De quelques tics chics

Cela fait longtemps que j’ai envie de dresser une petite nomenclature personnelle de quelques tics de langage chics, de ces expressions qui font de l’effet mais ne signifient rien, de ces formulations pompeuses et ridicules et, pour résumer, de ces moments où l’intelligence, la parole et l’écriture tournent à vide.

Qu’on ne croie pas une seconde que, les dénonçant, je m’en juge exempt. Au contraire. C’est parce que je les crains chez moi que je prends la précaution de m’en moquer.

Il y a, évidemment, tous les « jubilatoire » qui, en matière culturelle, surtout pour le cinéma, parfument mécaniquement beaucoup de critiques sans éclairer véritablement.

Les « incontournable » qui s’installent bêtement dans des phrases qui mériteraient mieux.

Les « quelque part » dont on abuse et qui manifestent qu’on remplace une pensée précise qu’on ne trouve pas par une approximation qui laisse dans le flou.

Les « je me suis mis en danger » d’acteurs qui pourtant n’évoquent pas des scènes à la James Bond mais tout simplement l’exercice normal de leur métier.

L’habituel hommage après chaque nouveau roman : « C’est le meilleur qu’il a écrit », de sorte qu’on n’a qu’à attendre le suivant pour avoir droit à la même hyperbole.

Les ineptes « je ne juge pas » ou « il ne faut pas juger » au moment même où l’autre est évalué et où surtout la vie elle-même, la proximité qu’elle induit, les comparaisons qu’elle suscite, les hiérarchies qu’elle fait naître imposent sans cesse, implicitement ou clairement, les jugements inévitables de la quotidienneté.

Je pourrais continuer ainsi longtemps. Chacun a sa grille négative, chacun pourra utilement compléter la mienne.

Mais c’est déjà ça.

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  1. Père Lustucru

    Celle que je préfère est encore la formule du type « qui est le mien » à la place du simple déterminant « mon ».
    L’objectif qui est le mien en rédigeant ces lignes…
    L’ambition qui est la nôtre en commentant votre billet…
    Quelle est cette fausse pudeur, ce politiquement correct qui poussent à employer une périphrase à la place du déterminant possessif ? Quelle honte y a-t-il à s’attribuer les choses qui sont nôtres… « nos » choses !
    C’est d’un ridicule ! Et c’est sans doute pour cela que les politiques en abusent.

  2. Je rajouterais bien les expressions du genre « c’est juste pas possible », « je viens voir par rapport à ce problème », « il est vraiment trop beau » (donc moche ?).

  3. Bonjour Philippe Bilger,
    « De quelques tics chics »
    Pour ne rien vous cacher Philippe Bilger, il m’arrive, assez souvent je le crains, d’utiliser les trois premières expressions.
    Il va falloir que je me surveille !
    A votre lot de tics j’en ajouterai deux qui par contre, ne sont pas très chics voire même carrément triviaux.
    L’horripilant pléonasme « Au jour d’aujourd’hui » qui connaît un vif succès et que l’on peut même entendre dans la bouche de certains ministres.
    Et le mot « excessivement » utilisé à la place du mot « extrêmement » ou plus simplement « très », d’une façon totalement inappropriée, notamment par des journalistes en recherche d’emphase.
    Il est vrai qu’une langue vivante évolue. Certains mots changent de signification au fil du temps. D’autres apparaissent afin de répondre à l’évolution de la technologie ou de la philosophie et bien sûr il y a les « incontournables », pardon, je veux dire les inévitables anglicismes qui envahissent toujours un peu plus notre belle langue de Molière.

  4. Pas d’accord Philippe. Nous avons besoin de ces tics chics. Comme nos clics tout aussi chics ce sont des liens. Des repères. On veillera, comme la moutarde, à ne pas trop en user, ou pas tous en même temps. Ils constituent une forme de politesse verbale à utiliser sans complexe pour une bonne raison : d’autres les remplaceront dans quelques mois, et ainsi de suite. Roulement pour stylos bille et salives fluides.
    Je me souviens de « la beauté intérieure » qui fit florès, ou plus récemment des louchées d’acteur « rare ». Ils permettront aux historiens de la parole à venir – ces oenologues du pavillon et du tambour – de pouvoir dater telle ou telle interview sans grande crainte de se tromper.
    Nous ne sommes que des cueilleurs de temps, quelque part.

