Ionesco ou l’enfance du génie

Je m'étais promis de ne pas oublier mon billet sur Ionesco.

Je ne pouvais pas non plus oublier Ionesco, dramaturge génial et fieffé réactionnaire sur le tard. Surtout, pour l'anecdote, je lui suis reconnaissant puisque dans beaucoup de mes conférences j'use (j'abuse ?) de l'un de ses propos devant un public de journalistes : "Je demande à ceux qui partiront de le faire doucement pour ne pas réveiller ceux qui restent". Quelqu'un capable de cet esprit, déjà, mérite notre considération.

Mais il y a bien plus.

Le Figaro Magazine nous a révélé que quatre mois avant sa mort, Ionesco âgé de 84 ans avait adressé une lettre au pape Jean-Paul II en lui posant quelques questions fondamentales sur le sens de la vie, la mort, le malheur. Il avait écrit : "Votre Sainteté, pourquoi  le vieillissement ? Est-ce la volonté de Dieu ? Pourquoi les guerres si sanglantes ? Pourquoi aussi les catastrophes naturelles (eaux, feux) ? Je n'ai jamais résolu ces problèmes." Ionesco reçut une réponse insipide le 13 janvier 1994 du substitut du secrétaire d'Etat qui lui conseillait en substance : Lisez la Bible et mourez serein. Voilà qui aide ! Ce n'était pas tout – c'est Philippe Tesson qui nous le rapporte – puisque le 3 mars 1994, Ionesco, qui n'avait alors plus que 25 jours à vivre, reçut un courrier du cardinal Lustiger qui l'invitait à prendre contact avec son secrétariat, chargé de "lui apporter la réponse que vous souhaitez"…

Au moment de mourir, l'angoisse dominait-elle ou une forme d'apaisement ? Quittait-il cette précarité somptueuse et allègre qu'est une existence avec les larmes au coeur ou l'espérance dans la tête ? En tout cas, en faisant surgir cette enfance qui demeurait en lui, comme il avait visé juste, touché le coeur sensible du monde et de la condition humaine ! La simplicité de ses interrogations, l'évidence de ses doutes, l'inquiétude de ses pensées renvoyaient à ce qu'il y a d'intelligence candide, d'intrépide lucidité dans l'enfance qui, les yeux ouverts, interpelle l'univers pour le déchiffrer vraiment. Il y a de l'enfance dans tout véritable génie qui, écartant les faux-semblants de la complexité, aspire à affronter, dans sa nudité, le mystère de la vie, de la mort et de l'inconnu. La foi d'un Ionesco n'a pas emprunté des chemins buissonniers mais est venue sans fard ni honte questionner Dieu à travers "Sa Sainteté" sur le Mal, les désastres et la mort injuste de l'innocence. Il n'y a pas de problématique plus lancinante, plus bouleversante. On peut vivre toute une vie avec des croyances fragiles, des incertitudes honorables mais encore faut-il qu'on les prenne en considération, qu'on les accueille et qu'on les respecte. Une réponse qu'on décrète ne pacifie pas l'agitation d'un for intérieur écartelé entre une infinité de possibles et d'états.

Ionesco est mort sans avoir été écouté. Quelle tristesse de constater que seules ces missives bureaucratiques, administratives, sont venues étancher sa soif et rassasier sa faim. Au moins, on ne peut pas dire que le Vatican et le cardinal-archevêque de Paris aient fait un sort particulier aux célébrités, aucune religion de classe ! A l'enfance du génie, on a répliqué par la sécheresse froide d'un âge adulte très condescendant à l'égard de ces orages intimes si peu compatibles avec l'attachement inconditionnel dû à la transcendance.

Au-delà de Ionesco, je pense à toutes ces questions qui sont formulées dans la quotidienneté professionnelle de chacun. A un avocat : comment pouvez-vous défendre un criminel que profondément vous savez coupable et qui se déclare innocent ? A un magistrat : je ne pourrais jamais juger quelqu'un, comment peut-on condamner quand soi-même on est imparfait ? A un chef d'entreprise : n'est-il pas immoral de gagner tant d'argent quand tant de gens meurent de faim ? Et ainsi de suite… Interrogations basiques, moralisantes, gênantes sans doute mais qui méritent  toujours d'être prises au sérieux. Elles viennent heureusement titiller notre bonne conscience, mettre en péril ce sentiment que les seules bonnes questions sont celles que l'on se pose à soi-même. Ecoutons sans relâche et répondons comme on  peut.

A tous les Ionesco qui peuplent nos vies.

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  1. Monsieur l’Avocat général,
    Puis-je me permettre d’ajouter à ce billet deux documentaires actuellement diffusés sur France 5 ?
    Spécialement celui de la collection Empreintes, mêlant documents d’archives, historiques et artistiques, regards de metteurs en scène et commentaires, inestimables, de la fille de Ionesco.
    Très émouvant.
    L’homme y apparaît tantôt tel l’enfant – mutin – que vous décrivez, tantôt comme celui qui, ayant vu son père passer du nazisme au communisme, garda toute sa vie l’obsession de la liberté et la haine des idéologies.
    Quant à l’analyse qu’il nous livre de Rhinocéros, son applicabilité à notre époque est troublante.
    Sans oublier son rapport à la France, à ses origines, à la langue française.
    Qui permettrait d’alimenter de manière tellement plus fertile l’actuel débat sur l’identité nationale.
    Une belle leçon de vie et… d’histoire.

