crochets sont au mauvais endroit.
– Il convient de lire : (Le Parisien) […] L’artistique occulte de plus en plus mal les appétences et curiosités troubles qu’il favorise. Les mauvaises pensées ne font pas forcément de grandes œuvres»
2. à la place de : «et rempli d’un érotisme plus intense et ne rend plus palpable la tension du désir »
– il faut lire : « est rempli d’un érotisme plus intense et rend plus palpable la tension du désir»
3. à la place de :«de son preuve aveu, »
– il faut rétablir :«de son propre aveu, »
4. à la place de : «deux jeunes actrices qui cela n’a apparemment pas fait grandir dans leur tête »
– il faut lire :«deux jeunes actrices que cela n’a apparemment pas fait grandir dans leur tête »
« Peu m’importent les controverses liées aux conditions de tournage, à la fronde des techniciens »…
Dommage, la réflexion d’un homme de droit au sujet des subtilités de l’application de celui-ci dans le domaine artistique m’aurait intéressé.
Je partage une des trois critiques de notre hôte sur ce film : « il n’y a pas une scène dans ce film qui n’en finit pas qui ne soit pas trop longue ». De là une impression récurrente de lassitude que j’ai éprouvée en regardant ce film ; avec 58 minutes de moins il aurait été parfait.
Quant aux scènes érotiques, elles aussi souffrant de ces inutiles longueurs, elles sont d’une grande esthétique et émotion. Bien éloignées de toute pornographie ou glauque, hélas choses fréquentes chez nombre de nos cinéastes. Dans « La vie d’Adèle », ces scènes s’inscrivent là dans la logique de l’histoire racontée par ce film.
Nombre de critiques dans les médias se sont pâmés sur la beauté de ce film, mais très peu ont souligné sa violence sociale. Cette confrontation exempte de toute caricature et manichéisme entre les deux univers familiaux et objectifs de la vie des deux femmes.
Fort heureusement en cette période du « mariage pour tous », ce film ne véhicule pas un message politique ou/et sociétal. Certes il y a une scène qui se déroule lors de la Gay Pride, mais on sent bien que ce n’est pas le monde d’Adèle mais celui d’Emma. D’ailleurs l’univers bobo d’Emma (artistique-famille-comportements) est filmé sans aucune complaisance.
Quand je pense qu’en raison du titre j’ai cru, un moment, qu’il s’agissait d’une nouvelle adaptation de la vie de la fille de Monsieur Hugo…
Quand on songe au pathetique destin des actrices ayant figure en tete d’affiche sur une derniere danse dans notre belle capitale, un joli et simple prenom… sans oublier un autre titre plus evocateur qu’il est preferable de ne pas mentionner… je me demande si ces deux jeunes femmes ont bien ete averties de ce a quoi elles s’engagaient ?!?!
Triste traquenard
Décidément la hollande-débandade du petit sous-préfet ahuri va-t’en guerre, pas tellement normal, crée une sorte d’Outreau mental dans la bonne administration et la perception réaliste et réelle de l’état de notre société observée et analysée par Monsieur l’avocat général retiré des affres judiciaires.
Après le voile enfumeur pendant huit mois du mariage des anormaux porté par une pythie haineuse d’une France qui l’a gavée… après la démolition et l’enfouissement du débat sur la nationalité (française, si on peut encore le dire)… après la bénédiction de tous les bisounours bobo parisiens pour l’édification de mosquées… après les pâmoisons ébahies des cultureux-éclectiques-journaleux devant les oeuvres majeures cinématographiques des BHL, Allen, Polanski, et autres Tavernier, voici et voilà l’apologie du « génie » barbare, évidemment au particularisme-sexuel déviant permis et forcément autorisé et déifié à quiconque débarque sans forcément passer par Lampedusa.
Aux aveux des actrices de ce film, imprégnées d’une formation et culture théâtrale du plus haut niveau, beaucoup de scènes de ce chef-d’oeuvre ont été tournées dans des conditions égales aux exigences du S-M hard que recherchent les amateurs les plus obsédés et endurcis.
Sur ces conditions de tournage particulières entendrons-nous Najat, Marisol, Christiane, Ségolène, Samia… etc. mais sûrement pas Cécile de la tribu Cantat sur le même registre… elle aime tant la violence.
Quand nos élites et intellectuels de Prisunic n’ont à proposer pour nos distractions et notre enrichissement spirituel et moral que de mièvres triturages en dessous des ceintures des jeunes filles on comprend mieux le vent fou qui se lève dans les voiles du bateau de Marine.
Non ce pseudo réalisateur n’est pas du tout génial. Il ne fait que suivre ses instincts culturels sous l’influence d’une malheureuse déviance.
La place de son film est les placards des mauvais X.
On a déjà tellement entendu parler de ce film qu’on a l’impression de l’avoir vu, sans être allé le voir.
On attend avec impatience le même film, en version gay, avec deux cheminots de la SNCF, ou deux chauffeurs routiers de Norbert Dentressangle sur une aire de repos.
C’est curieux, le prolétariat ne fait pas fantasmer.