  5. Que voilà un billet « éminemment ludique ».
    Vous abordez l’« éternel, vaste et profond sujet » du langage. Vous remarquerez l’usage des quatre dimensions, les trois dimensions spatiales plus le temps. Il y manque la « dimension du rêve ».
    Certains tics peuvent à l’égal des kōan japonais provoquer l’éveil, un éveil parfois brutal.
    En voici un qui mériterait de figurer dans le TTT, le Top Ten des Tics :
    « Il n’y aura pas d’augmentation d’impôts sauf si c’est nécessaire ».
    Sans conteste, c’est le plus beau, il efface à lui tout seul cinq siècles de lapalissades insipides.
    Vous parlez fort bien des tics, mais vous oubliez les TOC.
    Vous n’« êtes pas sans savoir » qu’ils ont joué un rôle important dans la chute de popularité de N. Sarkozy.
    Pas d’antisarkozysme aujourd’hui ? Je suis « déçu en bien » comme disent les Suisses.

  6. Martial Watrin

    Parmi les tics de la langue orale les plus fréquents et les plus irritants – à défaut d’être chic(s) -, je cite en vrac : c’est vrai que, c’est pas évident, franchement, ça me parle, le redondant puis ensuite, à la limite, et les « incontournables » (eh oui !…) en fait et voilà qui crépitent à tout bout de phrase et ne servent généralement à rien.

  7. Clemenceau déjà se moquait de ce charabia moderniste. On lui attribue ce bon mot, lorsqu’il entendit à l’Assemblée nationale, au début des années 20, un orateur employer le néologisme « solutionner » : « si vous voulez solutionner, il va falloir vous organisationner ».
    Aujourd’hui ce travers est général.
    Dans les revues de décoration d’intérieur il convient de dire qu’un tabouret peint en rouge est « ludique » et « revisite » le style des sixties.
    Dans les années 70 à tout propos il fallait conclure un débat par « c’est pas évident ».
    Un dirigeant d’entreprise embarrassé par une question devra s’exclamer « c’est une vraie question ! ». J’ai entendu un délégué syndical lui rétorquer : « et c’est quoi la réponse ? »…
    Certes ce sont des tics de langage, mais c’est avant tout une protection qui permet de ne pas trop dévoiler le désert culturel de la personne.
    Patrick Rambaud dans « Le Roland-Barthes sans peine », évoque lui ce qu’il appelle « l’averse culturelle », qui consiste dans une situation d’embarras à déverser sur son interlocuteur des tonnes de références de Spinoza à Althusser, de façon à neutraliser son adversaire.
    Voir Alain Finkielkraut qui noie son interlocuteur sous Hannah Arendt, et malheur au pauvre contradicteur qui n’aura pas lu sa prose.
    (Il est acquis aujourd’hui que Voltaire et La Boétie n’ont jamais lu Hannah Arendt, et pourtant ils en ont parlé des Eichmann)

  8. Dans le bac « divers et variés », on trouve aussi :
    « Au niveau du vécu »…
    « Faire le jeu des extrêmes », alors que la kalachnikov rythme la vie de nos villes.
    « Vous êtes en train de me dire » (Yves Calvi quand il comprend trop bien ce qui vient d’être dit).

  9. Quel bonheur de vous lire…
    Tics de langage, chics ? J’ai aussi envie de dire « clinquants et dorures vulgaires sur phrases insipides ». Ce sont des vesses-de-loup qui partent en fumée quand on veut les cueillir ; fumées colorées qui cachent du vide.
    J’ai envie de hurler chaque fois que j’entends un saltimbanque trop payé assurer gravement qu’il « a pris des risques » ou qu’il « s’est mis en danger » moi qui ai vu partir mes fils plusieurs fois pour l’Afghanistan, le Kosovo, la Côte d’Ivoire… j’en passe, eux qui trouvent normal de faire leur boulot, tout simplement !
    Nous, les vilains ou presque, ne sommes pas dupes… enfin, pas tous.

  10. Vous pourriez ajouter « nécessaire » : « un livre nécessaire », comme s’il ne devait rien au talent de son auteur mais aux forces obscures de l’Esprit dont il se serait fait le scribe inconscient.
    Ainsi que le « je serai bref » qui précède systématiquement un discours fleuve.
    Et tant d’autres encore…

  11. stalen illitch guevara

    Sans oublier les incontournables répétés jusqu’à plus de voix.
    – « sa mise en examen » quand les ennemis condamnent sans procès ni appel.
    – « il est présumé innocent » même si les charges sont prouvées et évidentes, les mains pleines de caviar, quand les amis veulent étouffer ou minimiser l’affaire.
    – et l’éternel « secret de l’instruction » psalmodié haut et fort par les baveux bavards manipulateurs, sur les marches du palais devant les micros et caméras des journaleux complices.
    Et l’apothéose « sommes-nous dans le complot? » pour le doute chaotique et la victimisation.