  2. Ne fallait-il pas lire un dernier cantique de l’absurde dans la démarche de Ionesco à l’aube de sa mort ? Si on relit son oeuvre, écrire au Pape est l’entreprise burlesque d’un homme malade, en revanche vos questions s’adressent à des humains faillibles, pas au représentant de Dieu sur terre. Vos doutes résument votre raison, vous êtes tout sauf un candide.

  3. Plus malin, Voltaire s’était directement adressé à Dieu dans sa « Prière » qui figure à la fin du « Traité sur la Tolérance ».
    Ionesco, originaire d’un pays ou la bureaucratie est envahissante, avait en quelque sorte « respecté la voie hiérarchique » en s’adressant à Jean Paul II.
    Etrange, qu’après tant d’années passées dans le camp de la Liberté, Ionesco ait eu ce réflexe d’apparatchik respectueux des circuits administratifs…

  4. @emmapeel
    J’ai recherché, sans succès, les deux documentaires auxquels vous faites référence ; en particulier, sur le site de l’émission « Empreintes », je n’ai trouvé aucune trace de cette émission. Auriez-vous plus de précisions (lien http, autres…) ?
    D’avance merci.

  5. A 84 ans, la démarche de Ionesco fait quand même un peu songer au jardinier qui plante un gland et demande au pépiniériste de service la recette pour en faire un chêne dans le peu de temps qu’il lui reste à vivre. Le miracle est chose naturelle en Dieu, sans doute un peu moins chez le Pape, d’où son renvoi, non pas à la somme de ses Encycliques, mais à la Parole et à la confiance, c’est-à-dire à la personne du Christ.
    On ne dira jamais assez combien la raison n’est en rien opposée à la foi. Elle permet de gravir vers elle bien des marches. La dernière est – véritablement – don de Dieu. A celui qui a faim et soif, il n’est demandé que de la demander, au seul à même de la donner. Il n’est assurément pour ce faire jamais, jamais trop tard.
    Bien à vous.

  6. Comme chaque fois, c’est la douleur partagée, avec ceux qui se retrouvent face aux questions fondamentales qu’on rencontre à l’adolescence.
    Que l’on choisisse de les assumer au quotidien avec un prix à payer exorbitant, ou qu’on les recouvre sous les poids conjugués des études, des émois, du quotidien, des excuses avec autour le bruit de la vie qui cache les peurs, elles sont et elles subsistent.
    Si la conviction de l’absurde l’emporte avec sa logique effrayante, commence alors une vie où la franchise que l’on se doit à soi-même devient le fil rouge, pas question de transiger, il faut tout assumer avec lucidité, courage, y compris « l’animalité » qui fait partie intégrante de notre être, tout un ensemble de contradictions.
    La solitude est forcément la première conséquence, la différence, comme toutes les différences, provoque le rejet voire les trahisons, seul l’humour rend la cohabitation possible, harmonieuse. L’âge venant, la peur inutile s’enfuit au fil du temps pour ne laisser que l’angoisse des autres, ceux qui nous ont reconnus, quelques-uns, très peu, chez qui nous redoutons les peines et les souffrances et tous les autres inconnus soumis aux mêmes usures du temps.
    Chaque matin, la sainte colère reprend, le monde n’a pas changé, ce doit être de notre faute, et jusqu’au dernier souffle, par cette humanité profonde qui nous habite, on trouvera la force d’être frères encore car au fond de nous « on a toujours vingt ans ».
    Le moment venu, nous partirons, comme nous avons vécu, sans réveiller ceux qui restent.

  7. Enfin, je retrouve un post à la pointe de votre style (je n’ose dire talent).
    J’ai souvenir d’une causerie d’André Frossard qui s’interrogeait sur le Mal, la douleur et la mort : il avouait sa pauvreté, son inaptitude à avoir une réponse mais, il espérait. J’imagine que Ionesco faisait de même.
    Pour répondre aux questions essentielles que chacun se pose inévitablement, je crois de plus en plus que l’on est seul ; c’est ma seule certitude.
    Merci à vous.