Claire Gallois du Point faisait malicieusement remarquer que le charmant couple Moscovici et sa jeune épouse (trente ans de différence) ne trouvait pas d’équivalent dans le prolétariat, « un retraité du bâtiment et travaux publics en couple énamouré avec une jeune fille de 20 ans », on n’en trouve guère…
Six ou vingt minutes sur un film de trois heures… bof !
De mes souvenirs de cinéphile pubère, dans le film « Pony Express » au cinéma ABC, la scène durait une heure trente sans compter le pop corn et la publicité de l’entracte. C’était du lourd et à cinq francs la place, on en avait pour son argent.
Mais heureusement « La vie d’Adèle » aura une suite. Adèle cougar, Adèle chez les vieux…
http://www.20minutes.fr/cinema/1236255-20131014-abdellatif-kechiche-envisage-suite-a-la-vie-dadele
Kebab et tranches de vie d’Adèle.
Ce qui est un peu agaçant dans la promotion du film « La vie d’Adèle » c’est cette obsession de certains journaux à vouloir absolument nous convaincre que ce film est un chef-d’œuvre.
On a même le sentiment que ceux qui oseraient lui refuser le statut de film culte sont à ranger dans la catégorie des « indécrottables » incapables d’apprécier la subtilité du message transmis par le cinéaste génial qu’est Abdellatif Kechiche.
Eh bien personnellement je préfère aller voir le film d’Albert Dupontel « Neuf mois ferme » avec la magnifique Sandrine Kiberlain.
Certes lui n’aura jamais la palme d’or. Pas assez intello sans doute, mais au moins je suis sûr de passer un bon moment en rigolant un bon coup.
Parfois il vaut mieux avoir des plaisirs simples. On risque moins d’être déçu.
« un retraité du bâtiment et travaux publics en couple énamouré avec une jeune fille de 20 ans », on n’en trouve guère…
Rédigé par : Savonarole | 15 octobre 2013 à 17:06
Vous vous trompez. Un de mes locataires, retraité de la RATP, était en couple avec une jeune femme de vingt ans et avait un jeune enfant avec elle. J’ai appelé la CAF pour dire qu’ils avaient arrêté de payer leur part (car la CAF abonde) et ai activé l’assurance loyer impayés.
En discutant à bâtons rompus au téléphone avec l’employée de la CAF – qui ne dissimulait pas un certain dégoût – , j’ai découvert que la jeune femme était en fait la belle-fille du retraité. La mère était partie quand elle avait découvert que sa fille était enceinte de son (second) mari, et le couple était venu s’installer près de la plage dans notre chère Catalogne pour vivre de la retraite RATP complémentée des aides sociales.
Vous voyez, tout comme Woody Allen !
Personnellement, j’ai trouvé le film magnifique.
Je trouve que les critiques que vous lui faites, Philippe, et d’autres traits aussi, relèvent d’un caractère relativement documentaire :
. Paroles aussi indigentes que dans la vie réelle.
. Paroles peu audibles.
. Absence de musique (si je ne me trompe ; ou alors elle est très discrète).
. Scènes longues, au lieu que, comme il est usuel, on ne nous en montre qu’un fragment minuscule.
. Nombreuses et très longues scènes d’amour physique. Comme il s’agit d’une initiation sexuelle, et aussi d’une liaison entre deux jeunes, qui de plus s’entendent bien sexuellement (le sexe compte pour elles), et que le spectateur moyen est peu accoutumé à des scènes de ce genre, elles ne sont pas superflues. A noter que peu de spectateurs, probablement, seront excités par ces scènes.
La volupté n’y est d’ailleurs pas particulièrement perceptible : on voit surtout les protagonistes ahaner.
. Des traits de banalité heureux : l’action ne se passe pas à Paris, une des protagonistes exerce un métier relativement moyen socialement (elle est institutrice), et les scènes professionnelles sont nombreuses et crédibles, comme en général l’arrière-plan social est crédible.
Tout ça n’ennuie pas car la contrepartie est l’intensité de la passion d’Adèle.
Si les paroles dites avaient été moins banales et plus audibles, si les scènes avaient été plus courtes, si les scènes d’amour physique avaient été plus rares, plus courtes et plus allusives, le film aurait été plus agréable.
Si Flaubert avait écrit Salammbô comme on écrivait de son temps, son livre aurait été plus agréable. En art, la grandeur est souvent pénible, du moins pour les contemporains.
Le spectateur est à la peine, comme les protagonistes le sont. Par la peine du spectateur le film échappe à la carte postale.
Rien ne vaut un bon Woody Allen, sans fesses à l’air, sans maniérisme et sans longueurs pseudo intello ; il arrive avec son dernier film à porter un regard certain sur les travers contemporains.
Rédigé par Monsieur Savonarole le 15 octobre 2013 à 17:06
Pas vu… mais : « Le Secret de Brokeback Mountain »
N’a sans doute pas, non plus, porte chance a son interprete principal…
Bon, j’arrete la mes references morbides.
La vie d’Adèle :
Billets gratuits pour les jeunes de plus de six ans. Avec la visite d’une remarquable demeure pour défavorisés rue de Solférino.
