La bande du Bellota contre Bruno Retailleau ?

Aucune hésitation à l’idée d’écrire un nouveau billet qui va concerner essentiellement Bruno Retailleau, ses soutiens, ses adversaires compulsifs ou masqués.

Parce que le ministre de l’Intérieur répond, par son action, à l’objection trop souvent entendue de sa prétendue absence de résultats. Il me suffit, par exemple, de faire référence à ses succès (évidemment relatifs) dans la politique du maintien de l’ordre, aussi bien pour la France, qui heureusement n’a pas été bloquée le 10 septembre, que pour la manifestation du 18 septembre. J’ai aimé que, dans ses diverses interventions au soir de cette dernière journée, il rappelle aux forces de l’ordre engagées et efficaces que leur seule finalité avait été de permettre l’exercice du droit constitutionnel de manifester, contre tous les casseurs et les Black Blocs.

Les propos d’un Jean-Luc Mélenchon, se vantant d’être un organisateur et un spécialiste du « bordel », sont alors d’autant plus scandaleux qu’il accuse le ministre de favoriser une violence collective qu’il prétend combattre. De telles attaques ne relèvent plus de la joute politique, même la plus vive, mais d’une mauvaise foi abyssale qu’aucun esprit partisan ne parvient à excuser.

La raison principale qui me conduit à proposer ce post est que, si l’information est exacte, je voudrais tordre le cou à un complotisme qui serait mis en oeuvre par la bande des quatre, familièrement nommée la bande du Bellota, du nom du restaurant parisien Bellota-Bellota. De la part de Sébastien Lecornu, de Gérald Darmanin, d’Édouard Philippe et du mauvais génie Thierry Solère, il s’agirait d’entraver autant que possible le futur de Bruno Retailleau dans ses visées présidentielles, que son socle ministériel demeure ou non (Le Monde).

Je prends toujours très au sérieux la politique politicienne, la « poloche » vulgairement qualifiée, parce qu’il ne faut jamais s’imaginer que le destin du pays est mis entre des esprits élevés et des mains nobles, pour ce qui concerne l’ambition de chacun. Il relève, au contraire, de coups fourrés et de la relégation de l’intérêt national au profit de calculs médiocres. Laurent Wauquiez n’est pas dans les quatre mais, contre BR, il fait tout ce qu’il peut dans ce sens !

Cette bande du Bellota mérite une appréhension sinon nuancée, du moins juste, pour ceux qui la composent et dont la réunion peut surprendre un naïf comme moi, qui ne cesse d’espérer que les amitiés politiques devraient parfois céder le pas à l’éthique.

J’ai déjà dit à quel point le rôle de Thierry Solère auprès du président de la République et du Premier ministre, hier officiel, devenu officieux, tout d’entregent, de connivence et de tentation, était choquant si on veut bien considérer qu’une personnalité multi-mise en examen n’est pas la plus appropriée pour des manoeuvres qui se rapportent à notre vie nationale. Je suis persuadé que Thierry Solère est sympathique, a de la faconde, n’est pas débordé par les convictions et qu’il est doué pour les complicités et fidélités amicales. Mais notre vivier est-il si pauvre qu’on soit obligé de faire appel, pour des tâches importantes, à des auxiliaires au moins discutables ?

Édouard Philippe est très habile, il flotte entre une vague loyauté – qui peut encore servir – à l’égard du président et l’envie de nous faire croire qu’il a mis de l’airain dans sa souplesse et que le Premier ministre d’hier, avec ses erreurs qui ont fait mal, fera surgir en 2027 un chef dont on cherche encore « le programme massif » et une illustration plus revigorante que celle qui l’a conduit à être modeste et pédagogue durant le fléau du Covid…

Gérald Darmanin, dans cette équipe, me pose un vrai problème. Roué, politicien, ambitieux, habité, j’en suis sûr, par la passion d’une droite sociale et populaire, il est en même temps – j’ose le terme – un formidable garde des Sceaux qui n’a que le grand tort, aux yeux de ses adversaires et même, je le crains, de beaucoup de magistrats, d’avoir identifié avec pragmatisme les maux prioritaires de la Justice et de vouloir les éradiquer dans l’urgence. On est passé d’un ministre qui éructait contre le Rassemblement national à un ministre qui est celui de la Justice. Pour moi, il serait navrant que Gérald Darmanin, sans que je sous-estime ses desseins personnels, participât à une offensive concertée contre Bruno Retailleau. On n’est jamais trop, à droite, pour aller dans la bonne direction !

C’est aussi à cause de cette perception que je n’abonderai pas dans la description du profil d’un Sébastien Lecornu qui ne serait doué que pour les coulisses, les compromis et une politique à horizon « régionaliste », même s’il a été un remarquable ministre de la Défense et qu’il a encaissé avec classe certaines déconvenues gouvernementales.

Les Républicains attendent beaucoup de lui, et d’abord qu’il ne cède pas trop aux socialistes que je trouve de plus en plus mauvais dans leur fond et leur tactique – fascination/répulsion à l’égard de LFI – pour obtenir un accord de non-censure. Je refuse de tomber dans un sadisme anticipé, se délectant de l’échec du Premier ministre comme s’il était inéluctable – et même désiré.

Il me semble que cette description rapide d’alliés à la fois dissemblables et résolus montre à l’évidence qu’il serait inconvenant de leur part d’assigner l’objectif médiocre de briser net la chance, pour une droite authentique, non seulement de reprendre le haut du pavé républicain mais aussi de laisser espérer, pour 2027, son retour avec la certitude que, pour une fois, ses promesses seraient tenues.

Non pas forcément tous pour un, mais pas quelques-uns mus par des ressorts équivoques contre un.

Qu’on ne complote plus au Bellota, qu’on y mange !

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