  8. « Au-delà de Ionesco, je pense à toutes ces questions qui sont formulées dans la quotidienneté professionnelle de chacun.
    A un avocat : comment pouvez-vous défendre un criminel que profondément vous savez coupable et qui se déclare innocent ?
    A un magistrat : je ne pourrais jamais juger quelqu’un, comment peut-on condamner quand soi-même on est imparfait ?
    A un chef d’entreprise : n’est-il pas immoral de gagner tant d’argent quand tant de gens meurent de faim ?
    Et ainsi de suite…
    Interrogations basiques, moralisantes, gênantes sans doute mais qui méritent toujours d’être prises au sérieux. Elles viennent heureusement titiller notre bonne conscience, mettre en péril ce sentiment que les seules bonnes questions sont celles que l’on se pose à soi-même. Ecoutons sans relâche et répondons comme on peut.
    A tous les Ionesco qui peuplent nos vies. »
    Autrement dit, vous posez la question de la Règle, cette Règle à propos de laquelle Ionesco dit dans son discours de réception à l’Académie française, « comment les règles deviennent terreur, comment la terreur redevient rhétorique. » A savoir, comment « beaucoup de critiques d’aujourd’hui […] partent de la théorie. […] se préfèrent eux-mêmes aux œuvres dont ils parlent. Comme le lierre entoure l’arbre, ils étouffent l’œuvre. La critique continue donc, mais mal. Il y a des critiques qui vous ordonnent de lire d’une certaine façon, qui serait la seule façon de lire. Ils vous donnent un modèle de la lecture. Il faut s’y conformer. Ne lisez pas l’œuvre, disent-ils, ne lisez que ma lecture, vous lirez ce que moi je pense de l’œuvre. On pourrait arriver ainsi à lire la lecture de la lecture de la lecture, etc. »
    Ce qui fait que selon le mot de Paulhan qu‘il cite « Les mauvaises critiques conservent l’œuvre comme le vinaigre fait d’un fruit ».
    Ainsi, « S’agit-il de Baudelaire, Sainte-Beuve le juge anormal, Faguet plat, Lanson insensible et Maurras malfaisant. De Zola ? Brunetière le dit ordurier, Anatole France stupide et Faguet voué à l’oubli. On prend communément Nerval pour un plaisantin, Renard pour un humoriste, Jarry pour un alcoolique et Marcel Schwob pour un vague érudit. Cependant, France tient que les poèmes de François Coppée ont illuminé son âge. Faguet s’émerveille de Richepin ; Barrès donne du génie à René Maizeroy. Maurras écrit sans rire : notre plus grand poète est Ponchon. Tant d’efforts et de soins pour en arriver là ! Comme si les critiques avaient du moins un trait commun avec les créateurs d’autant plus décourageants que plus on les encourage. »
    De même,
    selon la règle qui veut que le criminel soit condamné, vous vous étonnez de ce qu’il se trouve un avocat pour le défendre,
    selon la règle qui veut que  ce soit « celui qui n’ait jamais pêché qui jette la première pierre », vous vous étonnez de ce que des magistrats imparfaits se risquent à condamner l’imperfection,
    selon la règle qui veut qu’ « il convient de créer des richesses si l’on veut pouvoir les partager avec les autres. » vous vous étonnez de la coexistence de disparités scandaleuses, etc.
    N’est-ce pas cependant vouloir méconnaître là « l’incertitude de l’objectivité » – autrement dit encore de la théorie -, méconnaître, comme l’écrit encore Ionesco qui donne le primat à l’intuition, que « Tout n’est, en fait, que subjectivité. », et en définitive poser la question de notre perception en tant qu’ « ouverture primordiale au ‘monde vécu ‘ (au Lebenswelt) ».
    En effet,
    l’avocat ne perçoit pas le mis en examen comme criminel déjà condamné et les règles déontologiques de sa profession, à savoir en particulier son « obligation de moyens », lui prescrivent de mettre tout moyen de droit en œuvre pour la défense de son client.
    Le fondement de cette règle étant la FIDES, la bonne foi, à l’égard du client en général qui ne vient pas trouver en l’avocat son juge, mais celui qui va rechercher et mettre en œuvre dans la mesure du possible tout moyen visant le défendre et destiné sinon à le faire acquitter s’il y a lieu, du moins à améliorer la perception qu’ont du prévenu ses juges ( professionnels et simples citoyens ), notamment en distinguant de son crime, le sujet des « Elegii pentru fiinte mici (Elégies pour des êtres minuscules), ces poèmes dédiés par Ionesco à sa mère, et à tous ceux qui sont dans l’attente d’ « un matin de grâce », être minuscule lui-aussi saisi dans l’étau des représentants de l’Etat, étau que seul le droit justement appliqué, notamment sous les espèces des droits de l’homme, aura pouvoir de desserrer, et être minuscule dans lequel il ne convient pas de voir l’incarnation du mal absolu comme le font ceux qui se préfèrent à la Justice (par ex. les parties civiles, les tyrans etc.), à l’image des mauvais critiques qui se préfèrent eux-mêmes à l’œuvre…
    Le magistrat ne se perçoit pas comme le mis prioritairement en examen, mais avant tout comme le dépositaire de l’autorité, notamment républicaine, ayant reçu délégation du pouvoir de trancher, autrement dit encore, comme celui qui se sait ne pas décider en son nom propre mais au nom de la République et dans le respect et l’allégeance au pouvoir législatif à l’origine des lois qui devront être appliquées, ce qui implique leur connaissance exacte et non pas confuse, ainsi que parfois aussi leur interprétation et son risque intrinsèque, mais bon, trancher tout comme parler, c‘est risquer de dire avec toute la force et la puissance du Sujet.
    L’oubli d’un tel environnement complexe de la part d’un magistrat qui se préférerait lui-même à la République comme on peut le penser de votre collègue monsieur Courroye, nécessiterait que, tout comme celui qui, défaitiste, déprimé ou effectivement réaliste, jugerait de lui-même sa propre imperfection indigne de la confiance mise en lui et par la République et par ses concitoyens au point de ne plus pouvoir exercer sa mission telle que ces derniers souhaitent le lui voir exercer, il se repose.
    Enfin, le chef d’entreprise, ne se perçoit pas prioritairement comme créateur de misère, mais plutôt comme créateur de richesses, même si, mises à la disposition de chacun des êtres minuscules dont le mètre ruban indique une cote d’alerte lorsqu’on en mesure le faible petit bras, la richesse créée par un seul d’entre tous les chefs d’entreprise, fut-il Bill Gates lui-même, serait vraisemblablement insuffisante à redonner aux bras de chacun d’entre tous ces êtres minuscules, une épaisseur décente et salvatrice.
    Toutefois, l’inconscience relative à la déstabilisation du monde en général en ses divers aspects, notamment climatiques, par la création de richesses qui ne serait soucieuse que d’elle-même, représenterait pour elle-même son seul et unique but et, se préférant au bien être de tout autre forme d’existence croîtrait dans le mépris total de ces dernières, demanderait bien évidemment qu’on s’en occupe sérieusement comme par ex. dans le cas des actuels efforts en cours de limitation d’une croissance exponentielle du capital qui se nourrit de lui-même, à l’image, quelque part, d’une forme de cancer social, à peine de… ? Hum, je laisse chacun la liberté de compléter le développement de l’idée.

