Auschwitz banalisé

La pièce d'acier portant l'inscription "Arbeit macht frei", qui à l'entrée du camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau ouvrait de manière sarcastique sur l'horreur, a été volée. Cette prescription, ce "travail qui rend libre", inscrits dans les têtes même les plus ignorantes comme une sorte de lancinant dicton, sont tombés dans le monde ordinaire.

A Auschwitz, selon le site du Mémorial de la Shoah, plus d'un million de Juifs et des dizaines de milliers de Tziganes, de Polonais et de prisonniers de guerre soviétiques ont été gazés. Le site du Nouvel Obs – ma source initiale - évoque, lui, le chiffre d'environ 1,1 million de morts dont 1 million de Juifs. Le musée afférent au camp offre 100 000 slotys – soit 28 000 euros de récompense – à qui permettra de récupérer cette banderole métallique, bien plus qu'un simple objet mais de la nuit et du brouillard concentrés. L'émotion est immense, surtout en Israël traumatisée par "cet acte abominable" et pour tous les anciens déportés (20 minutes.fr, Le Parisien). En Pologne, le Premier ministre a ordonné la mobilisation de tous les services d'enquête et Interpol est alerté pour identifier et arrêter les auteurs de cette soustraction qui appelait une action concertée et techniquement difficile (Le Monde).

Il ne faut pas chercher à comprendre un tel agissement mais seulement tenter de le déchiffrer au regard des explications possibles que l'évolution de notre société propose.

En dépit du caractère unique de ce lieu – parce que l'humanité y a été massacrée en sa qualité même -, serait-il tout de même pertinent d'inscrire ce vol comme un paroxysme de la banalisation qui, depuis quelques années, ne laisse plus aucun sacré indemne ? Les profanations de cimetières, les atteintes graves et répétées aux croyances chrétiennes, musulmanes et juives, les dégradations et les vols dans les églises, les synagogues et les mosquées, les crimes qui y ont été parfois perpétrés, une tendance générale qui définit la modernité comme la violation de tous les tabous constituent un mouvement à la fois irrésistible et pervers qui pourrait avoir trouvé une forme d'aboutissement avec Auschwitz dans la mesure où le culte historique, le respect des morts et le règne de la mémoire semblaient avoir davantage protégé ce camp que les mille édifices où le religieux était enclos.

L'imbécillité humaine – qui serait d'ailleurs accordée à ce lamentable fil du temps – n'est pas non plus à exclure tant certains exemples récents démontrent que l'indignation collective donne paradoxalement un lustre sombre et immérité à des attitudes seulement inspirées par la débilité. Trop souvent, et moi le premier, on éprouve le besoin d'aller chercher dans les comportements odieux une rationalité même primaire. Parce qu'il est trop difficile d'accepter la bêtise nue et ses ravages.

Y aurait-il autre chose dans ce vol ? La certitude de pouvoir vendre ce symbole lié à l'horreur à un bon prix ? A un acheteur prêt à garder pour soi, par une privatisation obscène, une inscription qui aurait dû demeurer indivise ? Tout est possible qui pourrait nous orienter de la conséquence confuse d'une ivresse à un sens insupportable du commerce, de l'envie de ne rien tenir pour intouchable et de le démontrer à l'expression erratique d'une conviction.

En effet, pourquoi ne pas aussi retenir, dans cette soustraction qui indigne, la possibilité qu'elle représente un délire par la transgression, un négationnisme par le vol, une contestation par le geste ? Imaginons une ou plusieurs personnalités obsessionnelles, un ou des cerveaux malades et tentons de mesurer à quel point une telle démarche assurément provocatrice sur le plan mondial a pu exciter des passions mauvaises. Il y a peut-être, derrière l'apparence, des militants fêlés qui se réjouissent.

La récompense promise suffira-t-elle à la restitution ? Dans tous les cas – et c'est le dommage irréversible de ce délit -, Auschwitz est devenu une exception souillée, banalisée. Il n'y a plus de lieux que l'humain ne salisse pas.

