Il faut que je résiste à la tentation d’écrire sans cesse sur la politique. Sur François Hollande, sur Emmanuel Macron, sur l’excitante primaire LR qui, pour l’intérêt qu’elle suscite, est d’ores et déjà réussie avec la joute télévisuelle finale du 17 novembre. Le trio de tête est peut-être dans un mouchoir de poche et je persiste : la gauche n’a vraiment aucune leçon à donner à la droite et au centre.
Mon péché mignon est d’être si passionné par la chose publique, la vie démocratique et les personnalités plausibles pour y prendre la main que je me sens saisi d’une impatience dérangeante. Je voudrais déjà être, le 20 au soir, à l’écoute des résultats et dans le débat organisé par Sud Radio.
Heureusement, pour me protéger de ce penchant, il y a un poète anglais, Michael Edwards, qui non seulement a choisi d’écrire en français mais porte sur la langue française un regard à la fois admiratif et lucide.
« La langue française est une vision du monde » (Le Figaro).
En effet. Une rationalité capable d’élans, une finesse qui ne déteste pas la rectitude, une langue faite pour les maximes ou l’infiniment complexe pour le coeur et pour l’esprit, La Rochefoucauld et Marcel Proust, l’outil rêvé pour un génie de la clarté comme Voltaire ou Anatole France ou le splendide hermétisme d’un Mallarmé, une richesse de langage pour énoncer les décrets du pouvoir – quelques formules décisives et brillantes de Napoléon ou de Gaulle – ou les troubles de l’âme, par exemple avec Benjamin Constant.
Une vision du monde grâce à ce lien fort entre la langue porteuse d’universel et la France se croyant encore phare du monde à cause de 1789 et de sa culture.
Michael Edwards sort du compliment au demeurant pertinent quand il énonce que « ce qui menace le français, ce ne sont ni les anglicismes ni la créativité mais la façon déficiente dont les Français le parlent et l’écrivent ».
Comme il a raison !
Tous coupables, tous responsables. Le débraillé politique, médiatique, culturel, sportif, de la langue, la facilité avec laquelle on trouve toujours de bons motifs pour justifier ses imperfections, sa maîtrise médiocre, la démagogie qui fait croire que le négligé et le grossier sont de la spontanéité et le relâché du jeunisme – tout, aujourd’hui et depuis longtemps, concourt à la dégradation de notre langage, de notre style, de notre oralité, donc de ce que nous sommes.
Il ne suffit pas d’avoir un Secrétaire d’Etat acharné à défendre la francophonie, le pouvoir de la France pour ce qui concerne la sauvegarde de cet attribut aussi important que tous les autres, il ne suffit pas d’un André Vallini exemplaire au soutien de cette belle cause qui sera forcément en délitement, en perdition si la communauté nationale, dans toutes les instances où la parole publique s’exprime, dans les lieux où il convient de faire honneur à la langue, ne s’approprie pas ce combat.
Si chacun, modeste ou non, cultivé ou non, n’estime pas de son devoir de parler et d’écrire le mieux possible.
J’entends bien qu’il y a sans doute des défis plus plausibles et plus urgents à relever mais il n’empêche que la France devrait accueillir, avec reconnaissance, cette vérité même si elle sort de la bouche d’un Anglais !
Tandis que Michel est un prénom porté par un Anglais, nous avons de nombreux Français qui s’appellent Michael, Mikaël, Mickael, Mike, Mickey, j’en passe et des meilleurs.
La perfide Albion s’est arrangée pour que les Français fêtent chaque année l’anniversaire de l’appel du 18 juin 1940. De l’autre côté de la Manche (The Channel), il n’y a pas d’ambiguïté, le 18 juin commémore l’année 1815, Waterloo.
Bonjour,
Dans le débat d’hier soir, ce sont les vieux briscards qui se sont montrés les plus habiles, prouvant, s’il en était besoin, que l’expérience est un atout majeur.
Bruno Le Maire a hélas montré que dans ce genre d’exercice il manquait encore un peu de bouteille. Avoir de bonnes idées ne suffit pas, encore faut-il savoir les exprimer. Il s’est enfermé dans un jeunisme maladroit en méprisant les anciens. Fatale erreur.
A noter toutefois que les bons orateurs ne font pas forcément de bons décideurs. Les quarante années de la vie politique française – droite ou gauche au pouvoir, avec ou sans cohabitation – sont là pour le démontrer.
Tout va donc se jouer pour cette primaire entre un ancien président de la République et deux anciens Premiers ministres. Bref on va encore essayer de faire du neuf avec du vieux, alors que c’était le moment ou jamais de repartir sur des bases nouvelles.
Encore cinq ans à faire du bricolage à partir de toujours les mêmes recettes qui ont largement montré leurs limites au cours de ces dernières décennies. Les Français vont-ils accepter ce deal dans le contexte actuel ?
On retrouve en fait la même configuration que celle de l’élection présidentielle américaine, avec les conséquences que l’on sait. Advienne que pourra !
« …quelques formules décisives et brillantes de Napoléon ou de Gaulle »
N’oublions pas la formule de Louis XIV : « L’État c’est moi » !
Lequel de nos histrions qui miment le pouvoir avec leurs faibles moyens pourrait en dire autant, et avec autant de panache ?
Eux qui se prêtent au spectacle, peut-être démocratique mais sûrement pas glorieux, d’un débat télévisé.
Et malgré la hautaine, suffisante et arrogante affirmation de Louis XIV, ou à cause de, il fut un des rois qui a porté la langue française à son sommet.
Il fut un maître du mécénat d’une intelligence dont devraient s’inspirer nos ministres de la « nouvelle » culture.
Molière, Racine, Corneille, le très fin Jean de la Fontaine, mais aussi Lully et Rameau, dont le langage musical porte la marque du français, lui doivent d’avoir pu développer leurs talents.
De quels bijoux on prive nos chères têtes plus ou moins blondes ou basanées en ne leur faisant pas apprendre les fables de ce bon monsieur Jean par cœur.
On ne dira jamais assez l’importance de la langue et de la littérature dans la constitution d’un homme.
Un exemple surprenant, celui du rappeur Abd al Malik qui était hier à «La Grande Librairie » pour parler de son livre sur Albert Camus, expliquant que Camus l’avait changé et avait fait de lui un autre homme.
La littérature comme moyen de construction d’une personnalité issue des cités.
J’avoue qu’hier soir, j’ai donné la priorité à la LGL, ne zappant sur le débat politique qu’à la fin de l’émission consacrée essentiellement à François Cheng, un Chinois qui vaut bien un Anglais quand il parle français et de quelle façon, consacrée également à un rappeur découvrant, j’allais dire son chemin de Damas, je dirai tout simplement les vertus de l’amour de l’Autre grâce à Camus.
Enfin bref, une émission où Camus, Cheng, l’Âme, furent au centre du débat, avec Luc Ferry et Jean-Pierre Changeux comme faire-valoir de qualité, et le rappeur Abd al Malik, que j’ai découvert.
Allons malgré Hollande, Juppé, Sarkozy, tout n’est peut-être pas perdu.
J’invite tous ceux que la littérature et son rôle dans la transformation de l’homme intéressent à visionner cette émission.
Je ne suis pas persuadé que le français soit la seule langue à perdre sa beauté originelle. Il serait fastidieux de relever les néologismes, les contresens, les erreurs de syntaxe et fautes d’orthographe et de grammaire qui ne sont pas le fait des seuls sauvageons de banlieue, mais également de personnes instruites voire de professionnels de la parole comme les journalistes et les politiques. Ne parlons pas bien sûrs des consultants sportifs et footballeurs, Philippe Bilger s’est déjà largement exprimé sur leur cas désespéré.
Ceci étant le français ne se distingue en rien des autres langues vivantes. Certains de ses mots et expressions disparaissent car devenus trop vieillots, d’autres naissent, fruits des technologies nouvelles qui ont besoin de mots nouveaux pour bien définir leur particularité, d’autres nous viennent de pays étrangers, notamment l’anglais qui est particulièrement intrusif dans les médias et les réseaux sociaux où l’anglais donne, à tort ou à raison, une touche de modernité.