@ Catherine d’Austrasie, Philippe and co
Ne pas oublier « le bon roi » Dagobert, un des derniers mérovingiens on comprend pourquoi, tyran ayant répudié sa reine Gomatrude, qui se met en tête d’essayer entre guillemets toutes les femmes de sa cour, de peur d’être stérile. Il meurt à 34 ans, de vieillesse ont écrit certains spécialistes. D’où l’histoire chantée de la culotte à l’envers qui lui a permis de traverser benoîtement tout ce temps mieux que « Les visiteurs » ? Pas dit qu’un spécialiste rompu de la com comme Nicolas fasse aussi bien et qu’on entende parler de lui vers 3400. Il peut toujours demander conseil à Carla…
Ce film ne me dit guère avec tout ce battage. Faute d’être assez convaincant, je suis allé voir seul ce week-end Rush qui narre la rivalité entre deux pilotes de Formule 1 des années 70. Excellent, notamment l’acteur qui joue Niki Lauda est bluffant ! Il eût été intéressant de connaître l’avis de madame Bilger à propos de « La vie d’Adèle », Philippe qui a été plus malin que moi n’est sûrement pas allé voir ce film seul. L’alibi culturel sans doute, « mais non tu verras il paraît que ce n’est pas vulgaire ».
Volupté et transports en commun : comme Jean-Dominique l’a récemment exprimé, le sexe triste, mortifère bof, que vive ou revive l’asag.
Réflexions de deux ados concernant ce film : « C’était nul à c…., on est sorti avant la fin. En plus, personne ne fait ça à notre âge ! » (sic)
—
Mon avis : il me semble que ce film devrait être interdit aux moins de 16 ans.
—
Par ailleurs, un Cesar d’honneur de la critique à poil à gratter pour son commentaire du 15 oct à 16:54.
« Peu m’importent les controverses liées aux conditions de tournage, à la fronde des techniciens et à la manière dont le réalisateur a traité les deux comédiennes avec, selon l’une d’elles, un sadisme artistique obsessionnel. »
Paragraphe surprenant !
De la part d’un éminent spécialiste du droit, sourcilleux de combattre les violences, refuser de voir et ne pas prendre en compte les réalités témoignées, accablantes, pour la réalisation d’une pseudo-créativité sur un sujet isolé et orphelin, chante faux dans le Landerneau.
Constatons que notre Hermine verse dans le suivisme faussement artistique du parisianisme petit doigt en l’air. On devine l’ombre de cher Djack et de ses fulgurances jouissives décadentes.
Ce nouveau proclamé « génie cinéma obscurantiste »
a choisi deux damoiselles candides inexpérimentées mais avides de gloire-starlette et non des actrices professionnelles.
C’est tellement plus facile d’assouvir ses
pulsions inavouables avec des novices crédules soumises et complices dans la cupidité.
Oublions le superficiel et disons-nous que c’est du Verlaine, du Victor Hugo ou du Guitry en attendant que les chaleurs obscures peu ordinaires s’apaisent et disparaissent.
poil à gratter – 15 octobre 2013 à 16:54
« après les pâmoisons ébahies des cultureux-éclectiques-journaleux devant les oeuvres majeures cinématographiques des BHL, Allen, Polanski, et autres Tavernier »
Ok pour BHL question cinéaste lui c’est nul de nul. Mais quant aux autres que vous citez, bien sûr ils n’ont pas tourné que des films majeurs, mais quel cinéaste n’a produit que des chefs-d’oeuvre intemporels ?
« Annie Hall » et « Manhattan » de Woody Allen, « Chinatown » et « Tess » de Polanski, « Le juge et l’assassin » et « La vie et rien d’autre » de Tavernier, pour vous ce ne serait donc que des films pour cultureux-journaleux-bobos ?
Cher Philippe,
Mater deux femmes enfants qui s’érotisent, c’est un fantasme masculin bien banal.
Le fantasme de l’institutrice n’est pas récent non plus. Pour le prochain, pourquoi pas une hôtesse de l’air et un tableau de bord ?
Qu’il existe beaucoup de voyeurs cela n’est un secret pour personne.
Cela n’est peut-être pas à l’attention des jouisseurs tout simplement.
Nous attendons la vie de Francky en très long métrage pour les moins sages.
http://www.dailymotion.com/video/x12bw7i_francky-vincent-vas-y-francky-c-est-bon_music
françoise et karell semtob
Pour M. Bilger (et tous les commentateurs), un peu de lecture.
Pas de rapport avec le film, quoique…
Un peu long à lire.
On y parle aussi de droit.
http://plunkett.hautetfort.com/archive/2013/10/15/le-livre-de-maurice-zundel-croyez-vous-en-l-homme%C2%A0-cerf-2010.html#more
Autres traits para-documentaires du film :
. Le fait que le personnage d’Adèle porte le même prénom que l’actrice qui le joue, que ce prénom apparaisse dans le titre, et que ce titre soit « La vie de… ».
. Le fait que l’actrice non maquillée joue le même personnage de quinze ans à vingt-trois ans.
Si bien que l’explication donnée par Philippe de la longueur des scènes – le narcissisme de l’auteur – est peu plausible.
Quant à l’incapacité des critiques d’émettre une réserve vu le caractère de « provocation » du film, tout est possible, mais je pense que peu de gens perçoivent l’homosexualité et l’amour physique comme des provocations et se sentent « libérés » et « militants » parce qu’ils soutiennent le film.