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  1. Bonsoir Monsieur Bilger
    Vous écrivez :
    « A Auschwitz, 1,1 million de personnes sont mortes, dont 1 million de juifs, des polonais non juifs, des tziganes et des prisonniers soviétiques. »
    Je suis assez forte en mathématique mais quand même !
    Que veut dire ce 1,1 ?
    Cela donne l’impression ( je dis bien l’impression) que les juifs n’y étaient que pour moitié !
    Vous écrivez encore ceci :
    « Dans tous les cas – et c’est le dommage irréversible de ce délit -, Auschwitz est devenu une exception souillée, banalisée. Il n’y a plus de lieux que l’humain ne salisse pas. »
    Je dirai plutôt qu’il y a l’humain d’avant Auchwitz et l’humain d’après Auchwitz !
    « Le plus grand crime de l’histoire !
    …Ah Monsieur nous avons perdu l’innocence ! » ( Albert Camus – La chute).
    Enfin on veut comprendre : tout ça pourquoi ? Pour rien ?
    On ne l’accepte pas ! Comme vous dites:
    « Trop souvent, et moi le premier, on éprouve le besoin d’aller chercher dans les comportements odieux une rationalité même primaire. Parce qu’il est trop difficile d’accepter la bêtise nue et ses ravages. »
    J’ajoute que l’on cherche aussi à donner un motif à ce crime gratuit qu’est la shoha.
    On en veut beaucoup aux juifs de nous avoir laissé faire ça!
    Duval Uzan
    P.S
    Mais combien d’unité dans le 1 d’après la virgule ?
    J’ai mis des heures avant de comprendre !
    Il s’agirait donc de 1000 000,1 c’est-à-dire million cent mille !
    Est-ce bien ça ???
    Il y a 6 zéros qui séparent ces deux uns.
    Vous m’avez fait travailler!

  2. Beaucoup d’aspects, plus terre à terre, interpellent :
    -la déconcertante facilité avec laquelle le vol a été commis (l’enseigne mesure 5 mètres et doit peser un bon poids).
    – la modique récompense qui est proposée (25.000 euros). C’en est presque décourageant… qui va risquer sa vie pour 25.000 euros ?
    – l’annonce simultanée d’un don de 60 millions d’euro de l’Allemagne au Musée de l’Holocauste.
    Ca fait beaucoup, tout ça.
    Je ne suffoquerai d’indignation que lorsqu’on y verra plus clair.

  3. Vous avez trouvé les mots justes, mon cher Philippe. Mais que dire de cette banalisation, lorsque, ici même, certains comparent le dernier clip de l’UMP… à la communication du IIIème Reich ?

  4. « Arbeit macht frei », la dernière vision du monde avant de basculer dans l’enfer, ces trois mots je ne peux les prononcer sans éprouver une douleur profonde.
    Le cynisme nazi, le néant qui s’en suit.
    « L’enfer, c’est là où il n’y a pas de pourquoi. » Primo Levi.
    Nos indignations successives n’y pourront rien.
    Nous avons fabriqué un monde qui a déjà depuis longtemps atteint son point de non-retour. Cette société est la nôtre, qu’on le veuille ou non.
    Qu’avons-nous fait pour nous opposer à elle ? Trempé un bulletin de vote dans une urne douteuse qui voulait nous faire croire que nous avions notre mot à dire.
    « Plus aucun sacré indemne », nous dit Philippe, mais tous ont failli, pas un ne résiste à la tentation suprême de se vautrer dans la bêtise, le scandale, la trahison, le mensonge, l’argent.
    Quel sera le geste de barbarie, né de l’intolérance qui sera celui de trop ?
    Celui que nous évoquons est particulièrement atroce, pour ce qu’il représente, je l’ai déjà dit mais pour la crainte funeste qu’il contient.

  5. Dans ce type d’affaire, ne pas oublier la célébration médiatique et culturelle, constante et systématique, des vertus de LA transgression, et de la nécessité de rompre avec TOUS les tabous, qu’il faut bien rapprocher de la difficulté, pour ceux qui prennent ces propos au sérieux, de trouver des « tabous » encore debout dans notre société… Ici, comme ailleurs, qui sème le vent récolte la tempête…

  6. Aucun système humain ne peut exister sans une forme de sacralisation, indépendamment de toute référence religieuse : la vie, la mort, l’Autre…
    Notre société de l’abaissement généralisé et de la perte de toutes les références et les valeurs, hors le sentimentalisme et la bonne ou mauvaise conscience, c’est-à-dire la seule référence à soi, du tout égal, n’aide pas la plupart à réfléchir. Cela suppose une éducation parfaite par une acquisition de la culture pour le plus grand nombre. C’est-à-dire un nivellement par le haut et non pas par le bas.
    C’est bien l’échec, pour ne pas dire la faillite, de notre modèle sociétal actuel que nous constatons : une forme de délitement généralisé. Saurons-nous collectivement réagir ? J’en doute quand tout le système est atteint à ce point. George Orwell me semble avoir eu raison, à quelques années près et les cris de Camus (Albert bien sûr, pas l’organisateur de concerts de Johnny !) restent encore un coup d’épée dans l’eau ! Collectivement, savons-nous encore ce qu’est la (notre) Civilisation européenne ?

