Emmanuel Macron : après, ce sera trop tard…

À peine ai-je eu envie de nous plonger dans un passé lointain pour déplorer cette journée de commémoration en hommage à l’innocent emblématique qu’était le capitaine Dreyfus – comme si l’Histoire ne l’avait pas réhabilité depuis longtemps – que je me suis senti saisi par le présent.

Notamment par cette adresse du président de la République, invité surprise pour les dix ans des « Jeunes avec Macron », les assurant « qu’il faudrait compter avec lui dans cinq ans, dans dix ans » (Europe 1).

J’avais immédiatement tweeté pour souligner qu’il restait un peu plus de deux ans avant la fin de son second mandat et qu’on attendait seulement de lui qu’il assumât le moins mal possible les tâches de cette période.

J’ai constaté avec plaisir qu’un ministre issu de sa propre majorité avait jugé cet engagement « indécent » en affirmant « qu’avant de se projeter en 2032, il faudrait peut-être penser à laisser le pays dans un meilleur état que celui dans lequel on l’a trouvé… »

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Ce qui ne serait déjà pas admissible de la part de présidents ayant été battu comme Nicolas Sarkozy en 2012, ou n’ayant pas pu, comme François Hollande, se représenter en 2017, le serait encore moins du fait d’Emmanuel Macron qui a eu la bonne fortune de pouvoir bénéficier de deux mandats – et il ira au bout du second – avec toute latitude pour mener à bien ce qu’il avait projeté ; ou ce à quoi il a dû s’adapter en raison de fluctuations dont il a été en grande partie responsable.

Si je devais faire preuve de compréhension, j’en userais au bénéfice du président socialiste qui tenaillé par la frustration d’avoir sinon un mandat, du moins une candidature « rentrée », n’a de cesse de tenter de persuader la gauche que son retour ne serait pas qu’un bonheur personnel.

Emmanuel Macron, lui, ne peut plaider que ses échecs ne dépendent pas de lui. S’il n’a pas été médiocre en matière de politique étrangère avec l’inconvénient, pour demeurer seul en majesté sur la scène internationale, de s’être privé d’un ministre d’envergure, ses insuffisances sur le plan régalien, malgré ses voltes tardives et à cause de choix ministériels contrastés et aberrants, ne sont imputables qu’à lui seul.

Aucune session de rattrapage n’a à être prévue en 2032 et il est de mauvais goût de laisser croire à un désir de lui au-delà du terme normal. Et de faire semblant de penser que l’exercice de son pouvoir, sur dix ans, aura été tellement gratifiant pour nous tous qu’une envie irrépressible de le voir revenir plus tard nous habitera.

Derrière ces péripéties, ces espérances trompeuses, qu’on veut faire passer pour les nôtres, cette volonté de mettre dans nos têtes la plausibilité d’une renaissance, il y a le syndrome de Charles de Gaulle, la mythologie du recours. Pour calquer cet épisode historique unique et exceptionnel, n’importe quel politique d’abord joue à se placer dans le sillage du « plus illustre des Français » puis se pique, sans qu’on l’ait sollicité, de se présenter en instance d’appel, en voie de recours, en seconde ou triple chance.

Mais le citoyen n’est pas dupe. Avant l’heure, c’est trop tôt. Après, c’est trop tard.

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Voir les Commentaires (29)
  1. « S’il n’a pas été médiocre en matière de politique étrangère… » (PB)
    C’est une plaisanterie, j’espère ?

  2. Xavier NEBOUT

    @ Jove
    Notre hôte est un fabuleux ouvreur d’esprit, mais côté politique, il a parfois la tête dans les nuages.
    Concernant l’avenir de Macron, la question est de savoir à quelle distance du fond de la poubelle de l’Histoire il se trouvera.
    Côté politique étrangère, la dernière a été son tour en carrosse et la farce de la défense nucléaire commune, pendant que les Anglais concluaient un accord avec Trump au terme duquel ils exportent des voitures aux USA, en échange de quoi ils leur achètent leurs avions.
    D’ailleurs, les Russes aussi n’ont plus besoin de nos Airbus, grâce à notre embargo, ils se les fabriquent tout seuls.
    Par contre, les Anglais nous achètent nos châteaux. Nous, on n’a plus les moyens de les entretenir pour en plus se faire escroquer à chaque génération avec les dits « droits » de succession.
    Ça nous fait de la balance commerciale. On n’exporte plus, mais on se vend.

  3. « Aucune session de rattrapage n’a à être prévue en 2032 et il est de mauvais goût de laisser croire à un désir de lui au-delà du terme normal. Et de faire semblant de penser que l’exercice de son pouvoir, sur dix ans, aura été tellement gratifiant pour nous tous qu’une envie irrépressible de le voir revenir plus tard nous habitera. » (PB)
    Difficile de tirer des plans sur la comète. Pour l’instant il reste un peu moins de deux ans de mandat à Emmanuel Macron qu’il effectuera « jusqu’à son dernier quart d’heure ».
    Qu’il ait commis des erreurs, en cela il ne diffère pas de ses prédécesseurs. Depuis le Général qui a été invité à démissionner en 1969, VGE qui a été battu après un premier mandat qui a bien dépoussiéré les institutions de la Ve République, Nicolas Sarkozy affaibli par les affaires, François Hollande dont les Français n’ont visiblement pas apprécié la « normalité ».
    Mais peut-être faut-il arrêter de ne voir que le mauvais côté des choses dans les actions du Président, comme s’y emploient avec un zèle frénétique les chroniqueurs de CNews.
    En 2032 nous verrons bien le bilan de son ou sa successeur(e). Alors seulement nous pourrons le comparer avec celui de EM.
    Sera-ce Marine Le Pen ou Jordan Bardella, comme semble nous l’annoncer les sondages ?
    Dans ce cas je pense que les Français pourraient accueillir la candidature d’Emmanuel Macron en 2032 comme une bénédiction car franchement j’imagine mal le ou la candidate RN être à la hauteur de la tâche qui lui sera confiée.
    MLP a déjà été battue trois fois car incapable d’avoir un programme cohérent, JB n’a aucune expérience et son charisme se réduit à un physique d’acteur de film d’action américain.
    Ce qu’il faut à l’Élysée ce n’est pas un Tom Cruise à la française, mais une forte personnalité capable de relever les énormes défis que l’avenir nous réserve. Et ces deux-là, manifestement, ne font pas l’affaire.

  4. hameau dans les nuages

    Vous connaissez sans doute la blague de Toto qui à l’asile promène sa brosse à dent au bout d’une laisse ?
    Le directeur de l’établissement le félicite sur la beauté de son chien. « Ce n’est pas un chien monsieur, c’est une brosse à dents ! »
    « Bravo ! Tu vas pouvoir retrouver ta famille ! »
    « T’as vu Médor on l’a bien eu ! » Toto s’adressant à sa brosse à dents en s’éloignant…
    On va vivre une époque formidable.

  5. xavier b. masset

    M. Macron se compare, se rassure, il ne voit pas pour quelle raison son historique trait décennal ne se prolongerait pas, vers 2032 en effet, comme une trace de craie sur le sol, ainsi que la police scientifique balbutiante le faisait lorsqu’elle détourait le corps d’une victime de la route électorale partie rejoindre la morgue, contours témoins de sa présence évanouie à peine effacés par le mauvais temps.
    Il croit deviner que la postérité ne retiendra rien de son testament politique, en partie à cause du faible niveau de l’offre philosophique de ses concurrents (la malédiction des débats auxquels madame Le Pen le contraignit le poursuivra encore longtemps).
    Comme Lénine, il met un malin plaisir à voir ses anciens petits protégés se disputer la part de clafoutis géorgien qu’il laisse derrière lui, dans le frigo de la cuisine de l’Élysée dont il garde la porte ouverte exprès la nuit.
    On n’est jamais à l’abri des voleurs – qui se disent simples visiteurs – de votre lieu de mémoire favori.
    Il jouissait d’un vrai soutien populaire, début 2017, à petites lampées composé des meilleurs des socialistes d’un PS qui avait déjà muté en un faux parti populiste de type mélenchonien dans l’âme, mutage qui les dégoûtait, lentement mais sûrement.
    Aujourd’hui, ne restent que des militants pâteux, qui crient au fascisme à la moindre alerte américaine, qui ne se gênent pas pour exiger un troisième mandat (voire un quatrième, à la F.D. Roosevelt), qui tiennent à le faire savoir dans leurs commentaires.
    La comparaison Macron/de Gaulle, très juste, me paraît restrictive, dans le miroir du président se pavanent des Churchill, des Nehru, des Suharto, des Trump, le pouvoir est toujours réfléchissant.
    Il n’eut pas à attendre longtemps son pronunciamento faiblement quarteronisé avec l’apparente rébellion de son CEMA de l’époque, le cas non traité de Sansal pourrait être le revers pittoresque d’une autre « détestable affaire » de 1965, le général, en conclusion de cet échec patent, avouant son « inexpérience » avec l’humour glacé d’une « lama femelle surprise dans son bain ».
    « Quand lama pas content de sa destinée, lama pas cracher sur une extension du domaine de sa suffragerie ». D’après Hergé.