On admet tout à fait qu’un roman soit écrit dans un style personnel, pourquoi ne pas percevoir comme une heureuse surprise un film écrit de façon un peu particulière (même si l’écart par rapport au « réalisme » ne peut qu’être moindre qu’en littérature, du fait qu’un film s’écrit avec une caméra et non avec des mots).
————
Spectateur, je me demandais comment le film allait finir. Eh bien, il ne finit pas vraiment et, dans la mesure où il finit, finit mal. Et c’est tellement ça la vie, pour tellement de gens : rien ne finit jamais vraiment parce qu’à chaque chose en succède une autre, laquelle en général est moins bien que la précédente.
Adèle connaîtra d’autres amours, mais elle restera à jamais amoindrie et celle qui fut vaincue.
Parmi les meilleurs passages du film : la scène à quatre chez les parents d’Adèle, qui craignent les études d’artiste, et à qui on n’a pas pu déclarer l’homosexualité.
Et l’homo à la fête, qui sort l’ode convenue à la jouissance féminine.
Deux scènes si vraies qui ancrent le film dans la banalité.
Et là-dessus, constante, la gravité d’Adèle dans le désir, filmée en gros plan.
Sans avoir vu le film dont il est question dans ce billet, je retiens deux faits principaux.
1./ La Palme d’Or de Cannes a été attribuée cette année à un film dans lequel sont détaillés les querelles extra-conjugales d’un couple formé d’une institutrice et d’une mineure.
2./ La sphère médiatique « sociale-libérale » applaudit et se pâme.
Je n’essaie pas de comprendre le raisonnement qui permet de passer du 1 au 2. Cela dépasse mon entendement ; sans doute parce que je ne lis plus les quotidiens « Le Monde » et « Libération » depuis longtemps.
« Mon avis : il me semble que ce film devrait être interdit aux moins de 16 ans ».
Rédigé par : Mary Preud’homme | 15 octobre 2013 à 23:08
Ah Mary, que faut-il faire alors du Ring de Wagner ?
Dans ce film au moins on échappe à l’inceste.
Les deux jeunes femmes ne sont pas jumelles.
Pensez à Siegmund et Sieglinde, frère et soeur, et jumeaux qui plus est.
Nos ancêtres avaient des audaces bien plus fortes que les nôtres. Ils avaient les concepts, il leur manquait simplement la technique.
« Ce qui a été, c’est ce qui sera, et ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. »
L’ Écclésiaste 1-9
« On attend avec impatience le même film, en version gay, avec deux cheminots de la SNCF, ou deux chauffeurs routiers… »
Rédigé par : Savonarole | 15 octobre 2013 à 17:06
Il y a bien Laurel et Hardy, mais je ne peux pas en parler, je n’ai pas vu tous leurs films !
@vamonos
Tous ces commentateurs qui parlent, qui parlent sans avoir vu le film, que de bêtises ! Heureusement que Buridan est là, pour une fois !
vamonos, c’est la mineure qui est institutrice !! Sauf qu’elle n’est plus mineure car le film se déroule sur huit ans.
Il faut toujours avoir eu accès au dossier avant de se prononcer.
J’espérais un billet sur « 9 mois ferme », le Dupontel.
Bon, finalement, d’après ce qui est dit de ce film, c’est du Marc Dorcel version tristos.
Les exegetes du film de ce M. Kechiche me semblent oublier un element essentiel. Tout le monde sait ou devrait savoir que la vision de scenes sexuelles lesbiennes constitue un puissant stimulateur de la libido masculine (au contraire les memes scenes entre hommes ont un effet repulsif). Ce fait a ete utilise depuis bien longtemps dans les maisons closes et il n’est que de lire les romans libertins du 18e siecle (Nercia, Mirabeau par ex.) et les relations nombreuses des litterateurs habitues de ces maisons au 19e siecle (Maupassant, Maxime du Camp, les freres Goncourt par ex.). Des les origines du cinema des petits films d’usage tres limite auxdites maisons ont ete tournes puis le cinema pornographique devenu accessible a tous a fait des scenes saphiques un element incontournable des scenarios. Neanmoins la pornographie reste cantonnee dans un ghetto sulfureux qu’il est de bon ton de condamner quand on fait partie de l’intelligentsia. Le cinema s’il est un art est aussi une industrie et de copieuses recettes peuvent provenir de la legitimisation par un alibi cultureux de scenes pornographiques que les moralistes de profession et autres « pisse-froid » de tout bord reprouveraient avec la derniere energie dans un autre contexte.
M. Kechiche dans cette optique serait donc un commerçant avise quoique un peu « faux-cul » et le battage autour des conditions de tournage une astucieuse promotion.
@semtob | 16 octobre 2013 à 02:04
«Qu’il existe beaucoup de voyeurs cela n’est un secret pour personne.»
La scopophilie ou pulsion scopique est définie par Sigmund Freud comme «le désir obsédant de contempler l’activité sexuelle d’autrui, pour une satisfaction érotique »
Le voyeurisme qui en est le terme vulgarisateur, ne désigne donc pas la simple mise en présence, fortuite ou délibérée, d’une scène érotique et d’un regardant, mais d’une pulsion à regarder de telles scènes pour en tirer sa propre jouissance.