  7. Entre autres explications sur ce vol, on ne doit pas négliger la psychiatrie du narcissique (fortuné), qui commet un vol ou paye des voleurs pour dérober un objet dont il sera l’unique bénéficiaire.
    « La compagnie Axa, un assureur possédant un département spécialisé dans les œuvres d’art, cite un criminologiste, John Conklin, auteur d’une étude sur le profil psychologique des voleurs. Il en distingue deux : celui qui vole par passion, cas pathologique, et celui qui vole pour le profit. Le premier type est illustré par le cas de Stephan Breitwieser, ce Français arrêté en Suisse en janvier 2005, pour avoir dérobé plus d’une centaine d’œuvres dans des musées et galeries. Il les entreposait chez lui pour mieux les contempler ».
    Dans la cas de l’enseigne d’Auswitch, la charge symbolique est telle que l’on peut l’envisager. A suivre.

  8. @Robert
    Sur la forme, une phrase me gêne:
    « C’est-à-dire un nivellement par le haut et non pas par le bas. »
    Ou bien on nivelle, ou bien on élève, mais niveler par le bas est un pléonasme, et niveler par le haut… ben c’est impropre.
    Cordialement.

  9. Bonjour,
    Une petite retificaiton de mon commnetaire:
    Cette information parue dans le nouvel obs que vous citez me pose problème
    « A Auschwitz, 1,1 million de personnes sont mortes, dont 1 million de juifs, des polonais non juifs, des tziganes et des prisonniers soviétiques. »
    Je suis assez forte en mathématique mais quand même !
    Que veut dire ce 1,1 ?
    Cela donne l’impression ( je dis bien l’impression) que les juifs n’y étaient que pour moitié !
    Le NOUVEL OBS semble rivaliser avec Faurisson !
    Mais combien d’unité dans le 1 d’après la virgule ?
    J’ai mis des heures avant de comprendre !
    Il s’agirait donc de 1000 000,1 c’est-à-dire un million cent mille !
    Est-ce bien ça ???
    On donne une information en dénaturant une autre.
    Le UN a toujours posé problème à l’humanité
    J’ai écouté Meyssan sur les ondes de France culture dans l’emmission les nouveaux chemins de la connaissance où il est question de la RUMEUR…
    Je prédis le vol d’une nouvelle pantecarte
    quelque part!
    Duval Uzan

  10. S’il vous plaît :
    Il n’ y a pas de victimes sans bourreaux.
    L’un comme l’autre sont frères, issus de la même espèce, la détresse comme la honte sont notre patrimoine commun, l’humilité avant tout, sommes-nous responsables de notre vie, vraiment, c’est facile de répondre quand on est pas confronté à soi-même au sein d’une horreur à subir ou à infliger.
    Ne perdons jamais de vue cette parole du Christ :
    « Ce que vous faites au plus petit d’entre vos frères, c’est à moi que vous le faites »
    et cette autre d’Albert Camus :
    « Nous ne pouvons affirmer l’innocence de personne, tandis que nous pouvons affirmer à coup sûr la culpabilité de tous. Chaque homme témoigne du crime de tous les autres. »

  11. @DUVAL UZAN
    Voici la dépêche de l’AFP, en tous points identique au texte de P. Bilger :
    « L’Allemagne nazie a exterminé de 1940 à 1945 à Auschwitz-Birkenau environ 1,1 million de personnes, dont un million de juifs. »
    Copyright © 2009 AFP. Tous droits réservés.
    Je ne comprends pas la querelle que vous cherchez.

  12. à Philippe Bilger cette citation de Léautaud, qui ne vaut que par l’esprit canaille du personnage et l’opportunité pour le garnement que je suis de ne pas pouvoir m’empêcher de la citer :
    « J’expliquais hier la nécessité
    de n’avoir point pour magistrats
    des hommes honnêtes.
    N’ayant aucune capacité criminelle,
    comment ceux-ci pourraient-ils juger
    des crimes ?
    On ne juge que ce qu’on connaît bien. »
    Je plaide coupable et je renonce à la clémence de mes juges.

  13. Cette profanation est odieuse, indéfendable, mais offrir une prime à celui ou celle qui permettra de récupérer cette enseigne, n’est-ce pas aussi encourager ce genre d’acte dans une époque où le sens du sacré, du sanctuaire sont bannis. Une invitation passive ou inconsciente au négationnisme, au viol des valeurs.