  9. A 84 ans ou à 10 ans, les interrogations sont évidemment les mêmes, les réponses sans doutes différentes.
    Le silence de la hiérarchie qui reçoit sur rendez-vous n’est à cet égard pas étonnant et sans doute Ionesco n’a-t-il pas eu la chance de lire tel livre, de rencontrer (en vrai) tel humain capable au moins de l’accompagner.
    La solitude que décrit si bien Yves n’est pas non plus une fatalité et la « sainte colère » permet aussi, heureusement, de changer les choses et justement de réveiller les endormis !
    Un conseil cinéma pour finir sur une note « rose » : allez voir le film d’Eric-Emmanuel Schmitt, « Oscar et la dame rose » tiré de son livre. Certains diront que c’est de la guimauve, d’autres comme moi diront que l’on est pas loin des interrogations éternelles de Ionesco. C’est émouvant, profond, bien écrit, un vrai conte de Noël qui finit mal (la mort est forcément au bout) mais qui finit bien aussi parce que le tout c’est de bien aller jusqu’au bout.

  10. @Christian C
    J’avoue ne pas comprendre.
    J’ai regardé ces deux documentaires en début de semaine ; ils étaient alors disponibles sur le site internet de France 5, rubriques « Documentaires » puis « Empreintes ».
    Ils ne le sont plus.
    C’est un documentaire consacré à l’acteur Michel Bouquet qui semble les avoir remplacés.
    Mystère…
    A suivre.
    J’espère toutefois que vous pourrez les voir. Les archives y sont de grande valeur, la pensée si libre et le questionnement stimulant.

  11. Ma modeste contribution aux grandes questions, cher PB.
    Nous sommes au centre, avec l’infini au-dessus et l’infiniment petit en dessous, l’origine des temps d’un côté, la fin des temps de l’autre… écartelé avec notre petite raison entre ces quatre axes aux extrémités impossibles à atteindre, ni même à concevoir.
    Comme le Christ sur sa croix, donc…
    Ne nous fatiguons pas trop par conséquent !

  12. Pierre-Antoine

    @PB
    Pauvre Ionesco ! Un enfant ? non, un ignorant.
    Un enfant, lui, se serait adressé directement à son père au lieu du représentant de commerce.
    Pauvre Ionesco qui s’est adressé au Pape.
    Dieu qui lui a donné des oreilles n’aurait-il pas entendu sa demande ?
    Dieu qui lui a donné une bouche, ne pouvait-il pas lui répondre directement sans intermédiaire ?
    Dieu qui lui a donné des mains ne pouvait-il pas lui tendre les siennes pour l’accueillir au seuil de l’éternité ?
    Le pape comme un bon représentant de commerce lui a recommandé de lire le catalogue, c’est très bien… mais il aurait dû rajouter d’aller directement voir le fabricant !
    Là au moins il aurait été sûr de ne pas tomber sur une contrefaçon…
    Lui le spécialiste des rapports humains paradoxaux, aurait dû se méfier des intermédiaires et aller directement à la source du savoir.
    Cordialement
    Pierre-Antoine

  13. Denis Monod-Broca

    Sur la tombe de Ionesco, au cimetière Montparnasse, on peut lire ces deux vers, sans doute écrits par lui, et que je lis avec plaisir chaque fois que je passe par là :
    « Priez le je ne sais qui,
    J’espère Jésus-Christ »

  14. C’est le genre de question que tout homme a un moment ou à un autre de sa vie se pose. Comment un Dieu à qui l’on prête toutes les perfections a-t-il pu créer un monde fait d’autant d’injustices, de cruautés et de vilenies et qui pourtant est une merveille de beauté, d’intelligence et de complexité.
    Pourquoi la fugacité de notre existence qui ne nous permet pas de véritablement comprendre la complexité de ce monde temporel.
    Pourquoi la vie et ce besoin irrépressible de s’accrocher à quelque chose qui nous dépasse et qui a conduit à la création des religions et des sectes.
    La Bible, je l’ai lue et relue. Je n’ai rien trouvé qui puisse ressembler à une réponse susceptible de satisfaire mes interrogations. Mais peut-être que la réponse n’est destinée qu’à ceux qui ont la foi…

  15. @ Isabelle Rambaud
    « le tout c’est de bien aller jusqu’au bout »
    Justement là est la véritable question, vouloir faire de sa mort comme la fin du film, une apothéose.
    Les morts qui ont jalonné ma vie étaient toutes idiotes par les souffrances qui les ont précédées et par le vide qu’elles ont engendré.
    Cela nous renvoie à Albert Camus :
    « Aller jusqu’au bout, ce n’est pas seulement résister, mais aussi se laisser aller. »
    ou bien : « C’est au moment du malheur qu’on s’habitue à la vérité, c’est-à-dire au silence. » et encore : « C’est facile, c’est tellement plus facile de mourir de ses contradictions que de les vivre. »
    et aussi : « Il y a seulement de la malchance à n’être pas aimé : il y a du malheur à ne point aimer. »
    pour finir : « Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux : c’est le suicide.
    Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue, c’est répondre à la question fondamentale de la philosophie. »
    mon cadeau pour ce soir :
    « Ce monde, tel qu’il est fait, n’est pas supportable.
    J’ai donc besoin de la lune, ou du bonheur, ou de l’immortalité, de quelque chose qui soit dément peut-être, mais qui ne soit pas de ce monde. » A.Camus.