Il faut encore des circonstances particulières comme l’observation de la situation à distance, par une ouverture telle un trou de serrure, un interstice etc. ou en recourant à la «longue» vue, par quelque moyen précis que ce soit qui permette au voyeur de voir à l’insu des protagonistes de la scène plus que regardée, capturée.
Autrement dit, je suis pas certaine que tous les touristes noctambules de Bangkok ou d’autres cités de même réputation, qui se font harponner à la sortie des restaurants pour se retrouver devant une scène de c.., aient vraiment tous une idée très précise de ce qui leur arrive, en retirent obligatoirement du plaisir et s’éveillent ainsi par le biais d’une illumination à une sexualité jusque-là ignorée et qui serait leur véritable sexualité, en sorte qu’ils ne pourront qu’en redemander par la suite. L’inverse est en effet tout aussi probable.
Je pense aussi que s’il vaut toujours mieux appeler un chat, un chat, il serait judicieux de cesser de qualifier tout et n’importe quoi par un terme spécialisé dont on ignore la plupart du temps le véritable sens, histoire de jouer avec le mot et retirer une sorte de jouissance également de l’effet qu’il produit.
Enfin, si j’en juge par le sujet d’une thèse de doctorat en psychiatrie qui est «Le voyeur à l’œil de verre», le voyeur n’est pas toujours celui qui est en capacité de pleinement voir…!
Félicitations ! Un assassinat en règle, mais dans les formes. Vous m’avez définitivement convaincu – si jamais j’en avais eu la tentation – de ne pas perdre une dizaine d’euros, et surtout trois heures de ma petite vie, pour cette triste illustration de l’air du temps… Merci encore.
Plus cela va, et plus un certain cinéma confirme qu’il est un divertissement d’ilote – se crût-il cultivé et bien-pensant…
Savonarole – 15 octobre 2013 à 17:06
« On attend avec impatience le même film, en version gay, avec deux cheminots de la SNCF, ou deux chauffeurs routiers de Norbert Dentressangle sur une aire de repos. C’est curieux, le prolétariat ne fait pas fantasmer. »
Vous avez oubliez « Je t’aime moi non plus » réalisé par Serge Gainsbourg en 1976 : amour entre une serveuse de bar à routiers et un conducteur gay de camion benne, avec scènes de sodomie dans une décharge à ordure.
J’avoue avoir du mal à comprendre pourquoi Philippe Bilger se croit obligé de cautionner par son ticket d’entrée des spectacles que la simple lecture d’une bonne critique lui aurait conseillé d’éviter, mais c’est son affaire.
En revanche, il est un point que l’on passe généralement sous silence qui est le principe des aides publiques diverses attribuées à l’avance à la production de films (avance sur recettes par exemple), ou bien subventions régionales.
Ce système est anormal voire même scandaleux pour deux raisons :
● Sur un strict plan économique, il est une entrave à la concurrence, en favorisant la médiocrité par rapport au talent.
● Et surtout, il force le citoyen-contribuable qui n’aurait jamais eu l’intention d’aller assister à la projection de certains films dont il désapprouve le contenu à s’en rendre un supporteur et complice malgré lui.
Au-delà de certains sujets scabreux, nous pouvons par exemple évoquer certains films à prétention historique qui sont en réalité des films de propagande grossière réécrivant l’histoire à sens généralement unique (film « les Indigènes » par exemple et bien d’autres).
Ces procédés sont dignes de pays totalitaires.
A lire tous les articles consacrés à la vie d’Adèle, et malgré les réserves de ce billet, il faut donc s’attendre à une œuvre d’art, avec ses défauts, certes, mais une œuvre cinématographique majeure de cette décennie.
Bonne nouvelle pour le cinéma français d’auteur.
Toutefois, faute d’intérêt suffisant pour le sujet du film, je ne me précipiterai pas au cinéma pour en avoir la preuve.
On dit bien que l’art doit l’emporter sur la vie, mais je me soucie bien davantage aujourd’hui de la vie de Leonarda, rom kosovare, intégrée, scolarisée depuis cinq ans, arrêtée par les gendarmes lors d’une sortie scolaire avec sa classe de troisième, pour être expulsée de France, et qui dort maintenant sous les ponts dans son pays.
Trekker | 16 octobre 2013 à 01:10
Certes… certes… par leurs positions financières et intuitu personae dans leur communauté et surtout grâce à des scénaristes et des acteurs exceptionnels, Allen, Polanski et accessoirement Tavernier ont produit des films intéressants et divertissants…
Mais curieusement et comme par hasard certains de leurs films révélateurs de leurs tendances intimes libidineuses ont été confirmés dans leurs vies privées…
Deux ont été accusés de viol. L’un a épousé sa fille (adoptive) et l’autre violé une starlette évidemment ingénue de 13 ans, c’est plus jouissif.
Vaut mieux violer dans la sphère cinéma que caqueter au parlement franchouillard.