  14. Il n’y a plus de lieux que l’humain ne salisse pas, dites-vous.
    Malheureusement ce lieu même le prouve sans besoin d’avoir recours à sa profanation.
    C’est une peine immense qui m’a saisi à la lecture de ce acte qui va au-delà de la raison humaine.

  15. Oui !…. c’est sans doute terrible tout ça, mais enfin, sorti de son contexte, ce « travail qui rend libre » n’est d’aucun intérêt. C’est peut-être un vol qui n’a rien à voir avec les juifs d’ailleurs. Quant à parler d’un « acte abominable »… c’est excessif ! Il faut garder ces mots là pour les crimes…

  16. Denis Monod-Broca

    Je ne suis pas d’accord avec vous cette fois-ci, M. Bilger. Pourquoi sacraliser ce morceau de serrurerie ? La mémoire a-t-elle vraiment besoin de ce genre de totem ? Pourquoi se scandaliser d’un tel vol ? Ce geste est à mes yeux une provocation, pourquoi tomber dans le panneau et répondre à la provocation ? Cela donne raison aux provocateurs…

  17. Cher Philippe Bilger
    Autant le crime de masse doit nous faire réfléchir et nous remettre en cause, autant il n’est pas forcément pertinent de lire une décadence générale dans cet acte isolé, qui est d’abord le résultat des nombreuses visites de ce lieu très fort.
    Mais ce qui me trouble beaucoup, c’est votre dernier paragraphe:
    « Auschwitz est devenu une exception souillée, banalisée. Il n’y a plus de lieux que l’humain ne salisse pas. »
    Cette dernière phrase me semble tellement bizarre. Vous parlez d’un lieu parmi les plus souillés de l’histoire de l’humanité !
    Vous voulez certainement parler du caractère sacré du lieu au sens girardien.
    Il n’empêche, votre formulation sonne comme si vous ne vous sentiez pas de la même espèce que les nazis qui ont fait Auschwitz, comme si un nouvel homme était né après la guerre, et que vous vous lamentiez du déclin de cette nouvelle civilisation.
    Non, nous sommes les mêmes que nos parents, comme chantait Elis Regina: c’est vous qui aimez le passé et ne le réalisez pas.

  18. Auschwitz est devenu une exception souillée, banalisée.
    Il n’y a plus de lieux que l’humain ne salisse pas.

    Philippe Bilger
    Jusqu’à ce jour, nous n’avons pu souiller – au sens le plus strict, voire étymologiquement – que le beau, le propre, le pur, l’innocent.
    Ce vol vient souiller, a contrario et pour la première fois, la mémoire de ce que l’humanité a produit de plus abominable, le point culminant de la haine, l’absolu du Mal.
    Est-ce à dire que le mal attaque le Mal ? Non. Il s’en prend à l’idée que nous conservons encore du Mal, c’est-à-dire à cette même échelle d’Absolu qui nous laisse possiblement pressentir qu’à l’autre extrémité se trouve le Bien.
    Indépendamment de leurs motivations, les exécutants ou les commanditaires de ce vol participent à une entreprise de désacralisation de l’homme qui passe forcément par une banalisation, jusqu’à parfois les confondre, du bien et du mal.
    Il n’est alors guère étonnant que le Juif soit encore et toujours sa première cible.
    Auschwitz est un lieu de mémoire et de silence, et les juifs ont semble-t-il voulu que ce silence prenne la forme d’un reproche à Dieu. Le chrétien est fondé à le comprendre qui garde au cœur ces mots du Christ sur la Croix : Père, pourquoi m’as-tu abandonné ?
    Mais quelle que soit la profondeur de ce reproche et de ce silence, l’âme juive demeure à travers les temps le témoin inaliénable de l’Absolu devisant avec Abraham près du chêne de Mambré, avec Moïse au buisson du Sinaï.
    Le Bien ne peut exister qu’adossé à cet Absolu dont il procède.
    C’est ce signe-là, dans sa forme de preuve par l’absurde qu’est l’absolu du Mal, que l’on a « effacé » du portail d’entrée d’Auschwitz-Birkenau, en ce même lieu d’extermination où soixante ans plus tôt on a voulu l’extirper du monde.
    Auschwitz banalisé et, si peu paradoxalement, notre ressemblance à Dieu salie. Ainsi davantage camouflée.

  19. @ Ludovic,
    Vous avez parfaitement raison quant au fond. Mon propos n’était qu’une périphrase : l’image inverse du nivellement général auquel je voulais opposer la recherche de l’élévation de la plus grande part de nos concitoyens, ainsi qualifié de « nivellement par le haut ». Sans doute eût-il fallu mettre quelques guillemets pour lever le doute !

