La gentillesse est-elle une faiblesse ?

Des sujets me viennent à l’esprit pour ce blog parce que, parfois, ils vont me permettre de m’élucider et de m’apporter, je l’espère, des réponses dont j’ai besoin.

La gentillesse fait partie de ces thèmes qui me passionnent et me confrontent à des positions dont aujourd’hui je ne suis plus très fier. En effet, j’ai longtemps appartenu à cette cohorte assez obtuse d’humains prenant la gentillesse pour de la faiblesse, consentant à en créditer seulement ceux qui ne disposaient pas de vertus plus essentielles et regardant de haut ces personnes vouées à être aimées pour leur sensibilité superficielle. « Comme il est gentil ! ». Aucune qualification n’était plus impitoyable que cet apparent compliment !

Je n’étais pas loin de me vanter de ce manque comme si une civilité basique était largement suffisante. Celle qui réduit l’attention à autrui à quelques signes et saluts sommaires, faciles et rapides à accomplir, donnant à bon compte l’impression d’être un homme aimable.

Rien à voir avec une authentique gentillesse faite d’écoute, de vraie considération et surtout de patience pour quelqu’un dont le défaut principal est de craindre l’ennui comme la peste.

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Aujourd’hui, les articles sur la gentillesse se multiplient, on en parle sans cesse, on nous intime soyeusement ou impérativement de nous y abandonner, de devenir autres, meilleurs grâce à elle et on y adjoint le culte de la douceur, l’éloge de la bienveillance et l’incitation à instiller en nous des dispositions aux antipodes de la virilité ostentatoire et des décrets d’autorité.

Comment ne pas percevoir le paradoxe entre cette invitation à la tendresse du coeur et à la dilection d’autrui d’un côté et le constat de ce que le monde, êtres et choses, a de dur et d’âpre de l’autre ? Ce hiatus entre le rapport de force en politique et l’infinité des jugements souvent impitoyables dans les domaines artistique, culturel, médiatique ou social et cette apologie permanente de la gentillesse ?

Je ne crois pas que cette dernière parviendra à compenser tout ce qui fait mal dans l’actualité, les tragédies, les monstruosités, le cours imprévisible d’un monde charriant trop souvent le pire, trop peu le meilleur. Au fond, n’y a-t-il pas dans cet étrange et surprenant écart l’envie éperdue de combler le gouffre entre ce que nous devrions et voudrions être et ce que nous sommes ? La gentillesse tant vantée comme une tentation pour nous faire sortir de nous-mêmes ?

La gentillesse est tout sauf une défaite. Elle requiert l’audace pour dominer les préjugés, celle de se sentir suffisamment fort pour accepter de sembler faible.

Je ne détesterais plus qu’on m’interpellât en me disant : « Que vous êtes gentil! ».

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Voir les Commentaires (23)
  1. Marc Ghinsberg

    Tout est affaire de circonstances, de contextes, d’interlocuteurs. Une manière de répondre à la question : se demander si on est utile à autrui en étant systématiquement gentil.

  2. hameau dans les nuages

    « Mon Dieu ! Un si gentil garçon ! » fut ce qu’entendirent mes parents lorsqu’ils annoncèrent au village que je voulais devenir agriculteur. J’eusse été accusé d’un grave méfait que cela aurait été la même réaction.
    Un demi-siècle plus tard, toujours agriculteur mais retraité, j’ai pu malgré tout conserver cette image du gentil mais pas couillon quand même. L’expérience. Les traits de caractère s’en retrouvent renforcés, en bien ou en mal.
    Au soir de ma vie, j’espère partir paisiblement… Gentiment…

  3. « Rien à voir avec une authentique gentillesse faite d’écoute, de vraie considération et surtout de patience pour quelqu’un dont le défaut principal est de craindre l’ennui comme la peste. » (PB)
    Quand on n’est pas pris dans des considérations de survie faisant qu’on peut échanger temps et ennui contre biens de première nécessité dans une file d’attente soviétique, le temps est la monnaie la plus précieuse du monde. Le temps est de l’argent mais surtout de la vie : tic-tac, tic-tac, le temps passé dans l’ennui pour des êtres éphémères comme nous, c’est comme les intérêts ajoutés à la dette, une perte dans la perte.
    De plus, quand on a un caractère impatient, l’ennui rend le temps perceptible, comme s’il vous collait à la peau : une glu ! Alors oui, l’ennui est à fuir comme la peste.
    C’est aussi, je pense, que comme notre hôte avait affaire et continue à soumettre à la question des gens peu ordinaires, les autres doivent lui paraître extrêmement fades voire superfétatoires à écouter.
    De même que des gens ne veulent pas se soumettre à la question avec lui, lui ne veut pas écouter certains. Cela me semble inévitable… Évidemment, d’un autre côté, la gentillesse qu’on peut avoir reçue, par exemple de sa mère, est susceptible d’incliner à écouter comme on l’a été, de façon inconditionnelle, dans des moments où le temps ou les barrières entre les êtres semblent suspendus. Je pense que dans ce post, notre hôte rend hommage à sa mère en creux comme il l’a fait auparavant de manière plus manifeste :
    https://www.philippebilger.com/blog/2023/06/le-mal-de-m%C3%A8re.html
    Mes paupières tombent, il est temps de dormir, j’espère avec de beaux rêves des chers disparus, ou d’autres ombres propices.