Mais, bon, quand on est déclaré génie de n’importe quoi par les serveurs de soupe et les copains, tout est permis, ça met du piment chez les attentistes benêts et ceux qui ne veulent rien voir ni entendre… tant qu’ils ne sont pas concernés.
Cher Trekker, laissons au XXL ce qui lui appartient.
Amen
Perso je préfère encore me prendre neuf mois ferme que de me taper la vie d’Adèle !
Ne nous étonnons pas que les blockbusters américains fassent du succès face à ce genre de trucs, pardon de films.
Les tribulations érotico-métaphysiques de deux nanas en voilà un truc ch…t.
Il en est des films de Cannes comme des livres du Goncourt. On sait ce qu’on ne doit pas aller voir et lire.
Soyons honnête, dans la majorité des cas seulement.
Récapitulons :
C’est de l’art ou du cochon qui va se terminer en eau de boudin ?
jcr – 16 octobre 2013 à 14:35
« Deux ont été accusés de viol. L’un a épousé sa fille (adoptive) et l’autre violé une starlette évidemment ingénue de 13 ans, c’est plus jouissif. »
Je parlais uniquement de certains films, à mon sens excellents, réalisés par Allen, Polanski et Tavernier. Je ne juge jamais une oeuvre cinématographique, littéraire, picturale, etc. en pensant aux comportements de vie de leurs auteurs.
Si on commençait par sélectionner leurs réalisations sur ce critère, on ne regarderait qu’un nombre restreint de films et tableaux, de même on ne lirait pas une bonne partie des écrivains et philosophes. A titre d’illustration de mon propos : Toulouse-Lautrec, Picasso, Gide, Céline, Simenon, etc.
« Vaut mieux violer dans la sphère cinéma que caqueter au parlement franchouillard »
Désolé, mais je ne pense pas qu’au sein de nos actuels et passés parlementaires, il y ait plus de vertueux question moeurs que dans le cinéma. DSK, feu Le Troquer, etc. vous n’en avez jamais entendu parler ?
Je trouve à Philippe Bilger bien des défauts (à vrai dire il commence à m’insupporter quoique toujours moins que moi-même – pour combien de temps encore ?), mais il a une qualité bien rare sur internet : il préfère admirer plutôt que démolir (sauf bien entendu quand l’objet de son émotion et de son jugement est son ennemi intime – l’ennemi universel et ubiquitaire – la Bête – j’ai dit N. S. – je n’écrirai plus ces deux lettres fatales de crainte d’être hanté puis stigmatisé, foudroyé ou pétrifié).
A lire les commentaires sur « Adèle » ici-même (j’allais dire ici-bas…) je retrouve ce même trait que je vois si prédominant sur la Toile. Ils sont du type : Je ne l’ai pas vu mais il est certainement à chier (puisqu’il est célébré et honoré). Commentaires d’estropié qui hait les danseurs, à mon estime (je détecte cette maladie avec une perspicacité d’autant plus pénétrante que j’en suis moi-même affecté trois jours sur quatre et en particulier quand sont évoqués – horreur – les Arabes ou – hideur – les Noirs).
Ceci dit, je m’interroge sur ma propre position et dirai ceci.
On ne sait jamais jusqu’à quel point on est mu par le snobisme culturel : le film m’a plu – et je l’ai perçu comme original esthétiquement.
Or, quand un roman ou un film possède ensemble ces deux traits je déclare que c’est une grande oeuvre (je le fais d’ailleurs sincèrement : c’est d’abord à moi-même que je le déclare). Exemples (quasiment au hasard) : les premiers romans de Samuel Beckett, « La marche de Radetzky » de Joseph Roth, tel film de Werner Herzog. Le fait que l’auteur soit illustre ou célébré, d’ailleurs, ne joue même plus (il jouait quand j’étais jeune). Par exemple, j’étais inconscient de l’émoi médiatique autour de ce film quand je me suis déclaré, en sortant de la salle : chef-d’oeuvre.
Ce genre d’oeuvre, d’ailleurs, tend à me marquer plus que d’autres : éventuellement, des décennies après, je m’en souviens… Mais est-ce que je m’en souviens parce qu’ils m’ont ému particulièrement, ou est-ce simplement parce qu’ils étaient particulièrement originaux, ou est-ce parce que j’ai pensé : chef-d’oeuvre ?
Eventuellement (quoique très rarement), longtemps après, je reviens sur la valeur d’une oeuvre. Je me dis : au fond, c’était insignifiant (c’est le cas pour les romans de J.-Ph. Toussaint).
En tout ceci, je ressemble à Mme Verdurin. Et un peu au Maître lui-même (Marcel), qui explique qu’une oeuvre novatrice est une oeuvre qui nous fait hésiter entre « intolérabilité » et plaisir : nous la supportons à peine.
Et je m’oppose peut-être à des gens qui sont tout simplement ravis.
(En peinture et sculpture modernes (par opposition à contemporains), je connais un peu ce genre d’attitude : juger de qualité ce qui me plaît assez tout en étant « difficile » ; cela dit, la situation y est différente : la peinture et la sculpture figuratives « faciles » sont tellement méprisées par l’Institution qu’on ne les trouve pas dans les musées et les expositions – on n’y trouve même pas Bernard Buffet).
