Les projets de la ministre de l’Education nationale ont mobilisé, généralement contre eux, plusieurs intellectuels de haut niveau mais l’intense débat qui se déroule aujourd’hui sur les rapports de la gauche avec les intellectuels, sur la liberté d’expression, dépasse très largement ces péripéties politiques partisanes quoique fondamentales pour le pays et sa jeunesse.
Il est d’autant plus stimulant de s’en mêler que de manière pluraliste la réflexion peut s’appuyer sur une série de contributions, d’articles et d’entretiens qui, peu ou prou, stimulent l’intelligence et excitent la contradiction. Il est essentiel, en effet, de rapprocher « Comment la gauche a perdu les intellectuels » de Vincent Trémolet de Villers, « Le politiquement correct à toutes les sauces » de Marion Rousset, la double page du Monde sur « Quand les militants perdent la foi » de l’entretien d’Aymeric Caron dans TéléObs.
Avant même d’aborder le fond de la discussion, il convient de souligner que si la gauche en effet perd « ses » intellectuels, cela tient à sa responsabilité, moins à cause d’antagonismes de principe que par l’étrange perversion qui a conduit le pouvoir socialiste à se muer en critique littéraire et philosophique et à enjoindre à l’intellect de demeurer partisan et sectaire. De donner tort à l’adversaire même s’il a raison et raison au partisan même s’il a tort.
L’attitude du Premier ministre, puisque c’est de lui principalement qu’il s’agit, a eu pour effet de coaliser contre elle, gauche et droite confondues, tous ceux qui se préoccupaient de la liberté de l’esprit et de leur indépendance à sauvegarder.
Il me semble que, dans une même aspiration à décrire le réel tel qu’il est, à dévoiler les problèmes et à les nommer, à dénoncer les blocages et les dérives, sont réunies des personnalités que les concepts de nation, de patrie, d’identité, d’école et de culture mobilisent, certes parfois avec des options différentes mais toujours avec la conscience de l’urgence de ces questions.
En vrac mais unis par un même souci de la France à préserver et de la France à louer contre tous les miasmes d’une repentance forcenée : Eric Zemmour, Alain Finkielkraut, Pascal Bruckner, Denis Tillinac, Michel Onfray, Natacha Polony, Régis Debray, Éric Naulleau, Chantal Delsol, Gilles-William Goldnadel notamment. Cet énoncé peut paraître surréaliste mais pourtant il se fonde sur des similitudes qui se rapportent d’abord, chez tous, au refus de l’inacceptable.
Une preuve supplémentaire de cette complicité au-delà des clivages artificiels : on les fait de plus en plus se rencontrer pour des joutes qui sont ou seront en réalité des concordances parsemées de quelques désaccords minimes. Alain Finkielkraut face à Michel Onfray, bientôt à Nice ce dernier dialoguera avec Eric Zemmour. La réaction intelligente parle à la réaction lucide.
Il y a des bretteurs et il y a les commentateurs.
Seuls les premiers m’intéressent, ceux que j’appelle les « intellos » à réaction. On a parfois des surprises. J’ai évoqué l’entretien passionnant d’Aymeric Caron et si je déteste sa détestation, qu’il explique, d’Eric Naulleau, je suis d’une part sensible à son honnêteté intellectuelle à mon égard et d’autre part sa controverse avec Caroline Fourest, dont il est sorti honorablement vainqueur, l’a rendu à mes yeux moins répulsif. Surtout, il est clair que tout en n’ayant absolument pas la même conception de la liberté ni la même vision sociale que ceux que j’ai mentionnés, Aymeric Caron est un bretteur à sa manière. Il a exaspéré parce que précisément la tiédeur n’était pas son fort.
Ce succès éclatant de la pensée aux antipodes du conformisme bête et de la gauche officielle, maintenant qu’il est acquis, devrait entraîner des conséquences qu’il convient de bien mesurer.
Ces intellectuels qui ont gagné par leur talent et leur profondeur, grâce à la qualité de leur langage, de leurs livres et de leur implication vigoureuse dans le débat public ne doivent plus adopter la posture de martyrs. Globalement, ils sont passés du bon côté. Les pestiférés ne sont plus eux mais les entêtés de l’étouffement. Tous ces êtres que j’apprécie ont médiatiquement remporté la victoire et ce serait de l’hypocrisie de leur part que de continuer à déplorer une fausse disette.
Il faut aussi se pencher sur ce qu’est le « politiquement correct » en étant attentif au fait que la provocation en elle-même n’était porteuse de rien de signifiant, ni pour ni contre, et que si la vérité a besoin de la liberté, celle-ci n’entraîne pas forcément celle-là.
La nuance, l’écoute, le respect de l’autre, les règles mais aussi leurs exceptions, l’appréhension globale, la pensée contre soi ne sont pas des gadgets inutiles mais des obligations. Si ces dernières ne sont pas respectées, le réactionnaire ne sera qu’un râleur de plus.
Enfin, face à tous ces militants « qui perdent la foi » dans l’ensemble des partis sauf au FN, devant ce désabusement et ces désillusions, alors que notre démocratie est d’autant plus menacée qu’elle est invoquée à tort et à travers, trop souvent pour justifier le contraire de ce qu’elle devrait imposer, les intellectuels ne peuvent plus se permettre de crier. Leur pessimisme, aussi lucide soit-il, ne nous apprend plus rien et il risque de lasser. Ils ne crient plus de surcroît dans le désert mais dans un univers saturé médiatiquement qui ne laisse aucune de leurs paroles dans le vide. On soutient qu’ils n’ont plus d’influence, qu’ils ne sont plus écoutés quand ils prescrivent mais je n’en suis pas sûr du tout.
Ils sont au pied de la montagne. On n’attend plus seulement d’eux qu’ils nous affirment qu’elle est haute, escarpée et dangereuse, qu’ils nous avisent du péril et évoquent avec nostalgie les temps bénis d’avant. On a besoin qu’ils nous fournissent le mode d’emploi et que même ils accomplissent l’escalade avec nous. Il y a mille tours d’ivoire. Gémir, vitupérer, alerter, semoncer en est une.
Le citoyen, la société exigent des intellos à réaction. Même si le pouvoir, lui, s’en passerait volontiers.
Aymeric Caron est vrai, il est frais, à mes yeux il a une qualité inestimable, plus grande encore que celle de bretteur, il plonge dans les dossiers : il les récure, les gratte pour les éclairer et lever toute suspicion.
Il déteste par-dessus tout l’à-peu-près, le mensonge et la fausse information, l’implicite scélérat qui veut masquer la vérité ou du moins la dissimuler.
Il a raison de pourfendre, c’est dérangeant mais si c’est étayé cela fait partie du débat, assez d’entendre des robinets d’eau tiède couler. Même si parfois il y a une certaine agressivité, elle est toujours de bon aloi : vous ne construisez pas la Tour Eiffel avec de bons sentiments et encore moins vous ne gagnerez un match de rugby sans le ruck certes viril mais correct.
Il a mille fois raison de pourfendre, car lui au moins a la connaissance avérée de ce qu’il annonce, toujours fouillés ses dossiers, et jamais pris en défaut.
Alors lutteur, il l’est, qu’il ne se perde pas, on l’aime comme cela comme on aime Arfi, Mauduit et tous les autres qui portent le fer au bon endroit, toujours pour la lumière du citoyen et de l’électeur. Chez nous on aime les guerriers (notre hôte les appelle les bretteurs), sans eux la démocratie se noierait et nous tous avec.
Avec la binationale NVB* l’éducation à vau-l’eau !
Niveler par le bas a toujours été une spécialité de la gauche sociolo communiste. Conception populiste de l’égalité avec pour objectif la destruction systématique du socle de l’excellence, du mérite et bien sûr de l’élitisme à tous les niveaux.
* A noter qu’il est contre-nature qu’un ministre de la République française n’ait pas renoncé à son autre nationalité. Et que ceux qui prétendent qu’un tel choix serait impossible pour un citoyen marocain (par exemple) relisent plutôt le code de la nationalité du pays concerné (notamment art. 18 et 19).
« A. Caron honorablement sorti vainqueur de sa controverse avec C. Fourest ? » j’ai eu plutôt la vision d’un acharnement, d’un déchiquetage. Caron a généralement un comportement détestable et Ruquier ne joue pas son rôle de régulateur. A quoi sert-il de faire venir des invités pour ne pas les laisser parler ? Pour les agresser avant même qu’ils avancent un argument. Un interviewer de talent pourrait rendre les débats apaisés tout en ne sombrant pas dans la complaisance. Il est temps que Caron parte. Attention au nouveau, je crois qu’il nous réserve des surprises si l’on en juge par des déclarations péremptoires dans différents médias.
Quant aux coups de menton de Valls ou au mépris affiché par Najat Vallaud-Belkacem à l’égard des intellectuels ou opposants, c’est tout simplement affligeant. Ils ont attrapé ‘la grosse tête’ et il ne faut surtout pas que leur attitude médiocre soit un frein au travail fécond des intellectuels libres.