  16. Pierre-Antoine

    @Gérard
    « La Bible, je l’ai lue et relue. Je n’ai rien trouvé qui puisse ressembler à une réponse susceptible de satisfaire mes interrogations. Mais peut-être que la réponse n’est destinée qu’à ceux qui ont la foi… »
    La bible est la source de la foi chrétienne, donc pas besoin d’en avoir pour la lire… Comme si vous disiez, il faut avoir de l’eau sur soi pour aller boire à une fontaine.
    Quant à la lire, j’oserai un conseil qui m’a été et qui m’est encore utile :
    « La bible je ne me contente pas de la lire, je la laisse aussi me lire… »
    C’est peut-être ce qui fait la différence entre ceux qui n’y trouvent rien et ceux qui y trouvent tout…
    Cordialement
    Pierre-Antoine

  17. Pierre-Antoine

    @Gérard
     » Comment un Dieu à qui l’on prête toutes les perfections a-t-il pu créer un monde fait d’autant d’injustices, de cruautés et de vilenies et qui pourtant est une merveille de beauté, d’intelligence et de complexité.  »
    Je poserai la question différemment :
    Comment l’homme à qui Dieu a donné un monde d’une telle et merveilleuse beauté, d’intelligence et de complexité a-t-il pu en faire un enfer ?
    Parce que Dieu dans son amour nous a donné aussi la liberté.
    Pas d’amour authentique sans liberté véritable, si vous en doutez faites appel à vos souvenirs d’adolescent…
    Il doit bien rester, comme en chacun de nous, un vieux rêve dont la flamme brûle encore un peu dans un recoin de votre coeur.
    Cordialement
    Pierre-Antoine

  18. @Pierre-Antoine
    « Comment l’homme à qui Dieu a donné un monde d’une telle et merveilleuse beauté, d’intelligence et de complexité a-t-il pu en faire un enfer ? »
    Je crois (!) qu’il faut écrire :
    Comment l’homme qui a fait du monde un tel enfer a-t-il pu concevoir un Dieu tout de bonté ?

  19. Je crois (!) qu’il faut écrire :
    Comment l’homme qui a fait du monde un tel enfer a-t-il pu concevoir un Dieu tout de bonté ?

    A contrario, Clafoutis, cela tend à montrer qu’il y a quelque chose en nous de plus grand que nous-même, en l’homme une soif d’absolu que rien ici-bas ne parvient à étancher.
    Pourquoi, comment ?
    Nous voici rendus au puits de la samaritaine…

  20. J’ai toutes les réponses à ces questions naïves, il suffit de me les poser…
    En revanche, il suffirait d’en faire une votation pour que les réponses soient rejetées.

  21. Pierre-Antoine

    @clafoutis
    « Comment l’homme qui a fait du monde un tel enfer a-t-il pu concevoir un Dieu tout de bonté ?  »
    Enoncé incohérent, illogique !
    Comme un mauvais arbre ne peut porter de bons fruits, l’homme avec ce qu’il a de mauvais ne peut créer un dieu aussi bon.
    Un mauvais raisin ne peut faire qu’une piquette !
    Un mauvais artiste ne peut faire qu’une mauvaise oeuvre !
    Mais je reconnais que l’homme s’est essayé à créer toute une sorte de panoplies divines selon ses désirs et ses phantasmes !
    Avec le résultat désastreux que l’on sait :
    « Un vide existentiel ABYSSAL que rien ne peut combler, ni les religieux, ni les philosophes, ni les intellectuels, encore moins les athées (eux au moins ont l’excuse de ne pas chercher à le connaître) !
    Seuls les enfants peuvent y arriver… comme cet enfant que Voltaire interrogeait en lui demandant « dis-moi où est Dieu », l’enfant lui répondit « dites-moi où il n’est pas » !
    Mais je crois que le véritable problème n’est pas l’existence de Dieu, mais sa transcendance.
    En effet c’est ennuyeux un Dieu qui a le regard sur ce que nous faisons et à qui nous devrions rendre compte…
    Vu l’ardoise que nous avons, je comprends qu’on préfère qu’il n’existe pas !
    Cordialement
    Pierre-Antoine

  22. @MS
    « A contrario, Clafoutis, cela tend à montrer qu’il y a quelque chose en nous de plus grand que nous-même, en l’homme une soif d’absolu que rien ici-bas ne parvient à étancher. »
    On dirait une pub pour une bagnole : « plus grande dedans que de dehors ! » La bouteille de Klein n’est qu’un paradoxe.
    Par ailleurs Caligula a étanché jusqu’à l’ultime sa soif d’absolu.
    @ Pierre-Antoine
    Et si la création de Dieu n’était que la dernière saloperie de l’homme, justifiant à bas coût (low cost) l’enfer qui le satisfait : un minimum d’investissement permettant un maximum de dividendes ?
    Bon courage (ou bonne digestion) à tous.
    Sans acrimonie !