Ci-joint une liste de ces anglicismes qui font désormais partie de notre langage courant :
http://www.topito.com/top-anglicismes-francais-has-been
Le merveilleux imparfait du subjonctif que nous avons laborieusement appris à l’école primaire et qui était merveilleusement maîtrisé par le Général a définitivement quitté le langage parlé et ne se retrouve plus guère que sous la plume de quelques vieux agrégés de lettres qui ont leur encart réservé dans les grands quotidiens.
Les puristes peuvent le regretter. Moi-même qui ne suis pas un littéraire de formation, j’aurais tendance à en faire partie.
Mais ceci ne doit pas nous empêcher de nous conformer strictement aux règles du bon vieux Bescherelle et du Bled, un peu écornés à force d’avoir été consultés et que nous avons en bonne place dans notre bibliothèque, souvenir du temps passé sur les bancs de l’école.
Il est vrai que la langue française s’appauvrit année après année.
Le symptôme en est moins l’invasion des anglicismes ou même la rétractation du vocabulaire que l’abandon de formes syntaxiques indispensables à l’expression des nuances de la pensée.
Ainsi de la quasi-disparition des locutions conjonctives et de la perte de la plupart des temps et des modes verbaux.
Cependant je constate que nos élites – et singulièrement les responsables politiques à l’exception regrettable de François Hollande – manient un français à la fois riche, structuré et clair.
Les trois débats de la primaire de la droite et du centre, mais aussi les interventions de Taubira, Hamon, Montebourg, Mélenchon, comme celles du père Le Pen en son temps témoignent de la permanence d’une culture de la parole tout à fait rassurante.
Pour ce qui est de Monsieur Macron, je dirais qu’une phrase comme celle-ci, extraite de son discours de candidature : « Je veux une France qui croie en sa chance… et qui considère les plus faibles », si elle est impeccable sur la forme est d’une totale vacuité quant au fond.
Cela compte aussi.
Attention à ne pas sombrer dans le syndrome de Bertrand Poirot-Delpech (paix à son âme !) critique littéraire du Monde qui à l’époque mania de façon éhontée l’encensoir auprès des immortels avant, quelques années plus tard, de quémander leurs suffrages…
La prochaine allusion à un immortel, le prochain entretien avec l’un d’entre eux, vous êtes, à mes yeux, poirotisé !
Du vice, Philippe, oui, mais de la tenue !
M. Bilger pourrait être journaliste, en effet, il nous fait des chapeaux attractifs… mais tellement pauvres ! Il ne m’en voudra pas de cette critique car elle est sincère.
J’aimerais préciser qu’il n’est pas nécessaire ici de sacrifier à ce travers de la presse, qui considère que sans un bon titre il n’existe pas d’écrit.
La forme n’étant pas tout, il est recommandé de se consacrer au fond.
Il s’agit aujourd’hui de M. Edwards, qui est certes Anglais, mais avant cela il est « egregius » !
Ce qui est français en lui me plaît infiniment et ce qui est anglais en lui me plaît sans mesure.
Le débraillé politique, médiatique, culturel, sportif, de la langue, la facilité avec laquelle on trouve toujours de bons motifs pour justifier ses imperfections, sa maîtrise médiocre, la démagogie qui fait croire que le négligé et le grossier sont de la spontanéité et le relâché du jeunisme – tout, aujourd’hui et depuis longtemps, concourt à la dégradation de notre langage, de notre style, de notre oralité, donc de ce que nous sommes.
Effectivement, les gens qui ont voyagé à l’étranger, sans bien entendu idéaliser tout ce qui pourrait s’y faire, sont souvent choqués de retrouver en France le débraillé, la vulgarité, la grossièreté érigés en norme et en mode de vie.
Philippe Bilger a par exemple évoqué récemment ces journalistes qui interrompent leurs invités, en ayant suggéré qu’ils fussent introduits à l’usage d’un minimum de bonnes manières par les écoles de journalisme.
Mais est-ce le rôle d’une école de suppléer à un manque d’éducation, comme si des bases qui auraient dû être acquises à l’âge de six ans pouvaient l’être aussi de façon naturelle aux alentours de la vingtaine ?
Faut-il voir dans cette propension de trop de Français à se comporter comme des voyous une des conséquences de la révolution dite française ayant fait qu’une population parmi les plus polies d’Europe d’après les voyageurs étrangers de l’époque se soit mise à adopter les mœurs des bas-fonds et à s’y vautrer ?
@ Achille | 18 novembre 2016 à 07:43
« Bref on va encore essayer de faire du neuf avec du vieux, alors que c’était le moment ou jamais de repartir sur des bases nouvelles »
Du coup ce serait soit Macron, soit Le Pen…
Les candidats à la primaire de la droite et du centre ont, à juste titre, insisté sur l’apprentissage des savoirs fondamentaux à l’école primaire. Quand ceux-ci ne sont pas acquis, inutile, ensuite, d’espérer avoir de bons résultats au collège puis au lycée. Il y a même des professeurs d’université qui se plaignent du niveau de français de leurs étudiants de première année !
Si la langue française s’appauvrit, si l’orthographe est massacrée, si la grammaire est bafouée, la faute repose sur l’école primaire, qui s’est, depuis de trop nombreuses années, dispersée dans des disciplines de seconde importance au lieu de se concentrer sur la lecture, l’écriture et l’arithmétique.
Osons quelques comparaisons. Un entraîneur sportif recruterait-il, pour son équipe première, des joueurs qui ne posséderaient pas les bases et les règles du jeu ? Un pianiste renommé ne fait-il pas des gammes chaque matin ? Il y a même des écrivains qui, avant de se mettre au travail, relisent auparavant de belles pages d’auteurs classiques.
Revenons aux fondamentaux : là est l’avenir de nos écoles et de nos enfants. Assurons aux élèves un socle solide de connaissances en français et en calcul dès leur plus jeune âge.
Un mot quand même sur le débat de la primaire d’hier soir. Deux journalistes n’ont pas brillé par leur talent : Jean-Pierre Elkabbach, que je n’avais pas vu depuis longtemps, m’a donné l’impression d’un vieux cabot chevrotant et narcissique ; j’ai cru qu’il allait faire l’émission à lui tout seul. Qu’il prenne sa retraite (à 79 ans !…). Quant à David Pujadas, il n’était guère inspiré : il a trop souvent interrompu les candidats, avec des questions et des interventions qui tendaient à abaisser le niveau. Lui aussi a démérité et n’a pas grandi la profession de journaliste.
A cause de ces deux journalistes, le débat d’hier soir a été trop confus et, sur bien des sujets, on est resté sur notre faim.
Cher Monsieur,
J’ai lu avec grand plaisir vos propos du jour. Vous avez donné à admirer, en matière de langue française, La Rochefoucauld, Proust, Voltaire, Anatole France, Mallarmé, De Gaulle, Napoléon et Benjamin Constant. Belles autorités.
Vous avez un culte justifié pour l’auteur de « La Recherche ». D’où votre dialogue avec un grand proustien, que l’on réécoutera, ici, avec profit. Le « splendide hermétisme » de celui qui fut déclaré « prince des poètes » en son temps, déconcertera certains. Napoléon, idole politique absolue de Zemmour, n’est peut-être pas à recommander comme modèle de langue française. Anatole France est un bon écrivain français, auquel le jeune Proust a écrit sur le ton le plus déférent. Benjamin Constant est un grand auteur politique, dont on lira avec intérêt un excellent Journal intime. De Gaulle est un politique, auquel même Régis Debray pense avec nostalgie, et dont les discours font paraître médiocres et pâlichons tous ceux de ses successeurs. Voltaire est un modèle pour les prosateurs qui voudraient parler clair. Ses idoles à lui, on les trouvera dans »Le siècle de Louis XIV », où figure La Rochefoucauld, l’auteur des « Maximes ».