  20. @MS
    « Mais quelle que soit la profondeur de ce reproche et de ce silence, l’âme juive demeure à travers les temps le témoin inaliénable de l’Absolu devisant avec Abraham près du chêne de Mambré, avec Moïse au buisson du Sinaï.
    Le Bien ne peut exister qu’adossé à cet Absolu dont il procède. »
    On n’est pas sortis de l’auberge avec des commentaires comme celui-là.
    Vous n’êtes pas sérieux en écrivant cela ?
    Comment pouvez-vous croire deux mots de ce galimatias ?
    A lire la bible on n’y trouve que meurtres, assassinats, avilissement et même massacres (Sodome et Gomorrhe)
    Vous me feriez rire si le sujet n’était point grave.

  21. @Surcouf
    S’agissant de l’âme juive, c’est un constat, la Shoah n’a pas éteint sa foi.
    Pour « Le Bien ne peut exister qu’adossé à cet Absolu dont il procède », c’est une constante. Les révolutionnaires de 1789, qui n’avaient pas encore perdu la raison, ont cru bon d’adosser (dans leur préambule) la Déclaration des Droits de l’homme à une transcendance, l’Etre Suprême, afin de pouvoir en attester (toujours dans le préambule) le caractère inaliénable c’est-à-dire absolu.

  22. @Duval Uzan,
    Calmez-vous, Philippe Bilger ne rappelle en fait que ce que représente Auschwitz. Il ne s’agit pas là de refaire l’histoire de la Shoah, ni même celle du camp d’Auschwitz ; mais de s’interroger sur les mobiles profonds de l’atteinte à un symbole.
    Pour ma part, je considère, en l’absence de tout indice, qu’il vaut mieux ne rien dire plutôt que de se hasarder à des théories fumeuses et nécessairement hasardeuses.
    Rien ne permet pour l’heure de proclamer la moindre certitude.

  23. Jean-Dominique Reffait

    Je souscris pleinement et je pondère.
    Je suis sans doute le seul qui soit choqué de voir avec quelle légèreté l’on traite les croyances anciennes et comment l’on fait fi des précautions que prenaient des peuples antiques pour préserver leur au-delà. Oui je déteste voir des momies que l’on a déterrées pour les exposer au Louvre. Je crois que nous avons interrompu avec une grande bêtise un processus sacré de vie éternelle parce que nous ne le reconnaissons plus comme valide. Vieilles croyances, vieilles momies, on profane sans vergogne, et tant pis pour l’âme du défunt qui se voit alors privée des récompenses dont elle jouissait depuis des milliers d’années.
    Le sort d’Auschwitz est celui de la vallée des rois. La mémoire s’enfuit qui cède le pas à l’histoire, bientôt plus enseignée. La bêtise et l’ignorance recouvrent le passé comme un limon collant et l’on ne distingue bientôt plus ce qui faisait rire ou pleurer. Tous les archéologues savent qu’on ne déniche les trésors de l’âme ancienne que sous d’épaisses couches de crottes.
    Un jour, vers 2121 ou 2122, une vieille dame décèdera et l’on découvrira alors l’inscription maudite dans sa cave au milieu de vieux meubles. Elle sera vendue aux enchères. Personne n’aura l’idée de replacer l’inscription à sa place, d’Auschwitz ne restera plus qu’une stèle au milieu d’un quartier d’affaires et Israël n’existera plus sous sa forme actuelle.
    Avec le temps tout s’en va, la disparition de cette inscription symbolise l’effacement de la Shoah. Rien que de très ordinaire.

  24. routa villanova

    Je suis décidément triste ! Monsieur Bilger, vous me dites que je me trompe lorsque je pense que les magistrats méprisent, en général, le peuple, vous me dites que vous n’avez jamais lu Jean-Toussaint Desanti, en tant que fils de déportée (non à Auschwitz, mais à Buchenwald), je puis insister pour que vous lisiez enfin JTD, à la lumière de votre légitime indignation sur le vol du slogan nazi d’Auschwitz. Et je serai moins triste sinon consolé.

  25. Et comme le monde est mesquin, tous vos jolis commentaires vont tomber á plat lorsque l’on apprendra, peut être, qu’il s’agissait « tout simplement » d’un vol de métal (comme on vole du cuivre).
    Le mémorial de TOUTES (exclusive indécente lue ici) les victimes de cette période est dans nos cœurs et ceux-ci ne peuvent être déboulonnés.