« On n’attend plus seulement d’eux qu’ils nous affirment qu’elle est haute, escarpée et dangereuse, qu’ils nous avisent du péril et évoquent avec nostalgie les temps bénis d’avant. On a besoin qu’ils nous fournissent le mode d’emploi et que même ils accomplissent l’escalade avec nous. Il y a mille tours d’ivoire. Gémir, vitupérer, alerter, semoncer en est une. »
Vous avez, selon moi, cher Philippe mille fois raison. Il me semble du reste reconnaître là une autocritique de votre part, car après tout n’êtes-vous pas un intellectuel de par votre milieu, votre formation, vos centres d’intérêt, vos publications, votre notoriété médiatique et ne gémissez-vous pas, ne vitupérez-vous pas, n’alertez-vous pas, ne semoncez-vous pas plus souvent qu’à votre tour ?
La gauche, dites-vous, perd ses intellectuels. Je dirai plutôt pour ma part que beaucoup d’intellectuels sont aujourd’hui perdus.
N’aimant pas les généralisations abusives, je m’en tiendrai à votre liste hétéroclite d’intellectuels dont me semble-t-il le principal point commun est qu’ils écrivent dans Le Figaro. Aucune surprise donc à ce qu’ils n’encensent pas le pouvoir actuel.
Certains d’entre eux ont démontré une grande aptitude à se fourvoyer : A.Finkielkraut était en 1968 un fervent maoïste, d’autres n’ont jamais quitté la gauche car il n’y ont jamais été comme D.Tillinac. M.Onfray anti-socialiste depuis 1983, pour sa part, a connu une évolution récente surprenante, quoiqu’explicable, qui déconcerte ses plus fidèles lecteurs, dont je suis.
Une autre caractéristique de ces « intellectuels » est leur totale inculture en matière d’économie (à part peut-être E.Zemmour) et à ce titre si l’on voulait polémiquer on pourrait les qualifier de pseudo-intellectuels. Il nous manque cruellement un Raymond Aron l’auteur génial de « Dix-huit leçons sur la société industrielle.»
Les grands problèmes d’aujourd’hui ont, de mon point de vue, pour origine principale des causes économiques. L’effondrement de l’URSS, le développement du modèle libéral qui n’a plus ni concurrent, ni alternative crédible, l’essor des pays pauvres qui concurrencent les pays à fort pouvoir d’achat incapables de produire à coûts compétitifs, les excès de la financiarisation de l’économie qui a failli mener à la catastrophe absolue en 2008, la répartition inégalitaire des richesses qui conduira inéluctablement à une crise majeure comme l’a lumineusement démontré T.Piketty, mais combien d’intellectuels l’ont lu ? Voilà pourquoi je n’attends pas grand-chose des intellectuels d’aujourd’hui.
Tant que l’on s’attaquera aux symptômes et non pas aux véritables causes et que l’on fera semblant de ne pas voir les contraintes (2000 Mds € de dettes) on n’aura que les fausses solutions des populistes.
Il me semble que, dans une même aspiration à décrire le réel tel qu’il est, à dévoiler les problèmes et à les nommer (…)
Est-il normal que dans notre démocratie (comme l’écrit sans rire Philippe Bilger) le simple fait d’appeler un chat un chat puisse valoir à l’auteur de la constatation d’un fait patent non seulement d’être agoni d’injures mais encore d’être parfois même l’objet de poursuites judiciaires ?
Aymeric Caron un intellectuel… il fallait oser!
@Giuseppe
« …jamais pris en défaut » ?
Vous avez raté probablement beaucoup d’ONPC ! Ce monsieur est souvent hors sujet puisque son but n’est pas tant de débattre sur le thème pour lequel la personnalité « soumise à la question » est invitée, mais de lui trouver le plus de défauts possible afin de démolir. Contre Fourest, par exemple, il l’empêchait de s’exprimer et se plaignait qu’elle lui interdisait la parole ! Sa mauvaise foi est souvent, patente.
Bonjour Philippe Bilger,
Moi qui suis toujours d’accord avec ce que vous écrivez, permettez-moi d’être surpris de votre nouvelle position sur Caron.
Ou alors, comme d’habitude, convainquez-nous en débattant sur YouTube.
J’attends avec impatience cet échange, en souhaitant que celui-ci ne se dérobe pas !
Cela dit, même exceptionnellement en opposition avec vous, je pense que depuis la naissance (ou presque) de ce blog, vous faites à mes yeux carton plein. Continuez !!
Voilà des mois et même des années qu’une majorité de citoyens est déboussolée par les dirigeants politiques, des dirigeants qui veulent les emmener vers des chemins auxquels ils n’aspirent en aucune façon. Depuis trois ans, le Président qui s’est lui-même présenté hypocritement (puisqu’il laisse faire sinon encourage) comme normal laisse ses ministres et leurs conseillers concocter des lois et des réformes sociétales farfelues.
Il faut bien remarquer que ces néo-hauts fonctionnaires ont tous été élevés dans les mêmes écoles et notamment Sciences Po, biberonnés par un « Richie » mégalo, universaliste et multiculturaliste. Ces élèves socialistes mais aussi de la droite molle ont fréquenté les mêmes réseaux, les mêmes cercles, les mêmes think tank et vivent dans l’entre-soi jusqu’à la sclérose, jusqu’à ne plus voir les réalités de la vraie vie.
On ne peut donc qu’être contents de voir s’élever des voix et pas n’importe lesquelles pour nous conforter, nous citoyens lambda, dans nos appréhensions, dans nos sensibilités. Lorsqu’un individu de la société civile ose critiquer, il est aussitôt catégorisé comme populiste, raciste, xénophobe, islamophobe, fasciste et j’en passe. Un ignorant qui se permet d’avoir un avis, quelle outrecuidance ! Ces intellectuels clairvoyants et rationnels, pour la plupart venus de la gauche ne sont dédaignés que par le terme de pseudo-intellectuels… c’est déjà mieux.
« Eric Zemmour, Alain Finkielkraut, Pascal Bruckner, Denis Tillinac, Michel Onfray, Natacha Polony, Régis Debray, Éric Naulleau, Chantal Delsol, Gilles-William Goldnadel notamment. Cet énoncé peut paraître surréaliste mais pourtant il se fonde sur des similitudes qui se rapportent d’abord, chez tous, au refus de l’inacceptable ». A cette liste qui s’allonge en permanence, à la fois à notre grand étonnement mais aussi à notre satisfaction on peut ajouter des journalistes et intellectuels plus à droite, Jean d’Ormesson, Ivan Rioufol, Richard Millet, etc…
J’ai même pu lire que José Bové avait signé un manifeste contre la GPA avec Michel Onfray. Le clivage droite-gauche est dépassé, il se déporte maintenant vers un clivage entre les utopistes-théoriques et les réalistes-positifs.
Oui, c’est réconfortant de se dire que notre vision sur la France n’était pas si réac que cela, pas si erronée malgré les insultes, les propagandes entreprises pour démontrer le contraire.
Evidemment la France et le monde changent et ces évolutions demandent des adaptations, mais des adaptations qui soient cohérentes avec l’humain, avec les Nations en tenant compte et en respectant les goûts, les traditions et l’histoire de notre pays. Chacun de ces intellectuels à leur façon, ont compris « qu’il fallait savoir d’où on venait pour savoir où on allait » et rester pragmatique. Il ne suffit plus de commémorer en grande pompe les événements historiques ou les grands hommes de la patrie pour occuper le Président et assurer sa gloire alors qu’il seraient oubliés dans les programmes d’Histoire au collège.
Il n’est tout de même pas normal que les Français tellement désabusés se tournent de plus en plus vers le FN et Marine Le Pen, il est temps que d’autres dénoncent les abus intellectuels d’une gauche anticléricale et qui déteste son pays au point de vouloir en effacer racines, histoire et traditions allant jusqu’à remplacer les habitants par de nouveaux venus. Une gauche héritière du léninisme et surtout du trotskisme pendant qu’une droite centriste court derrière pour se faire bien voir de journalistes affidés.
Aymeric Caron est tout de même une caricature de la gauche bobo-écolo qui oublie les « sans dents » et, qui, pour garder bonne conscience vante les mérites de l’assistanat débridé et des droits du citoyen sans demander en retour des devoirs.
Mais avec ces intellectuels qui ouvrent les yeux, l’espoir renaît. Certains qui n’osaient pas ouvertement se ranger au bon sens des gens du terrain par peur d’être classés FN, risquent de s’engouffrer dans la brèche et avoir le courage d’exprimer leurs opinions. Déjà je sens, chez des amis, certains signes et petites phrases révélatrices… ils n’ont plus peur de dire leurs états d’âme.
Caron a piégé Fourest sur un détail, mais sa méthode est détestable: plutôt que de s’opposer aux idées de cette femme, il s’est attaqué directement à sa crédibilité. Vous l’aimez parce que cette fois il a été odieux avec quelqu’un que vous appréciez encore moins… Ce n’est pas très noble de votre part.
Sinon, le concept même de « réaction » expose sa limite dans son énoncé: la réaction s’oppose à toute action, mais ne propose rien de moteur. Elle suppose que le statu quo est optimal.
Compter sur les forces de frottement pour espérer gravir une montagne, c’est contraire aux principes de base de la physique !