  4. Quel contraire utilisez-vous pour gentil ?
    Méchant, salopard, sans scrupules ?
    Être gentil c’est bien dans la mesure où on a un outillage, un matériau, qu’on a décidé de ne pas utiliser de manière fourbe et peu scrupuleuse. D’autres sont démunis de cet outillage et sont donc condamnés à être gentils.
    La gentillesse est donc une vertu, quand c’est un choix assumé de l’individu.
    Je reprendrai une phrase d’un de mes enseignants en économie à Strasbourg (que Philippe a bien connu…) : « On dit d’une fille qui n’a que cela qu’elle est gentille et d’un garçon qu’il est brave ».
    Ce qui pour moi est une erreur d’appréciation concernant les filles, tant justement, parfois peu gâtée par la nature (au sens des critères sociétaux), une fille qui est serviable (mais pas servile) et qui a une voix agréable devient belle et gracieuse, alors que certains canons de beauté n’ont qu’à ouvrir la bouche et parler pour devenir quelconques et totalement dénuées de charme.
    La gentillesse est donc un atout et souvent elle rend beau. Et être qualifié de gentil est un honneur.

  5. Quand bien même vous détestez que l’on vous dise « gentil » je vous le dis, et j’ajoute « suffisamment » fort pour ne pas être « que gentil ».

  6. Michel Deluré

    La gentillesse compte parmi ces qualités – telles la politesse, l’humilité, la douceur – que certains considèrent avec condescendance et évoquent avec ce petit sourire ironique aux lèvres, comme si elle était naturellement et inéluctablement l’apanage des faibles, une marque en quelque sorte d’impuissance.
    La gentillesse, qui n’exclut nullement la fermeté, est plutôt une grandeur d’âme qui nous éloigne d’une bassesse, d’une petitesse, qui ne nous priveraient que de ce dont on est digne. Loin d’être une faiblesse, je dirais même qu’il y a du courage à faire preuve de gentillesse.
    La gentillesse, c’est une attention portée aux autres, c’est en quelque sorte une élégance librement adoptée dans son comportement et qui permet de dire de celui qui en témoigne qu’il est quelqu’un de bien.

  7. « Gentil n’a qu’un oeil ! », et puis combien de fois ai-je entendu, devant une femme que la nature n’a pas trop gâtée, « elle est gentille… » sous-entendu elle n’a que ça pour la sauver. Forcément elle compense dans certains cas, pas toutes, certaines cumulent aussi avec acariâtres.
    La gentillesse ne passe pas dans le business, très peu savent s’en servir pour leur seul profit, ce sont les meilleurs, ils sont rares, mais là ce sont de gros calibres, j’en ai connus, il faut savoir le pratiquer sans jamais se trahir, au fond peut-être chez eux était-ce naturel, ou ils étaient d’excellents comédiens.
    La gentillesse, ne pas confondre avec la générosité, vaste sujet, être gentil n’exclut pas ce pourquoi vous êtes à votre place… Étrangler un sous-traitant tout en le laissant respirer et lui de penser que vous êtes gentil, vous l’avez laissé respirer.
    Le couillon est gentil dans l’âme, le simple d’esprit aussi, gentil c’est le vivre à 100 %, c’est extrêmement rare, il existe mille nuances du gentil, le vrai gentil n’a qu’un oeil.

  8. @ Giuseppe
    Pas hypocrite, ce n’est vraiment pas le comportement à adopter avec un tel billet.
    Pour preuve, deux femmes peu gâtées par la nature discutent, « tu te souviens quand nous étions jeunes, on voulait ressembler à Brigitte Bardot. Eh bien maintenant, c’est fait, on lui ressemble ».
    Par contre si une virago peut être esthétique en photo, quand elle ouvre le bec, le charme tombe.
    Et une femme moche qui en plus est une virago, il faut creuser pour y voir des qualités rattrapant ce dont la nature l’a dotée. Aimerait-elle la nature qu’elle ne serait pas rancunière…
    Je vous épargnerai divers exemples mais j’en ai quelques-uns en tête.