  6. Découragement, avant tout.
    Europe marchande, idéologue, deux termes contradictoires qui plongent les populations, au moins française, dans le désarroi.
    Une fiscalité monstrueuse, résultat, encore, d’une idéologie distributrice qui a négligé les sources de financement ou gaspille à leur sujet.
    France déstabilisée, sans références, livrée à un être malin, content de lui, s’imaginant influent et faisant rire les épiciers.
    Évanescence d’une ministre qui tape du pied à propos de la dévaluation du baccalauréat, bradé par les enseignants goguenards et euthanasié par les consignes centrales.
    Recul de toutes les illusions de générosité qu’a entretenues la France par le pillage systématique de toutes les valeurs contributives, à en être à ne plus savoir comment finir le mois, tout en couvrant d’avantages les valets de pied.
    Et pour finir, cet homme, déjà sénescent, qui en appelle au patriotisme, fait sonner les clairons, crie « aux armes », devant le vide des spectateurs silencieux, comme des spectres de citoyens.
    Je repense à ce livre, presque introuvable en France, « Les Actes des Apôtres », où figure le fameux chapitre « Vous foutez-vous de nous ? », édition 1791.
    Difficile à lire quelquefois, car il est en français de l’époque. La jubilation n’en est que plus grande.

  7. Qui a travaillé dans la production de richesses sait que la seule boussole de la réussite c’est le résultat net !
    Le luxe en France se porte très bien, il engrange des montagnes de résultats, le luxe c’est le sommet de la réussite, mais ça ne fait pas le bonheur d’un pays.
    Nous avons eu le pire de tous avec le capitaine de pédalo, les autres n’étaient pas des marins hauturiers, qui connaît le monde de la production ne s’étonne pas de la politique de Trump, à tort ou à raison, on peut l’aimer ou le détester, il applique les recettes du résultat, il n’est pas un politique de discours et de gonfleur d’hélices, il est juste celui qui hérite d’un terrain vierge et à qui on demande d’édifier un gratte-ciel qui sera beau et qui rapportera de la fraîche.
    Emmanuel Macron a parfois des élans de financier, il lui manque surtout la fréquentation de la bétonnière pour comprendre ce qu’est envoyer du béton très tôt le matin pour assurer les rotations prévues, et surtout la finesse qui vous fait basculer sur le résultat supérieur à celui attendu.
    Et toujours pas de nouvelles pour les 40 milliards à trouver, quand je pense que le pont de l’île de Ré a été achevé quand sont arrivées les autorisations de le construire… je caricature à peine.
    Je suis atterré de tous ces consultants et conseils qui défilent partout, de tous ces débats sur tout y compris de savoir si le diable n’avait pas de queue, c’est fou ce qu’on discute en France, le blabla à longueur de plateaux TV… Je n’entends pas un seul bruit de pioche.
    Cela me rappelle la visite du plus bel atelier du monde qui construisait des tourelles de char, nous l’avons traversé avec le directeur de l’entreprise BTP qui était avec nous, et lui cynique de remarquer : « Nous venons de traverser le plus bel atelier de France, la visite a duré 30 minutes et je n’ai même pas entendu un bruit de clé à molette, soit les dirigeants savent, soit ils sont inconscients, tout cela fermera. »
    En effet peu d’années plus tard ces ateliers ont fermé. Il n’y avait pas un grain de poussière par terre, ni sur les postes de travail. Celui qui avait fait la remarque avait de la bouteille, il avait assuré le développement pour le Sud-Ouest d’une major, j’étais jeune et nous avions fait le même constat.
    Beaucoup parler dans notre pays, pas beaucoup travailler, aller au chagrin fait partie d’un bonheur, celui au moins d’être utile. Des ventilateurs, le pays en regorge et la Chine est capable de nous en inonder.
    Bien sûr Trump tape sur l’Europe, ce machin incapable depuis des décennies de se construire un avenir souverain, l’Allemagne qui commande des aéronefs américains et une alliance qui vaut que pouic avec l’Angleterre, à quoi bon, à quoi sert l’Europe supermarché d’une clientèle baroque mais sans lendemain ?
    On se rassure avec des réunions, des conclaves, des discours, des ateliers de réflexion… En fait, presque plus personne ne bosse, on ne fait que brasser des mots, mais sans agrégats et sans ciment point de structure béton pour résister aux vents et aux intempéries.

  8. Michel Deluré

    S’agissant de l’invité surprise à la manifestation des « Jeunes avec Macron », rectifions et qualifions cette visite peut-être de surprise mais assurément de surprise savamment calculée ! Effet recherché garanti.
    Pour le reste et qui est l’essentiel, libre à EM de rêver à haute voix mais qu’il n’oublie cependant pas que la réalisation de son rêve dépend avant tout de la volonté des citoyens de lui en offrir l’opportunité. Il se dit souvent que les Français ont la mémoire courte mais, même en imaginant une transition difficile après 2027, je doute qu’en 2032 ceux-ci aient oublié le dernier quinquennat calamiteux d’EM et l’état probable dans lequel il aura laissé le pays.
    Alors, plutôt que de se projeter dans un avenir plus ou moins éloigné dans lequel il aurait un rôle potentiel à jouer – qui ne serait évidemment pour lui que de sauveur et d’ultime recours ! – et avec apparemment la satisfaction surfaite du devoir accompli, qu’EM se contente pour l’instant de viser l’horizon de 2027, objectif certes beaucoup plus modeste mais ô combien vital pour redresser la situation d’un pays qu’il a déjà suffisamment abîmé, et qu’il consacre toute son énergie à cette tâche colossale. Deux années n’y suffiront d’ailleurs pas et celui ou celle qui assurera la succession aura encore de quoi occuper ses journées à l’Élysée !

  9. “Success is not final, failure is not fatal: it is the courage to continue that counts.”
    – attribué à Winston Churchill.
    “Il y a le syndrome de Charles de Gaulle, la mythologie du recours.”
    – dit aujourd’hui Philippe Bilger.
    Ce billet touche un point névralgique : celui de la résilience française à travers l’histoire. Car il ne s’agit jamais, en définitive, du destin d’un homme – surtout lorsqu’il est sur le déclin, cramponné à une fonction qui lui échappe déjà. Le seul destin qui compte est celui de la France. Et l’histoire bimillénaire de notre pays enseigne qu’à chaque fois qu’il a vacillé, il a fini par se redresser.
    Ainsi, le général de Gaulle sauva l’honneur de la France à l’issue de la Seconde Guerre mondiale en la faisant, contre toute attente, entrer dans le camp des vainqueurs. Ce tour de force déplut fortement à certains généraux allemands défaits, à commencer par Wilhelm Keitel, chef du Haut commandement de la Wehrmacht, contraint de signer l’acte de capitulation en présence d’un Français. C’était là le comble de l’humiliation pour ceux qui pensaient la France hors-jeu depuis 1940. De Gaulle n’avait pas gagné la guerre à lui seul, mais il avait gagné le droit d’en sauver le récit.
    Et de rappeler que ce qui compte, au-delà des tribulations humaines, c’est la permanence d’une nation.
    La France a traversé bien des naufrages : la chute de l’Empire romain, la guerre de Cent Ans, les guerres de Religion, la Révolution et la Terreur, l’effondrement napoléonien, la débâcle de 1940, la guerre d’Algérie… À chaque fois, elle a su, inopinément parfois, renaître de ses ruines. Elle le fera encore, et elle le fera bientôt. Même si son président actuel, en fin de cycle et en début de repli, semble s’intéresser davantage à sa trace qu’à la trace qu’il laisse.
    Prenons pour exemple l’une de ses résurrections les plus admirables : la sortie des guerres de Religion à la fin des Valois.
    Entre 1562 et 1598, la France est ravagée par huit guerres civiles successives entre catholiques et protestants. Ces conflits mêlent fanatisme religieux, rivalités nobiliaires (Guise contre Condé-Coligny) et crise dynastique. Pendant près de quarante ans, le royaume est à feu et à sang : massacres (dont la Saint-Barthélemy en 1572), villes pillées, provinces ruinées, économie paralysée.
    La monarchie elle-même chancelle. Sous la houlette de Catherine de Médicis, trois rois se succèdent, tous sans héritier durable. La Ligue catholique défie l’autorité royale, Paris est entre les mains des ligueurs, les protestants tiennent le sud. L’État se délite. À la mort d’Henri III, en 1589, la France est morcelée, traversée par des armées privées et livrée aux ingérences étrangères (l’Espagne soutenant les ligueurs, l’Angleterre appuyant les protestants).
    Et pourtant, un homme surgit : Henri de Navarre, chef protestant et héritier légitime de la Couronne. Face à l’anarchie, il comprend que la paix vaut un sacrifice personnel. En 1593, il abjure le protestantisme (« Paris vaut bien une messe », dit-on), devient Henri IV et rallie les modérés. Il remporte la guerre civile, réconcilie les camps, et surtout promulgue en 1598 l’édit de Nantes, accordant liberté de culte aux protestants tout en maintenant le catholicisme comme religion d’État. Un compromis intelligent, un chef-d’œuvre politique.
    Avec son ministre Sully, il lance une politique de redressement spectaculaire. L’agriculture redémarre, les finances sont assainies, la dette renégociée, l’économie restaurée sur ses fondements réels. Sully résume cette philosophie dans une formule restée célèbre :
    « Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France. »
    En quelques années, la France redevient prospère, unifiée, paisible. Une décennie de stabilité s’ouvre au début du XVIIe siècle, annonciatrice du Grand Siècle. Henri IV est assassiné en 1610, mais son œuvre demeure. Le cycle de la guerre civile avait pris fin. La France avait, une fois encore, été plus forte que ses démons.
    C’est pourquoi il faut croire en la capacité régénératrice de la nation, même lorsqu’elle semble à genoux.
    Le président actuel ne sauvera ni son héritage ni son image en évoquant un hypothétique retour. Car la France ne vit pas d’un homme, surtout si cet homme a dilapidé huit ans à dissoudre l’autorité, éteindre la parole politique et confondre l’intérêt général avec sa propre continuité. Ce n’est pas une nouvelle figure de recours que les Français attendent. C’est la fin de l’usure.
    La France s’en est toujours remise. Elle s’en remettra encore.