Et cette réforme de NVB, quelle tempête dans un bénitier !
@ Mary Preud’homme | 25 mai 2015 à 13:22
Vous préférez Cahuzac ?
Ces conneries contres les binationaux, ça commence à me courir !
Je trouve les procédés de Caron parfois un peu faciles.
Il demande souvent à la personne qu’il interroge pourquoi elle a écrit sur tel sujet et non pas sur tel autre. Ou il lui fait comprendre, avec l’aide de Léa Salamé qui y excelle aussi, qu’elle croit avoir écrit sur un sujet, mais qu’en fait elle en a traité un autre. Après ces préliminaires, il la met en opposition avec elle-même à coups de citations certes précises, datées, référencées, ce qui en jette, mais aussi parcellaires, et émises dans des contextes différents. Il infère à partir de ce que les gens ont dit, et les attaque parfois non pas sur leurs écrits, mais sur ses propres inférences. Il lui arrive assez souvent de les pousser à la faute, en les coupant pour les contrer, en ne leur laissant pas terminer leurs phrases ou nuancer leurs propos, quand il ne couvre pas leur voix de la sienne, le tout sur un ton pressant et sous un feu nourri d’accusations ; enfin et surtout, il se positionne en tant que défenseur de la morale, « he takes the higher moral ground » comme on dit en anglais. Il s’installe d’emblée dans une position dominante sur le plan de la moralité, du coup il positionne son adversaire comme inférieur à lui à cet égard. Et ça, ça marche à tous les coups pour mettre les spectateurs de son côté, dans le camp du bien.
Il s’agit là d’une stratégie guerrière appartenant à la guerre psychologique ou « unconventional (dirty) warfare », si l’on en croit ce site:
http://www.businessinsider.com/33-strategies-of-war-you-should-apply-to-everyday-life-2012-5?op=1&IR=T
L’impression que donne Caron, en dehors d’être prédictible dans ses joutes, c’est de lire les écrivains à qui il souhaite s’en prendre, non pas tant pour comprendre ce qu’ils ont exprimé, que pour y trouver du matériel susceptible de leur faire mordre la poussière, et lui permettre de l’emporter par K.O. Bien sûr que la controverse est un art de polémiste, mais tous les coups ne sont pas permis. Il est vrai qu’il s’agit d’une émission de divertissement et que les jeux du cirque sont faits pour cela.
Dans le cas de Caroline Fourest, qui n’en est d’ailleurs pas elle-même à une approximation ni à une argumentation spécieuse près, Caron l’a amenée à dire un mensonge, et à le confirmer, sur une question qui n’apportait pas grand-chose au débat. Échec et mat. Mais c’était une bataille inutile, car cette intellectuelle gravite dans une sphère assez restreinte, et assez close, qui ne soulève alentour qu’une vague curiosité. Il fallait donc pimenter le débat, pari gagné puisqu’on en parle encore.
Manuel Valls est l’auteur de ces phrases (et de bien d’autres encore) qui le cataloguent définitivement dans la rubrique « Crétin intolérant » :
Octobre 2004 : « Zemmour ne mérite pas d’être lu »
8 janv. 2015 : « La France ça n’est pas Michel Houellebecq » et « ça n’est pas l’intolérance, la haine, la peur »
Mars 2015 : « Onfray perd ses repères ».
ça se passe en France dans une grande démocratie parlementaire et Valls est son Premier ministre…
Dans quel autre pays occidental pourrait-on supporter qu’un chef de gouvernement édicte ce qui mérite ou non d’être lu ??
Que n’aurait-on entendu ou lu si un Premier ministre de droite avait osé s’attaquer à des intellectuels (de gauche ou de droite, mais au fond la ligne de fracture n’est plus du tout entre ces deux camps !) ??
Ce billet ne suscite pas beaucoup de commentaires ; apparemment la Pentecôte n’a pas soufflé.
L’intellectuel, depuis sa trahison révélée, a mauvaise réputation. Qui plus est, sa remise en cause par des joutes sempiternellement violentes, rageuses, et moralisantes lasse le public, le déroute aussi. Sartre a toujours eu tort, il était adulé. Aron a toujours eu raison, il était très méconnu du grand public. Caron, bon, n’en parlons pas, ce n’est rien, tout juste un comédien qui sait son texte.
Quel devoir l’homme savant a-t-il ? Dire sa science et à cet égard, nous avons quelques figures étonnantes, mais qui n’ont qu’une influence lointaine, du propre aveu des titulaires. L’intérêt ne peut concerner que les grands décideurs, investisseurs et politiques de très haut niveau.
Les phénomènes économiques sont eux-mêmes marqués d’une passion politique immédiate qui en trouble l’ordonnancement et vicie les perspectives. Keynes est de retour……….. Piketty a tout mélangé………. Friedman n’a rien compris…….. Rawls est trahi…….. Sen ruine ce qu’il voulait créer….. etc.
L’économie reste un magma, d’où émergent quelques vérités jamais démenties, le reste est un rivage trourmenté où s’écrasent les vagues successives des interprétations.
Il est vraisemblable que la formation reçue modèle le sujet et qu’ainsi il doit y avoir des économistes nord-coréens comme il y a eu un Lyssenko ou même un modèle Stakhanov.
Certes, les modèles un peu crétins font leur travail de destruction, puis s’effondrent en laissant subsister quelques regrets pour les pans raisonnables de leur exercice ou laissent des scories indestructibles. Dès lors, l’intellectuel est accroché à tel ou tel de ces éléments et le défendra avec plus ou moins de bonne foi, selon ce qu’il envisage de l’avenir ou subit lui-même ; c’est un peu ce que disait Benda. Mais c’est déjà ce que disait Platon dans le Gorgias.
L’affrontement entre la vérité pure, mais transitoire, de la science et l’estimation toujours fragile de l’économie n’engendre que l’opportunisme propre aux choses humaines. Enfin, le modèle de civilisation est aussi un genre économique. Le monde musulman, par exemple, n’a jamais créé d’économie autre que fondée sur l’exploitation excessive des acquis exogènes (esclavage ou ressources naturelles) servie par un esprit juridique insincère ce qui n’empêche pas des individualités brillantes, mais engendre aussi une société perverse, donc une économie vicieuse.
Le modèle français est tout en arrogance, l’administration n’y est pas sincère, n’a pas de parole, est très impérialiste et sûre de son bon droit, honnêteté intellectuelle nulle, de là, par effet d’impression, un pays livré à des batailles stériles et un découragement institutionnel. La justice, élément de vérité, s’est déconsidérée à plusieurs reprises et par sa lenteur paresseuse achève le découragement ; il ne s’agit pas de la France en particulier mais de la notion de justice en général. C’est bien pour cela qu’Aristote déjà, avait privilégié l’équité.
@Alex paulista
Bien d’accord avec Mary Preud’homme, la binationnalité pour un ministre de la République est un non-sens et un renoncement de nos politiques inconcevable.
Dans quel pays voyons-nous cela ? Nos institutions devraient avoir prévu ce cas, cas qui se multiplie et un élu ou un ministre devrait choisir entre nationalité et mandat. Question de confiance.
« Ces conneries contres les binationaux, ça commence à me courir ! »
Que cela « vous court », peu me chaut.
Quand on occupe une fonction publique, la double allégeance, oui, cela pose un très sérieux problème.
Quand on voit des Français de très fraîche date et, certains, même pas complètement Français, venir nous expliquer ce qu’est la France, la vraie, et que, au passage, les Français sont racistes, xénophobes, égoïstes etc. oui, cela pose un sérieux problème.
Les Belkacem, Pouria Amirshahi, Valls et compagnie pourraient avoir la modestie de fermer leur grand clapet et de faire profil bas, mais non, c’est trop leur demander.
Il paraît qu’il n’y a qu’en France que nous avons cette catégorie d’individus estampillés « Intellectuels », tous les autres étant certainement des manuels ou des demeurés.
Comme ils se trompent régulièrement, je ne vois pas pourquoi leur accorder autant d’importance.
« La réaction s’oppose à toute action, mais ne propose rien de moteur ».
Rédigé par : Alex paulista | 25 mai 2015 à 16:57
Tiens donc. Une projection vers l’arrière permettant une propulsion vers l’avant, n’est-ce pas le principe du moteur… à réaction !
Cher Philippe,
Imaginez trente secondes un entretien ou un plateau réunissant Bruno Bonnet-Eymard et lesdits intellectuels Fourest, Caron, Onfray.
Il vous serait possible de mesurer leurs impostures intellectuelles face à des érudits.
Nous appelons érudits les personnes qui se donnent le temps d’approfondir et non d’abuser du temps des lecteurs ou téléspectateurs de leurs provocations stériles.
La pente est longue les concernant pour atteindre la perfection.
françoise et karell Semtob
Je ne suis pas certaine que ce soit le rôle des intellectuels de nous donner le mode d’emploi. Je suis même convaincue qu’ils ne doivent pas le faire. Ils nous invitent à penser, ils nous confrontent à leur interprétation du monde, nous secouent, nous aident à varier nos angles de vue. Ils ne sont pas là pour nous rendre passifs et irresponsables. Ce ne sont pas nos guides. À nous de chercher.