  12. Christopher

    @Achille
    « hui » signifie déjà « aujourd’hui », de telle sorte que « aujourd’hui » est déjà un pléonasme. En tant que linguiste je ne suis aucunement gêné par l’expression « au jour d’aujourd’hui », elle est en parfaite continuité avec l’histoire de notre langue, elle n’est pas équivalente à « aujourd’hui » (à moins que vous ne considériez l’emphase comme un élément à proscrire dans la langue…), et beaucoup l’utilisent.
    Si je peux me permettre d’ajouter une petite chose : en linguistique, il n’y a pas vraiment d’expression fautive. Il y a des expressions usitées et d’autres non-usitées. L’usage fait la règle. C’est le fondement-même de la linguistique moderne. Sinon, on pourrait vous reprocher votre mauvais latin, ou pourquoi pas votre mauvais indo-européen, étant donné qu’une langue, sur le plan diachronique (historique), est un continuum. Nous n’avons à aucun moment précis de l’histoire arrêté de parler latin pour commencer à parler français, il n’y a aucune cassure ; il n’y a principalement qu’une suite « d’usages fautifs », de « déformations », de « barbarismes ». Si l’on tient à décrire certains usages de la langue comme fautifs, eh bien ! allons jusqu’au bout et lamentons-nous de l’état pitoyable de notre belle langue latine en 2013, jetons Hugo et Rimbaud et revenons aux seuls Senèque et Virgile, derniers auteurs à s’être exprimés convenablement. Ridicule, non ?

  13. calamity jane

    Le pompom (référence étatsunienne) est détenu par « on va dire »…
    L’impersonnel. Qui laisse supposer que c’est plusieurs. Mdr verte.
    (Mais c’est bien sûr Monsieur Bilger vous ne tomberez pas dans le piège « on » hurle avec les loups)

  14. « Alors, très, très, très concrètement, qu’en pensez-vous ? »…(Ruth Elkrief interrogeant une sommité religieuse sur la Genèse)

  15. Les phrases qu’on lit souvent dans les journaux du genre :
    « C’est maintenant avéré, il semblerait que Untel vient d’être libéré »
    m’ont toujours mis hors de moi !
    Sacrés journalistes…

  16. françoise Merlin

    N’oublions pas impacter, gérer, habiter sur, concocter, ne pas en sortir indemne, mix (souvent écrit mixte), poser problème, s’avérer, au quotidien, et pas que, tout à fait (à la place de oui), ça marche…
    Dès que j’ai d’autres idées, JE REVIENS VERS VOUS !!!
    (trois points d’exclamation, c’est topissime)

  17. Si le linguiste ne trouve rien à redire pour un « jour d’aujourd’hui », le non diplômé que je suis y voit un signe de suffisance, un désir de se démarquer « des autres »… j’allais dire « des gueux ».
    De tous temps, des mots ont été des signes de reconnaissance, des blasons marquant un rang social (il y en a même qui prononcent les « t » finaux des mots ;o)
    Très utilisés par la caste médiatique, ces pacotilles sont maintenant de plus en plus copiées par mes amis de la fange malheureusement et j’entends de temps en temps à la radio ou à la TV, un « Chef d’Entreprise », laveur de carreaux ou technichien de surface indépendant, se lamenter qu’au jour du jour d’aujourd’hui, qu’en terme d’impôts et en matière de taxe, que si qui sont trop fort y faudrait raison garder car on risque bien de devoir se débaucher !
    Pour moi, ces barbarismes sont des outils à détecter les c…, et ça marche à tous les coups.

  18. poil à gratter

    Que dire des syndicalistes oligarques officiels, bedonnants commentateurs patibulaires de toutes les bavures et catastrophes des services étatiques, police, justice, transports, etc. justifiant et claironnant toujours l’irresponsabilité, le sérieux, les grandes qualités et surtout les inhumaines conditions de travail de leurs affidés défaillants.
    Et le déferlement de mots creux, comme autant de coups de fouet pour éloigner toutes critiques ou vérités dérangeantes :
    – productivité – pauvreté – précarité – pénibilité.
    Pour gagner plus en travaillant moins ou même pas du tout.
    – stigmatisation – sacralisation – socialisation – sanctuarisation – ghettoïsation.
    Pour dénigrer la France méchante qui ne se déshabille pas assez au goût des riches bobos.
    On passe facilement de Zola à Valls… circulez, y a rien à dire.