  26. Mais c’est le destin de toute chose de se banaliser un jour !
    Auschwitz est quelque chose de sacré dans la culture occidentale contemporaine… mais je ne crois pas que les petits chinois d’aujourd’hui s’en soucient beaucoup !
    Cela ne rend pas, bien sûr, le vol ordinaire, et d’autant plus que c’est à l’évidence un acte de profanation.
    Cordialement

  27. Il est urgent d’attendre.
    Il faut tourner sept fois sa langue etc.
    J’ai essayé, je n’y arrive pas.
    Et aussi, après la pluie…
    L’indignation n’est pas une discipline, elle s’apparente au réflexe un peu comme un coup de poing, peut-être trop vite donné mais lancé pour se protéger.
    Si tout est relatif, si avec le temps tout s’en va, c’est le présent qui compte et qui décide de tout.
    Tant mieux si tout rentre dans l’ordre, nous oublierons l’incident.
    Auschwitz ne s’oubliera pas, c’est une marque au fer rouge sur le front de l’espèce humaine.

  28. Véronique Raffeneau

    jpledun dit l’essentiel de ce que je voudrais exprimer à propos de ce vol.
    Ceux qui ont été massacrés à Auschwitz ou ailleurs dans cette Europe de la nuit sont à tout jamais dans notre coeur.
    A Bobigny il y a une gare désaffectée où quelques-uns se retrouvent chaque année en mai pour se souvenir de tous ceux qui sont partis là de France pour mourir assassinés.
    Personne, jamais, ne pourra voler les rails, les murs, l’escalier en pente qui mène à cette gare de désolations et de malheurs.

  29. @ Denis Monod-Broca
    Je suis bien loin de partager votre avis et certainement pas le seul. Effectivement si cette pièce dans son individualité n’est qu’un « bout de ferraille », cette pièce appartient à un tout, c’est le membre d’un corps, d’ailleurs comparable à notre corps. Une phalange d’auriculaire anatomiquement parlant n’est rien, mais vue sur l’homme, elle appartient à un tout et si on vous la coupe vous souffrirez… C’est un peu pareil.
    D’autre part, on commence par cette plaque, puis les barbelés, les miradors,… le camp, puis on finit par monter un parc d’attractions à son emplacement, c’est pour ça que la tolérance zéro doit exister pour ce genre d’acte sous peine de le voir se banaliser et se répéter avec plus de vigueur.

  30. @ Denis Monod-Broca
    Les symboles sont indispensables à beaucoup d’actions humaines, ne serait-ce que pour fixer le cadre « moral » dans lequel elles doivent se dérouler et en être les garants.
    Cela me fait penser au drapeau, sacralisé singulièrement par les militaires. Ceux-ci se battront et accepteront de se faire tuer pour ce bout de chiffon coloré, non pas pour ce qu’il est physiquement, mais bien pour ce qu’il représente, la France et ses valeurs qui méritent d’être défendues au péril de sa propre vie.
    A défaut d’une telle référence, il est évident que le militaire n’est plus le soldat de la liberté, mais devient un mercenaire au service d’intérêts particuliers…

  31. Je souscris pleinement et je pondère. JDR
    Vous souscrivez pleinement (au caractère exceptionnel donc, « Auschwitz est une exception souillée, banalisée » – PB) et votre pondération qui consiste à banaliser la banalisation débouche en totale contradiction (« rien que de très ordinaire » – JDR) avec votre acquiescement initial.
    Le relatif n’est décidément pas très rationnel.
    Il est même sans pondération quand l’articulation de son grand écart vient à mettre sur le même plan « Le sort d’Auschwitz e(s)t celui de la vallée des rois ».
    Allez, une note positive, nous allons encore fêter Noël. Tout ne passe peut-être pas 😉

  32. On a arrêté les voleurs.
    Il s’agit soit de malfrats qui agissent pour un « collectionneur », soit de simples voleurs de métaux.
    En attendant, cette affaire prouve que nous vivons dans un monde où tout est désacralisé, y compris la mémoire.
    Sans doute est-ce dû à l’individualisme exacerbé qu’on a développé dans notre société.