A noter que ce film ne donne pas de l’homosexualité féminine une image particulièrement bien-pensante.
Quand Emma pense qu’Adèle a couché avec un homme elle lui dit quelque chose comme : Tu as osé m’embrasser avec ces lèvres qui ont sucé un homme !
Et là elle ne lui reproche évidemment pas d’avoir la bouche sale, mais d’avoir la bouche souillée moralement par le contact sexuel avec un homme. Bref : Emma est hétérophobe (à moins qu’elle ne soit misandre, tout en pouvant être l’un et l’autre, et l’un par l’autre ou plutôt l’autre par l’un), comme, dit-on, est homophobe le participant de base à la manif pour tous.
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De la diégèse il n’y a qu’un moment qui m’a été obscur : la rupture pour un motif si innocent – Adèle aurait couché deux ou trois fois avec un homme. Rupture d’ailleurs très violente. Pas très libérée, la môme Emma ! Deux interprétations : 1° Elle est comme ça. Et, puisque elle n’a évidemment pas le système de valeurs d’un homme traditionnel, c’est qu’elle est une fanatique de la fidélité, un être violent et absolu (mais elle ne donne pas tellement cette impression dans le reste de ses comportements). 2° Elle a envie de rompre (pour Lise ?) et elle saisit un prétexte. Et, probablement : elle s’est dit que ce sera difficile, et pénible pour elle, alors elle préfère y aller violemment. Elle cogne et, en dix minutes, c’est fait. Je dirais que le film laisse ouvert le choix entre les deux interprétations. Peut-être parce qu’Adèle elle-même doit hésiter longuement entre les deux…
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En ce qui concerne les scènes d’amour physique, personnellement m’a frappé ceci : elles ne se parlent pas, et ne se regardent pas dans les yeux non plus.
Je ne sais pas jusqu’à quel point ces comportements sont fréquents (entre humains en général).
Supposons qu’ils le sont.
Deux interprétations :
1° L’amour physique, c’est en général une sorte de masturbation à deux, dans laquelle on ne pense pas à l’autre.
2° Du tout : on pense à l’autre, on vise l’autre et on s’adresse à l’autre, mais par son corps : on communique par le toucher, par les muqueuses et le plaisir qu’elles donnent : le regard polluerait cette communication : il faut « fermer les yeux sur l’autre » pour pouvoir mieux ouvrir ses muqueuses sur celles de l’autre.
(Certains se souviennent peut-être de la scène de « Colonel Redl » où les deux amants au lit se contemplent immobiles en silence – apparemment alors que Katalyn est pénétrée par Redl – scène qui donne le sentiment qu’il y a une remarquable présence mutuelle (au terme de laquelle Redl est percé à jour par Katalyn : « C’est mon frère que tu aimes ? » -« …Je vous aime beaucoup tous les deux ») Cela dit cette scène n’est pas une scène d’approche immédiate de la satisfaction).
@ jcr | 16 octobre 2013 à 14:35
Vous osez tenter de dire du mal de Bertrand Tavernier ? Avec lui, même Torreton sonne juste !
Attention !
Si vous continuez, coup de torchon !
Allez, Philippe, on vous attend sur l’expulsion de Leonarda… Et n’hésitez pas à argumenter, quoique vous n’aimiez pas ça. Et des faits : est-elle Rom (« Le Monde » n’en dit rien, mais ça ne prouve pas absolument qu’elle le soit : l’interprétation des omissions du « Monde » est plus un art qu’elle n’est une science) ? Est-elle musulmane (idem) ? De quoi a vécu cette famille de huit personnes pendant toutes ces années ? Aides sociales ? Travail légal ? Travail au noir ou autres revenus illégaux ? Comment était-elle logée ? A combien peut-on estimer que cette famille a coûté à l’Etat ?
Pourquoi faut-il autant d’années avant une expulsion ? Est-ce que ce serait choquant que la police vienne chercher un enfant à la sortie d’une école ou dans une école, et si oui, pourquoi ? Dans les autres pays européens, comment est-ce que ça se passe ?
Instruisez-nous (au lieu de vous contenter de juger Valls ou tel de ses contempteurs), motivez vos jugements, on vous attend avec impatience.
@cellier
« la vision de scènes sexuelles lesbiennes constitue un puissant stimulateur de la libido masculine »
Je n’avais pas pensé à ça et vous me convainquez.
Vous en concluez : « M. Kechiche dans cette optique serait donc un commerçant avisé quoique un peu « faux-cul »
Ce qui est inane : l’instinct pour la violence est chez l’homme masculin à peu près aussi fort que l’instinct sexuel, cela ne fait pas de Kubrick par exemple un commerçant faux-cul : ce n’est pas parce qu’un film s’enracine dans une passion humaine primitive et animale qu’il n’est pas bon et que tout ce qu’il a d’élaboré n’est qu’un paravent.
(Une preuve : ça ne m’étonnerait pas qu’apprécient le film nombre de femmes hétérosexuelles – en général peu excitées par Lesbos, je présume).