  19. @ Christopher
    Certes je n’ignore point que le mot « aujourd’hui » est déjà en lui-même un pléonasme. Sauf que le mot « hui » n’est plus utilisé depuis des lustres et que le mot « aujourd’hui » figure dans tous les dictionnaires modernes pour parler du jour en cours ou par extension de l’époque en cours.
    De ce fait l’expression « au jour d’aujourd’hui », nonobstant le fait qu’elle est particulièrement dissonante, n’en demeure pas moins un double pléonasme, là ou un seul suffirait.
    Je doute que des auteurs comme Victor Hugo ou même Rimbaud, même ramenés à notre époque, l’utiliseraient dans leurs poèmes.
    Ces derniers s’efforçaient de donner une harmonie à leurs vers en évitant soigneusement les mots inesthétiques de ce genre.
    Mais n’étant ni linguiste, ni poète, il est possible que je me trompe, bien sûr !

  20. Un ministre de l’Intérieur ne peut se rendre sur le lieu où vient de se produire un sanglant règlement de comptes sans constater que les assassinats à répétition sont « insupportables ».
    Le moindre politique qui débat en public s’autorise un définitif et vain : « je ne vous laisserai pas dire… »
    Le 14 juillet, le président de la République pratique sans vergogne l’abus de virgules :
    « …la consommation, elle connaît une petite reprise… »
    « …la reprise, elle est là… »
    « …la création d’emplois, elle viendra des entreprises… »
    « …cette réforme, elle est nécessaire… »
    « …la France, c’est un grand pays… »

  21. Le lecture de votre billet et des commentaires est réjouissante, sinon « jubilatoire » !
    J’y ajouterai :
    – Le gouvernement doit faire de la « pédagogie » (ce qui ferait hurler de rire à l’étranger, la pédagogie étant l’art d’élever des enfants. Nos élus sont là pour gérer, non pour nous éduquer).
    – « Je suis « privilègié » suivi de… « en effet, j’habite une rue calme, je suis en bonne santé, ou nos enfants n’ont pas de caries dentaires etc. ». Bref, rien à voir avec des privilèges.
    – Je pense qu’on abuse aussi du mot « culturel ». Certaines pratiques exotiques sont ainsi qualifiées de culturelles, alors que françaises, même culturelles, elles entrent dans la catégories de vulgaires habitudes ou délits ; par exemple : boire trop de gros rouge le samedi soir au bar du coin et tabasser sa femme, en rentrant à la maison dans certaines régions. Dans le même registre, est-ce que Paris-Plage et la Fête de la Musique sont considérées comme « culturels » ? Quid de la foire du Trône ?
    Ces déviations ne sont pas selon moi innocentes, elles dénotent et véhiculent une certaine façon – à mon avis biaisée – de voir les choses.
    Sans que les mots soient utilisés à l’encontre de leur sens commun, les interviews à la télé nous offrent aussi des tics inspirés du genre : « Voilà. Oui, X chante magnifiquement, voilà, j’ai été émue aux larmes, voilà, et je la trouve merveilleuse, voilà, et voilà, je pense qu’elle a une voix splendide, voilà. X m’a tout simplement bouleversée ! Voilà. C’est mon ressenti. Voilà. » Il y a aussi les phrases qui commencent par « Honnêtement… », ou « Sincèrement… », protestation de bonne foi qui pourrait faire croire que ce n’est pas toujours le cas.
    Cela dit, bien d’accord avec la remarque d’Achille : il ne s’agit pas de fautes, mais d’usages et de niveaux de langage. N’empêche que quand le vocabulaire est varié, approprié, juste, et que les phrases s’écoulent avec fluidité, sans monotonie, la communication est plus claire, l’information plus riche, et la stimulation intellectuelle plus forte.

  22. marie dumont

    Ce qui m’exaspère c’est le « un peu » employé à tort et à travers à la télévision par les commentateurs de l’actualité. J’attends le jour où l’un d’eux passera de « un peu catastrophique » à « un peu mortel ».

  23. Michelle D.-LEROY

    Amusant et réaliste !
    Je ne jette pas la pierre à ceux qui les emploient ces mots, phrases ou anaphores, car sans m’en rendre compte je les utilise aussi à force de les entendre. Il suffit souvent qu’un journaliste ou un homme politique ou un acteur, lorsqu’il s’exprime dans les médias, se serve d’une nouvelle expression pour qu’ensuite elle soit reprise en boucle… parfois jusqu’à l’agacement total, et cela sans parler des mots servant à minimiser les choses (malentendant, mal voyant, technicienne de surface, etc.) et qui hélas ne changent pas le fond du problème.
    Pour le cinéma nous avons aussi les mots « culte » et « mythique » pour qualifier les films qui ont marqué les esprits et le « monstre sacré » pour les acteurs. Une nouvelle religion en quelque sorte.
    Dans le langage courant nous avons :
    « c’est « juste » trop bien » qui remplace le « ça déchire » ou le « ça marche » qui remplace le « O.K. » un peu irritant, mais on le voit une expression chasse l’autre.
    Amusant ou agaçant, c’est tout de même mieux que les kiff, meufs, keufs, etc. ce verlan (pour moi) sacrilège pour le français.