  10. Robert Marchenoir

    « Derrière ces péripéties, ces espérances trompeuses, qu’on veut faire passer pour les nôtres, cette volonté de mettre dans nos têtes la plausibilité d’une renaissance, il y a le syndrome de Charles de Gaulle, la mythologie du recours. Pour calquer cet épisode historique unique et exceptionnel, n’importe quel politique d’abord joue à se placer dans le sillage du ‘plus illustre des Français’ puis se pique, sans qu’on l’ait sollicité, de se présenter en instance d’appel, en voie de recours, en seconde ou triple chance. » (Philippe Bilger)
    Observation particulièrement pénétrante et pertinente, trop souvent absente du débat public. Vous ajoutez :
    « Mais le citoyen n’est pas dupe. Avant l’heure, c’est trop tôt. Après, c’est trop tard. »
    Le citoyen n’est peut-être pas dupe lorsqu’il s’agit des postures gaullistes d’Emmanuel Macron, ou des dirigeants politiques en général.
    Cependant, non seulement il est dupe, mais il est un moteur décisif de ce mécanisme lorqu’il se fait le promoteur actif du gaullisme, en rappelant sans cesse l’incroyable héroïsme de Charles de Gaulle qui relevait lui-même son compteur EDF, et en cherchant perpétuellement un successeur au « Général », un homme fort et providentiel à même de constituer un recours.
    Si Emmanuel Macron a pris des accents gaullistes lors de son fameux discours d’investiture du Louvre qu’on lui a tant reproché, c’est parce que les Français le lui ont demandé. Lorsqu’ils ont vu le résultat un peu plus tard, ils ont évidemment reproché à l’intéressé d’avoir consenti à leurs prescriptions.
    Aucune sortie de ce cycle pervers n’est possible tant que les Français eux-mêmes ne reconnaîtront pas leur responsabilité dans ce processus, et ne se décideront pas à cesser de réclamer ce dont ils déplorent les conséquences.
    Ce n’est pas en installant une Marine Le Pen ou un Bardella sur un trône gaullien de toute façon beaucoup trop grand pour eux qu’ils mettront fin aux maux dont ils se plaignent. Simples exemples qu’on pourrait remplacer par bien d’autres noms, existants ou espérés.
    Ce qui manque, c’est l’esprit de responsabilité et le souci de l’intérêt général. On ne peut pas déplorer l’insuffisance de démocratie tout en refusant d’assumer les conséquences de ce qu’on demande aux politiciens de faire (piquer l’argent des autres pour le fourguer à soi, etc.).
    C’est la raison majeure de l’échec des Gilets jaunes, qui ne pouvaient pas réussir car ils ne savaient pas ce qu’ils voulaient. Sinon la destruction et la violence pure, et le nihilisme de ceux qui menacent physiquement ceux des leurs qui cherchent à négocier avec leurs dirigeants élus, à se présenter aux élections, à prendre sur eux de faire au lieu de se contenter de hurler, de vomir leur haine et de déclencher des révolutions sans issue.
    Après quoi, tout le monde s’accorde à dire « qu’il nous faudrait un de Gaulle » pour mettre fin à cette haine de tous contre tous. Étonnez-vous, dès lors, que les candidats se bousculent au portillon pour, bien sûr, échouer un peu plus tard aux cris de « il nous faudrait un de Gaulle », etc.
    C’est un peu comme les immigrés musulmans, si vous voulez : il faudrait qu’ils soient fous pour ne pas détourner à leur profit le mécanisme socialiste défendu bec et ongles par la majorité des Français (le fameux « modèle social que le monde entier nous envie »).
    Puis les Français sont tout étonnés lorsqu’ils constatent qu’ils se font empapaouter par les immigrés. Mais ils continuent de penser que le socialisme dans un seul pays, le socialisme réservé aux Blancs, est viable et pourrait ne pas produire ce que le socialisme provoque immanquablement partout où il a été appliqué.
    Et ils finissent (même ceux qui se revendiquent comme libéraux !) par se livrer à cette ignominie finale du nihilisme : retourner leur haine contre leurs propres parents, promouvoir la haine des vieux, remplacer le bourgeois, le koulak et le Juif par le « boomer », celui qui mérite de mourir du seul fait qu’il est vivant.
    C’est le fameux mouvement du « Nicolas qui paie », un internaute anonyme qui a connu un succès fulgurant sur les réseaux sociaux en incitant au massacre génocidaire et quasi stalinien (ou poutinien) des retraités, qui ont simplement le tort de toucher une retraite.
    Oh ! bien sûr, « Nicolas » est trop habile pour appeler ouvertement au meurtre des vieux, qui permettrait de se mettre dans la poche le montant de leurs misérables pensions, un peu comme les nazis et leurs collaborateurs se sont installés dans les maisons des Juifs pendant la guerre.
    Mais il martèle sans cesse sa propagande anti-« boomers », censés être personnellement coupables du fait que les retraites, à cause du funeste système par répartition, constituent effectivement une part très importante des dépenses de l’État.
    Au lieu de respecter les personnes et leur droit moral à bénéficier d’une retraite trop faible, contrepartie légitime des cotisations qu’ils ont versées durant toute une vie de travail, au lieu de proposer un système de transition vers la retraite par capitalisation au bénéfice de tous, vieux comme futurs vieux, « Nicolas qui paie » et ses épigones se livrent à une campagne de diffamation systématique des retraités, basée sur des statistiques évidemment truquées par les étatistes.
    Les « boomers », nous assurent les braillards anonymes d’Internet comme les « économistes » les plus médiatiques, bénéficieraient de « retraites géantes » leur permettant d’être des clients assidus de « Costa Croisières ».
    Parce que les « jeunes actifs », que prétend défendre « Nicolas qui paie », ne partent évidemment jamais en vacances, et n’ont pas bénéficié, contrairement aux « boomers », de l’extraordinaire développement du tourisme bon marché qui leur permet de partir en Thaïlande ou aux Bahamas tous les quatre matins, ce qui était un luxe de millionnaire au temps des Trente Glorieuses.
    Tous les ânes médiatiques et internautiques répètent cette antienne des « retraites géantes des boomers », sans que personne ne pose la question de bon sens : comment diable, selon des statistiques « officielles », les retraités pourraient-ils avoir des revenus supérieurs aux actifs ?
    Ils subissent, au contraire, une chute massive de leurs revenus, puisque leurs pensions sont frappées d’une décote énorme par rapport à leur salaire (de l’ordre de 40 %, je crois) – et encore, le calcul se fait de façon parfaitement défavorable, puisque le salaire de référence est la moyenne de plusieurs décennies des « meilleures années », c’est à dire pas le dernier salaire qui, logiquement, est plus élevé que celui du début de carrière.
    Sachant que les fonctionnaires subissent une décote bien moins forte, scandale que le soi-disant libéral « Nicolas qui paie » se garde bien d’évoquer. Mais même eux ont évidemment une retraite inférieure à leur revenu d’activité.
    Par conséquent, les fameuses statistiques officielles martelant à qui veut l’entendre que les retraités gagnent plus que les actifs sont truquées, au même titre que d’innombrables « statistiques officielles » ayant prétendu que l’immigration était négligeable, que la délinquance n’augmentait pas, etc.
    Et en attendant, la propagande intensive, organisée, systématique, du faux libéral « Nicolas qui paie » et de ses suiveurs adopte des accents quasiment nazis pour inciter à la haine contre les « boomers », qui ont eu le culot, les salopards, d’avoir eu (prétendument) une vie plus agréable sous les Trente Glorieuses que les jeunes d’aujourd’hui.
    Après la lutte des classes version marxiste destinée à « redistribuer les richesses » des « bourgeois » vers les « prolétaires » (ou les « gueux », version moderne), après la lutte des classes version raciste (les Blancs doivent expier leur « colonialisme » en payant des « réparations » aux races allogènes), voici la lutte des classes transformée en lutte des âges. Il faut toujours un bouc émissaire à exterminer.
    C’est la version adolescent boutonneux toujours pas guéri de son ressentiment envers les « vieux » à l’âge de trente ans (celui de « Nicolas« ).
    Non seulement « Nicolas » ne se donne pas la peine de proposer un programme de transition vers des retraites plus avantageuses pour tout le monde, mais sa diabolisation systématique des « boomers » est destinée à les déshumaniser, à faire admettre leur euthanasie plus ou moins active.
    Rien que l’usage systématique du terme « boomers » est révélateur. « Boomer » est une insulte. On imagine les réactions si un mouvement populaire sur les réseaux sociaux s’en prenait aux « youpins », les déclarant coupables de tous les maux.
    Remarquons que les boomers-o-phobes s’indignent de devoir payer les retraites des autres, et réclament qu’on les réduise fortement, mais qu’ils ne se sont jamais démarqués de la majorité de la population qui refuse toujours, pour elle, un recul modeste de l’âge de la retraite qui permettrait de réduire la dépense publique.
    Les « Nicolas qui paient » ont été précédés par les complotistes covidiques (dont des soi-disant libéraux), qui nous ont littéralement expliqué, au coeur de l’épidémie, que seuls les vieux mouraient du Covid, et que bon, quand on est vieux, il est temps de mourir et de débarrasser le plancher.
    Il ferait beau voir que des jeunes soient obligés de porter une « muselière » et de moins faire la fête dans des bars l’espace de quelques mois, sous prétexte que cela empêcherait des vieux de mourir d’étouffement d’une mort si affreuse que des médecins, atteints du Covid, se sont suicidés afin d’y échapper.
    Pour bien prendre la mesure de cette perversion morale, il faut lire l’anecdote qu’a cru bon de relater un « Nicolas qui paie » et qui prouve, selon lui, à quel point les « boomers » sont haïssables. Il s’était rendu à je ne sais quel guichet de théâtre parisien, afin de retirer des places gratuites pour des amis. Et là, horreur, il a découvert une masse compacte de « boomers » qui étaient venus, tout comme lui, chercher des places gratuites.
    Seulement lui, il avait le droit, étant « jeune ». Un vieux qui demande à bénéficier de places gratuites, c’est répugnant.
    Il décrivit avec dégoût leur crime le plus horrible : porter des chemises à l’intérieur du pantalon. Les Juifs, eux, avaient le nez crochu. Après tout, ce n’est pas leur faute. Mais mettre la chemise dans le pantalon ? Ne pas la laisser flotter dehors en débraillé comme tout jeune qui « travaille » ? Ça, c’est vraiment dégueulasse.
    Un internaute d’extrême droite (ce n’est pas péjoratif de ma part) recommande la lecture de ce tweet de la façon suivante :
    « Comment ne pas haïr les #boomers ? Les haïr est un devoir national et moral ! »
    Extraits du billet ainsi présenté :
    « Les boomers sont littéralement la pire population. Ce matin, j’ai dû récupérer des places GRATUITES (j’insiste sur ce point capital) de théâtre pour ma voisine et sa collègue. […] Heureusement, je suis le premier arrivé et j’obtiens un ticket d’attente numéro 2. Je suis confiant, tout roule. »
    « Je reviens 2 h 30 plus tard… et là, l’enfer sur Terre. Une marée humaine de boomers. Une centaine. Tous habillés en Lacoste. Vous voyez le tableau ? Polo rentré dans le bermuda, mocassins bateau, petit sac à bandoulière en cuir usé. Le dress code officiel du vieux riche insupportable en sortie culturelle. »
    « Et devinez quoi ? Les places étant limitées, ils ont raflé la totalité.
    100 % boomers dans la salle. Pas un seul jeune, pas un seul adulte normal. Juste une armée de retraités agressifs, suintant l’aftershave bon marché et l’ego surdimensionné. Voilà. Les boomers. La pire population. Point barre. »