Autant Platon est intéressant à étudier, autant il fut nul comme conseiler politique. Pourtant ce ne fut pas faute d’essayer, lui qui rêvait d’un roi philosophe!
@Alex paulista
Non monsieur, dans la vie il faut parfois choisir, à plus forte raison si l’on exerce d’importantes responsabilités.
Par exemple, l’exercice de mandats politiques ou de métiers de la haute fonction publique devrait être strictement réservé aux nationaux. En effet, avez-vous pensé aux conflits d’intérêts que pouvaient engendrer certaines fonctions lorsqu’elles sont exercées par des binationaux ? En particulier si les intérêts desdits pays deviennent antagonistes, voire en cas de conflit avéré ?
Quant à l’affaire Cahuzac, je ne vois pas bien ce qu’elle vient faire ici. J’admets cependant que le fait qu’il soit un menteur et un tricheur n’est pas propre au parti socialiste dont (contrairement à moi qui y suis totalement étrangère) vous semblez être un inconditionnel partisan.
@Marc GHINSBERG | 25 mai 2015 à 14:32
Vous avez parfaitement résumé le fond de ma pensée. Rien à ajouter.
@adamastor
D’accord mais pour débattre il faut bien démasquer, les citoyens ne savent pas tous à qui ils ont affaire, donc A.Caron pose la règle du jeu, il y en a assez de ces débats où comme Cahuzac et consorts, Dominique Tian et tous les autres débattent ou débattaient allègrement de la meilleure façon de conduire les affaires du pays, alors qu’ils planquaient leur fric à l’étranger. Donc on devrait supporter des tricheurs et des menteurs et pouvoir débattre courtoisement avec ces derniers qui ne croient même pas en leur pays et en ce de quoi ils devraient être les gardiens : la rectitude, l’honnêteté et j’en passe.
Alors si au passage A. Caron dévie du sujet, souvent il l’éclaire car il met à jour un pan de vie pas très reluisant et cela fait partie de notre démocratie. Diantre ce sont des hommes publics ! Il faut assumer ! Et quand on n’a rien à se reprocher on peut lever la tête. Ah bien sûr c’est populiste de dénoncer des taxis à 40 000 €, des écharpes au cours du diamant et de mentir sur leur destination finale.
Alors si son rôle est de parfois déchiqueter c’est que peut-être les autres servent une soupe bien douce, ma foi il faut bien compenser.
La fameuse petite soupe qu’ils font dans leur petit coin avec leur petit feu disait de Gaulle. Et tant mieux si certains s’accrochent avec parfois un peu de virulence, cela fait circuler le sang.
Bien à vous.
Le Monde ce soir, dessin de Gorce, les Indégivrables.
Deux intellos :
– Comment quelqu’un comme toi, depuis toujours avant-gardiste, peut-il défendre aujourd’hui des idées aussi rétrogrades ?
– Le rétrograde est furieusement tendance.
Tout est dit. Ce mec est génial !
@Alex paulista
@Mary Preud’homme (pour information)
Ce qui commence « à me courir » c’est le genre de comparaison fallacieuse et farfelue que vous utilisez. Quel peut bien être le rapport entre l’exemple Cahuzac et l’exemple du « ministre à double nationalité » ? Vous sentiriez-vous personnellement touché parce que vous auriez fondé une famille à double nationalité ? Enfin pour ce que je crois avoir compris.
Lorsque voici 45 ans, alors au service des armes de la France, j’ai été naturalisé sans tout le tralala actuel, j’ai renoncé à ma nationalité d’origine et j’ai même francisé mes prénom et nom en dehors de tout le reste.
Quels que puissent être les élans du cœur, « on ne peut servir deux maîtres à la fois » !
« Le citoyen, la société exigent des intellos à réaction. Même si le pouvoir, lui, s’en passerait volontiers. »
En attendant, le temps s’étire avec indifférence sur l’essentiel de notre horizon (emprunté à mahéa).
S’agissant de l’instant présent, il faut le considérer comme une œuvre d’art fugace et être soucieux de son « avant » et son « après » de la scène représentée, qui ne cesse de changer. Ainsi, si les « sachant penser » s’efforcent de voir l’espace, ils ont à mon sens le devoir non seulement de dire le temps, mais aussi et surtout de faire naître et nouer les premiers fils de leurs multiples actions ; celles qui ne pourront prendre corps que dans une non pas unique, mais principale pelote. Mais laquelle ?
Quelques-uns s’y emploient avec plus ou moins de succès et/ou de reconnaissance, mais ces nouveaux pionniers ne pourront jamais devenir une courroie de transmission sans produire la «substance rare» qui pourrait produire l’agglomération aujourd’hui tant désirée et attendue : la réaction fédératrice.
En attendant, adeptes du grand écart, les politiques étirent le temps et choisissent les solutions faciles : remettre à demain c’est-à-dire à l’après de l’après, tout en oubliant l’avant de l’avant. Il est donc non pas probable, mais certain, que politiques et bretteurs acteurs, sont, sans l’admettre ni le mesurer, en train d’ouvrir chacun à sa manière, la brèche, sa brèche, une brèche par laquelle va devoir désormais s’engouffrer un incontrôlable mélange d’avant et d’après. Pour le meilleur il faut l’espérer, hélas le «meilleur pour tous», est peu probable, car les leaders nous auraient déjà affiché leur tableau futuriste.
Pour ce qui est de la manière de penser au sens politique large d’A. Caron, il faut bien admettre qu’elle est à sens unique et a rarement élevé le débat. Ses qualités sont ailleurs, et j’espère vivement qu’il se dirige encore plus vers la défense de la cause animale. La reconnaissance et les voix porteuses qu’il recherche encore et encore devraient lui être rapidement acquises.
@ MS | 25 mai 2015 à 20:06
Bien vu !
Je pensais aux forces de friction, qui résistent à un mouvement.
La réaction au sens politique est toujours opposée au mouvement, donc la parenté avec l’avion et la fusée me paraît bien lointaine.
Sur Caron : sa méthode est détestable quel que soit l’interlocuteur. Qu’il soit odieux avec quelqu’un qu’on exècre ne doit pas nous le rendre sympathique.
Sur la double nationalité : puisque tout le monde le dit ici, je dois être socialiste… Pourtant je n’ai jamais voté PS à un premier tour…
Mais en l’occurrence, je suis contre cette suspicion systématique des binationaux. Adamastor, si vous avez comme moi travaillé pour l’armée et avez été habilité Secret Défense, vous devez savoir que la chose importante est que personne ne puisse faire pression sur vous depuis l’étranger, par exemple en menaçant des proches.
Voilà pourquoi il est tout à fait normal d’exclure des postes sensibles les gens qui ont de la famille à l’étranger. Qu’ils signent un papelard ne change rien au problème. Dans mon cas, après mon mariage j’ai orienté ma carrière vers les applications civiles puis la finance.
Mais pour être ministre de l’Education… Je vous en prie.
NVB n’est pas à la défense ni aux affaires étrangères, que je sache !
Le populisme n’a rien à voir avec une quelconque pensée.
Le populisme, c’est répéter dans les médias ce que Mme Michu vous a raconté en sortant les poubelles. Cela peut effectivement lui faire plaisir et elle peut éventuellement assurer le succès de vos pseudo-intellos en achetant leurs oeuvres dans lesquelles elle retrouvera son propre discours ce qui lui donnera l’illusion d’avoir raison.
Mais si Mme Michu pensait, sa vie ne se réduirait à gémir, à geindre, à s’indigner, à vitupérer, à semoncer.
S’il n’existe que très peu d’intellectuels à droite, c’est parce que la fin de la pensée idéologique est l’action politique. Or, la réaction ne porte en elle aucun projet politique.
Contrairement à la révolution qui n’est pas autre chose que l’objectivation de la pensée d’un intellectuel. De gauche, donc.
@adamastor
« Lorsque voici 45 ans, alors au service des armes de la France, j’ai été naturalisé »
« Par le sang versé » ?
Alors, peut-être via « legio patria nostra », devise que j’ai toujours regretté de ne pouvoir faire mienne.
@Alex paulista
Oui j’étais habilité SD renouvelable tous les cinq ans, puisque je travaillais souvent sur des sites nucléaires, mais le problème n’est pas là. C’est une question de principe quel que soit le ministère concerné. Je me sentirais très mal à l’aise si « d’aventure » un(e) bi, voire tri-national(e) (cela existe au Sénat) venait â être élu(e) président(e) de la République française.
Enfin ça y est, les fêtes chrétiennes sont passées, notre brillantissime intello Gaspinou est ressorti intact de ses abris souterrains.
Un autre intello, sur RTL, Zemmour, n’a pas félicité le cinéma français qui fait du protectionnisme à outrance en recevant des millions tout en dénonçant dans ses films et aussi par la voix des acteurs le libéralisme, l’immigration que doivent supporter les pauvres en premier.
A Cannes les films primés sont sur la dureté du chômage, sur les immigrés que la France maltraite et encore et encore sur la Shoah. Comment voulez-vous que la jeunesse soit optimiste ?