  24. Le journalisme est certes une plaie, mais il y a pire : les chroniqueurs.
    Dotés de BTS en communication, ces aborigènes semblent avoir pris l’échelle de Darwin en sens inverse.
    « Ça l’fait » (pour les non initiés « ça le fait ») ou « c’est quoi pour vous le bonheur ? »
    Parlez-vous le Massenet ? Non ? Je publie à la rentrée une encyclopédie en 25 volumes sur Ariane Massenet, sa vie, son œuvre, ses citations.

  25. C’est aussi comme le ressenti au niveau du vécu dans le champ du possible et les « tout à fait » à répétition.
    C’est la modernitude dans toute sa splendeur. Mais ça va passer !

  26. Et les tics du Parti Communiste Français ?
    Un brave bourgeois était « un-traître-au-service-du-grand-capital-qui-opprime-les-masses-populaires ».

  27. Oui, une langue évolue sans cesse, même les Anglais ou Américains (et d’autres) empruntent nos mots. Exemples :
    rendez-vous, liaison, fiancée, sabotage, madame, etc. Mais petit florilège, pour moi à éviter :
    * « Au niveau de » (que Raymond Barre abhorrait et corroborait en arborant…)
    * Moi, personnellement…/habiter sur (déjà relevé)/trop (au lieu de très)/c’est cool !/le verbe « UPLOADER »(en informatique au lieu de télécharger, oh les fainéants !) /booter (initialiser, démarrer), checker (vérifier), se crasher (avion qui s’écrase), customiser (décorer une voiture, une moto à son goût),digitaliser (numériser), un » hacker » (pirate informatique), scanner un document, zapper, en charge de (chargé de)/définitivement pour absolument, certainement (vient de definitely)/le trop fameux « management », « manager » pour gestion ou direction/surbooké/et tous les anglicismes divers…
    *En fait, l’anglais est plus en phase avec le réel, direct, plus « rapide »… quand le français fait un discours… parfois pour dire qu’il fait beau !

  28. Nous avons tous nos tics d’expression tant orale qu’écrite. Toutefois l’écueil vient de la logorrhée envahissante des médias et surtout de l’absence de rigueur intellectuelle. Les mots ne sont plus utilisés avec leurs sens précis et l’on nage en permanence dans l’à-peu-près langagier. Et la chose est aggravée par le fait qu’à présent « l’on écrit comme l’on parle ».
    Cela vient notamment de ce que la presse a oublié la rigueur de l’écrit (l’un des rares journaux continuant dans cette tradition française reste Le Monde diplomatique) pour utiliser un vocabulaire pauvre et prétendument se mettre à la portée du « petit peuple » jugé comme insuffisamment intelligent pour comprendre un vocabulaire riche. Donc nivellement par le bas que l’école à présent amplifie du fait de l’action des « pédagogistes » qui en ont organisé le massacre.
    Enfin, aux listes déjà dressées, sans doute faut-il ajouter l’expression « victimes » qui remplace le mot « morts » ou l’expression « personnes décédées ». Et ainsi, les blessés dans les accidents, ou les personnes qui perdent tous leurs biens dans une catastrophe naturelle ne bénéficient même plus du qualificatif de « victimes ». Si elles ne sont pas victimes, que sont-elles alors ?
    A ajouter aussi l’expression « C’est quoi… », tournure que notre linguiste Christopher trouvera sans doute tout à fait acceptable en langage châtié !

  29. Rédigé par Monsieur Nath le 03 août 2013 à 19:46
    « …l’anglais est plus en phase avec le réel, direct, plus « rapide »… quand le français fait un discours… parfois pour dire qu’il fait beau ! »
    Personnellement, moi, je suis d’accord avec votre affirmation à vous… mais notre langue à nous possède tant de charme que je passe ici trop de temps à descendre ma mollette vers le bas pour lire tous (ou presque !) les commentaires puis je remonte en haut pour relire, à nouveau, les plus intéressants de mon propre avis.

  30. A signaler également l’inoxydable : « nouveau dérapage »…
    Chaque fois qu’un élu dit ce que pensent 99% des Français c’est pour notre presse « un nouveau dérapage ».