    En fait, le type reconnaît plus loin dans la discussion qu’il est bien parvenu à obtenir ses propres places gratuites :
    « Oui je les ai eu [sic] ! Heureusement. »
    Simplement, il était trop feignasse pour faire la queue à sa place en attendant l’ouverture du guichet.
    Le pauvre « jeune qui travaille et qui paie pour les autres » (mais qui mendie des places gratuites) prend soin de publier une grande photo des « boomers » en question afin que l’on puisse bien les reconnaître lorsqu’on les croise, tout comme les nazis avaient organisé, à Paris, une exposition permettant aux « Nicolas » de l’époque de bien reconnaître les Juifs.
    Inévitablement, au fil de la dicussion, un autre internaute n’hésite pas tirer la conclusion qui s’impose et à souhaiter la mort des vieux :
    « Je hais les vieux de base, les boomers c’est une haine encore pire. Et la canicule qui ne fait pas son taff… »
    Une fois de plus, nous voyons ici le résultat d’un siècle de destruction du sens moral provoqué par le communisme incrusté dans les mentalités en France, voire deux si l’on remonte à ses origines de 1793.
    C’est le même phénomène qu’en Russie, dont les citoyens sont encore plus pervertis car ils n’ont jamais connu la liberté et la responsabilité individuelles.
    Tant que les Français ne comprendront pas que la politique, quel que soit le bord de chacun, cela consiste à chercher en commun des solutions en faveur de l’intérêt général, et non à satisfaire ses seuls intérêts particuliers au détriment de ceux des autres, on pourra continuer à critiquer de façon stérile les dirigeants qui se succéderont en vain : la haine de tous contre tous, qui constitue le fond de sauce de l’organisation sociale actuelle, fera obstacle à tout progrès.

  11. « S’il n’a pas été médiocre en matière de politique étrangère… » (PB)
    Je veux bien croire que les Russes sont à nos portes (virtuellement en tout cas), mais je retiens que la guerre avec l’Algérie dure depuis 71 ans (1954-2025) en la présence sur notre territoire de plusieurs millions de ses ressortissants. Et ce ne sont pas des Boualem Sansal ou des Kamel Daoud qui vont effacer l’ardoise de leurs méfaits chez nous.
    Par ailleurs, beaucoup de nos visiteurs touristes ou affairistes ont du mal à reconnaître un pays qui fut mais qui n’est plus : Macron a tellement abaissé le niveau que certains étrangers nostalgiques d’une France estimée et reconnue en sont à déplorer, avec ceux qui ont deux sous de lucidité, la fin d’une certaine idée de notre pays qui fut lumière en Europe et qui n’est plus que loupiote.

  12. Il est à déplorer que le quinquennat perpétue quasiment une élection présidentielle permanente, l’année dernière déjà, la quasi-intégralité des partis politiques avait la tête en 2027, nous ne cessons d’entendre parler de 2027, de cette échéance dont je crains qu’elle ne soit, comme les deux dernières élections, plus une joute présidentielle orientée vers le rejet du Rassemblement national, de la mal nommée extrême droite, qu’un véritable rendez-vous politique et démocratique où les réels enjeux économiques, sociaux et internationaux seront débattus avec ténacité intellectuelle et rigueur intelligible.
    Il ne s’agira certainement pas d’un bon rendez-vous, c’est-à-dire d’un rendez-vous intellectuellement attractif pour l’électeur, instructif pour tout citoyen désireux de se forger une culture politique ou économique.
    Nous aurons fort probablement droit aux ires de la gauche, aux grotesques qualificatifs de cette dernière vis-à-vis de Marine Le Pen ou Jordan Bardella.
    Il est fort à parier que la France ne traverse une mauvaise élection avec la privation du débat public, des véritables concepts qui devraient être abordés lors d’une telle échéance.
    On ne cesse d’évoquer, à tort, l’échéance de 2027, et maintenant on évoque l’échéance de 2032.
    Il y a là une première indécence.
    Quant à Emmanuel Macron, ses présidences se solderont par un échec total sur tous les plans, économiques, budgétaires surtout, sécuritaires, sociaux, institutionnels, peut-être sa sagesse internationale garnira-t-elle son crédit présidentiel.
    Sa crédibilité est quasi nulle aujourd’hui, il n’y a pas de clarté nationale, nul ne sait ce qu’il pense réellement, le fameux « en même temps » plombe substantiellement ses présidences.
    L’année 2022 n’aurait jamais dû le voir réélu, aucune campagne n’a été menée, aucun débat, et il a été en tête au premier tour. Stupeur ! Qu’a-t-il fait pour être ainsi plébiscité ? Qu’a-t-il dit ? rien !
    Ah oui, il y avait l’extrême droite en face.
    Une réélection qui débouchera in fine sur un quasi-chaos institutionnel, une totale impossibilité d’avancer sur des réformes de profondeur, sur des textes régaliens de nature à marquer une présidence.
    Il aura fallu attendre Emmanuel Macron pour assister, sidérés sur nos canapés, à la réalité d’une motion de censure, la dernière datant de 1962.
    L’objectivité politique nationale devrait exclure l’actuel président d’un retour dans le futur, tellement ses présidences ont été calamiteuses.
    Ce matin, des militaires ont défilé sur les Champs-Élysées, les téléspectateurs ont pu voir la force, la puissance de notre pays, fort de ses 290 ogives nucléaires, et pourtant c’est dans ce même pays que l’on est incapable d’assurer la sécurité lors d’une victoire française en ligue des champions, hier le PSG s’est incliné face à Chelsea en finale de la Coupe du monde des clubs de la FIFA, qu’en aurait-il été en cas de victoire ? Combien de voitures brûlées, combien de magasins saccagés, combien d’interpellations y auraient-ils eu ?
    C’est toujours dans notre pays où l’on ne peut plus créer un bassin de rétention dans un milieu rural ou un tronçon d’autoroute sans qu’il n’y ait de heurts, venant principalement de milieux politiques ou associatifs de gauche, avec les forces de l’ordre.
    La France, c’est malheureux de l’écrire, a perdu de sa superbe et Emmanuel Macron, eu égard à sa fonction commencée il y a huit ans cette année, ne saurait être étranger à ceci.