  23. Pierre-Antoine

    @Clafoutis
    « Et si la création de Dieu n’était que la dernière saloperie de l’homme (…) »
    A condition d’accepter votre postulat, le dieu créé par l’homme ne serait toujours qu’une projection antropomorphique de ses espérances !
    Même si la fée qui vient rendre visite à Pinocchio pouvait donner la vie à nos idoles manufacturées, ce dieu ne serait qu’un avatar de nos désirs et non de nos espérances.
    Le seul ennui avec votre affirmation c’est que le Dieu qui veut se révéler à chacun est l’auteur de ces espérances.
    Comme le sceau sur le cachet de cire, son absence dans nos coeurs prouve son existence !
    Cordialement
    Pierre-Antoine

  24. On dirait une pub pour une bagnole : « plus grande dedans que de dehors ! »
    Il est tentant de mettre à notre portée en le rabaissant ce qui nous passe au-dessus de la tête. Le constat demeure : il y a en l’homme une soif d’infini, de beau et de vrai. C’est précisément sa négation extrême forcément au profit immédiat de fontaines plus desséchantes les unes que les autres (gloire, pouvoir, possession…) qui fabrique les Caligula et consorts.

  25. Jean-Dominique Reffait

    Rien dans l’oeuvre de Ionesco ne laisse transparaître le moindre souci de l’autorité institutionnelle, ce serait même tout le contraire qui est affirmé au long de pièces profondément politiques qui mettent à mal l’institution.
    La proximité du terme a-t-il conduit Ionesco à, finalement, se tourner vers des réponses officielles ? N’aurait-il pas été tenté, si la question le tenaillait véritablement, d’aller questionner un théologien, un mystique, tel Mitterrand qui rendait visite à Guitton ? Ne s’agit-il pas là, dans ces questions posées avec brutalité, d’une ultime manifestation d’indépendance et d’absurdité ?
    Quelles ques furent les motivations de Ionesco, que je ne crois pas assez naïf pour avoir confié sérieusement la résolution de telle questions au Pape, la réponse officielle m’apparaît comme une continuation de l’oeuvre de Ionesco ! Comme s’il rêvait d’une telle réponse, la hiérarchie religieuse l’a comblé au-delà de son attente, mettant un point final à sa relation non avec le divin, dont il espérait peut-être encore quelque chose d’inattendu, mais avec l’autorité humaine.
    Du fait de mon exposition internet en temps que franc-maçon, je suis très sollicité pour répondre à des questions, souvent les mêmes. Il y a celles, nombreuses, que j’évacue parce que leur formulation révèle une négligence de la pensée et des aspirations troubles. Il y a celles, parfois poignantes, de gens qui se croient véritablement persécutés par des francs-maçons, qui me tartinent des kilomètres de procédures judiciaires où ils ont vu la main de la franc-maçonnerie pour les ruiner. A ces vraies questions, je ne puis répondre avec raison, parce que mon correspondant ne peut plus entendre cette raison. Je suis souvent amené à botter en touche, je n’exprime pas de réserve sur ce qui m’est relaté même si cela ne relève à l’évidence que du fantasme, mais je me refuse toutefois à ne pas répondre. Par respect pour une angoisse qui s’exprime. Que répondre cependant ? Rien de satisfaisant je crois…
    Aux questions plus générales, du genre classique : « Pourquoi vous cachez-vous si vous ne faites rien de répréhensible ? », comme celles que vous évoquez s’agissant du métier d’avocat ou de magistrat, une réponse technique est impossible. Trop de paradoxes pour celui qui ne vit pas cet état. J’use alors d’analogies propres à être saisies. J’avoue que c’est compliqué mais j’affirme que cette difficulté à répondre sur ce qui relève de l’intime m’a contraint à m’interroger moi-même, à creuser les décalages qui pouvaient apparaître entre un engagement ordinairement vécu et la perception totalement décalée d’autrui.

  26. Peut-être Dieu n’aime-t-il pas moins ceux qui se brûlent un peu.
    Il est un brin révolutionnaire, ne l’oublions pas (un tiers environ).
    Ça me rappelle le refrain d’une jolie chanson d’Adriana Calcanhoto, en lien.

  27. Pierre-Antoine et consorts, c’est pas le sujet, on s’en fiche.
    Sauf mandat, « je m’en fiche » serait plus rigoureux.
    Quant au sujet, cf. l’épitaphe, c’est au moins l’objet.

  28. Pierre-Antoine

    @JDR
    Et que penser du petit commentaire détourné sur la franc-maçonnerie ?
    Tous deux acceptés par le webmaster, seul habilité à modérer.
    Cordialement
    Pierre-Antoine

  29. Jean-Dominique Reffait@Pierre Antoine

    Pierre-Antoine,
    Mon seul propos, dans mon commentaire, était d’illustrer du point de vue de mon expérience, le questionnement de Philippe : quel sort réserver aux questions gênantes pour lesquelles nous sommes mis face à nos contradictions, nos paradoxes. Je me trouve fréquemment interrogé à ce sujet. J’aurais pû être proctologue et avoir à répondre à d’autres questions, mais ça n’est pas le cas.
    Il ne me semble qu’il ne s’agissait pas de répondre d’urgence à ce pauvre Ionesco sur les fins ultimes – Cela fait un moment qu’il est au courant désormais – mais de considérer la sottise du processus de réponses administratives.