Et pour en rajouter la chanson française parlait de la Grande guerre chantée certes par une chanteuse de talent mais sinistre en comparaison des autres pays qui eux nous donnent envie de danser.
Et après tout ça on demande aux Français de croire en l’avenir.
@Vieux Réac
Merci pour votre sympathie.
Non pas « par le sang versé », car cette loi ne date que de 1999.
Via « Legio Patria Nostra » oui. Vous regrettez de ne pas avoir pu faire vôtre cette devise. En plaisantant (bien sûr) je vous dirai : ne regrettez rien, nul n’est parfait…
Après tout pourquoi ne pas détester certains s’ils sont détestables, A. Caron déteste Naulleau et alors ? Qui n’a pas détesté dans sa vie, levez la main ! Et pour cause tous les jours offrent des chemins de détestation, la vilenie est détestable, la dissimulation est détestable à l’infini on pourrait décliner le processus, du plus petit au plus grand rejet.
Tout petit, mais vraiment tout petit… ajout.
Venant de finir R.Debray et L.Girard, j’y ai lu que la plus énorme faute de l’Europe avait été de refuser de reconnaître nos origines chrétiennes, et ensuite que l’islamisme est le pire ennemi de l’Occident. Il ne s’agissait pas d’inciter à l’assistance à la messe, ni au massacre confessionnel, mais de lire sous deux plumes de qualité que nos tout petits hommes politiques qui vitupèrent encore contre la religion, les Peillon, Cambadélis, Désir, etc. et s’agenouillent devant le danger réel ne sont que de minuscules objets au regard des batailles engagées. Les intellectuels se trompent partout, les érudits hésitent, les grands politiques font des bourdes énormes. Alors, Fourest, Caron et leurs épigones politiques, non, par pitié.
Manuel Valls vient de repousser pour six mois le projet de compte pénibilité.
Ce qui induit pour nous sur ce blog à encore six mois de pénibilité à disserter sur Aymeric Caron.
Les socialistes nous tueront à la tâche.
En vrac mais unis par un même souci de la France à préserver et de la France à louer contre tous les miasmes d’une repentance forcenée : Eric Zemmour, Alain Finkielkraut (…)
Philippe Bilger a oublié de citer celui qui est probablement un des premiers à avoir dénoncé avec constance les dérives actuelles ainsi que les dangers qui nous menacent, à savoir Ivan Rioufol.
@Garry Gaspary
Si l’on considère comme vous que l’intellectuel ne serait en quelque sorte qu’un agitateur d’idées, fausses en général, à des fins uniquement révolutionnaires, dans un esprit de haine de tout ce qui touche au réel et des lois régissant la Nature et la condition humaine, il est exact que l’on ne trouve pas ailleurs, chez les gens normaux, d’équivalent de ce type d’individu.
Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de penseurs à droite – ou bien dans la non-gauche – , au contraire, et ces penseurs-là s’efforcent avant tout de penser juste, contrairement aux intellectuels auto-proclamés qui se complaisent dans le n’importe quoi à grands renforts de sophismes et de provocations.
Et s’il y a relativement peu d’intellectuels médiatiquement connus à droite, c’est que la plupart sont obligés de se réfugier quasiment dans les catacombes (pensons par exemple à Richard Millet, interdit de publication au pays de la liberté), un grand nombre d’entre eux ayant même été éliminés depuis 1945 par des médiocres de gauche qui se sont empressés de prendre leur revanche sur des intelligences brillantes.
« Je me sentirais très mal à l’aise si « d’aventure » un(e) bi, voire tri-national(e) (cela existe au Sénat) venait â être élu(e) président(e) de la République française ».
Rédigé par : adamastor | 26 mai 2015 à 11:38
Moi non plus je ne voterais pas pour quelqu’un qui a des proches dans un autre pays où il n’y a pas moyen d’intervenir facilement.
Mais comme ce poste est adoubé par le suffrage universel, il poserait finalement moins de problème que celui de ministre de la Défense.
Donc, pour résumer, je suis d’accord avec vous, avec les nuances suivantes :
– c’est moins le papier qui compte que le fait d’avoir des intérêts et des proches dans d’autres pays, et quels sont ces pays : l’Espagne (pour Valls) ou l’Italie (pour Sarkozy), c’est gérable. Le Maghreb, c’est peut-être moins sensible qu’Israël, qui l’est moins que la Chine, par exemple.
– cela dépend des postes. Chef de l’État c’est Chef des Armées. Mais en même temps c’est défini par le suffrage. Moi aussi je serais mal à l’aise, et ne voterais pas pour un candidat trop lié à un pays étranger peu contrôlable.
Pour revenir au débat initial, je trouve détestable qu’on balance leurs origines à la tête des gens à la première contradiction.
Pour NVB, c’est clairement déplacé.
Comme le chante Biolay, un autre Lyonnais de la même génération que NVB :
A l’origine on faisait pas l’étalage
De nos racines, on n’avait pas d’héritage
A 10 centimes, on n’était pas si volage
Dieu
Dieu
Dieu que c’est loin
Il paraît que Yann Moix va remplacer A.Caron à la rentrée. J’avoue que je ne regarde pas souvent ONPC, pourtant je pense que c’est une émission intéressante.
Cependant, d’après les quelques déclarations que j’ai entendues de la part de Y.Moix, je pense qu’on va plus s’amuser avec lui qu’avec A.Caron.
Par exemple (dixit Y.Moix) : il y a certaines personnes pour qui j’ajoute systématiquement « Maréchal » avant leur nom, par exemple « Eric Maréchal Zemmour », « Michel Maréchal Onfray »…
Toujours d’après Y.Moix : « la liberté d’expression est toujours d’actualité, seulement on a plus de chance de risquer sa vie » (ce qui n’est pas tout à fait faux).
Parmi les gens qui réagissent, je citerais mes préférés pour 2017, ou 2022 : G.Darmanin (« Le départ programmé de F.Hollande »), M. Maréchal-Le Pen, et H.Gaymard (team A.Juppé).
Ce sont des personnalités qui ont suffisamment de force pour répondre avec force au magma gouvernemental.
@ adamastor
Je trouve étrange qu’un ancien légionnaire n’accorde pas sa confiance aux binationaux. Il n’est pas du tout dans l’esprit de la Légion de demander de répudier sa patrie d’origine.
C’est un des éléments qui font sa noblesse.
C’est traditionnellement la droite populaire qui déteste les intellectuels et on comprend bien pourquoi : la remise en question d’un ordre établi en fonction de considérations difficiles à appréhender par le commun reste un exercice difficile. Il faut un credo pour croire en Dieu, il faut des milliers de pages pour espérer sans garantie démontrer l’inexistence de Dieu. Cela est vrai sur tous les sujets.
Le fait nouveau, vous avez raison, est le fossé qui se creuse entre les intellectuels et la gauche de gouvernement et qui tendrait à démontrer que ce sont moins les intellectuels qui quitteraient la gauche que le pouvoir en place lui-même.
La place prépondérante prise par les énarques dans la direction des affaires est l’une des pistes d’explication : l’ENA est la seule grande école française où l’on n’apprend pas à penser, elle fabrique des esprits nécessairement conformistes puisqu’ils sont destinés à administrer l’ordre établi sans le remettre en cause. F. Hollande est le premier énarque sec à occuper la fonction présidentielle. Giscard et Chirac étaient aussi polytechniciens, j’allais dire : surtout, tant l’écart d’exigence intellectuelle est grand entre les deux écoles. L’énarchie est, par sa fonction, intellectuellement stérile voire hostile à la contestation intellectuelle et sa domination actuelle sur le gouvernement relègue évidemment le questionnement intellectuel au second plan. La nomination de Fleur Pellerin à la Culture, une gestionnaire de la Cour des comptes plus préoccupée des questions budgétaires que de la création culturelle dont elle semble bien éloignée, rend compte de cette rupture initiée au plus haut niveau de l’État.
De la même façon que Catherine Deneuve n’est pas nécessairement de droite parce qu’elle ne s’inscrit pas dans un soutien à gauche, de même les intellectuels « venus de la gauche » ne la quittent pas ipso facto quand ils s’opposent à une équipe gouvernementale très éloignée du débat intellectuel et, somme toute, qui n’est à gauche que par commodité de langage. De même ne faut-il pas ranger tous ceux qui « réagissent » parmi les réactionnaires et l’on n’est pas réactionnaire sitôt que l’on exprime une opinion divergente. La réaction politique consiste en un retour en arrière et cela qui ne caractérise pas l’attitude de nombre d’intellectuels classés à gauche. Je comprends bien le désir de ramener vers le club des intellectuels réacs tous les contestataires des évolutions erratiques actuelles, je comprends bien ce désir de revanche sur une gauche qui a, depuis des décennies, confisqué les intellectuels en reléguant la droite à une forme d’illettrisme insultant. Ce serait oublier que, jusqu’alors et encore aujourd’hui si j’en juge par certains commentaires, la droite profonde se méfie de ceux qu’elle nomme intellos. Que des intellectuels de gauche débattent avec des intellectuels de droite ne signe là aucun ralliement, juste l’idée saine qu’il convient de débattre de tout sans entrave.