  31. Alex paulista

    « Il y en a même qui prononcent les « t » finaux des mots »
    Rédigé par : Pierre | 03 août 2013 à 14:43
    Ca c’est dans le hameau dans les nuages du 65 : la nuitt on va au litt. Hhhil de pute !
    Sinon, pensez juste une seconde que si les hommes politiques ne rajoutaient pas des répétitions, des virgules et des pronoms inutiles, les discours seraient bien difficiles à suivre.
    Adapter un discours écrit au phrasé parlé n’est pas si facile. On a beaucoup reproché à Sarkozy ses fautes de français alors qu’il est plutôt bon dans cet exercice.
    Bref, ce n’est pas facile de bien parler tout en conservant l’attention des auditeurs. En plus, à l’UMP, ils ont payé pour rentrer…

  32. Alex paulista

    Quand on apprend une langue étrangère, certains tics de langage sont très pratiques car ils permettent de meubler un blanc et de chercher pendant ce temps une périphrase pour ce qu’on ne sait pas dire directement.
    On peut aussi faire l’économie de conjonctions qui impliquent souvent le subjonctif et la concordance des temps.
    Par exemple, au Brésil, j’ai longtemps abusé du « Na verdade, … » suivi de l’indicatif. On peut aussi utiliser le gérondif à outrance, précédé du verbe être.
    Aujourd’hui, j’essaie d’éviter.

  33. Monsieur le procureur distribue les devoirs de vacances, c’est la saison et bien reposant.
    L’occasion de découvrir un florilège de mots détournés, transformés, interprétés, imposés dans une pensée par une expression volontairement falsifiée.
    Tout le monde a son mot à dire, c’est beau la convergence dans un monde de râleurs.
    Il y a la fausse monnaie comme il y a les mots faux du bonimenteur qui abuse le chaland… qui l’écoute ou le lit.

  34. « Parlez-vous le Massenet ? Non ? Je publie à la rentrée une encyclopédie en 25 volumes sur Ariane Massenet, sa vie, son œuvre, ses citations. »
    Je suis preneur !
    Je suis un grand « détestateur » des journalistes et des chroniqueurs que je mets impunément dans le même panier.
    Oups ! Philippe en est un… Ou est-il un consultant ?
    Va savoir !

  35. Tout est « sujet » aujourd’hui. Le mot fut imposé un jour sans doute par quelque communicant aux politiciens de haut vol (non, c’est sans sous-entendu) de la droite. Bientôt, il ne fut plus un seul de ceux-là, formatés dans leurs expressions comme dans leur pensée, qui ne fut confronté à « une question », « un problème », « un doute », « un obstacle ».
    Bientôt, la lèpre gagna le côté gauche de ces hémiplégiques professionnels. Et tous, trahissant leur intime proximité de conviction ou leur faiblesse de formation idéologique, d’adopter les mots du camp d’en face, de s’avouer vaincus en quelque sorte…
    De ce ventre mou, il n’est rien qui étonne. La farce est bonne, mais le tragique s’en mêle lorsque mon candidat préféré, homme au verbe puissant, adopte ce mot stupide.
    Mélenchon ne peut avoir pris ce mot par mimétisme imbécile. Il a trop de vocabulaire pour se raccrocher désespérément à la « trouvaille » d’un communicant.
    Alors quoi ? Trahirait-il lui aussi sa proximité idéologique avec la grande famille de droite française UMP + PS + UDI + RG + … ?

  36. Amusant. Cela fait aussi partie de la « novlangue » chère à Orwell. Si le but de ce billet est de faire sourire, en période de vacances, je suis certain que « ça va le faire »…

  37. Il y a aussi :
    « se réapproprier », le fameux « effectivement » qui revient toutes les cinq secondes pour confirmer dans les commentaires sportifs ou télévisuels, les « tout à fait ! », « j’hallucine » et « en direct live », « relever le challenge » (le défi ?), etc.
    Mais celui qui détient le pompon, c’est bien le verbe « se revendiquer ». On disait auparavant « Je revendique » ou tel peuple ou personne « revendique des droits, quelque chose », etc.
    Enfin, intéressant et trouvé dans le site de l’Académie française, ce passage :
    Anglicismes et autres emprunts :
    « Il est excessif de parler d’une invasion de la langue française par les mots anglais. Les emprunts à l’anglais sont un phénomène ancien. Pour en donner quelques exemples :
    — avant 1700 : ajourner, boulingrin, contredanse, gentleman, gentry, groom, lord, lord-maire, paquebot, yard, yeoman ;
    — entre 1700 et 1800 : anesthésie, balbuzard, bas-bleu, gin, méthodisme, pickpocket, stick ;
    — entre 1800 et 1850 : autobiographie, bifteck, cold-cream, job, mess, pickles, silicium, sinécure, speech, steamer ;
    — entre 1850 et 1900 : base-ball, building, dribbleur, goal, lift, lunch, spinnaker, visualiser ;
    — entre 1900 et 1920 : autocar, chewing-gum, crawl, vamp, vitamine ;
    — entre 1920 et 1940 : break, bulldozer, chips, covalence, dévaluer, holding, ionosphère, mescaline, méson, oscar, show, technicolor ;
    — entre 1940 et 1960 : baffle, diariste, jet, marketing, offshore, pergélisol, permafrost, pop, sexy, station service ;
    — après 1960 : audit, codon, cutter, jogging, kart, patch, patchwork, permissif, pesticide. »
    http://www.academie-francaise.fr/la-langue-francaise/questions-de-langue#48_strong-em-malgr-que-em-strong