  30. Pierre-Antoine

    @JDR
    Et moi, cher ami, mes commentaires, illustrés du point de vue de mon expérience, n’avaient d’autre but que répondre à tous les Ionesco qui sommeillent en chacun de nous 🙂
    Illustrant ainsi la sottise du processus de réponses administratives (je rajoute) « religieuses ».
    Cordialement
    Pierre-Antoine

  31. Catherine JACOB

    « Dans beaucoup de mes conférences j’use (j’abuse ?) de l’un de ses propos devant un public de journalistes : « Je demande à ceux qui partiront de le faire doucement pour ne pas réveiller ceux qui restent ». »
    Hum! En vérité qui part sans bruit quittant ce monde où « Aimez-vous les uns les autres » (Jean, XIII, 34) devient, dans « Ce formidable bordel ! » : « Mangez-vous les uns les autres », ce monde dans lequel on passe en rêvant qu’il est beau, en croyant tout en ne croyant pas et en ne croyant pas tout en croyant, monde transitoire, passage obligé vers celui où Le Personnage ramasse en silence les feuilles et les fleurs tombées d’un grand arbre inconnu, puis les disperse à nouveau, ce monde où « le problème n’est pas résolu. » , où notre condition de prisonnier « explique l’impossibilité de concevoir et de connaître un monde qui, pour l’homme, est incompréhensible dans sa finitude et dans son infinité » tout « amputés (que nous sommes) de la possibilité de le concevoir parce qu’on ne peut concevoir le fini ni l’infini ni le ni fini ni infini. (Parce que) nous vivons dans une sorte de prison qui est une boîte. Cette boîte est emboîtée dans une autre boîte, emboîtée dans une autre boîte et ainsi de suite, (poupées russes) à l’infini. Et l’infini, je vous le disais, on ne peut pas le concevoir. Tout est inconcevable. »
    Et pourtant, le questionnement lui-même infini qui d’une question non résolue tire une autre question sans réponse, voici que l’adresse directement au Pape, au « pappas », c’est-à-dire aussi au Père par ces mots : « Votre Sainteté, pourquoi le vieillissement ? Est-ce la volonté de Dieu ? Pourquoi les guerres si sanglantes ? Pourquoi aussi les catastrophes naturelles (eaux, feux) ? », le successeur de Jean Paulhan à l‘Académie dont il souligne, qu‘ «il affirmait, ainsi, que la vieillesse est délicieuse, que la guerre est passionnante, que les justiciers sont injustes ou n’ont pas le droit de faire justice, que la mort est bonne et même que c’était une extase, que l’armée est une organisation parfaite (alors que tout le monde de son milieu et les officiers eux-mêmes la déclaraient mauvaise), » qu’il «  disait que les grandes personnes deviennent jeunes, que les hommes ne vieillissent pas, au contraire, qu’un bon syllogisme n’a jamais convaincu personne » qu’il « dénonçait les erreurs : par exemple, celle qui dit que notre esprit et nos sentiments deviennent moins vifs à l’usage. En effet, pour lui (celui dont on prend la succession comme le fils succède au père), la vérité était la somme de vérités contraires. »
    « Ionesco reçut une réponse insipide le 13 janvier 1994 du substitut du secrétaire d’Etat qui lui conseillait en substance : Lisez la Bible et mourez serein. Voilà qui aide ! »
    Pourquoi pas, Violette dans «Voyage chez les morts» ne reproche-t-elle pas à Jean : « Ne faites pas l’enfant et ne posez pas les sottes questions que tout le monde se pose (1341) »

  32. Pierre-Antoine

    @Catherine Jacob
    « Hum! En vérité qui part sans bruit quittant ce monde où « Aimez-vous les uns les autres » (Jean, XIII, 34) devient, dans « Ce formidable bordel ! » : « Mangez-vous les uns les autres » (…) »
    Bon promis après j’arrête !
    Le monde tel que je le connais et l’espérance telle que je la vis, me fait plutôt dire le contraire :
    Dans ce formidable bordel (!) où chacun se mange les uns les autres, il y a une parole créatrice qui a osé proclamer « tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lévitique 19:18 / Matthieu 19:19 / Matthieu 22:39 / Marc 12:31 /Luc 10:27 / Romains 13:9 / Galates 5:14), que Jacques dans son épitre (2:8) appelle la « voie royale ».
    Mais bon, de nos jours on réserve ces propos à la sphère privée… dommage, ça ne ferait pourtant pas de mal dans nos relations où on tire sur tout ce qui bouge…
    Cordialement
    Pierre-Antoine