Ce n’est pas la gauche qui perd ses intellectuels mais bien plutôt la gauche politique qui s’est volatilisée. On persiste, comme ma petite personne, à se définir comme étant de gauche tout en se retournant de tous côtés en demandant : « Mais où sont-ils passés ? »
@Alex paulista
« Pour revenir au débat initial, je trouve détestable qu’on balance leurs origines à la tête des gens à la première contradiction. Pour NVB, c’est clairement déplacé… »
Quelle mauvaise foi ! Il n’était nullement question ici de « balancer » les origines de NVB. La question portant uniquement sur sa binationalité et non ses origines. En l’occurrence, il semble évident pour elle comme pour d’autres que le fait de prétendre à un mandat de parlementaire ou à l’exercice d’un poste sensible ou de haute responsabilité devrait être conditionné par le renoncement à toute autre nationalité (sans pour autant renier ses origines ou ses racines). Ne mélangez donc pas tout, c’est assommant et ne fait qu’embrouiller le débat.
Et ce qui est clairement déplacé et choquant, c’est que des personnes qui refusent de choisir et naviguent entre deux eaux puissent prétendre sans vergogne et sans complexe aux plus hautes fonctions.
@ Mary Preud’homme | 26 mai 2015 à 23:14
Mais pourquoi faudrait-il choisir ? C’est comme obliger quelqu’un à choisir entre son père et sa mère sous prétexte qu’il travaille avec son père.
Nous ne sommes pas en guerre avec tous les autres pays !
Pourquoi obliger quelqu’un à devoir éventuellement redemander un visa pour retourner rendre visite à une partie de sa famille et retrouver une de ses deux cultures, tout ça parce qu’il aurait été nommé ministre deux ans dans sa vie ?
C’est absurde !
Et inefficace : si c’est un espion à la solde d’un pays ennemi, ce n’est pas une déclaration officielle de reniement de nationalité qui l’arrêtera.
Le fond du problème, c’est cette suspicion a priori contre les étrangers. Allez dire aux légionnaires étrangers ou binationaux qui se battent pour la France qu’ils « nagent entre deux eaux ».
C’est comme pour Ribéry : il déclare qu’il pourrait prendre la nationalité allemande, et devient un traître. Mais quand Juninho Pernambucano prend la nationalité française, on trouve ça bien.
C’est absurde.
@ JDR
Chirac n’est pas polytechnicien, à ma connaissance. Et je ne vous suis pas dans votre idée que les grandes écoles formateraient des gens. Tout au plus elles sélectionnent quelques profils typiques. L’X ne sélectionne plus des gens qui s’intéressent à une carrière politique.
@Jean-Dominique Reffait
Rectification : Chrac n’a pas fait Polytechnique, il a fait Sciences-Po et l’ENA. Hollande a fait HEC, Sciences-Po, l’ENA.
Les derniers titres des « intellos (?) réacs » de Philippe Bilger :
Eric Zemmour : le suicide français
Alan Finkielkraut : l’identité malheureuse
Denis Tillinac : du bonheur d’être réac
Natacha Polony : ce pays qu’on abat
Hasard ou propagande ?
La mode du « c’était mieux avant », lancée par Eric Zemmour avec une efficacité incontestable sur le montant de ses droits d’auteur, a fait de nombreux émules comme en atteste la longue liste de notre hôte.
A la notable exception de Régis Debray, dont la culture, l’intelligence et l’engagement sont admirables, les autres ne sont que médiocres salonnards. Télévisuels, tous, mais salonnards quand même.
Je serai heureux de lire sous le clavier de Philippe Bilger un souffle, un début d’ambition intellectuelle commune à ces imitations d’intellectuels qui ne nous poussent qu’à nous détester.
@ Parigoth
Votre relation d’une condition humaine et de lois de la Nature est en réalité une soumission humaine à l’Église. Vos penseurs de droite ne sont donc que des faibles d’esprit incapables de trouver le courage et la force d’appréhender le monde librement, qui se complaisent dans la louange de leur servilité et de la noblesse de leurs seigneurs.
@ Jean-Dominique Reffait
Il a fallu des contraintes et des violences sociales millénaires pour aboutir à la simplicité d’un credo. C’est devant elles que se dresse l’intellectuel et c’est ce qui fait sa surhumanité.
Lorsque quelqu’un demandait à Mère Teresa ce qu’il fallait changer dans l’Eglise, elle répondait : toi et moi. Bonne réaction.
Le péché originel a contrario de la gauche est de croire que le système essentiellement est coupable, que tout est donc politique. La position restait tenable avant la mise en faillite des idéologies. Mais la pensée a ses inerties et l’on ne renonce pas aisément à ses idéaux et emballements de jeunesse quand bien même l’histoire aurait prononcé leur liquidation.
Dès lors, à l’exception extrême de quelques vieilles lunes – qui n’ont pas fini de tourner -, on ne sait plus très bien ce qu’est la gauche. François Hollande était socialiste au début de son mandat, social-démocrate du bout des lèvres peu après, pour terminer social-libéral sur les talons de son Premier ministre. Le réel conduit tôt ou tard… à réagir.
Restent quelques marqueurs sociétaux de gauche, comme en désespoir de cause.
@JD Reffait
Les problèmes que vous soulevez sont passionnants, cependant je ne suis pas d’accord avec plusieurs de vos postulats. Ce ne sont pas à mes yeux des évidences qui ne nécessiteraient pas d’être démontrées :
– « C’est traditionnellement la droite populaire qui déteste les intellectuels »
Et la popularité de Pompidou ?
– « L’ENA est la seule grande école française où l’on n’apprend pas à penser… L’énarchie est, par sa fonction, intellectuellement stérile »
Il ne faut pas exagérer. C’est une école qui recrute des gens pas trop idiots, et forme des administrateurs de la fonction publique.
– « Une équipe gouvernementale très éloignée du débat intellectuel et, somme toute, qui n’est à gauche que par commodité de langage »
Ca peut aussi être une « commodité de langage » que de dire que l’équipe gouvernementale actuelle n’est pas de gauche, comme ça l’était du temps de Mitterrand, quand on s’est aperçu que la gauche au pouvoir ne faisait pas spécialement de merveilles. L’équipe gouvernementale n’est certainement pas de droite en tout cas, et elle a été élue comme de gauche. Je vois encore Trieweiler et Hollande s’embrasser au son de la Vie en rose. Ah les symboles. Typiques des intellectuels de gauche.
Que la droite se soit méfiée d’intellectuels tels que Sartre qui préférait ne pas désespérer Billancourt plutôt que de dire la vérité, c’est peut-être normal après tout. Les intellectuels de gauche français, pro-Staline, puis pro-Pol Pot, ont eu tout faux, il faut bien le dire, malgré la beauté des poèmes d’Aragon et de la voix de Jean Ferrat. Ils ont fourvoyé ceux qui se réclamaient fièrement d’eux. Alors s’ils ont qualifié de « réacs » ceux qui, préférant « retourner en arrière » selon votre définition, n’applaudissaient pas l’invasion du Cambodge, ces derniers ne se vexeront certainement pas.
À vrai dire, à part les penseurs politiques et les militants, je ne vois pas pourquoi les intellectuels se rangeraient à droite ou à gauche. Mais j’exprime peut-être là une idée de droite, ou anar.
@Mary Preud’homme
« A noter qu’il est contre-nature qu’un ministre de la République française n’ait pas renoncé à son autre nationalité. »
Je suis entièrement de votre avis et je suis a priori contre les doubles nationalités. Toute personne ayant un mandat politique en France se doit d’être française ou alors venant exclusivement d’un pays européen.
Il est certain que je n’ai pas confiance en NVB.
Son attache avec un pays non européen est pour moi rédhibitoire à une fonction politique et peu importe que cela soit le Maroc. Ce serait les USA ou la Norvège la question serait la même.
Notre Premier ministre en devenant français a renoncé à sa nationalité espagnole sauf erreur de ma part. Ce n’est pas le cas du maire de Paris, Madame Hidalgo qui a préféré garder également sa nationalité espagnole.
Étant Européen et fédéraliste convaincu je pense qu’on pourrait imaginer un système de nationalité européenne et « locale ».
Après tout, demandez à un Américain ou à un Russe sa nationalité il citera son pays puis sa ville et son Etat.
@Alex paulista
« Ces conneries contres les binationaux, ça commence à me courir ! »
Continuez donc à courir c’est bon pour la santé.
Le paradoxe :
A l’heure où François Hollande, champion de la commémoration et des hommages, célèbre l’esprit de Résistance, le peuple critique a son égard n’a jamais été autant muselé depuis des années.
Après l’esprit du 11 Janvier, voici l’esprit de Résistance. Si je respecte, ô combien, ces gens qui ont combattu le nazisme au péril de leur vie, je trouve que cette panthéonisation n’est qu’une pantalonnade de plus pour endormir le peuple. Combien de grands hommes pourraient entrer dans ce haut lieu de la République alors que d’autres sont choisis arbitrairement.