  33. « Trop souvent, et moi le premier, on éprouve le besoin d’aller chercher dans les comportements odieux une rationalité même primaire. Parce qu’il est trop difficile d’accepter la bêtise nue et ses ravages. »
    PB
    Conclut un très joli paragraphe, que l’on pourrait peut-être résumer de la fameuse maxime qui veut que l’on doive « préférer les malhonnêtes aux andouilles, car les malhonnêtes se reposent parfois, eux. »
    C’est probablement de cela que ce vol relève. Mais les réactions qu’il suggère sont autrement intéressantes quant à ce qu’elles disent de qui les profère.
    AO

  34. Rédigé par: Duval Uzan | 20 décembre 2009 à 13:49
    On ne sait très bien à vous lire si relevez d’une inscription au CE1-2 où on apprend le sens de la numérotation décimale, ou de St Anne où on apprend à enfiler un vêtement assez peu lâche aux entournures ?
    PB, rassurez-moi, avec ce dégel, je doute, serions-nous déjà à Pacques pour faire (ré et pas rai)sonner tant de cl…..
    AO

  35. @ J.D. Reffait,
    Curieuse comparaison, Auschwitz et la Vallée des Rois. J’avoue que le lien m’échappe et comparer la recherche archéologique à ce vol odieux est surprenant de votre part.
    L’historien que vous êtes n’ignore pourtant pas ce que la connaissance historique doit à l’archéologie, tout particulièrement s’agissant de l’Egypte pharaonique dont on ne saurait quasiment rien.

  36. Jean-Dominique Reffait

    MS, il suffit de lire pour comprendre.
    Ce qui est ordinaire est la banalisation et la désacralisation.
    Il n’y a donc pas de grand écart entre ce qui fut un lieu très sacralisé de l’Egypte ancienne que nous désossons aujourd’hui sans la moindre gêne et ce lieu sacralisé qu’est Auschwitz, en passe d’être désossé itou. Les premiers profanateurs de la vallée des rois furent des égyptiens contemporains qui se cachaient pour piller les tombes, tout comme nos voleurs d’Auschwitz. Demain, les profanateurs d’Auschwitz seront tout aussi officiels et estimés que nos égyptologues.
    On peut le constater comme une permanence humaine sans l’approuver. C’est en cela que je rejoins complètement Philippe : c’est un phénomène à la fois inéluctable et détestable.

  37. Les espaces sacralisés ne souffrent pas la profanation parce qu’ils ont partie liée avec la mort : cimetières, lieux de cultes, camps de concentration… Les injures, les tags, le vol provoquent donc douleur individuelle ou collective, pour la mère qui découvre la disparition d’une statue sur la tombe de sa fille comme pour les survivants des camps et leurs familles qui sont bouleversés par ce récent vol du fronton d’Auschwitz. L’écho qui est donné à cette douleur dans les médias est à la mesure des sites et des populations concernés.
    Je suppose que si la flamme du soldat inconnu était « volée » sous l’Arc de Triomphe (elle est quand même bien gardée !), l’armée et les anciens combattants feraient aussi part de leur stupéfaction douloureuse.
    Mais faut-il tant se stupéfier de ce qui relève peut-être plus d’une grande bêtise que d’un acte volontairement antisémite ? Les auteurs ont été arrêtés, l’enquête se poursuit comme on dit et l’on devrait prochainement en savoir plus sur leurs motivations.

  38. Au Cambodge, il y a des morceaux de ferraille qui sèment la mort tous les jours et malgré le génocide dont il a été victime, le peuple de ce pays n’a pas la chance d’émouvoir l’Européen travaillé au corps par l’ancien et le nouveau testament qui sont des manuels pour apprendre la haine et où les nazis ont sûrement puisé leur concept de race supérieure, de « peuple élu ». La conscience de la Shoah ne concerne que la mauvaise conscience européenne, le reste de la planète n’y est pour rien et vue l’indifférence qui est la vôtre aux souffrances des autres peuples que ceux chéris de Dieu, comprenez que le vol d’une pancarte soit tout à fait relatif. Indignez-vous pour quelque chose qui vaille la peine et ne surfez plus sur une vague que vous entretenez au risque de provoquer une autre tempête.

  39. @MS
    [i]Les révolutionnaires de 1789, qui n’avaient pas encore perdu la raison, ont cru bon d’adosser (dans leur préambule) la Déclaration des Droits de l’homme à une transcendance, l’Etre Suprême, afin de pouvoir en attester (toujours dans le préambule) le caractère inaliénable c’est-à-dire absolu[/i]
    Permettez-moi, comme athée, de m’inscrire en faux sur la prétendue existence d’une entité supra quelque chose.
    Je sais bien que l’athéisme a mauvaise presse mais je ne renierai pas mes convictions pour autant.
    A priori, dans notre société, peu importe la religion mais il convient d’en avoir une sinon on passe pour un mécréant au yeux des bien-pensant.
    Pour autant je ne demande pas aux croyants de renier les leurs.