  13. Cher monsieur Bilger, veuillez me permettre de produire un hors-sujet, mais la symbolique du 14 juillet plaçant au pinacle la liberté dont celle d’expression, m’oblige, tout en respectant le fil rouge du caractère juridique de votre blog, à attirer votre attention ainsi que celle de vos lecteurs sur le projet de loi suivant qui, sous le couvert légitime de lutter contre des risques de subversion par des organisations islamiques, pourrait par extension aboutir à menacer le droit à la critique appartenant à n’importe qui en France, citoyens, partis politique, organes de presse etc. :
    https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/17/textes/l17b1535_proposition-loi
    « Cette proposition de loi vise à ériger en infraction la production, la diffusion et l’apologie de propos ou contenus contestant les principes républicains fondamentaux.
    La République française repose sur des principes fondamentaux : liberté, égalité, fraternité, laïcité, souveraineté du peuple, et indivisibilité de la nation. Ces valeurs, garanties par la Constitution et consolidées par la loi, constituent le socle du vivre-ensemble. »
    Pour commencer, en quoi ces principes constituent-ils nécessairement des « valeurs » ?
    Par exemple, en quoi la « laïcité » franco-française qui n’est guère que le faux-nez d’un athéisme militant souvent hostile au fait religieux, parfois même en contradiction du principe de « fraternité », s’étant traduit dans le monde dans divers pays à tendance totalitaire dont le nôtre par des répressions violentes voire sanglantes de divers groupes religieux, peut-elle être vue comme une « valeur » ?
    Nous pourrions aussi évoquer la « liberté », trop souvent confondue avec la licence avec à la limite celle de tuer, en allant à l’encontre de la valeur authentique qu’est le respect de la vie.
    Ensuite, dans la mesure où la République française est une construction humaine artificielle, elle est naturellement imparfaite et donc critiquable, or avec ce projet de loi, le droit à la critique de ce qui est contestable pourrait risquer éventuellement, après une interprétation spécieuse de tel ou tel propos, d’être pris pour une démarche subversive contre le système républicain dans son ensemble alors que :
    https://www.marianne.net/politique/il-ne-faut-pas-avoir-peur-de-faire-une-critique-de-la-republique-lorsqu-est-republicain
    Il est par ailleurs piquant de constater que la République, qui s’est érigée en partie sur le rejet de tout dogme, en a bricolé et sacralisé un autre autour de ses « valeurs », comme s’il s’agissait d’une vérité établie.
    Au passage et par ailleurs, indiquons que par exemple le bizarre « vivre-ensemble » (expression en principe réservée aux gens qui font le choix volontaire et réciproque de se marier ou l’équivalent) est un échec manifeste en dépit d’une campagne totalitaire de propagande « mélangiste » tonitruante, sachant que l’on ne peut forcer l’huile et le vinaigre à se mélanger.
    Or comment un tel socle bâti sur la contrainte pourrait-il être viable ?
    En résumé, ce projet de loi qui vise théoriquement en premier le fondamentalisme musulman pourrait, à défaut de garde-fous et de protections juridiques, se transformer en loi scélérate liberticide à l’encontre de l’ensemble des Français, à l’instar par exemple d’une autre loi votée comme par hasard un 13 juillet 1990 par une nuit sans lune et alors qu’ils ne songeaient qu’aux vacances…
    Oui, la République a le droit de se défendre et même des gens dont elle n’est pas forcément leur tasse de thé préférée peuvent le reconnaître dans la mesure où elle est un moindre mal face à l’anarchie, mais cela ne l’autorise pas à tomber dans la tyrannie.
    « Si la République vit de la liberté, elle pourrait mourir de la répression. » (Clemenceau, 1881)

  14. Et cela continue ! On ne s’occupe pas de gouverner la France. Inutile de dire que le sujet devrait être une priorité absolue, eu égard à la dette publique, à la délinquance, au contrôle de nos frontières, à la situation de nos armées alors que le danger grandit etc. Et comment ne pas trouver indécentes les visées à long terme d’un Président qui nous a mis dans une telle panade. On ne juge pas une action politique, économique, sociale, environnementale.
    On s’intéresse aux femmes et hommes qui font de la politique. Bientôt, Gala remplacera le JO.

  15. Macron a tout fait pour déconstruire la France et la rendre plus fragile en accélérant l’invasion venue d’Afrique qui n’apporte que des souffrances et une insécurité chronique au peuple de France.
    L’immigration d’origine musulmane est une ligne directrice de sa politique qui a été de déblayer juridiquement au maximum le terrain pour rendre impossible la maîtrise de l’immigration, pour laisser le champ libre au communautarisme musulman, et pour la criminalisation de la critique de l’islam.
    Autrement dit, pour interdire tout ce qui serait susceptible d’être réellement efficace dans la lutte contre l’islamisme…
    Macron est un traître allah France, inutile de le nier !