Je signale, modestement, quelques petites choses. Le délicieux auteur La Bruyère, qui n’a écrit qu’un livre dans sa vie, « Les Caractères », qui est de mes livres de chevet, glisse quelque part « écrire comme Bouhours », ce qui voulait dire, à ses yeux « écrire à la perfection ». De qui s’agit-il ? Le Père Bouhours, successeur de Vaugelas, était, en plein classicisme, considéré comme l’oracle suprême en matière de langue française. Racine lui écrivit pour le supplier de lui signaler les faiblesses de langue que ce critique délicat aurait trouvées dans une de ses tragédies.
Je signale aussi que la première épistolière de France, Mme de Sévigné, était en extase, non pas en écoutant les sermons de Bossuet, mais de… Bourdaloue, en effet indépassables.
Sait-on, enfin, que Georges Pompidou, reçu premier à l’agrégation de lettres classiques, interrogé pour savoir quel était le plus grand écrivain français, ne répondit pas « Céline », mais « La Fontaine ». C’est aussi mon avis, qui comptera pour du beurre… puisque je ne suis rien.
Dernière chose, soyons pratiques, on trouvera Bouhours et Bourdaloue sur Gallica, comme un million de livres qui ont plus de cent ans.
Cordialement
@breizmabro | 18 novembre 2016 à 11:22
Vu qu’Emmanuel Macron a peu de chance de sortir à la primaire du PS, vu qu’il est honni par toute la gauche conservatrice, les sociaux-démocrates étant minoritaires, je vous laisse imaginer ce qui peut arriver en mai 2017…
« … il ne suffit pas d’un André Vallini exemplaire au soutien de cette belle cause qui sera forcément en délitement, en perdition si la communauté nationale, dans toutes les instances où la parole publique s’exprime, dans les lieux où il convient de faire honneur à la langue, ne s’approprie pas ce combat »
Qu’a-t-il donc fait ou promis cet « homme » que vous portez aux nues au gré de vos billets ?? en dehors de sa présidence de la commission « Outreau » ?
J’aimerais bien le comprendre, moi qui réside dans une région ou son action/inaction, hors un rôle de « potentat local autoritaire » distribuant les prébendes départementales à de très très proches élues, si proches que membres de son cabinet, frôlant l’autoritarisme, est déjà en passe d’être oublié avec pourtant un successeur à la tête du département bien insignifiant…
J’avais envie de répondre à Michael Edwards la même chose : l’anglais correspond aussi à une autre vision du monde.
Et puis, en fait, non. L’anglais, selon qui le parle, correspond à plusieurs visions du monde. Les Américains en ont fait une autre langue, féconde et littéraire elle aussi, impossible à confondre avec celle de Shakespeare, une langue moins fluide, plus abrupte, ramassée, efficace, qui s’est détachée de la vieille Europe sans la renier, et a réussi à se personnaliser, et comment. Et cela sans que la langue mère ait été malmenée pour arriver à ce résultat. D’emblée un Américain nous fait entrer par sa langue à la fois dans son histoire et dans sa civilisation actuelle.
En français, on a surtout des différences dans le niveau de la langue : plus ou moins de vocabulaire, structures de phrase plus ou moins diversifiées, usage du futur et autres temps verbaux en voie de disparition. Le secret du français n’est pas de coller au temps présent, c’est que notre langue, dans sa noblesse, nous oblige, sous peine de négligence. Elle me paraît résulter d’un mariage entre la vivacité populaire et la superbe aristocratique. Alors ? Toute tentative de rénovation du français court-elle donc le risque de vider le français, de l’appauvrir, donc d’appauvrir notre pensée et notre mode d’expression ? Je ne saurais répondre, mais la voie me paraît étroite.
Mettons les choses à l’endroit, pas de collège sans savoir lire, écrire, compter.
Tout le reste et toutes les projections c’est du blabla. L’entrée en 6ème ne se faisait qu’avec les fondamentaux en poche.
Comment voulez-vous décrypter une fiche technique quand vous maîtrisez mal la langue : aujourd’hui coller du carrelage, faire de l’électricité, du chauffage, que sais-je encore, c’est d’abord et plus que jamais maîtriser la langue et l’écriture et forcément vous serez compétent – avec plus ou moins d’habileté manuelle – mais compétent !!
Découvrir un dossier technique c’est savoir lire, écrire, la technique vient après.
Nous marchons sur le crâne, « en cours d’ acquisition », plus de notes, tout cela c’est de la gabegie pour satisfaire l’ego des parents et le « pas de vagues ».
Pas de bac pro, un vrai BEP de ma génération faisait un bon entrepreneur compétent, il savait surtout lire et écrire… compter cela allait de soi, quant au dépannage un vrai champion.
@ vamonos | 18 novembre 2016 à 07:36
Aïe, aïe, vous oubliez un autre 18 juin.
En 1429, c’est la bataille de Patay, qui est bien près de valoir Friedland. C’est la revanche de Poitiers, de Crécy et d’Azincourt en une seule bataille.
Depuis la libération d’Orléans, Jeanne d’Arc remonte la Loire avec son armée, à la poursuite des Anglais. Ceux-ci, par une idée audacieuse et perfide qu’ils vont payer très cher, décident de tendre une embuscade et de prendre l’armée française de flanc. Sur le papier, ce n’est pas idiot : 5000 archers anglais contre 1500 cavaliers français, les nombres sont en faveur des Anglais.
Heureusement, les Français ont fini par apprendre de leurs échecs, ils ont envoyé des éclaireurs discrets. Ceux-ci repèrent la mise en place de l’embuscade, avec l’aide d’un cerf apeuré, qui, en s’enfuyant, leur permet de détecter les Anglais (Jeanne d’Arc ne disait-elle pas « les hommes d’armes combattront et Dieu donnera la victoire » ?).
Sous un soleil accablant (essayez de vous balader en armure en plein soleil), Jeanne fait presser le mouvement en fin d’après-midi, comme Napoléon à Friedland. Elle aurait pu dire, aussi comme Napoléon : «Allons ! On ne prend pas deux fois l’ennemi en pareille faute». Les témoignages sont unanimes : alors que le duc d’Alençon hésite, c’est bien elle qui insiste. Les archers anglais, pas encore installés, pas encore protégés par leurs pieux traditionnels, ne peuvent rien contre la charge de cavalerie lourde des Français. La Hire mène l’assaut (ceux qui n’ont pas la conscience tranquille peuvent répéter la prière de La Hire : « Seigneur Dieu, fais pour La Hire ce que Tu voudrais que La Hire fît pour Toi si Tu étais La Hire et que La Hire était Dieu ».) C’est un massacre, la poursuite s’étend sur vingt kilomètres, on estime entre 3 et 20 le nombre de morts côté français et entre 2000 et 3000 côté anglais. L’élite de l’armée anglaise, officiers et archers, est réduite à néant (1). En moins de deux heures, Jeanne d’Arc vient de donner à la France la supériorité terrestre pour deux siècles (ça et l’artillerie des frères Bureau mise en place par Charles VII et Jacques Cœur), jusqu’à l’apparition des fantassins lourds espagnols et des lansquenets. A l’âge de 19 ans.
On comprend que les Anglais aient mis beaucoup d’ardeur et d’argent à la capturer et à la brûler. Ils n’avaient aucun doute sur le responsable de leurs défaites.
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(1) Un petit point de démographie : depuis le haut Moyen Âge jusqu’au décollage de XVIIIe siècle, la population française (dans les frontières actuelles, pour comparer) a tourné autour de 18-20 millions d’habitants, sauf à l’époque de la peste noire entre 1350 et 1450 qui sont aussi les années de la guerre de 100 ans, où la population est tombée à 12-13 millions (on ne rigolait pas à cette époque avec les épidémies. Le SIDA, à côté de la peste, c’est de la gnognotte). A peu près constamment, les Français ont été quatre fois plus nombreux que les Anglais, ce qui explique que ceux-ci ont eu beaucoup plus de mal à se remettre de leurs défaites.