Les socialistes cherchent à redorer leur blason et à s’imposer. Car, malgré la propagande d’une majorité de journalistes, des débats sans contradiction, des repentances à n’en plus finir et régulières, rien n’y fait, ce Président et son gouvernement restent détestés. Détestés parce qu’ils dédaignent la vie des Français tandis qu’ils imposent leur vision multiculturaliste, universaliste et leurs réformes sociétales qui déstabilisent et divisent au lieu du contraire. Ils peuvent donc commémorer, seuls les inconditionnels seront conquis.
Et, même sur ce blog on voit la rage des impuissants à nous faire avaler les couleuvres.
@Alex paulista
La binationalité est dans ma famille largement représentée, donc je comprends votre point de vue. Pourtant vous ne pouvez nier qu’il existe des conflits d’intérêts entre nations, même alliées, et que ces conflits seront mieux réglés par des personnes qui ne risquent pas de se sentir partagées, en tout cas aux yeux de ceux qui sont sous leur gouverne. Sans aller jusqu’à en faire une obligation, on peut penser qu’il est préférable de ne pas multiplier les cas, surtout à un niveau de décision très élevé dans la hiérarchie gouvernementale. Sauf si l’on tient à braver le penchant naturel de l’électorat.
L’intelligence n’est qu’une partie de la pensée ; elle repose sur des axiomes qui permettent à la pensée d’analyser des données sans recourir à la raison, et dont il résulte des synthèses non raisonnées plus ou moins adaptées aux situations.
L’intello, c’est l’inconscient qui prend les axiomes pour des certitudes en traitant de réactionnaire celui qui est conscient de ce que toute base de raisonnement est fondée sur des postulats remontant en toute humilité à Dieu posé comme principe premier.
Par ailleurs, le problème que pose l’immigré, c’est que l’histoire du pays dans lequel il débarque commence le jour de son arrivée alors que pour l’autochtone, elle remonte à Dieu.
Et c’est là que le judaïsme rejoint la cause des immigrés, puisque leur origine se situe pour eux aussi dans l’histoire et non dans la nuit des temps.
Le problème de la pseudo-gauche au pouvoir est qu’elle a comme intellectuels de référence Bourdieu, Deleuze, Lacan et consorts et qu’elle n’en révère pas d’autre aujourd’hui.
A titre d’exemple, la politique de l’Education nationale n’est en quelque sorte que la mise en œuvre des bourdieuseries considérées comme alpha et oméga de la société de l’indifférencié par le bas. Il suffit de relire le livre de Dany-Robert Dufour, pourtant paru en 2007, pour constater que ce qu’il écrivait dans ses analyses particulièrement percutantes et parfaitement logiques s’est réalisé et continue de se réaliser aujourd’hui. Une sorte d’évangile « bourdivin », qualificatif utilisé par D-R Dufour, que personne ne saurait contester sans être aussitôt qualifié de réactionnaire, voire de facho !
Parmi les intellectuels que vous citez, il y en a un qui vient de se prendre une claque : Michel Onfray (que j’aime bien par ailleurs dès qu’il ne parle pas de politique…)
L’Irlande catholique vient de voter massivement en faveur du mariage homosexuel…
Notre Croisé de l’athéisme jobard n’a pas vu venir ce phénomène : une des plus anciennes religions vient de s’adapter aux temps modernes, et par référendum, s’il vous plaît, on en rêverait en France, pays du 49-3…
J’entends déjà les anticléricaux nous vanter le protestantisme, toujours à la pointe de la modernité IKEA dans leurs temples vides à se flinguer.
De Jérusalem à la Kaaba en passant par le Bouddha couché de Bangkok, quelle autre religion, par référendum de ses fidèles, serait parvenue à une telle décision ?
Le Pape François va avoir des soucis avec ses « catholiques zombies » que décrit fort bien Emmanuel Todd.
@Alex paulista
Je vous remercie pour votre réponse et la tentative de m’expliquer une facette de la Légion.
Il ne s’agit pas de « ne pas faire confiance » ; je n’ai jamais prétendu cela. Je considère en revanche que le choix personnel de changer de nationalité doit être ancré profondément dans l’âme (si j’ose dire) de celui (celle) qui le fait. S’il s’agit simplement d’une commodité administrative cela n’a, à mes yeux, aucune valeur fondamentale. Quitter son pays, sa famille, ses amis est somme toute assez courant, mais changer de nationalité, de nom, de langue, embrasser entièrement une autre culture sans pour autant oublier la sienne c’est d’un autre ordre et pas du tout anodin. Si l’on prétend accéder à des fonctions conséquentes dans la hiérarchie civile ou militaire il faut se déterminer. Le cas que vous évoquiez dans un précédent commentaire concernant les pressions que l’on pourrait exercer sur un Français naturalisé en se servant de sa famille, ne concerne pratiquement que le personnel diplomatique, l’on évite donc de placer ce genre de personnel dans les représentations diplomatiques françaises.
Par ailleurs, puisque vous semblez bien connaître la chose légionnaire, je suppose que vous savez que, si nos unités doivent intervenir dans un pays donné et si d’aventure des personnels originaires de ce pays entrent dans leur composition, on demande clairement à ces personnels s’ils acceptent de participer à l’intervention, le cas échéant contre leurs compatriotes ou anciens compatriotes. Le cas s’est grandement vérifié lors de la première guerre d’Irak et celles des Balkans.
@Alex paulista
Vous m’avez mal compris ou je me suis mal exprimé : je pense que l’ENA est la seule grande école qui n’a pas pour objet de développer la pensée. Je ne mets évidemment pas Polytechnique, Normale Sup et autres dans ce cas. Pendant quelques années, il y a longtemps, j’ai été enseignant au ministère des Finances pour le concours interne d’entrée à l’ENA : quel ennui ! On compile René Rémond à saturation, ne pas sortir des clous, c’était intellectuellement très pauvre.
A noter que les trois pays européens dotés d’une école spécifique de formation de hauts fonctionnaires (Espagne, Italie, France) sont aussi ceux où la bureaucratie est la plus forte et la performance de l’Etat (ratio budget/service rendu) est le plus faible.
Exact, Chirac n’a pas fait Polytechnique. Pan sur mon bec.
@Lucile
La popularité de Pompidou résidait dans sa discrétion intellectuelle justement : pas question de paraître trop cultivé. Avec son sourcil épais, sa gitane au bec, c’était le gars du terroir. Alors qu’évidemment, nous savons aujourd’hui l’immense culture de l’homme. Rappelons-nous l’abîme de perplexité des Français quand Pompidou citait du Eluard en conférence de presse sur une délicate question de moeurs.
Par la suite, Giscard jouait au foot et à l’accordéon, pas de démonstration publique de vie intellectuelle. Mitterrand, à gauche, a mis l’accent sur sa vie intellectuelle. Puis retour à droite, avec Chirac, qui dissimule sa culture, se planque quand il visite les musées japonais mais étreint à pleines mains le cul des vaches. Il a fallu attendre son second mandat, quand il n’y avait plus d’enjeu électoral, pour que soit révélée publiquement la passion de Chirac pour la culture japonaise. Avec Sarkozy, on a évidemment culminé dans la caricature anti-intellectuelle de la droite populaire !
Les énarques ne sont pas des idiots et l’on peut être intelligent sans être intellectuel…
Si je considère comme une commodité de langage le classement à gauche du gouvernement actuel, ce n’est pas hostile de ma part : je constate qu’aucune mesure prise par ce gouvernement n’est spécifiquement de gauche. On aurait pu croire que le mariage homosexuel était un clivage valable, même pas : les conservateurs de Cameron l’ont voté à Londres et les très catholiques Irlandais l’ont voté très calmement. La loi Macron est louée par le Medef, plusieurs députés de droite : là encore, ce n’est pas un jugement et je pense qu’il y a de bonnes choses dedans, mais c’est clairement une loi libérale. Quant aux réformes de l’éducation, il s’agit de la continuité de ce qui se fait depuis le très giscardien René Haby : la dernière réforme du collège s’inspire du pédagogisme américain, d’inspiration libérale, qui ne donne d’ailleurs pas des résultats ébouriffants.
@ Alex paulista
Savez-vous qu’un Français binational (dans nombre de pays, notamment du Maghreb, Moyen-Orient etc.) ne peut faire prévaloir sa nationalité française auprès des autorités de l’autre Etat dont il possède aussi la nationalité lorsqu’il se trouve sur son territoire, ce binational étant alors considéré par cet Etat comme son ressortissant exclusif ?
Par ailleurs, point n’est besoin de toujours tout rapporter à vos problèmes personnels. Et le fait qu’un enfant français renonce à sa majorité à la nationalité de son autre parent (notamment s’il envisage de faire carrière dans l’armée, la haute administration, la magistrature ou la politique) ne signifie nullement qu’il renie son père, sa mère ou ses racines familiales et/ou culturelles.
A mon avis le problème crucial de notre époque tient au fait que de plus en plus de personnes à tous les niveaux refusent de faire des choix, de s’engager. Un flou que l’actuel président entretient et illustre, hélas, à souhait dans tous les domaines afin de donner tantôt l’illusion de l’autorité, tantôt celle de la liberté et qu’il tend à imposer par tous les moyens en plaçant des pions dociles, séducteurs et hâbleurs aux postes les plus prestigieux. Politique laxiste, irresponsable, de division et à courte vue qui met notre pays en grand péril par manque de repères clairement posés, de choix courageux et mûris et d’ambition, d’idéal pour nos forces vives, en particulier les jeunes.