  38. poil à gratter

    Quel drame ! Quelle apoplexie !
    Cynique pépère qui maintenant mime à tout va tonton, en papillotant des yeux et fuitant des mots rassurants sur un ton faussement calme et… normal, eh bien pépère sacrifie une partie de ses vacances 81 et le fait savoir, urbi et orbi.
    Est-ce le début de la fin des croyances en un progrès et une croissance qui ne surgiraient que dans la position du farniente, du repos, du temps libre, des RTT, des congés spéciaux, bref en lançant des incantations, des lamentations et des imprécations pour que les bienfaisantes mannes attendues tombent du ciel.
    Ces mannes continueraient avec bonheur à nourrir tous ceux qui votent pour lui… sans travailler ou vivant sans effort.
    Décidément pépère est le chantre des vecteurs mortifères de la décadence, du superficiel et de l’inutile :
    – Mariage pour tous ridicule (sauf pour lui).
    – Augmentation des fonctios qu’il faut amadouer et renflouer avant les municipales 2014, alors qu’ils sont mieux payés que le privé en travaillant beaucoup moins.
    – Déversements de fonds publics pour des gens qui vomissent sur la France mais touchent souvent plus que ceux qui travaillent.
    – Tordre vers le bas la courbe infamante du chômage, beau et bon chômage qui n’est que la résultante des brides et des fers que lui imposent un code du travail entre les mains crochues et impitoyables du statut 1945, des syndicats oligarques et des commissaires soviets (faites un tour dans les prud’hommes ou chez les juges du SM – mur des cons).
    – Supplique pour la résurrection de la croissance qui refuse d’obéir aux énarques.
    – Mais matraquage du diabolique secteur privé, ce monde sauvage, qui ne remplit plus assez les caisses sacrées des soviets : (57%) du PIB.
    Pleurons et puis… sanctifions les divins sacrifices du roi élu et de sa cour jouisseuse, qui vit très bien et… royalement.

  39. Et que dire des problématiques, infiniment plus savantes que les sobres questions ?
    Ou des méthodologies, beaucoup plus raffinées que les trop simplistes méthodes ?

  40. Maître Jean DAMNED

    En tant que titulaire d’une thèse en Droit Agricole pour laquelle Michel Foucault était venu me soutenir dans le jury, j’ai il va de soi la compétence nécessaire pour désigner à mon unanimité la Lauréate :
    il s’agit de la dame Lucile, qui
    SEULE a identifié LE TIC
    qui contamine les bouches d’huy via les oreilles :
     » voilà  »
    Il est à présent à son apogée, il a commencé par un précurseur :
     » donc, voilà  »
    et même parfois : « alors donc, voilà ».
    Donc et Voilà ont actuellement pris leur autonomie mutuelle, et on observe que Donc s’est essoufflé.
    Donc est de l’ordre de la virgule qu’on prononce tandis que Voilà sonne comme un point au moins final voire d’exclamation : c’est de la ponctuation vocalisée.
    Depuis son mausolée sis à Sodome (Grèce), mon maître Foucault vient de me essaimesser de ne pas oublier de causer de « du coup » et de « sur le tarmac ».
    Sans être de vrais TICS, ces deux groupes ont fait florès il y a quelques années, et Me Michel estime que leur succès s’explique par une sorte de « poétique du blabla popu ».
    Coup et Tarmac sonnent bien.
    Le Coup c’est limpide ça vous sonne son mec.
    Le Tarmac c’est l’accouplement de la Tare par le Mac, c’est tendance notamment à Sodome.
    Il reste à élaborer un vrai TIC pour transcrire en sons un point dit de suspension… peut-être le fameux « hein » du Ch’nord ? le « chechuch-chechuch » des Bigoundènes en coiffe ? le « putaing-cong » des occitans ?