  9. Cyril Lafon

    La gentillesse devrait être le corollaire des relations humaines, le vecteur des interactions sociales, mais de quoi parle-t-on exactement ? De quelle gentillesse parle-t-on ? Attention car un excès de gentillesse, notamment dans le monde du travail, peut être aisément assimilé à de la faiblesse. Vous n’aviez pas tout à fait tort, Monsieur Bilger, d’avoir fait partie de la cohorte des personnes que vous évoquez.
    En effet, la nécessité de l’affirmation de soi, de la mise en avant de ses propres intérêts sans pour autant écraser les intérêts de l’autre, ne vont pas forcément de pair avec un excès de gentillesse.
    Ce trait de caractère, si moralisant soit-il, ne saurait être appliqué dans une circonstance donnée.
    Se trouver dans une boulangerie et ramasser une pièce de deux euros tombée de la poche d’une septuagénaire pour la lui rendre ou donner à une fillette les trois baguettes de pain posées sur le comptoir, trop haut pour ses bras courts, pour que cette dernière puisse quitter le magasin avec sa commande, relèvent d’une gentillesse remarquable et remarquée.
    Les deux faits ci-dessus décrits me sont arrivés dans deux boulangeries différentes, la caissière ayant dit à la fillette « Il est gentil ce Monsieur ».
    La gentillesse ci-dessus relatée s’applique dans des circonstances précises, dans un lieu donné et dans un contexte purement local. Il va de soi que dans de pareils cas où une situation précise survient dans une spécificité particulière, concernant peu de personnes en règle générale, ce trait de la personnalité se doit d’être mis en relief afin d’améliorer la cohésion de l’action qui se déroule.
    En revanche, dans un cadre donné où l’on interfère avec une entité sociale, une entreprise, un organisme administratif ou une personne relevant d’une autorité publique, à l’exclusion d’un lieu précis, la gentillesse dont on doit faire preuve n’est pas la même que celle ci-dessus décrite, ce trait de caractère ne requiert pas les mêmes dispositions d’esprit et fait appel à la prise d’autres initiatives et l’adoption d’autres comportements.
    La société génère trop de contrariétés et d’anxiété pour affronter ces dernières avec un excès de gentillesse, l’inscription dans les arcanes de notre société ne saurait être facilitée avec une gentillesse trop affirmée, cette inscription doit s’accomplir avec de la réflexion et la construction d’un parallélisme entre sa propre personnalité et les exigences de notre société.
    La gentillesse du client d’une boulangerie n’est pas la même que celle d’un citoyen faisant l’objet d’une réclamation administrative ou du justiciable dans un prétoire.
    Dans ces deux cas, l’on a affaire à un corps social pour des motifs soit indépendants de notre volonté, soit résultant de son propre comportement qu’on sait transgressif sans pour autant désirer les conséquences qui en découlent.
    Cette gentillesse prendra d’autres formes.
    Lors de la conclusion d’un contrat ou lors de la réalisation d’une action commune mêlant plusieurs personnes dont on ne connaît pas certaines, je ne suis pas sûr qu’un excès de modestie et de gentillesse garantira la réussite de votre démarche, cette réussite dépendra plutôt de votre intelligence émotionnelle, qui saura allier vos propres intérêts avec les intérêts des cocontractants et des interlocuteurs.
    Ici ne s’auraient s’appliquer une bienveillance particulière à autrui et une empathie exacerbée.
    Celui ou celle qui sera trop gentille pourrait être desservi par ses excès.
    Les nécessités de l’existence doivent permettre de pouvoir dire « non », exceptionnellement l’absence de gentillesse sera cette fois-ci légitimée.
    André Malraux, ministre de la Culture du général de Gaulle, avait dit un jour « seul un esclave dit toujours oui » !
    L’excès de gentillesse doit s’appliquer lorsque les circonstances s’y prêtent, à défaut, il est préférable de faire appel à son intelligence émotionnelle de manière à mieux percevoir les attentes des autres et adopter une attitude bien définie et appropriée à la situation donnée.