Un désastre !
Des intellos à réaction !
Ceux dont on ne voit que la fumée sortant par les oreilles ?
A moins qu’il s’agisse de binationaux ?
Il faut rester dans le sujet les paulos !
Afin que nul ne meure idiot :
http://srv5.videos.arretsurimages.net/fichiers/ASI_2015-05-22_todd-Charlie.mp4
@Alex et Lucile 12h38 ce jour
ENA vs X
Pour aller dans votre sens, il paraît que pour intégrer l’ENA il suffit de connaître par coeur les arrêts du Conseil d’Etat.
En comparaison, de mon temps, il n’y avait pas de question de cours au petit’o du concours de l’X.
@Jean-Dominique
Donc selon vous, ce n’est pas que la droite déteste les intellectuels, mais elle déteste qu’ils mettent en avant leur intellect, si bien que ses chantres sont obligés de se cacher d’être cultivés. Touchée ! Je dois reconnaître la finesse de votre analyse, et son côté amusant. Est-ce qu’on ne pourrait pas dire aussi que le mot « culture » a eu jusqu’ici un sens très différent à gauche et à droite ? Et que la conception de la culture comme politique est plutôt à mettre du côté de la gauche, d’où l’appétence de la gauche pour ce qu’elle estime culturel et le fait qu’elle pense que c’est une mission de l’État, ce qui expliquerait peut-être les anathèmes récents du Premier ministre contre certains intellectuels.
Je me demande ce que la gauche attend comme « mesure spécifique de gauche » concrète du gouvernement. Il me semble que C. Taubira s’en est réclamée, et que Najat VB le fait maintenant à propos de sa réforme de l’enseignement, mais il est vrai en ce qui concerne les objectifs plutôt que les mesures elles-mêmes.
@ Claggart | 27 mai 2015 à 14:45
La mitraillette (le petit o de l’X) a disparu il y a longtemps, justement parce que c’était du bachotage (et que ça coûtait cher à organiser pour pas grand-chose). Aujourd’hui il n’y a qu’un oral, qui coûte déjà assez cher à organiser, d’où la volonté de mettre une partie du concours en commun avec d’autres grandes écoles.
@ Mary
Le Brésil est un des cas que vous évoquez : la binationalité n’est pas reconnue parce qu’il n’y a pas d’accord international. Cela ne se fera pas parce que les deux pays ont aboli le service militaire obligatoire et ont peu de chances de se faire la guerre. Sinon, même dans les pays qui reconnaissent la binationalité, elle n’est considérée que pour le service militaire et les conflits. Pour le reste, un binational est traité exactement comme un national, et l’autre nationalité est simplement ignorée.
C’est très bien ainsi. C’est justement ce que j’appelle de mes vœux : NVB est française, de Lyon. Comment le Maroc la considère m’importe assez peu.
Vous dites maintenant qu’abandonner sa nationalité ce n’est pas renier ses racines, que ce n’est pas grand-chose, mais vous étiez choquée à l’idée que Ribéry évoque la possibilité de devenir Allemand, sans jamais parler de renier la nationalité française.
Quelle hypocrisie !
@ adamastor
Je ne prétends rien vous apprendre sur la Légion. Je sais qu’elle demande leur avis auprès des gens originaires d’un pays avant de les y envoyer combattre.
C’est justement l’esprit des accords de binationalité, qui ne gèrent que les cas extrêmes de conflits entre pays ou pour éviter de faire deux services militaires.
Quant à exiger de quelqu’un qu’il abandonne une nationalité pour prendre un poste, c’est justement salir ce qui doit rester un choix personnel.
Vous l’avez fait, et il est d’autant plus significatif qu’il n’a pas été contraint par des exigences professionnelles. C’est un choix personnel.
Après, libre à vous de considérer cet aspect dans la balance au moment de voter.
Comme vous, je le prendrais en compte pour la charge suprême.
Fujimori ne fut pas une très bonne expérience pour le Pérou, même si cela n’a pas forcément grand-chose à voir avec sa nationalité japonaise.
@Lucile
Depuis Mitterrand la gauche cavale dans tous les sens pour se trouver des intellectuels ou des résistants de la première heure. De Jean Zay, premier à bord du Massilia, à Brossolette, c’est la course à une virginité perdue.
Afin que nul ne meure idiot :
http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/05/31/faire-entrer-pierre-brossolette-au-pantheon-un-affront-a-la-memoire-de-jean-moulin_3421365_3232.html
« …mais vous étiez choquée à l’idée que Ribéry évoque la possibilité de devenir Allemand… » m’écrit Alex paulista.
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Il me semble que vous devez me confondre avec quelqu’un d’autre. A quel moment aurais-je fait ce genre de remarque sur Ribéry d’autant que j’ignore tout de ses projets ? Par ailleurs, des sportifs binationaux ou trinationaux (comme le fils Noah) par exemple ne posent aucun problème parmi ceux évoqués par moi en toute franchise et sans ambiguïté.
Apprenez donc à bien lire et relire avant d’attaquer.
@Savonarole
Merci pour l’Arrêt sur images consacré à Emmanuel Todd.
@ Mary Preud’homme | 27 mai 2015 à 17:10
Vous avez raison, c’était anne-marie marson qui envoyait Ribéry au diable (ou plutôt en Allemagne, où il est déjà).
Désolé pour la confusion. Notre hôte était également scandalisé par la déclaration du footballeur.
Ribéry allemand ? Jacques Attali l’avait prédit, « une fuite des cerveaux menace la France » (L’Express semaine dernière).
@Savonarole 27 mai 2015 à 16:47
Bonsoir,
Comme c’est bien dit. Les gaucho-socialo n’arrivent pas à la cheville de Pierre Brossolette, ce grand homme dévoué corps et âme au risque de se donner la mort pour la France et pour ses compatriotes pour éviter d’être dans les griffes de la gestapo a tout le mérite le plus honorable de rentrer au Panthéon. On ne pourra pas en dire autant de tous ceux qui nous gouvernent actuellement. Ceux-là seront vite oubliés dès la fin de leur mandat.
Tiens à propos de Fleur Pellerin et sa copine Agnès Saal… elles sont encore au ministère de la Culture ? F. Hollande ne les a toujours pas virées ? Dans le privé, si un salarié avait commis un vol, la veille il prend la porte sans indemnités et certainement serait inquiété par un dépôt de plainte chez le Procureur.
Lucile, vos réactions sont stimulantes mais nous entraîneraient dans le hors-sujet.
J’oppose la droite populaire, le fond électoral de droite, aux élites de droite. Le conservatisme paysan traditionnel n’aime pas la remise en cause de l’ordre établi, ça fausse les récoltes. C’est la fonction même des intellectuels que de dépasser sinon contester l’ordre établi. Vous noterez que je m’abstiens de juger entre les deux attitudes : je suis plutôt du côté de la prospective intellectuelle mais je comprends et respecte le conservatisme anti-intellectuel de ce monde traditionnel issu des mentalités paysannes.
La gauche populaire a d’autres besoins. Née dans le monde ouvrier du 19ème siècle, cette frange populaire a construit son émancipation sur des concepts nouveaux issus des Lumières, du socialisme et du syndicalisme. La nécessaire répétition des saisons ne la touche pas à l’usine ou à la mine, cette répétition est une malédiction pour cette classe sociale. Rien d’étonnant donc que, d’un côté, la gauche populaire ait été demandeuse d’idées nouvelles et que, de l’autre côté, les intellectuels aient trouvé naturellement à gauche un terrain propice aux concepts nouveaux.
Vous avez raison, le terme de culture est conçu de manière différente à droite et à gauche mais de manière moins clivée. La culture en tant que politique d’Etat n’est pas une invention de la gauche : qu’aurait été la création culturelle sans les institutions bourgeoises du Moyen Age et les princes des temps classiques. La Ronde de Nuit de Rembrandt est une commande publique comme le théâtre de Racine et de Molière, tout comme les chefs-d’œuvre architecturaux. La différence aujourd’hui est née de la Révolution : la droite culturelle naît de la nostalgie d’un âge d’or perdu et cultive le patrimoine tandis que la gauche culturelle, sans nostalgie mais sans reniement, continue de penser la culture en terme de création : Louis XIV avait Mansart, Mitterrand avait Jean Nouvel. J’ai conscience cependant que j’exprime ici des simplifications et que les courants nostalgiques et créatifs traversent souvent les frontières de la gauche et de la droite.
La fuite des militants est très forte aussi en ce moment au FN après les dernières initiatives de MLP contre les anciens de son parti.
Les intellos devraient s’inscrire du côté de mézigue pour un petit stage de plâtrerie.
Tandis que nous plâtrerions, nous disserterions sur la nécessité d’enduire… et alors nous communierions sans encore communiquer sur l’avantage de la diversité des enduits… et ce serait un peu le pied.
Après avoir creusé comme exploré celui de la montagne !