On peut aujourd’hui s’interroger sur le fait que la Grande-Bretagne et la France aient aujourd’hui des populations équivalentes. Pourquoi les Rosbeefs nous ont-ils rattrapés ?
Enfin, consolons-nous, la démographie brute ne fait pas tout : mieux vaut être Luxembourgeois qu’Indien… ou que Français.
Ayant par nécessité professionnelle et familiale parlé plus l’anglais que le français pendant un demi-siècle je pense posséder aussi bien, ou aussi mal, les deux langues, ayant aussi enseigné la nôtre aux Américains dans le cadre de l’Alliance Française pour occuper quelques années de retraite passées aux USA.
Il est incontestable que le français est vastement supérieur à l’anglais, bien que plus complexe et moins pratique. D’après un professeur de littérature de Harvard, 64% de mots anglais seraient français d’origine.
Le français est la langue de la littérature, l’anglais celle de la technologie. Il est plus facile pour un ingénieur de rédiger un rapport ou manuel technique en anglais qu’en français quand on maîtrise les deux langues. Le résultat est que nos scientifiques et ingénieurs, bien qu’en général largement au niveau, sinon à un niveau plus élevé d’après moi, que les anglophones, sont sous-estimés faute de pouvoir clairement exprimer en français ce qu’il serait facile de dire en anglais.
On prend plaisir à lire un roman bien écrit en français, pour la seule qualité du langage, ce qui est plus rare avec l’anglais, Michael Edwards a raison. Mais il est plus ardu de lire une notice d’instructions techniques en français qu’en anglais.
Le français est la langue des poètes et des idéalistes, l’anglais celle des techniciens et des soldats.
C’est aussi ce qui fait de nous un peuple particulier dans ce monde, poète et paysan, dandin et grognard, Cyrano et Christian, tout en un.
Pour les autres langues… ??
Sans connaître la langue, j’ai eu l’occasion de travailler parmi les arabes et certains soirs dans l’attente de la disponibilité d’une tour de forage où nous devions intervenir, au coeur de Sahara, j’ai écouté mes techniciens arabes se détendre en lisant le Coran, ou une poésie, et ai été séduit par la seule harmonie de la langue sans en comprendre un seul mot, surpris aussi entre l’arabe courant si guttural, si dur, et la version poétique.
Voilà un billet important, et plus politique que jamais. Pour l’esquive, cher M.Bilger, c’est raté.
Vous ouvrez un sujet immense qui embrasse à la fois l’exemplarité des élites, la navrure des coeurs et les pleurs du regret.
Tout le monde sait que c’est à l’ENA qu’on parle le français le plus adultéré et à l’école qu’il se transmue en un sabir africano-faubouro-socialiste.
Quand le chic est d’imiter le pataouète avec des gestes vulgaires, d’énoncer des opinions sans base, sans âme, sans finalité, et que le saint le plus invoqué est Saint Carrefour ou ses épigones on ne peut que regarder, l’âme en peine, la langue française s’en aller… au diable.
La publicité, les blogs douteux, sans parler du site de l’Islam de France, repaires d’âneries rhétoriques indignes d’une classe de sixième en 1950, aident à comprendre que la langue n’est plus utilisée pour émettre une pensée, mais éructer une injonction.
Sans scrupule mais sans haine, on renverra aux hommes politique et leurs cuirs, mais c’est encore l’ENA, pourquoi répéter à l’infini.
Un plaisir immense est d’utiliser l’antiphrase ou contrepéterie, sans mesure et ne percevoir que, de très loin en très loin, un mince sourire l’accueillir, secrètement, presque mystique, entre amoureux du vocabulaire déhanché et du sens à faire rougir les murs d’un corps de garde sous le flegme tout britannique qui doit y présider.
La lecture foudroyante de LF Céline où le mot presque inventé n’est accompagné d’aucune explication mais se comprend par le seul ordonnancement des lettres condamne le labeur pénible de Duras ou de Sartre.
Il faut lire les auteurs d’entre-deux-guerres, celles qui n’étaient même plus jolies. Il a fleuri, là, dans un pays qui voyait poindre son crépuscule un enchantement du Verbe qui s’est éteint, tremblotant, avec Paraz et Aron.
Non qu’il n’y ait pas d’auteur aujourd’hui, mais ils surnagent sur le bouillon de l’égotisme et de l’éternelle reprise de l’éternelle ambiguïté des rapports amoureux et de leurs concurrences quasi marchandes avec le regard tranquille d’un Gourmont ou la grâce infinie dans son innocence perverse, d’une Colette.
Les mémoires d’un Alphonse Juin donnent à la chose militaire la saveur exaspérée des trahisons et des massacres inutiles, qu’elle n’aurait jamais eue si un politique avait écrit sur le même sujet.
C’est qu’il y a dans la langue française une fenêtre ouverte sur le bonheur comme le disait un ancien déporté de la Kolyma, fenêtre que les vingt-cinq dernières années politiques et médiatiques s’efforcent de fermer pour séduire le vulgaire et je n’ai pas écrit « le peuple ».
D’ailleurs qu’est-ce qu’un peuple si ce n’est l’adoption par des individus d’un moyen d’expression commun au service d’un territoire commun qui explosent aujourd’hui en langues d’origine et territoires perdus…
Demain, aidés par ceux dont l’argent est le seul vecteur, fleuriront tous les sabirs, démolissant à grands coups d’à-peu-près la subtilité de notre langue dont les derniers amoureux seront brocardés comme c’est déjà le cas dans la vieille et sale Babylone au bénéfice, non d’une langue étrangère mais d’une étrange langue que l’évolution emporte dans ses bagages et entasse aux marches de ce qui fut le plus beau pays du monde.
La vérité sort de la bouche des Anglais !
Exemple : « Nous avons brûlé une sainte ! ».
Mais je connais aussi un certain Étasunien qui n’a pas sa langue dans sa poche et qui a énoncé à propos de notre pays un certain nombre de vérités que les Hommes du Régime s’efforcent de taire depuis quarante ans en s’asseyant sur le couvercle de la marmite…
Ce qui ne l’empêchera pas d’exploser avec eux.
@Claude Luçon
Précisément hier, j’ai écouté Cosi fan tutte avec un livret bilingue italien-anglais. A ma grande stupéfaction le texte en italien est presque toujours plus court, exemple :
« Vorrei dir, e cor non ho »…
« I want to tell you, but haven’t the heart »…
(Wiener Philharmoniker – Karl Böhm – Grand Opéra – DECCA)
Cette présentation bilingue est assez bonne.
Quand d’autres de l’allemand au français et même de l’italien au français sont catastrophiques relevant chez les traducteurs un désir d’interprétation à leur sauce des textes.
Mais, comme vous l’écrivez, certaines langues restent supérieures à d’autres.
@Claude Luçon
Le français est la langue de la littérature, l’anglais celle de la technologie.
Ce terme « technologie » n’est pas français, en principe nous devrions employer le terme « technique ».
Par ailleurs, l’anglais est surtout une langue commerciale qui s’est introduite par une porte dérobée dans le domaine de la technique en ayant profité de la suprématie des États-Unis après les ravages créés aux nations européenne par les deux guerres mondiales.
En toute rigueur, la langue allemande est plus précise et rigoureuse que la langue anglaise dans le domaine de la technique.
Ceci dit, les grandes nations évoluées auraient grand tort de renoncer à faire appel à leur langue maternelle au profit du seul « globish », car les particularités linguistiques sont liées à des structurations mentales spécifiques expliquant que chaque nation possède un génie propre découlant parmi divers facteurs de la langue qu’elle utilise.
Le lien entre langue et structures mentales a par exemple été mis en avant par les Japonais qui ont remarqué que l’étude du grec ancien prédisposait à l’apprentissage des langages de programmation d’ordinateurs.