  41. hameau dans les nuages

    @ Maître Jean DAMNED | 05 août 2013 à 00:08
    Cher Maître
    Si vous voulez rentrer dans le régionalisme occitan il faut pousser plus loin, au bout du bout, avec le fameux « ilh de pute »..
    Le ilh de pute de surprise « oh ilh de pute ! »
    Celui incrédule : » hé bé ! ilh de pute ! »
    Celui de la mauvaise nouvelle : « Dia ! ilh de pute ! »
    Celui de contentement : Aaah ! ilh de pute ! Après avoir gouté aux charcutailles de monsieur Coudouy de la rue principale à Laruns.
    Il en a fait un CD.
    Il est l’auteur aussi de biens jolis chants comme celui-là :
    http://www.youtube.com/watch?v=bAF866z_D_Q
    Quand je dis au bout du bout, n’exagérons pas, il est joignable.
    Il faut demander à l’opératrice des PTT le 34 à Laruns.

  42. Un dernier pour la route… « C’est d’un ridicule acheve » et « naivete confondante »

  43. Alex paulista

    @ hameau dans les nuages | 05 août 2013 à 13:39
    Près de chez Glaoui (PS), on a aussi le « je l’ai coupé » au lieu de « casser ».
    En ces temps d’arrosage:
    – Hhil de pute, cette nuitt, au maï, j’ai coupé le vélo
    Je précise aux adeptes du niatus que le h est ici triplement aspiré.

  44. Maître Jean DAMNED

    A : hameau dans les nuages | 05 août 2013 à 13:39 /
    aux bons soins des Electrons de M. Bilger /
    Cher Résident en Nébulosité,
    Je n’avais fait qu’effleurer le régionalisme occitan. Et encore n’était-ce qu’en prospective pour tenter d’identifier des phonèmes assimilables à des transcriptions du point de suspension, qui est un point pluriel et même trinitaire.
    Avec ces… linéaires et non pas triangulaires, quand ils sont terminaux pour reprise de souffle et évacuation de la bile, on va naturellement trouver des
    JURONS-TICS .
    Mon inspiration occitane venait d’un cher confrère du barreau d’Albi et linguiste à ses heures qui déridait avec cette trouvaille entièrement prononcée :
    « putaing virgule cong point de suspension ».
    Vous avez bien fait de mentionner le béarnais « ilh de pute », avec la pudique disparition du f pour épargner les fils, avec la graphie mouillée lh. Cette métaphore du produit utérin par la travailleuse vaginale tend à l’universel si on constate le « son of a bitch » dans l’idiome en train de s’imposer urbi et orbi.
    Ma chère consoeur Rose Labiennommée du barreau de Saintes avait réfléchi à fonder une nouvelle science : le droit du blabla patoisant. Elle voulait établir une jurisprudence permettant le prononcé de
    « Mun p’tit fi d’garce » et de « B’rnancia ! » pardevant la Cour Pictave. Il n’a pas plu dans la Cour restée sèche.
    Mais ne nous égarons pas, comme presque toutes et tous les traqueurs de tics l’ont fait à l’exception notable de la dame Lucile. L’interjection-juron, si elle-il est convoqué-e sans fréquence abusive, ne vaut-elle pas bien évidemment pour phonétiser le ! dit point d’exclamation ? (fausse interrogation).
    Un critère sine qua non du vrai TIC est la fréquence dans le temps parlé. Mais un TIC authen-tic peut n’appartenir qu’à un groupe restreint de locuteurs voire à la limite à un seul organe individuel.
    Un critère pour un PUISSANT TIC est sa capacité de contamination mentale qui le fait accéder au statut de fait sociologique.
    Dans le cadre de notre recherche sur la dé-mutisation du « … », mais du « … » bien distinct du « ! », nous sommes amenés à envisager des objets non pas exclamatifs mais plutôt dans le registre du banal, de l’anodin (même si faussement anodin par le contexte).
    Vous qui sans doute entendez le castillan, cher Aldea en las Nubes, n’avez-vous point ouï la prévalence quasi épidémiologique d’un « no » en fin de phrase, certes parfois un peu chanté à l’interrogative mais très souvent énoncé d’un ton neutre et incolore ?
    On rencontre occasionnellement un « non » final comme TIC individuel en français, mais il semble que le « ouais » final a davantage d’adeptes, en strates popus, car il est plus évasif et relaxant. Parfois il est doublé ou triplé (ouais, ouais, ouais), une fois j’ai entendu personnage qui le septuplait… à la limite du spasme !
    Cette recherche sur le son du « … » peut par excellence être suspendue à tout moment.
    Maître Jean DAMNED
    du Droit Agricole à la Quintessence du Droit : le Droit Universel du Blabla (DUB)

  45. Les quartiers…
    (Que ceux qui ne sont pas dans un quartier, en ville, lèvent le doigt) à mon avis il manque un qualificatif sous-entendu.
    Passage obligé.
    C’est ludique. Amusant ferait concon ?
    Improbable.

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