Celui qui soutiendrait le point de vue de Philippe pourrait évoquer Pialat : celui-ci aurait pu faire un film sur ce sujet – simplement, me semble-t-il, il se serait centré sur l’infidélité d’Emma, sa noirceur, son incapacité à aimer, mystérieuse et essentielle, et son ultime vérité. Emma, sa définition : celle qui ne peut pas répondre à l’amour (qu’est Adéle).
Le film n’aurait contenu aucune des singularités formelles du film de Kechiche, notamment celle que Philippe a pointé comme fautive (la longueur des scènes), et pas non plus les scènes d’amour physique.
C’aurait été un grand film et Philippe aurait dit : « grand film, et meilleur que celui de Kechiche ».
Et moi, aurais-je dit : « Grand film, comme celui de Kechiche » ?
Je ne sais pas : mais peut-être qu’en effet la comparaison aurait pour moi fait pâlir le film de Kechiche.
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Un autre argument en faveur des scènes longues m’est venu à l’esprit.
Pas mal de spectateurs doivent commencer à être accoutumés à la durée des scènes qu’on voit dans les séries télévisées : très brève.
Il s’agit de leur rappeler qu’ils voient un film – un objet autrement plus ambitieux qu’une série télévisée même si celle-ci peut être captivante – il s’agit de les faire échapper à la tyrannie de la diégèse (= de l’histoire, du récit, de l’action) et de leur faire voir des scènes pour elles-mêmes (alors que dans une série chaque scène fait avancer la diégèse, et finalement n’est là que pour ça – épuise sa vertu dans sa fonction diégétique).
Et pour apprécier ce film il faut que le spectateur soit éduqué à voir une scène assez indépendamment de la diégèse, de même que, pour apprécier un tableau impressionniste, il a fallu que l’oeil soit éduqué à chercher d’autres intérêts et satisfactions que ceux qu’on trouvait dans les tableaux des maîtres antérieurs.
En d’autres termes, Philippe a raison : pour « raconter l’histoire », Kechiche avait besoin de moins de temps, mais justement Kechiche veut faire autre chose que « raconter l’histoire ».
Quand je pense qu’en raison du titre j’ai cru, un moment, qu’il s’agissait d’une nouvelle adaptation de la vie de la fille de Monsieur Hugo…
Quand on songe au pathetique destin des actrices ayant figure en tete d’affiche sur une derniere danse dans notre belle capitale, un joli et simple prenom… sans oublier un autre titre plus evocateur qu’il est preferable de ne pas mentionner… je me demande si ces deux jeunes femmes ont bien ete averties de ce a quoi elles s’engagaient ?!?!
Triste traquenard.
Sur la jeune Leonarda, Philippe, comment justifiez-vous qu’il faille cinq ans pour expulser des clandestins ? Vous trouvez ça normal ? Et même, vous qui rejetez la brutalité de la droite et ne cessez de vous dire absolument étranger au Fn, je suppose que vous trouvez ça trop court, trop brutal, c’est dix ans qu’il faudrait à un Etat véritablement humaniste pour expulser des parents clandestins et leurs enfants ? Expliquez-nous ça (expliquez-nous, au lieu de vous contenter de distribuer des notes aux ministres, comme d’habitude). Vous êtes juriste, vous avez été magistrat, expliquez-nous pourquoi il est bon, il est juste, que le circuit de la justice tourne cinq ans avant d’ordonner l’expulsion de clandestins et comment donc il faut être un homme absolument étranger à votre culture politique – un suppôt du Fn – pour penser que trois jours ou une semaine devraient suffire.
Et sur la famille de Leonarda, ne nous parlez pas de Valls, de son courage et de sa constance, de sa vigueur mesurée et cependant frémissante, de sa souffrance cachée et de son humanisme vibrant, etc.
Si vous voulez à tout prix faire de la psychologie, expliquez-nous celle d’un député ou ministre Umps ou centriste coresponsable d’une loi qui fait que cinq ans sont nécessaires pour expulser un clandestin.
Ou faites plus direct : expliquez-nous la psychologie d’un électeur Umps à inclination centriste, juge d’instruction puis avocat général, à la retraite maintenant, qui considère que cinq ans pour que l’Etat expulse tel clandestin, ce n’est pas une durée excessive : cette psychologie m’échappe complètement.
@Buridan
Que l’instinct de violence comme l’instinct sexuel soient des faits averes c’est une evidence, comme d’ailleurs que de tres bons films puissent etre faits sur les memes sujets. Ce qui me semble plus douteux c’est de cacher la marchandise sous un voile artistique assez transparent pour permettre aux philistins de tout poil de se rendre au cinema la tete haute voir un film pornographique qu’ils reprouveraient sans cet alibi.
Buridan, grand puritain devant l’Eternel qui nous pond huit commentaires dithyrambiques sur le film La vie d’Adèle.
Une vision d’esthète totalement dépouillée de cette pitoyable pulsion charnelle qui envahit tout homme un peu fruste tenté de s’ébaudir devant le spectacle de deux créatures de rêve nous exposant les moindres détails de leur corps dénudé.
C’est beau ! C’est grand !
Il est vrai que le Vatican lui-même s’est penché sur le problème de la tentation au point de modifier le passage incriminé dans le Pater Noster.
Eh oui, Jésus lui-même l’a dit : Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation : « l’esprit est ardent mais la chair est faible ».