  10. Je me revois rigolard avec une amie à qui il m’arrivait régulièrement de dire, je l’aime bien, il ou elle est gentil. Invariablement elle me disait, Jérôme, ça ne suffit pas d’être gentil, et invariablement je lui répondais, ça me suffit, c’est une qualité trop rare.
    J’aime la gentillesse qui traduit l’amour de ce qui est paisible, harmonieux. La prévenance pour notre prochain, à commencer par ceux qui nous entourent. J’irai dans le même sens que vous stephane, la beauté n’est pas une question de canons du moment. Le sourire, la tendresse d’une voix, d’un regard, rendent bien plus beaux que des « beaux » ceux qui ne répondent pas forcément aux canons esthétiques.
    Il est un peu dommage, vous le soulignez très justement cher hôte, qu’être gentil soit confondu avec être c*n ou faible. C’est loin d’être le cas.
    Qu’importe.

  11. Xavier NEBOUT

    La gentillesse est de même nature que le sourire dont il est l’expression.
    Nous avons celui du commerçant qui est en forme de tiroir-caisse, le sourire moqueur qu’affiche le mauvais avocat à l’écoute de son adversaire, le sourire hypocrite du politicard pour qui tout regard est celui d’un électeur, le sourire servile que le fonctionnaire adresse à son supérieur, le sourire de la garce qui vous a couillonné, l’entendu en forme de cul de poule de madame pipi attendant la pièce, le sourire béat de l’idiot qui ne sait pas pourquoi il sourit…
    Et, comme on est dimanche, on n’oubliera pas le sourire du moine habité par la sainteté, car là est l’expression de la véritable gentillesse.
    Peut être était-ce celle du verbe qui guidait la pensée de notre hôte.

  12. Olivier Seutet

    La gentillesse est de la courtoisie, de la tempérance, de la bonté. Que des malotrus, des affamés du plaisir et de la consommation, des cyniques polarisés par leur nombril, prennent cette vertu pour une faiblesse n’a rien de surprenant.

  13. La gentillesse est l’arme préférée des hypocrites, des faux derches, de ceux qui veulent masquer leurs vraies intentions.
    Je me méfie toujours quand quelqu’un est réputé pour être gentil, en général, à force d’accumuler leur haine derrière un faciès gentil, il arrive un jour qu’ils craquent et dévoilent leur vraie nature, celle de la haine.
    Nous en avons fait l’expérience avec une connaissance maghrébine, qui se faisait passer pour un gentil, son sourire éternellement affiché, ses multiples compliments à notre encontre, trop de salamalecs, ça paraissait suspect, un jour il a explosé, son visage ravagé par la haine, des flots d’injures et de menaces ont révélé sa vraie nature de faux gentil : « racistes, colonisateurs », etc. tout le catalogue arabe antifrançais, une scène d’une violence inouïe envers nous.
    Un ancien d’AFN nous avait bien prévenu : « Méfiez-vous de ce genre d’individus, ils affichent de grands sourires, vous tendent la main, l’autre main derrière le dos avec un couteau ».

  14. La gentillesse, c’est la vertu dont font preuve vis-à-vis des inférieurs les misanthropes qui sont glaciaux avec leurs pairs : Léautaud était gentil avec ses chats, Talleyrand avec ses mitrons, Céline avec ses malades et Louis XIV avec ses carpes.

  15. Michel Deluré

    Est-il question de vertu qu’il est navrant de constater combien il en existe alors pour considérer que ceux qui en témoignent ne seraient en fait qu’imposteurs et n’useraient de ces vertus que pour faire illusion, par pur intéressement. Trop gentil pour être sincère, trop poli pour être honnête, etc. on connaît le refrain.
    Bien sûr qu’il existe comme en toutes choses des exceptions mais tous les hommes gentils sont-ils pour autant insincères ? Faut-il porter sur la race humaine un jugement bien sévère et désespérant pour ne la considérer dans ses comportements comme ne pouvant être que systématiquement fourbe, malhonnête, hypocrite ?
    Tous les êtres humains ne sont pas vicieux et heureusement nombre d’entre eux s’attachent à agir vertueusement et n’en sont que plus humains, plus forts, plus respectés. Mieux vaut montrer l’exemple de la gentillesse que la honte de la noirceur, mieux vaut d’être admiré pour sa gentillesse que méprisé pour sa rudesse.

  16. @ sylvain
    Vous m’avez convaincu.
    J’en connais qui étaient tellement gentils qu’ils se sont fait aider par des voisins au niveau financier et logement.
    Jusqu’au jour où la maison a été totalement vidée en l’espace d’un week-end et que bien que les « bons samaritains » soutenaient que c’était impossible que cela vienne de ces gens si gentils, ils ont dû se résoudre à la triste réalité au vu des éléments accablants.
    Ceci étant, les voisins n’étaient eux pas si gentils que cela, puisqu’ils touchaient des indemnités de la part d’associations de gôche.