@calamity jane, Claude Luçon
Je suis assez réfractaire à l’idée de la supériorité d’une langue sur l’autre, et je ne vois pas au nom de quels critères on décrèterait l’infériorité de l’une par rapport à l’autre.
En français aussi l’extrait de Cosi fan tutte (« Ainsi font-elles toutes ») que vous avez choisi serait plus long. Il n’y a pas de conclusions particulières à en tirer. Le titre de la 4ème cantate de JS Bach fait 4 mots en allemand et 9 en français (Christ lag in Todesbanden – Le Christ gisait dans les liens de la mort). Qu’est-ce que cela prouve ? Cette cantate est splendide chantée en allemand, de même que les lieder de Schubert, qui ne veulent plus rien dire en français, du fait que Schubert a choisi le rythme et chaque note en fonction de la façon dont se déploie le texte. Je n’y comprends pas grand-chose, ma connaissance de la langue étant rudimentaire, mais je préfère malgré tout les entendre en allemand. Dans les films doublés, les cow-boys qui parlent avec l’accent paysan bourguignon ou les samouraï s’exprimant dans la langue de Molière sont grotesques ; chaque langue correspond à son peuple.
Les langues qui ont produit de grandes œuvres capables d’émouvoir des gens de cultures complètement différentes ont toutes leur génie, je ne vois pas l’intérêt de les classer, surtout si c’est pour se mettre, comme par hasard, en n° 1 ; j’en déduis que dans ce cas, le critère de classement est plus patriotique que linguistique.
@ calamity jane | 18 novembre 2016 à 17:05
Vos comparaisons de textes suivant la traduction m’a ramené à un problème auquel j’étais confronté en lisant, en anglais, Francis Scott Fitzgerald.
Après avoir tenté de lire The Great Gatsby, j’ai essayé Tender is the Night, et dans les deux cas n’ai pas pu aller très loin. Surpris de voir son succès en France, puis pour des raisons personnelles, je me suis repenché sur le sujet après être rentré en France, j’ai acheté Tendre est la nuit, la version française.
Et là, surprise, je suis allé jusqu’au bout en envoyant, mentalement, un grand merci au traducteur. Ce qui était un bouquin anglais pénible à lire, était devenu un bouquin français plaisant à lire.
J’avais déclassé Fitzgerald derrière mes favoris en commençant par Steinbeck, puis Hemingway, Jimmy Jones, Irwin Shaw et d’autres, même après Asimov, je l’ai donc réévalué.
Vous avez raison la traduction peut faire une grande différence dans un sens comme dans l’autre.
@ breizmabro et @ Achille
Faire du neuf avec du vieux et prendre Emmanuel Macron comme exemple, c’est déjà dépassé, puisqu’hier il était accolé à Marseille à M. Guérini. Déjà un premier faux pas.
@ Claude Luçon | 18 novembre 2016 à 15:08
« Le français est la langue de la littérature, l’anglais celle de la technologie. »
Il me semble que vous oubliez que l’Angleterre n’est plus sous gouvernance normande et a pris depuis quelque temps son indépendance.
Shakespeare, Yeats, Dylan Thomas, Melville…
@vamonos | 18 novembre 2016 à 07:36
Le 18 juin commémorons Patay !
Il semble que Monsieur Bilger ait trouvé le mot juste, « débraillé », ce que Littré définit comme « négligé et trop libre en parlant des personnes et des manières. » Cette pratique s’inscrit dans le cadre d’un mouvement de démolition de la société française, initié dans les années soixante et dont ont parlé des auteurs beaucoup plus compétents que je ne le serai jamais. Cette façon de se négliger commence à l’école. Aucun des hussards de la République de la grande époque ne se serait permis de faire leur classe en jogging et savates, mal coiffés, pas rasés. Ayant perdu volontairement toute autorité et déplorant aujourd’hui le résultat qu’ils ont cherché. Abandonnant le devoir de transmettre et d’enseigner en demandant à l’élève de réinventer au nom du soi-disant développement de sa personnalité. Les fautes d’orthographe se multiplient. Le cours d’histoire, c’est le Lycée Papillon. La langue a déraillé. Elle est « débraillée » parce qu’elle n’a pas été enseignée.
@Lucile | 18 novembre 2016 à 18:05
« Cosi fan tutte (« Ainsi font-elles toutes »). »
Pardon, pardon… De même que la traduction de « La donna è mobile » est « La femme est une mobylette », la traduction de Cosi fan tutte est Toutes des salopes. Comme quoi, on fait bien de garder l’original italien.
@ Charles | 18 novembre 2016 à 19:09
« Il me semble que vous oubliez que l’Angleterre n’est plus sous gouvernance normande et a pris depuis quelque temps son indépendance. »
Plus angevine que normande, les Plantagenêt étaient angevins, ils gouvernaient de Chinon et deux d’entre eux ont leur tombeau à l’Abbaye de Fontevraud, en Anjou, Henri II et Richard Coeur de Lion et leurs épouses.
Nous Angevins n’aurions jamais dû les laisser prendre leur indépendance, il n’arrêtent pas de nous casser ce que vous savez depuis…
Shakespeare, Yeats, Dylan Thomas, Melville… ce qui n’empêche pas que l’anglais soit plus une langue pour la technologie que le français
@ Exilé | 18 novembre 2016 à 17:54
« Ce terme « technologie » n’est pas français, en principe nous devrions employer le terme « technique » »
Allons bon, j’ai passé une très longue existence à me fourvoyer !
Il va falloir que vous préveniez Robert, Hachette et Larousse, voici ce qu’en dit Larousse :
« Nom féminin. Etude des outils, des procédés et des méthodes employés dans les diverses branches de l’industrie. »
N’oubliez pas d’informer l’Académie française ! Et méfiez-vous, les féministes risquent de vous tendre un traquenard pour leur voler un contrôle de nos industries.
Pour Technique, Larousse a plusieurs explications, la première étant : qui appartient en propre à un art, à une science, à un métier.
Quand je pense que mon épouse me traitait de « pinailleur » ! Dommage qu’elle ne vous ait pas connu, j’aurais eu la paix lorsqu’elle aurait constaté mon amateurisme sur le sujet par comparaison.
@ Robert Marchenoir | 18 novembre 2016 à 20:31
Il y manque 3 mots : « (tutte stronze) tranne mia madre »…
Ce billet pourrait bien se réduire à cet essentiel : « Tous coupables, tous responsables. Le débraillé politique, médiatique, culturel, sportif, de la langue, la facilité avec laquelle on trouve toujours de bons motifs pour justifier ses imperfections, sa maîtrise médiocre, la démagogie qui fait croire que le négligé et le grossier sont de la spontanéité et le relâché du jeunisme – tout, aujourd’hui et depuis longtemps, concourt à la dégradation de notre langage, de notre style, de notre oralité, donc de ce que nous sommes.
[…]Si chacun, modeste ou non, cultivé ou non, n’estime pas de son devoir de parler et d’écrire le mieux possible. »
Il est bien loin le temps où les titulaires d’un « simple CEP » avaient une écriture riche et respectueuse des règles et des connaissances qu’ils avaient envie d’améliorer leur vie durant.
A présent nous sommes face à un sabir pratiqué par les élites qui croient ainsi « faire peuple ». Et le débat d’hier soir en a été un exemple avec l’oubli des formes négatives et j’en passe, quand ce ne sont pas des contresens et une maîtrise du vocabulaire parfois approximative.
Alors quand des présentateurs nous serinent à longueur de commentaires du « c’est quoi le… », j’avoue que je réagis toujours par un vocabulaire peu châtié tant mon poil se hérisse !
Lucile nous dit en parlant de notre langue « Elle me paraît résulter d’un mariage entre la vivacité populaire et la superbe aristocratique. »
Magnifique !
A lire les aristocrates du grand siècle en « original’, on s’aperçoit qu’ils se fichaient bien du français, notamment de l’orthographe mais aussi d’une bonne partie de la grammaire.