  16. Julien WEINZAEPFLEN

    Comment rester synthétique et concis après la presque heure pleine que j’ai passée à lire, non en diagonale, mais à la va-vite, ce billet et ses commentaires ? Traitons des sujets, au moins de ceux dont je me rappelle, j’ai eu le tort de ne pas prendre de notes.
    – Dreyfus, un « innocent emblématique » ? Eh bien non, je me répète, au risque d’être taxé d’antisémitisme : un accusé surexposé, un peut-être innocent dont l’innocence a été survendue et surexploitée, jusqu’à ériger en France une nouvelle classe d' »intellectuels », composée de ceux qui avaient pris sa défense, sans préjudice de leurs diplômes universitaires ; et jusqu’à faire de ce capitaine qui s’est engagé dans la Grande guerre, ce que je ne savais pas et qui l’honore, un général à titre posthume, auquel la veille du 14 juillet devra désormais être consacrée pour faits d’armes inexistants ou insignifiants, un général à titre définitif peut-être à la hauteur de ce général à titre provisoire ou temporaire qu’était le général de Gaulle en 1940 : il aurait mieux valu d’après ses thuriféraires qu’on parlât de général Dreyfus plutôt que de général de Gaulle. Manque de chance, il n’aurait pas été en état de reprendre les rênes, au moment où de Gaulle « a surgi », il était mort.
    – Ou de Gaulle a surgi comme Henri IV ? Bof, Henri IV a été porté par beaucoup de partisans dont Montaigne. Son abjuration a ouvert la voie à un compromis, mais a ouvert le feu si je puis dire, au démembrement de la civilisation chrétienne, basé non pas sur l’abjuration et donc sur le reniement ou la « relapsation », mais sur le martyre et donc la constance dans l’engagement de la foi donnée. À bas les relapses, vive la relaxe !
    – De Gaulle, ce mythologue : « De Gaulle n’avait pas gagné la guerre à lui seul, mais il avait gagné le droit d’en sauver le récit », écrit Finch dans une formule saisissante. Et surtout de cet homme peuvent aujourd’hui se réclamer tous ceux qui veulent :
    -ceux qui en font un non-aligné frénétique et ceux qui en font un vassal des Américains, Jean-Dominique Merchet l’a bien illustré dans un article de « l’Opinion » qui m’a marqué, en décrivant ses revirements diplomatiques au gré de ses revers avec la puissance dominante qui le prenait de haut au point de lui préférer Giraud pour diriger l’armée d’Afrique pendant la guerre où elle n’aurait fait qu’une bouchée de la France vaincue et capitularde, car de Gaulle passait pour un aventurier quand Giraud paraissait sérieux ;
    -ceux qui assurent qu’il serait un parangon du souverainisme s’il revenait au pouvoir et ceux, comme Louise Weiss dont il a été question ce matin et ce soir sur France Culture, qui prétendaient puiser dans sa personne leur engagement européen, lui qui avait soumis à Paul Reynaud la chimère de Jean Monnet de fusionner la France et la Grande-Bretagne, soi-disant pour la durée de la guerre, de Gaulle haussant les épaules et agissant sans enthousiasme, mais ne s’en exécutant pas moins en proposant la chimère au président du Conseil dont ce général de cabinet et sans étoile était le sous-secrétaire d’État à la Guerre.
    « Les Gilets jaunes ne pouvaient pas réussir, car ils ne savaient pas ce qu’ils voulaient » (Robert Marchenoir)
    Cette formule à la « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » résume bien les raisons de l’échec de cette jacquerie de la classe moyenne inférieure et toujours infériorisée, sous l’effet de cette « machine ressentimenteuse » qu’était notre Révolution, selon Michel Onfray, qui fait peut-être malencontreusement dériver cette génération en haine contre les boomers comme « Nicolas qui paye », le trentenaire à l’affût d’avantages et de places gratuites au théâtre, qui n’en demeure pas moins un des piliers, non pas seulement contributif, mais aussi appartenant à cette « France du travail » qui vaut à ce pays de ne pas s’écrouler, et dont le ressentiment s’explique parce que ceux qui, en 68, s’insurgeaient : « Place aux jeunes ! », n’ont jamais fait place à leurs descendants et pour cause : leur révolution sexuelle avait quelque chose d’encratiste, ils auraient pu signer le livre « No kid » de Corinne Maier, il faut sauver la planète et non nos âmes.
    – J’en viens à ce qui me paraît être un inaperçu des commentaires faits sur cette nouvelle « macronnerie » ou, pour être plus poli, à ce nouvel emballement macronien à la sauce « c’est notre projet »: « J’aurai besoin de vous dans deux ans, dans cinq ans, dans dix ans ». Car Macron étant un peu plus structuré que tous les dirigeants ambigus du monde actuel, mais non moins instable que ses « collègues » à qui il tape la main sur le ventre, me paraît dans une hubris qui pourrait facilement le pousser à trouver une parade pour se représenter, non pas en 2032, mais en 2027, soit qu’il se taille une réforme constitutionnelle sur mesure pour obtenir ce résultat (après tout, n’a-t-il pas nommé Richard Ferrand dans ce but puisqu’il avait pris des positions en ce sens et en la faveur de la tacite reconduction de son mandataire ?), soit qu’il démissionne in extremis pour se représenter aussitôt, ce qui constituerait un cas d’école que le Conseil constitutionnel réussirait d’autant moins à trancher que, précisément, il n’a jamais fait école et ne s’est jamais présenté depuis l’absurde limitation du droit de se représenter du président en exercice ayant exécuté deux mandats consécutifs, au terme de la réforme constitutionnelle de Nicolas Sarkozy en 2008.
    – En attendant, Emmanuel Macron fait deux bêtises d’exécution en se projetant dans l’avenir plutôt que de se concentrer sur le présent.
    -La première est de demander simultanément à son gouvernement de trouver 40 milliards de baisse de dépense et d’engager une hausse simultanée des dépenses militaires, non seulement pour l’exercice courant des prérogatives de l’armée de notre pays devenu martial après avoir porté une voix pacifique, pacificatrice et universaliste jusqu’au second mandat de François Mitterrand. La France doit en outre contribuer plus massivement au budget de l’OTAN après que « Daddy Trump » a obligé tous ses partenaires à contribuer à hauteur effective de 5 % de leur budget civil.
    -Et puis il engage la Nouvelle-Calédonie dans un processus déloyal (sic) d’indépendance en dépit des référendums qui ont récusé ce processus et au mépris de Nicolas Metzdorf, député loyaliste et macroniste dont Macron a été le Judas déguisé en Jésus. Il parle d' »État calédonien » (sic), de « double nationalité », même sous cap de préférence calédonienne dans l’électorat « national » du Caillou, là où on se refuse à parler de « préférence nationale » en France métropolitaine.
    Dans la volonté bayrouiste de former un gouvernement de poids lourds respectueux des sensibilités sans renouveler les personnalités ou les visages comme aurait dit le chef hologrammatique de l’exécutif que Bayrou a soutenu par dépit, le multinational Manuel Valls a accepté de se commettre à ses basses oeuvres de piloter la sécession de la Nouvelle-Calédonie qui ne demandait qu’à rester française en dépit du « sens de l’histoire » qui n’existe pas et du processus décolonial irréversible.
    Et ce n’est pas tout à fait une surprise puisque non seulement Gérald Darmanin avait parlé d' »autonomie de la Corse » avant la dernière élection présidentielle, mais que tous ces personnages politiques se sont inscrits avec de petits pieds dans la lignée de Michel Rocard, qui introduisit la notion de « peuple corse » dans le droit français et rêvait à mi-voix d’une Corse et d’une Nouvelle-Calédonie indépendantes.
    La trahison ne montrera son caractère ultime qu’après le « dernier quart d’heure » du mandat d’Emmanuel Macron qui prétend rester président jusqu’à la dernière seconde indiquée par le chronomètre, où il activera peut-être le détonateur qui fera définitivement exploser la nation façon puzzle.

  17. « Ces idées ont un nom : nationalisme, identitarisme, protectionnisme, souverainisme de repli. Ces idées qui, tant de fois, ont allumé les brasiers où l’Europe aurait pu périr, les revoici sous des habits neufs encore ces derniers jours. Elles se disent légitimes parce qu’elles exploitent avec cynisme la peur des peuples. Trop longtemps, nous avons ignoré leur puissance. Trop longtemps, nous avons cru avec certitude que le passé ne reviendrait pas, nous avons pensé que la leçon était retenue, nous avons pensé que nous pouvions nous installer dans la langueur, l’habitude, abandonner un peu de cette ambition, de cet espoir que l’Europe devait porter puisqu’elle devenait comme une évidence dont nous aurions perdu le fil.
    Mais les passions tristes de l’Europe sont bien là, qui se rappellent à nous, et elles fascinent. Elles savent faire oublier la cohorte de malheurs qui, dans l’Histoire, les a toujours suivies. Elles rassurent, et j’ose le dire, elles peuvent demain l’emporter, non parce que les peuples sont crédules ! Non parce que l’idée européenne est morte ! Mais parce que nous avons, par inconscience, faiblesse ou aveuglement, créé les conditions de leur victoire. Parce que nous avons oublié de vouloir le fil de cette ambition ! Parce que nous avons oublié de défendre l’Europe ! Parce que nous avons oublié de proposer pour l’Europe ! Parce que nous avons laissé s’installer le doute. »
    https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2017/09/26/initiative-pour-l-europe-discours-d-emmanuel-macron-pour-une-europe-souveraine-unie-democratique
    L’héritier gaullien avait raison et personne, que ce soient les partisans à l’intérieur comme les alliés européens, n’a suivi.
    La responsabilité de l’échec est collective, ce qui n’exonère pas Macron de sa part dans l’incapacité à entraîner les peuples à cette prise de conscience tout à fait juste et que les événements historiques corroborent jour après jour.
    Voyons ce que le Premier ministre va proposer tout à l’heure et comment les représentants du peuple vont le recevoir, nous aurons là l’exacte image du souverain fracturé par 80 ans de déni d’une défaite qui n’a plus d’étrange que l’incapacité des citoyens à savoir en tirer les enseignements, quand ils ne savent plus utiliser leur guillotine institutionnelle que pour cycliquement refuser leur responsabilité, continuer à voguer en somnambule sur les ruines de leur domination à jamais détruite, alors qu’il n’y a plus que la réconciliation européenne qui leur permettrait de survivre.
    Macron est l’exact symptôme de cette réalité, en faire le bouc émissaire de nos incapacités est encore une ruse pour ne pas assumer les conséquences de l’effondrement total des empires coloniaux et refuser ce que les pères de l’Europe ont imaginé pour proposer la défense indispensable face aux résurgences réciproques d’une domination vouée à l’échec.
    Les oligarchies mondiales, de Trump à Poutine en passant par Xi, Erdogan et les barons de la tech en sont les mimes manipulés par la même illusion, qui les mènera aux mêmes défaites désastreuses.
    Que le peuple français prenne donc conscience de cette réalité, il a là l’occasion d’affirmer son destin universel, doté qu’il est des moyens de sa défense, pour porter au plus haut sa parole de réconciliation, dans la mesure où il cesserait d’attribuer la responsabilité de ses incapacités sur son monarque de substitution illusoire. Il a là l’occasion d’incarner ce qui est l’unique solution et pour l’humanité tout entière et après tous les désastres, l’empire librement exercé sur soi-même.
    Sinon, ne lui restera plus qu’à pleurer amèrement sur la longue liste de ses renoncements et, à l’image de son président qui n’est que l’image de lui-même, reporter à plus tard l’examen de sa faute pour mieux ne pas l’assumer, répétant sans fin ce qui n’est que le refus de sa capacité pourtant si réelle d’incarner librement la parole de vérité :
    THÉSÉE.
    D’une action si noire
    Que ne peut avec elle expirer la mémoire !
    Allons, de mon erreur, hélas ! trop éclaircis,
    Mêler nos pleurs au sang de mon malheureux fils !
    Allons de ce cher fils embrasser ce qui reste,
    Expier la fureur d’un vœu que je déteste :
    Rendons-lui les honneurs qu’il a trop mérités ;
    Et, pour mieux apaiser ses mânes irrités,
    Que, malgré les complots d’une injuste famille,
    Son amante aujourd’hui me tienne lieu de fille !