  17. hameau dans les nuages

    @ sylvain | 04 août 2025 à 09:05
    Chien qui aboie ne mord pas. Méfiez-vous des silencieux. 🙂

  18. Ce billet, Monsieur Bilger, nous sort de la politique pour entrer dans la nature des relations sociales directes entre individus.
    Dans leurs commentaires, Cyril Lafon | 03 août 2025 à 17:08, Olivier Seutet | 03 août 2025 à 18:27 ou Metsys | 04 août 2025 à 09:41 me semblent avoir exprimé l’essentiel.
    Ce mot « gentillesse », rejoint d’autres comme il y a quelque temps le mot bienveillance qui sert à justifier le rejet de toute expression d’autorité dans les rapports sociaux. Sorti du contexte qu’il avait, le mot de bienveillance est devenu l’expression d’une forme de démagogie, par peur du traumatisme que, par exemple, une mauvaise note pourrait avoir sur un élève, lycéen ou étudiant. Ce qui conduit à l’attribution du baccalauréat aux fameux 92 % d’une classe d’âge de lycéens, avec à la clé la dévaluation de ce diplôme et l’exigence d’en bénéficier de la même mansuétude considérée comme droit pendant les études supérieures et l’illusion qu’avec ces titres tout prétendant à un emploi pourrait formuler des exigences extrêmes.
    La gentillesse ne saurait être autre chose que l’expression d’une relation sociale apaisée. Dans le contexte actuel d’une violence de plus en plus exacerbée, sa mise en exergue risque fort de ne la faire considérer que comme une expression de faiblesse.

  19. « Comment ne pas percevoir le paradoxe entre cette invitation à la tendresse du coeur et à la dilection d’autrui d’un côté et le constat de ce que le monde, êtres et choses, a de dur et d’âpre de l’autre ? Ce hiatus entre le rapport de force en politique et l’infinité des jugements souvent impitoyables dans les domaines artistique, culturel, médiatique ou social et cette apologie permanente de la gentillesse ? » (PB)
    Sans oublier le Législateur républicain – encore lui – qui dans sa prose prolifique en matière de codes divers divers touchant parfois à des sujets qui ne le regardent pas, considère sans aucune bienveillance qu’il n’existe pas de braves gens mais uniquement des délinquants ou des criminels en puissance qui s’ignorent, à commencer par ceux qui sont contraints par la force des choses d’ignorer la majorité des 354 223 articles de lois et règlements existant en 2024 au pays des fous.
    « La gentillesse est-elle une faiblesse ? » (PB)
    Le commissaire est bon enfant, nous dit Georges Courteline.
    Mais est-il gentil pour autant ?
    La République est bonne fille, nous dit la propagande.
    Mais est-elle gentille pour autant ?
    Seuls pourraient nous le dire les paysans, du moins ceux qui ne se sont pas suicidés par centaines.

  20. La gentillesse est certes une qualité si elle est sincère et sans arrière-pensée. Néanmoins, elle a ses limites, notamment avec les personnes sans scrupules et manipulatrices qui pourraient prendre cela pour de la faiblesse en abusant de votre bonté.
    En outre, force est de constater qu’il existe dans la vraie vie beaucoup plus de faux gentils que d’authentiques…
    Combien de criminels en particulier, avant d’être démasqués : violeurs, pédophiles, infanticides etc. passaient auprès de leur entourage pour de braves gens sans histoires plutôt gentils et appréciés par tout le monde comme dans l’affaire Daval*…
    * »Jonathann Daval est décrit par un proche comme quelqu’un de « taiseux, très timide mais gentil », « profondément dévoué aux autres ». Selon ses collègues et la direction de l’entreprise où il travaille, c’est un garçon « très apprécié » de la clientèle qui « donne entière satisfaction ». Ses beaux-parents le considèrent « comme [leur] fils », souhaitant à « tout le monde d’avoir un gendre comme Jonathann » [Maxime Chevrier, affaire Alexia Daval]

  21. Jean sans terre

    Qu’il est lointain le temps où la gentillesse désignait la qualité des gens de noble lignage.
    À songer combien la méchanceté partout s’est répandue et dans quelle disgrâce la France méchut, un regain de son emploi dans le langage, selon son sens originel, signerait la perspective d’une embellie au vieux pays des âmes bien nées.

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