Ceci dit, pour intervenir sur le sujet proposé, on a intérêt à aiguiser les crayons, et je vois que c’est ce qu’a fait bon nombre d’entre nous.
Le niveau monte et les complexés peuvent faire un stage…
Cependant, si le français était devenu la langue diplomatique, c’était pour sa richesse et surtout la précision de son vocabulaire. On rappellera tant on ne le fera jamais assez, que c’est Clemenceau qui nous fit perdre cette part de gloire lors du traité de Versailles, pour montrer qu’il savait parler l’anglais.
Or, la précision du vocabulaire a commencé à se perdre avec l’athéisme pour en arriver aujourd’hui à entendre un académicien faire un livre sur l’âme sans savoir que l’âme se définit par ce qui sort du corps.
Pour ce qui est de l’Esprit, ça ne vaut pas beaucoup mieux et ainsi de suite jusqu’à ce que les mots âme et spiritualité disparaissent du vocabulaire usuel, en laissant aux oubliettes ce que fut l’ensemble du langage religieux.
Ensuite, c’est le mot « honneur » qui disparaît en laissant de Cyrano de Bergerac seulement la belle gueule de Gérard Depardieu.
Et ainsi, on ne perd pas seulement notre langue, mais ce qu’elle exprimait, et au point même qu’ignorant le contexte historique et psychologique des temps, on ne sait plus ce que portaient les mots employés par nos aïeux du 19ème siècle.
Par contre, il faut reconnaître que si prononcer le mot c.. valait une paire de baffes bien sentie à l’enfant des années 50, il est devenu le mot le plus usité de la langue française, et que mesurer sa profondeur relève de la mystique.
Enfin, tout cela sera peut-être devenu sans objet dans un siècle, car notre intelligentsia médiatique (pléonasme) s’acharnant à nous asséner des intervenants aux noms arabes à tout propos pour, en bons humanistes de gauche, nous faire avaler que les nations n’existent pas, les Français – que dis-je – les habitants de la France, parleront l’arabe.
@Lucile
Je répondais à Claude Luçon qui dans son commentaire précisait les conditions d’une supériorité ciblée, en illustrant avec l’exemple du livret d’opéra. Veuillez excuser le manque de précision.
Dans le langage populaire, je constate que vous en connaissez un rayon notamment en réponse à Robert Marchenoir. Pour le moment pas de problème (no problem) c’est Chopin et ses nocturnes.
@ calamity jane
Ma maîtrise de la langue italienne repose sur l’utilisation intensive du dictionnaire. Bonne écoute de Chopin !
Promis, nous allons nous efforcer de bien traiter ici la langue française… aidés en cas de besoin par la bienveillante vigilance de Mme Bilger.
C’est dans La Guerre et la Paix que Tolstoï adresse un beau compliment, indirect, à notre langue. À tous les coins de chapitre, on rencontre des aristocrates qui parlent et comprennent le français.
En pleine guerre contre le « monstre corsicain », le prince André descend en Autriche non loin de la bataille, chez Bilibine : « …il lui était agréable… de parler sinon russe (ils s’entretenaient en français) du moins avec un Russe… ».
Il y a deux siècles, la francophonie n’avait pas été inventée mais des régiments de gouvernantes françaises faisaient un travail magnifique à Saint-Pétersbourg.
« J’entends bien qu’il y a sans doute des défis plus plausibles et plus urgents à relever… »
Certes, mais ces défis sont-ils pour autant un obstacle à ce que, concomitamment, une politique efficace de défense de notre langue soit menée ? Et cette défense de notre langue, partie intégrante et non la moindre de notre patrimoine, n’est-elle pas elle-même un défi important à relever ?
Je crains malheureusement que cet objectif ne soit plus de nos jours considéré comme prioritaire. Bien parler ou bien écrire n’est plus essentiel. A partir du moment où ce que l’on dit est compréhensible, qu’importe la manière dont on l’exprime ! Allons droit au but, efficacité avant tout !
La langue constitue-t-elle une obstacle ? Alors on agit avec elle comme on a agi par exemple avec l’orthographe. Plutôt que de chercher à mettre l’individu à niveau, on préfère simplifier la matière. La facilité plutôt que l’effort.
Et c’est ainsi que progressivement, comme tout patrimoine mal entretenu, notre langue, du fait d’une « façon déficiente dont les Français la parlent ou l’écrivent » pour reprendre les termes de Michael Edwards, dépérit.
@Claude Luçon
« L’anglais est plus une langue pour la technologie que le français »
Je ne vois pas ce qui peut justifier une telle assertion, car à chaque mot ou expression technique en anglais correspond exactement un mot ou une expression en français, sans aucune ambiguïté.
Si un anglais vous parle de « circuit breaker », vous comprenez qu’il s’agit d’un disjoncteur, et non d’un interrupteur, car il aurait dit « switch ».
Et si vous êtes matelot et que le capitaine vous ordonne « wear ship » vous comprenez aussitôt qu’il faut virer lof pour lof et non vent debout (« tacking »).
Le langage technique existe dans les deux idiomes, sans aucune suprématie.
@ Xavier NEBOUT | 18 novembre 2016 à 22:55
Je vois que vous vous intéressez à l’âme et à sa définition puisque vous critiquez François Cheng qui en donne une version chinoise directement inspirée du Tao et donc nécessairement différente de celle que donne la chrétienté. Vous remarquerez que Cheng ne parle jamais de Dieu mais du Souffle Vital, le Tao pour les chinois.
Un point de vue qui change du nôtre, et toute la richesse d’une certaine diversité.
Sur le sujet corps, âme, esprit, je vous signale un excellent ouvrage d’un non moins excellent anthropologue, mais peut-être le connaissez-vous.
Il s’agit de :
La drachme perdue. L’anthropologie « Corps, Ame, Esprit » expliquée, de Michel Fromaget aux Editions Grégoriennes, 2010, 223 p.
Un ouvrage un peu ardu, en tout cas pour moi, mais passionnant.
L’auteur apporte un éclairage intéressant sur la façon dont les pères de l’Eglise et notamment saint Irénée de Lyon ont présenté l’homme en trois dimensions. Il effectue aussi le lien entre cette approche et celle des grandes traditions spirituelles.
Ceci dit sans pédanterie, l’intérêt d’un blog est non seulement d’échanger des opinions politiques, mais aussi parfois des informations culturelles ou autres qui peuvent nous faire avancer dans notre réflexion.
Je ne suis pas plus fier d’avoir lu cet ouvrage que de conduire mon Porsche Cayenne.
Je ne les ai faits ni l’un ni l’autre, et d’ailleurs je n’ai pas de Porsche Cayenne.
Bruno Le Maire a complètement raté les trois débats qui l’opposaient à ses adversaires. Il me fait penser à un coureur de 110 m steeple (pardon de 110 mètres haies) qui aurait mal franchi la première haie. Généralement il renverse toutes les autres et la victoire s’envole.
Pour lui 2017, c’est terminé. Il va lui falloir changer de coach (pardon d’entraîneur), refaire quelques réglages de ses starting-blocks (pardon ses cale-pieds) et je pense que pour 2022 il sera au top (pardon opérationnel) pour un nouveau challenge (pardon un nouveau défi) dans lequel il saura montrer cette fois-ci son self-control (pardon la maîtrise de ses nerfs).
Good luck (pardon Bonne chance) Bruno, le renouveau n’est pas pour tout de suite, mais cinq ans c’est vite passé.
Si j’ai bien compris, il n’y a pas un d’entre vous qui connaisse Michael Edwards.
Michael Edwards ?
Le skieur ou le poète ?! Les deux dans les hauteurs…
@ Savonarole | 19 novembre 2016 à 10:35
« Si j’ai bien compris, il n’y a pas un d’entre vous qui connaisse Michael Edwards. »
Hélas pour moi, j’ai failli le connaître.