  18. Servir de recours à Colombey exige deux choses :
    Accepter de vivre dans une clairière en pleine forêt, où les hivers sont sibériens et où il n’y a rigoureusement rien à faire, à part tirer le sanglier et écrire ses mémoires.
    Abandonner le pouvoir à la première élection un peu décevante.

  19. « Le citoyen n’est pas dupe »… (PB)
    En êtes-vous bien certain, ou est-ce simplement une espérance ?
    « Les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient »

  20. « Et les Shadoks pompaient ! Et ils pompaient, ils pompaient… » sous l’oeil ravi du Shadok suprême de l’Élysée fier de son oeuvre : destruction, déconstruction, ruine économique, invasion criminelle organisée (sa seule réussite), France narco mondiale etc. etc.

  21. « S’il n’a pas été médiocre en matière de politique étrangère… » (PB)
    C’est exact, il n’a pas été médiocre, il a été catastrophique.
    Les cinéphiles pourront revoir la série désopilante « Les Charlots font de la diplomatie » avec « Les Charlots en Afrique », « Les Charlots mettent la Russie à genoux » et « Les Charlots et les OQTF algériens ».
    En attendant, dans un autre genre, « Les Charlots comblent la dette publique » et « Les Charlots dans les territoires occupés ».

  22. Jean sans terre

    Le défaut de l’analyse de Philippe Bilger tient dans ce préjugé que le président ne malmènera pas la Constitution.
    Avant 2032, il y a 2027. Tout indique que le président désire ardemment poursuivre un troisième mandat. À la faveur d’un événement inattendu – une guerre, une forte menace, etc. – le président dispose de l’appareil constitutionnel pour se maintenir. Il pourrait même encore obtenir la majorité du suffrage, si le collège électoral des citoyens est correctement terrorisé, à la façon de 2022, d’autant plus, il faut bien l’admettre, la nullité insigne ou la faible représentativité des adversaires politiques qui pourraient lui être opposées.
    Il ne convient pas de sous-estimer et la roublardise du président et l’atonie passive du corps électoral.
    —————
    @ Robert Marchenoir
    Vous avez complètement raison dans votre conclusion.
    J’apprécie aussi votre critique de Nicolas. Nicolas est un trentenaire désappointé qui imagine que son talent mérite plus que ce qu’il a. Trop peu puissant, il ne s’est pas élevé aussi haut dans la société qu’ont put le faire les trentenaires de la caste de notables privilégiée. Lâche, il s’en prend aux plus faibles. Il se persuadera être de droite et avoir des opinions libérales sans songer une seule seconde que son prétendu libéralisme philosophique est fondamentalement opposé à sa détestation viscérale pour les étrangers du tiers-monde qui viennent en masse solliciter la bienveillance de notre République fraternelle et universelle.
    C’est avant tout un être bouffi d’envie ressentimenteuse. Il lui plairait beaucoup que la puissance publique, en distordant d’une autre manière le marché le favorise, à la façon qu’a pu faire il y a près de vingt ans Nicolas Sarkozy. Si Nicolas avait du courage, il s’exilerait fièrement à la manière de John Galt. Il ne le fera pas. Il préférera se plaindre et quémander auprès du Prince son privilège. Ce en quoi, il est remarquablement français.
    Ceci dit, je persiste à insinuer que vous vous méprenez au sujet des retraites. Non, prises globalement, les générations de retraités n’ont pas assez cotisé pour le privilège de rentiers qu’elles ont obtenu en échange de leurs bulletins de vote. Oui, elles pèsent trop dans la dépense publique et alourdissent d’une manière intenable l’économie du pays et provoquent l’affaiblissement de l’économie du secteur privé. La retraite par capitalisation est une arnaque intellectuelle tant que n’aura pas été résolu le moyen d’éviter à une génération de cotiser deux fois, une première fois pour les générations passées, l’autre fois pour elle-même.
    De même, tant que les deux tiers des plus de cinquante-cinq ans en âge de travailler seront exclus du marché du travail, il est complètement démagogique de repousser l’âge de l’obtention de la retraite puisque cette mesure ne fait qu’augmenter la précarisation et la paupérisation des deux tiers de la population âgée de cinquante-cinq ans à soixante-quatre ans.
    Le mieux consisterait à empêcher que la charge des retraites dans l’économie du pays ne progresse en valeur nominale par un mécanisme où les retraités les plus favorisés cotisent pour la perte de pouvoir d’achat des retraités les plus défavorisés. De la sorte, ce serait aux générations passées d’assumer le choix de l’erreur collective qu’elles ont délibérément faite au détriment des générations qui les suivaient.
    J’observe par ailleurs qu’Emmanuel Macron en personne avait proposé un dispositif similaire par la mise en place d’un taux de prélèvement différencié sur les prélèvements sociaux pesant sur les retraites, ce qu’il avait dû abandonner à la suite de l’indignation des Gilets jaunes.
    Ne soyons pas naïfs, une telle mesure ne surviendra pas tant que les retraités formeront un des principaux contingents de l’électorat macronien. À cet égard, il est remarquable de constater que les plus de soixante-cinq ans en 2022 aux trois quarts ont voté EM, en très nette progression depuis 2017. Le contingent Républicain se macronise à vitesse grand V ! Plus tard, quand de futures élections seront lointaines et que cet électorat ne servira plus la vision et le projet du président pour l’Europe et la France, nul doute que ce dernier ne s’en prenne cette fois-ci à eux.
    Rien de plus facile que de corrompre une démocratie. Il suffit d’acheter le vote des électeurs. Hier et aujourd’hui les retraités, demain Nicolas.
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    @ Aliocha
    Je ne laisse pas d’être impressionné par la similitude des propos du nouveau pape avec la doctrine d’Aliocha.
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    @ Julien Weinzaepflen
    Dans le fond, plus de soixante-dix ans après sa mort, est-ce que le général de Gaulle a pu contrecarrer, voire seulement enrayer, ce phénomène sociétal révolutionnaire qui consistait à faire des Français des Américains d’Europe ?