  33. Catherine JACOB@Pierre-Antoine

    @Pierre-Antoine | 14 décembre 2009 à 19:31
    « « tu aimeras ton prochain comme toi-même » […] de nos jours on réserve ces propos à la sphère privée… dommage, ça ne ferait pourtant pas de mal dans nos relations où on tire sur tout ce qui bouge… »
    Le thème du présent billet proposant à notre réflexion l’appel au Pape d’un orthodoxe, pourquoi ne pas étendre le dialogue inter-religieux au bouddhisme.
    J’ai sans y penser entamé le commentaire auquel vous faites référence, par ce qui est en français une interjection destinée à exprimer une sorte d’interrogation : « HUM! », mais cette forme d’interrogation représente également une syllabe réputée produire un effet bénéfique. Autrement dit ce qu’on appelle un « mantra » du mot sanscrit qui signifie arme ou outil de l’esprit (manas), affecté du suffixe -tra, lequel par lui-même, signifie « protection » , d’où la définition généralement reçue pour ’mantra’ de « protection de l’esprit». Et c’est juste que, quelque part, le doute est une sorte d’état par lequel l’esprit se protège ou du moins se maintient dans une certaine réserve. On dit que la vibration représente le pouvoir de la résonance d’un son sur les gens et leur environnement indépendamment de son contexte culturel et linguistique.
    Ladite syllabe « Hum! » est donc réputée constituer : « un ’mantra armure’ qui vous entoure d’un champ de protection parfait et où H, l’aspiration pratiquement disparue en français à l’exception précisément de cette syllabe ‘hum’, signifierait « le Suprême », U « la puissance active du Suprême », M «ce qui dissipe tout obstacle».
    Autrement dit, alternative à la difficile pratique de l’amour du prochain qui sans phagocyter ce dernier le laisse libre d’absence de réciprocité, peut-être aussi un « Hum! » dont cet amour voudrait pour sa part que disparaisse la réserve. Du moins il me semble…!
    Ou encore, joignant le geste à la parole, ce signe que nous partageons avec les bouddhistes, du moins pour le rendu de l’aspect : http://mandalaya.com/josango.jpg , signe qu’ils nomment 浄三業の印 « JOSANGO » et dont la définition ainsi que l’usage qui en est donné sont ceux-ci : « Psalmodier en ayant formé sur (devant) sa poitrine le signe de « Jusango » qui représente un bouton de fleur de lotus en train d’éclore. Le temps d’une respiration profonde, des paumes des mains ainsi réunies monte le mauvais karma des actions passées qui s’échappera dans l’interstice laissé entre les extrémités des deux majeurs. ».
    Et tant qu’à faire, en commentaire de « Ionesco est mort sans avoir été écouté. » on peut sans doute encore attirer l’attention de tous ceux qui n’entendent rien, ne voient rien, se taisent quand ils devraient parler mais parlent pour ne rien dire, sur ce signe encore: http://mandalaya.com/naibaku.jpg Dans cette configuration les petits doigts (auriculaires) représentent les cinq organes des sens que sont les yeux, les oreilles, la langue, le corps à (toucher). L’annulaire que les japonais nomment « doigt des remèdes » représente la conscience. Il s’agit de prendre le contrôle en quelque sorte sur les affects douloureux par l’intermédiaire des doigts qui les représentent. Ce qui suppose que si nous n’entendons pas c’est que nous voulons échapper à la douleur d’entendre, si nous ne voyons pas c’est que nous refusons le douloureux spectacle qui s’offre à nous et que si nous restons insensibles ou si nous nous taisons c’est que la douleur est trop profonde…
    Telle celle qui s’exprime par ex. avec:
    Recueillement : « Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
    Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici : etc.» (Baudelaire – Les Fleurs du mal)

  34. J’ai été ravi de lire des commentaires qui volaient haut et j’en remercie les commentateurs en leur souhaitant de bonnes fêtes religieuses ou laïques mais toujours pleines d’espoir en l’homme, et la femme !

  35. Une réponse aux questions d’Ionesco se trouve peut-être dans la chanson en lien
    Se eu quiser falar com Deus
    Une traduction directe en français:
    Si je veux parler avec Dieu
    je dois rester tout seul,
    je dois éteindre la lumière,
    je dois faire taire ma voix.
    Je dois trouver la paix,
    Je dois défaire les nœuds
    des chaussures, de la cravate,
    des désirs, des craintes,
    je dois oublier la date,
    je dois perdre le compte,
    je dois avoir les mains vides,
    l’âme et le corps nus.
    Si je veux parler avec Dieu
    je dois accepter la douleur,
    je dois manger le pain
    que le diable a pétri,
    je dois devenir un chien,
    je dois lécher le sol
    des palais, des châteaux
    somptueux de mon rêve.
    Je dois me voir triste,
    je dois me trouver effroyable,
    et malgré ce si grand mal
    réjouir mon cœur.
    Si je veux parler avec Dieu
    je dois prendre un risque
    je dois monter au ciel
    sans cordes, sans sécurité,
    j’ai à dire « adieu »,
    tourner le dos, marcher
    décidé, sur la route
    qui au final ne va me mener à rien
    rien, rien, rien, rien,
    rien, rien, rien, rien,
    rien, rien, rien, rien,
    de ce que je pensais rencontrer.
    Si je veux parler avec Dieu…
    Cette interprétation a capela donne la chair de poule.
    Au Brésil naissent parfois des fusées culturelles. Gilberto Gil, le compositeur de cette chanson, n’est plus ministre de la culture mais encore une étoile.
    Elis Regina était un ovni. Sa mort pose encore question tant l’overdose était d’une quantité incroyable. Comme provoquée par quelqu’un qui n’a pas idée des ordres de grandeur de consommation de ces produits…

  36. Mon cher Philippe… Je ne voudrais pas vous paraître vieux jeu ni encore moins grossier. L’homme de la Pampa parfois rude reste toujours courtois mais la vérité m’oblige à vous le dire : votre Alex paulista et ses chansons brésiliennes commence à me les briser menu !

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