Je m’explique. À partir d’une émission de La Grande Librairie, j’ai acheté son livre « Bible et poésie », pensant naïvement que la poésie aurait la part belle, et la Bible peut se prêter à ce jeu.
Un livre indigeste, confus, truffé de références aux versets de la Bible. Un livre pour un Bénédictin faisant retraite de mortification, ou faisant une rude pénitence.
Si la diversité de François Cheng est un enchantement pour moi, celle de Michael Edwards a été également un enchantement, mais au sens d’une plongée dans un sommeil profond.
Toujours et encore la perfide Albion.
@ Achille 19/11 10:29
Merci Achille d’avoir fait la brillante et humoristique démonstration que nous pouvons très aisément trouver un substitut parfaitement français et compréhensible aux termes anglais. Mais évidemment, cela demande peut-être en contrepartie d’abandonner une part de snobisme !
@ Tipaza
« Cheng ne parle jamais de Dieu mais du Souffle Vital »
Les mots : « âme », « esprit », « doucha » en russe, « ghost » en anglais (« Holy Ghost », le Saint-Esprit, « geist » en allemand) « psyche » en grec, ont tous le sens de souffle ou de respiration dans leur étymologie.
@ Achille | 18 novembre 2016 à 13:20
Si j’ai bien compris Macron ne s’aligne pas aux primaires il y va en direct.
@ Michelle D-LEROY | 18 novembre 2016 à 18:25
Le bel attelage que voilà en vérité 🙁
@ Tipaza | 19 novembre 2016 à 11:04
Je n’osais pas le dire, vous avez bien raison, la poésie anglaise c’est un five o’clock tea chez les aristos de la série « Downtown Abbey » : lyre, feu dans la cheminée, tout le monde en tweed ou queue de pie, cognac et soubrettes, avec en fond les images d’Epinal de la charge de la Light Brigade à Balaklava.
La poésie c’est pas leur truc.
Le pays de la poésie c’est la France, incontestablement, puis aussi l’Italie.
Un Portugais, Luis de Camoes et sa fantastique épopée « Les Lusiades », un Espagnol, Garcia Lorca…
Et sans doute l’Allemagne, jusqu’à ce qu’ils se soient mis des casques à pointe sur leurs crânes carrés.
@ Claggart | 19 novembre 2016 à 09:17
Donnez-moi les équivalents « exacts » de well logging, tool pusher, rockbit, pumping jack, derrick, blow out preventer…
(J’ai surtout sévi dans l’exploration pétrolière)
En France nous avons UN camion, eux ont soit un Truck, soit un Lorry, deux options, en fait une américaine, l’autre anglaise.
Essayez de traduire ce que dit un chauffeur de camion britannique en rogne contre son véhicule : « bloody lorry ! » « Camion sanglant » ?
Plus facile avec un chauffeur américain : « fucking truck » bien qu’en France on traduise l’acte par l’actrice dans ce cas en féminisant le camion.
En géologie nous avons « argile » eux ont « clay » et « shale » suivant la consistance.
En creusant un peu je pourrais vous aligner quelques autres cas, mais le nouveau billet de Philippe, 35 heures, va capturer toute mon attention, nos collègues commentateurs vont sûrement nous sortir quelques perles, et le sujet est plus d’actualité.
@ Exilé | 18 novembre 2016 à 17:54
« Par ailleurs, l’anglais est surtout une langue commerciale qui s’est introduite par une porte dérobée dans le domaine de la technique en ayant profité de la suprématie des États-Unis après les ravages créés aux nations européenne par les deux guerres mondiales… »
Tout à fait exact, ce fut en premier le cas dans le domaine aéronautique – suprématie des USA dans celui-ci à partir de la Seconde Guerre mondiale – et donc sa composante électronique. Cette dernière au fil du temps et des progrès, a conduit l’anglais à être la langue des informaticiens.
« En toute rigueur, la langue allemande est plus précise et rigoureuse que la langue anglaise dans le domaine de la technique »
Entièrement d’accord avec vous, elle comporte toujours des termes précis et non ambigus dans tous les domaines technologiques, ce qui est loin d’être le cas pour l’anglais. Fréquemment dans ce dernier un même mot englobe des définitions assez éloignées les unes des autres, seule la phrase dans lequel il est inséré permet de comprendre le sens de ce mot.
Je parle d’expérience ayant fait allemand en première langue pendant neuf ans, et de plus dans le cadre d’un cursus technique : ex ENP + prépa AM. A cette époque – années 50 et 60 – dans cette filière l’allemand était quasi toujours enseigné en première langue, car considéré comme la langue indispensable pour les techniciens et ingénieurs notamment en mécanique.
@ Claude Luçon |e 18 novembre 2016 à 18:13
« J’avais déclassé Fitzgerald derrière mes favoris en commençant par Steinbeck, puis Hemingway, Jimmy Jones, Irwin Shaw et d’autres, même après Asimov, je l’ai donc réévalué… »
Mon cher doyen, la littérature américaine des années 20 à 50 est à mon sens la meilleure produite par ce pays. Mais je me permets d’ajouter à votre liste des auteurs majeurs tels que William Faulkner, Erskine Caldwell et John Fante, les deux derniers sont souvent fort méconnus en France ainsi que James M. Cain : hormis « Le facteur sonne toujours deux fois » surtout connu pour son adaptation au cinéma, certes de grande qualité.
@Claude Luçon
Pour « derrick » on a « tour de forage ».
http://www.culture.fr/franceterme/result?francetermeSearchTerme=derrick&francetermeSearchDomaine=0&francetermeSearchSubmit=rechercher&action=search
Pour mémoire, la Commission générale de terminologie placée auprès du Premier ministre mais administrée par le ministère de la Culture avec l’appui de tous les ministères techniques, alimente une vaste base de données dans laquelle tous les mots « nouveaux » introduits grâce aux découvertes scientifiques ou par le biais de concepts novateurs (en économie, en sciences sociales, en environnement) dont beaucoup proviennent en effet de l’anglais trouvent leur équivalent en français.
In fine, l’Académie française valide les termes proposés et les définitions retenues par les experts.
Cette commission n’a pas d’équivalent dans d’autres pays hormis le Québec qui a cependant mis en place un système différent du nôtre.
Vous pouvez suggérer dans la « boîte à idées » des termes pour l’instant non traduits en français.
Poésies en anglais : John Donne (The good morrow), Oscar Wilde (The ballad of Reading goal), il faut bien choisir, il y en a tellement !
https://www.youtube.com/watch?v=jzMsO8c8eQQ
https://www.youtube.com/watch?v=LPBI6a03n5g
@Trekker | 19 novembre 2016 à 15:48
Claude Luçon et Trekker, je vous conseille Robert Penn Warren.
« Les fous du roi », dont on a fait un film célèbre, le bouleversant « Un endroit où aller », « L’esclave libre » et surtout « Who speaks for the negro ? ».
Il était tellement célèbre que l’US Mail lui a attribué un timbre poste, c’est l’Académie française des Américains…
Ses romans évoquent l’Amérique du peintre Edward Hopper, aujourd’hui disparue.
Pour les connaisseurs de cette immense nation on s’accordera tout de même à convenir que ce sont les rois de l’ennui et d’une certaine noirceur existentielle.
Avec une classe hors du commun ils nous ont éblouis de leur « stiff upper lip », leurs manières aristocratiques ou leurs éblouissantes représentations du prolétariat urbain.
Les Anglais c’est un monde à part.
Tout est triste chez eux.
Leurs héros sont souvent des losers, Lawrence d’Arabie, Cromwell, sans compter les personnages de Joseph Conrad, « Au Coeur des ténèbres »… »la Ligne d’ombre ».
À ce jour ils continuent à vénérer les espions de Cambridge, Philby, Blunt, MacDonald, Burgess et Cairncross, par devoir de réserve je ne peux vous donner le nom du sixième.
Peuple immense à qui il manque un Feydeau, un Courteline, un Marcel Aymé.
Pas étonnant que Michael Edwards se soit pris de passion pour la France.