  23. Vous avez raison, Monsieur Bilger, d’écrire que « Emmanuel Macron, lui, ne peut plaider que ses échecs ne dépendent pas de lui. » Car il exerce personnellement le pouvoir quasiment sans partage depuis plus de huit ans. Comme il a tenu ses Premiers ministres rênes courtes depuis son palais de l’Élysée par l’intermédiaire de ses seuls conseillers présidentiels élyséens, qu’il a lui-même fait en sorte que les textes législatifs qui pouvaient contrebattre ses propres choix soient censurés par le Conseil constitutionnel, qu’il a procédé à une dissolution de l’Assemblée nationale qui s’est révélée catastrophique pour la France, il ne saurait s’abstraire de sa pleine responsabilité dans la situation actuelle de la France, d’autant qu’au plan budgétaire notre pays subit les conséquences directes de ses choix lors de la pandémie de Covid.
    En revanche, vous vous trompez me semble-t-il en matière de politique étrangère dans laquelle il n’a fixé aucun axe constant et surtout dans la mesure où il a détruit notre diplomatie.
    À titre d’exemple, un site spécialisé dans le renseignement vient d’écrire, au lendemain de la venue du président indonésien pour assister avec participation de ses troupes à notre 14-Juillet : « Invité d’honneur du 14 juillet à Paris, le président indonésien Prabowo Subianto a séché la rencontre prévue avec les industriels français de la défense. Les récentes initiatives diplomatiques de l’exécutif ont refroidi le meilleur client de Paris en Asie du Sud-Est. » Où l’on voit que monsieur Macron a le chic de se mettre à dos tous les dirigeants qui comptent dans ce monde post-soviétique.
    De même, ses mamours à des gens comme monsieur Tebboune n’ont, c’est le moins que l’on puisse dire, eu aucun résultat. Pour lui complaire, dès avant son élection, monsieur Macron, particulièrement compétent en Histoire de France, avait traité notre colonisation de « crime contre l’humanité », puis en voyage d’État à Alger avait déposé gravement une gerbe au monument des « martyrs » du FLN dans leur guerre d’indépendance, ainsi que contraint son ministre Darmanin à en faire de même. Pour quel résultat ? Monsieur Boualem Sansal a été condamné avec confirmation en appel et reste emprisonné sans bénéficier de la grâce présidentielle si espérée par notre translucide ministre des Affaires étrangères ; d’autres écrivains ou intellectuels algériens en France sont menacés de mort ; après l’affaire Nahel, injonction faite à la France de protéger ses concitoyens algériens ! Et j’en passe…
    Au-delà de votre billet, comme l’écrit Julien WEINZAEPFLEN, le temps pris pour lire tous les commentaires qu’il a suscités est très grand et je ne souhaite pas allonger le mien à l’infini, mais il sera plus long que d’ordinaire. Cependant, je retiendrai quelques éléments de ces commentaires.
    Par exemple, genau | 14 juillet 2025 à 13:38, écrit à juste raison : « France déstabilisée, sans références, livrée à un être malin, content de lui, s’imaginant influent et faisant rire les épiciers. […] Et pour finir, cet homme, déjà sénescent, qui en appelle au patriotisme, fait sonner les clairons, crie « aux armes », devant le vide des spectateurs silencieux, comme des spectres de citoyens. »
    De fait, les mots nation et patrie sonnent particulièrement faux dans la bouche du président de la République qui a plus suivi ses a priori idéologiques et les intérêts des grands financiers internationaux qui l’ont soutenu qu’été un chef d’État pénétré de la longue histoire de notre pays et de la défense des intérêts de la France et du peuple français.
    Il se veut chef des armées, comme la Constitution lui en donne le titre. Mais il n’a jamais manifesté la clairvoyance qui aurait dû présider à ses choix. D’entrée, en 2017, il a contesté au général de Villiers son droit d’avoir répondu avec exactitude aux questions de la commission de Défense de l’Assemblée nationale alors même qu’il avait prêté serment de dire la vérité sur la situation de l’armée française.
    Certes, monsieur Macron a arrêté la chute catastrophique du budget de la Défense commencée sous messieurs Chirac et Jospin, très aggravée sous monsieur Sarkozy et limitée sous monsieur Hollande pour cause d’attentats islamistes et d’intervention au Sahel. Mais monsieur Macron s’est contenté d’évoquer les autorisations de programme des budgets annuels, sans jamais parler des limitations des crédits de dépense imposées par Bercy qui ont empêché leur réalisation et donc de passer les commandes aux industriels de la Défense. D’où un effet d’échantillonnage dans la réalisation des marchés dans chaque catégorie des matériels concernés…
    Il me semble également que l’affaire Alstom collera longtemps aux basques de monsieur Macron. Je considère en effet que ce dossier a été une véritable forfaiture parce qu’elle a sacrifié les intérêts de la France à ceux des États-Unis dont on voit comment monsieur Trump, comme ses prédécesseurs, défend les seuls intérêts de son pays au détriment des pays européens et en particulier de la France.
    Sur ce point, l’avocat honoraire Régis de Castelnau vient sur son site de mettre en ligne, sous le titre « Affaire Alstom : coup d’État, corruption et suicides », une vidéo précédée de cet avertissement : « J’ai été invité sur la chaîne d’Idriss Aberkane avec mon ami Didier Maïsto afin d’échanger sur les circonstances et les conséquences de la disparition d’Olivier Marleix.
    L’affaire Alstom dont Olivier était un spécialiste essentiel avec Éric Dénécé est un élément fondamental de l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir grâce à un coup d’État. Cette opération de corruption géante n’a pas encore livré tous ses secrets. Antérieure à l’installation de Macron à l’Élysée où il dispose maintenant depuis plus de sept ans de l’immunité présidentielle, elle devra donner lieu après l’échéance de son deuxième mandat à l’indispensable procédure judiciaire permettant la sanction de tous ceux qui ont participé au coup d’État et profité de la corruption. »
    Je n’avais pas commenté votre billet relatif au décès d’Olivier Marleix. Par ailleurs, j’étais lecteur du site d’Eric Denécé et récemment j’ai été surpris de voir que ce site était en maintenance technique, maintenance qui s’est prolongée de manière incompréhensible. J’ai par la suite appris que son créateur, issu d’ailleurs du milieu du renseignement, était décédé.
    Le billet de Régis de Castelnau fait ici un rapprochement pour le moins surprenant lié au fait que tous deux étaient de très fins connaisseurs du dossier Alstom. Je n’ai certes pas compétence pour juger de la qualité de ce rapprochement, mais cela seul laisse entendre que la Justice, actuellement instrumentalisée au profit du pouvoir exécutif, pourrait, après que monsieur Macron aura quitté ses fonctions qui lui assurent son immunité, se lancer dans des enquêtes comme elle l’a fait à l’encontre de monsieur Sarkozy.
    Aussi, pour conclure, je rejoins Julien WEINZAEPFLEN | 14 juillet 2025 à 21:57 quand il écrit : « La trahison ne montrera son caractère ultime qu’après le « dernier quart d’heure » du mandat d’Emmanuel Macron qui prétend rester président jusqu’à la dernière seconde indiquée par le chronomètre, où il activera peut-être le détonateur qui fera définitivement exploser la nation façon puzzle. »
    Mais je n’aurai pas l’optimisme de finch | 14 juillet 2025 à 14:40 qui affirme avec justesse certes : « C’est pourquoi il faut croire en la capacité régénératrice de la nation, même lorsqu’elle semble à genoux. Le président actuel ne sauvera ni son héritage ni son image en évoquant un hypothétique retour. Car la France ne vit pas d’un homme, surtout si cet homme a dilapidé huit ans à dissoudre l’autorité, éteindre la parole politique et confondre l’intérêt général avec sa propre continuité. Ce n’est pas une nouvelle figure de recours que les Français attendent. C’est la fin de l’usure ».
    Cependant je serais plus pessimiste que lui quand il conclut : « La France s’en est toujours remise. Elle s’en remettra encore. »

  24. hameau dans les nuages

    @ Robert | 15 juillet 2025 à 16:48
    Je suis tout à fait d’accord avec vous sur vos propos concernant l’affaire Alstom… Mais observez le silence religieux de nos politiques sur cette affaire scandale d’État et là Nicolas n’y peut rien… Oui je sais il faut respecter le deuil des familles des « suicidés »…
    Foutaise oui !

  25. @ Jean sans terre
    Vous me l’apprenez, je ne me suis pas encore penché sérieusement sur la geste de Léon XIV et ne peux prendre votre surprise que comme un encouragement à continuer à contempler le visage de plus en plus apparent de la réalité.

  26. @ Robert | 15 juillet 2025 à 16:48
    @ Julien WEINZAEPFLEN | 14 juillet 2025 à 21:57
    @ finch | 14 juillet 2025 à 14:40
    @ et aux nombreux autres
    Tous excellents commentaires, que je souhaite agrémenter d’un dessin ou d’une caricature comme il est d’usage dans la presse.
    N’ayant pas de crayon, je me contenterai de le décrire.
    Emmanuel Macron est l’Arlequin de la politique.
    Sa pensée faite d’un assortiment d’idées puisées de-ci de-là, au gré des opportunités que l’air du temps lui propose et à la seule condition de le servir.
    Une idéologie d’Arlequin, mal cousue et mal assemblée sous le vocable du « en même temps » qui voudrait d’un ensemble disparate faire un ensemble cohérent.
    D’Arlequin, il a les défauts, rusé, menteur, hâbleur, opportuniste, il est capable d’inventer toutes sortes de stratagèmes, pirouettes ou acrobaties pourvu qu’elles lui rapportent.

  27. Jean sans terre

    @ Robert Marchenoir,
    J’apprends ce jour que le trouble journaliste de « Frontières », Erik Tegnér, proche de l’intrigante Sarah Knafo, a déposé en juin de cette année la marque « c’est Nicolas qui paie » à l’INPI, prenant à revers sans qu’il les prévînt les associés du mouvement. Depuis que le scandale a reçu un faible écho public, il aurait renoncé.
    Ainsi, avec amusement, je vois que la typologie du personnage que j’avais tenté de faire n’était pas trop éloignée de la réalité. Je comprends mieux aussi l’écho se répercutant dans la personne de Sarah Knafo.
    Les réseaux sociaux sont fantastiques. Quel dommage que les notables au pouvoir désirent autant la censurer. S’ils y parvenaient, pour nous amuser, nous n’aurions plus que la presse stipendiée pour nous aider à éclaircir quelques vérités inavouées. Autant dire que l’on ne saurait plus rien.
    Cher Nicolas, chère Juliette, soyons un peu plus patients. Tout vient à point à qui sait attendre. Ne précipitez pas un désir ardent. Demain ou après-demain, vous aussi serez les notables que vous rêvez tout éveillés de devenir. Ne vous hâtez pas de vieillir. Gardez à l’esprit ce que la chanson populaire dans la bouche de Jacques Brel disait du bourgeois.

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