Encore un brin de linguistique pour soutenir l’impossible angoisse des résultats de la primaire.
Chaque langue a son vocabulaire adapté à ses conditions géographiques et culturelles. On ne peut établir une hiérarchie en fonction de la richesse du vocabulaire.
Nous avons pour définir un cours d’eau, les mots de torrent, ruisselet, ruisseau, rivière et fleuve et un seul mot pour celui de neige, alors que les Inuits ont une quarantaine d’expression pour désigner la neige.
L’anglais fait usage de quelques mots d’une syllabe, on, off, up, down, go qui associés à d’autres mots aussi simples définissent une action. Le pragmatisme anglo-saxon et son efficacité dans toute sa splendeur.
D’autres langues comme l’allemand construisent des mots par assemblage de mots, donnant ainsi des mots d’une précision parfaite mais intraduisibles sauf à le faire par une expression.
L’exemple le plus poétique que j’ai rencontré est dans le chinois.
Il y a quelques années j’ai voulu essayer une langue non alphabétique, et depuis je suis (péniblement) des cours de chinois.
Lors d’une séance où il était question de culture et de coutumes dans les deux pays, France et Chine, le professeur, un Chinois, s’est brusquement tourné vers le tableau écrivant deux idéogrammes côte à côte, celui de l’homme et de l’arbre et nous a demandé la signification du nouvel idéogramme ainsi formé.
Après quelques secondes d’un suspense insoutenable, il est parti d’un grand éclat de rire en nous disant : « mais c’est l’idéogramme de la sieste, un homme couché sous un arbre ».
Vous avouerez qu’il y a dans cet idéogramme toute la poésie qu’on peut trouver en plus long, dans la nouvelle d’Alphonse Daudet, « Un sous-préfet aux champs ».
Les Chinois ont beaucoup à nous apprendre en poésie, et aussi en efficacité industrielle, mais c’est un autre sujet.
Bon c’était le clin d’œil et le sourire du matin avant les grimaces de ce soir devant les résultats.
@ Achille | 18 novembre 2016 à 13:20
Quand l’individualisme a mis le pied à l’étrier hier à Hollande, demain à Fillon, voire Juppé, quelqu’un d’autre ce soir nous a prévenus clairement, en nous conseillant vivement par un : « N’allez pas aux extrêmes ». Cette personnalité plus que bien d’autres a bien senti le grand danger aussi.
On y va tout droit en ayant sorti celui qui aura été massacré par la ligue TSS.
@ Lucile | 18 novembre 2016 à 14:02
J’ai voulu en savoir plus :
http://www.guichetdusavoir.org/viewtopic.php?t=27208
200 000 mots pour l’anglais contre 32 000 pour le français ! Etonnant ?
@ Merlot | 18 novembre 2016 à 11:36
Oui nous sommes nombreux à partager ce point de vue. Néanmoins, pouvait-on pour cette émission aussi parler de débat ? Certainement pas à mon sens. Certes D.P. aurait bien voulu installer (comme plus ou moins prévu) en fin d’émission des mini-débats entre les invités (du même bord faut-il le rappeler). Mais à part Pujadas animateur bien plus que Monsieur Loyal dans les sens premier et second ? Personne !!
Je pense vraiment que chaque auditeur souhaitait avoir des conversations – certainement pas un spectacle – avec chacun dans le but bien évidemment d’obtenir des éclairages voire des réponses ou début de réponses qui pourraient les aider à bétonner leur choix.
Pour ma part, j’aurais bien vu une grande table ronde avec un Maître de la conversation du style de F. Taddéï, ou même de notre hôte. Quitte à y passer la nuit !!
Au moment où j’écris, les résultats sont connus, et je ne peux m’empêcher de penser que les nombreux électeurs de gauche qui se sont invités ont obtenu ce qu’ils voulaient en entrant dans le poulailler de la droite et du centre. Provoquer un relatif effarouchement qui a conduit la droite à soutenir plus que de raison un François Fillon, afin de barrer la route avec plus de certitude à A. Juppé. Dans cet effarouchement, ils ont retiré des suffrages à Nicolas Sarkozy qui devait normalement – à mon avis – arriver dans une primaire de droite au minimum en deuxième position.
Conclusion : droite et centre ont gagné la première bataille en reléguant A.Juppé en second vs une gauche qui le voulait en tête. Cette dernière aura cependant eu la satisfaction d’avoir vu sortir Sarkozy.
@ Achille | 19 novembre 2016 à 10:29
BLM aussi bien que NKM ont beaucoup d’atouts pour occuper des postes élevés. Mais à génération à peu près équivalente, ils n’ont pas le plus – ce charisme – que dégage par exemple un Macron.
Valls est également sans charisme, même s’il le cache comme il peut.
A 47 et 43 ans, BLM et NKM vont très vraisemblablement s’employer à conquérir ce don, cet ascendant qu’en principe on ne reçoit que dans le berceau. D’ailleurs, celles et ceux qui l’ont, énarques ou pas, savent très bien l’exploiter en politique ou en entreprise…
@fugace
« Valls est également sans charisme, même s’il le cache comme il peut »
Pas d’accord. Valls sera probablement le prochain candidat sérieux et à suivre de la gauche plurielle, avec beaucoup de chances de reprendre l’ascendant, à condition que Hollande lâche l’affaire. Un gars qui a du punch là où Macron n’est qu’un petit minet frileux sponsorisé par maman, juste un beau gosse et baratineur à souhait mais qui se fera dégommer à la première occasion.
@fugace
« 200 000 mots pour l’anglais contre 32 000 pour le français ! Etonnant ? »
Il y a aussi beaucoup plus de vocabulaire en espagnol. Celui qui nous a restreints ainsi est Malherbe ; il a expurgé le français de quantités de doublons et de mots régionaux, dont on peut se faire une idée par exemple chez Rabelais. Je crois que c’est lui aussi qui a interdit les répétitions, alors qu’elles sont parfaitement admises en anglais par exemple. Notre langage a d’autres qualités. Il est grammaticalement sûr. Pas moyen, ou si peu, de donner une fonction hybride à un mot, de faire d’un nom un verbe ou un adjectif. Le pluriel est indiqué à maintes reprises dans la phrase, par l’article, le pronom, le ou les adjectifs, le nom et enfin le verbe. Il se répète au fur et à mesure de la phrase comme les rimes dans une poésie. Idem pour le genre. Le français est difficile à triturer, tout doit s’accorder, il y a chez nous cet accord parfait entre les mots et leurs différentes fonctions qui les fait concourir à la production progressive du sens ; c’est comme un cérémonial immuable, auquel on doit se soumettre sous peine de toucher à tout l’édifice. Du coup, on ne se sent jamais totalement à la hauteur.
D’accord avec vous pour le manque de charisme de Valls. Il est trop en force et en démonstration pour cela. Je ne suis d’ailleurs pas certaine qu’il en impose tant que cela à ses ministres.
@Lucile
« Il est grammaticalement sûr. Pas moyen, ou si peu, de donner une fonction hybride à un mot, de faire d’un nom un verbe ou un adjectif. »
Etes-vous si sûre ?
Lorsque j’allais en boum à 17 ans et que je disais à mon meilleur ami, premier de la classe, en avisant une jeune fille en fleurs : « Je danserais bien avec elle », il me rétorquait « Tu veux dire que tu danserais volontiers avec elle »…
Il avait remarqué à la fois mon manque de souplesse et l’impropriété de mon vocabulaire…
sbriglia@Lucile | 21 novembre 2016 à 11:54
Je ne parlais pas du sens mais de la fonction grammaticale ! En anglais un verbe + une préposition peuvent devenir un nom (cf le titre du fim traduit par « Le Messager » en français : « The go-between »).
Celui qui émettait aussi malicieusement des doutes sur votre capacité à faire danser les filles est-il resté votre meilleur ami ? Je l’espère, les vrais amis savent mettent en boîte sans vexer.