  40. « Le sort d’Auschwitz est celui de la vallée des rois. »
    JDR,
    Qu’est-ce que sont ces salmigondis ?
    Vous, pris en flagrant délit d’éthylisme anticipé, pincez-moi, je rêve.
    Comparer le sort de millions de gens sacrifiés par quelques fous assassins à celui de rois (pharaons, ne jouons pas sur les mots mis) dont le travail des archéologues et des historiens dit la grandeur de l’art et de la métaphysique, quelle hérésie !
    Que l’Occident ait choisi de les remettre en lumière, eux et leurs productions de sens et d’art, quel crime en effet ?!!!
    Choisissant de les parer de la gloire d’avoir su inspirer ou choisir cet art là, quelle trahison…
    De nous être enrichis à jamais (nous l’humanité) d’une des plus grandes métaphysiques que les hommes ont inventées, quelle vilenie…
    Les Egyptiens contemporains, si ne sont des ingrats, eux qui savent que 80% de leur PNB vient du tourisme archéologique, devraient être infiniment reconnaissants envers Napoléon et la perfide Albion qui lui emboîta le pas quant à faire de ce passé enfoui – et par des dizaines de générations de leurs ascendants totalement méprisé déjà du caractère polythéiste si incompatible avec le joug islamique embrassé par ceux-là – un phare dédié à l’universel du génie humain.
    Qu’on ait en outre autopsié des momies n’est pas plus choquant que d’autopsier de fort récents vivants, hier parmi nous, dont la famille sait pourtant le tourment affligé aux chairs sans vie, la rationalité l’emportant là heureusement.
    Quant à prétendre connaitre
    1. Les réelles envies de ces gens morts si loin, eux si épris de vanité et de gloire historique quant au sort fait à leur éternelle traversée et à celle de leur mémoire, eux si souvent posés au coeur de lieux bâtis pour édifier le passant des faits de leur grandeur…? Furent-elles de réelles envies de demeurer dans un infini silence ou adéquates à une renaissance historique que leur offre notre monde contemporain, à de si désireux d’en inventer une autrement hypothétique…
    A ce propos, je rebondis sur une chose vue dans un récent reportage diffusé sur Arte samedi soir dernier, où à en croire l’égyptologue strasbourgeois les parcourant, les « textes » laissés à l’entrée du vaste monument funéraire laissent à penser que celui pour lequel fut érigé cette tombe anticipa la lecture qu’en feraient d’autres, bien plus tard, leur souhaitant presque la bienvenue…
    2. Quel sens faut-il donner à des volontés exprimées si loin de nous, qu’il nous faut en sus interpréter depuis notre système hors toute parenté du leur ?
    Un pharaon voulant interdire à des pilleurs de récupérer ses atours, c’était peut-être au sens de conserver l’unité de ceux-là, d’interdire leur dispersion, leur refonte, leur dénaturation ; en est-il privé quand sa tombe est reconstituée dans un musée, entouré des objets qu’il s’était lui-même choisis, ne verrait-il pas là une façon d’immortalité dont il n’aurait lui-même rêvée ?
    3. Quelle valeur a un désir, une aspiration, hors toute conscience pouvant lui donner sens ?
    Entre autres.
    AO

  41. Lucullus-Surcouf, à en croire votre post et votre lien, de la religion, pour vous, les carottes sont cuites.
    Est-ce encore de la croyance que de les espérer crues ?
    AO

  42. JDR,
    La banalisation de l’exception d’Auschwitz ne peut être ni banale ni ordinaire, sinon Auschwitz n’est plus une exception (mais un constituant ordinaire dans ce processus de banalisation).
    Sur précisément le caractère tout à fait exceptionnel de cette banalisation, cf. mon premier post.
    Surcouf,
    L’Etre Suprême n’est certes pas dans l’esprit des révolutionnaires de 1789 une divinité, mais l’homme nouveau dans son parfait accomplissement futur. En ce sens, il est un Absolu, auquel la Déclaration est adossée en vue d’en fonder son caractère inaliénable. D’où (et implicitement dans l’esprit des révolutionnaires) :  » Le Bien ne peut exister qu’adossé à un Absolu dont il procède ».

  43. Non, non, MS, l’Etre suprême de 1789 n’est pas « l’homme nouveau », mais bien une divinité. Attention aux anachronismes. L’invocation à l’Etre suprême, ajoutée dans le préambule de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen au cours des séances, correspond à la foi chrétienne de la quasi-totalité des Français et, plus particulièrement, à celle des membres de l’Assemblée nationale.

  44. @Laurent Dingli
    Voulez-vous dire que la sémantique a évolué entre 1789 et 1794 ? Peut-être, je sais pas…
    Parce qu’il est bien clair que le Culte de l’Etre Suprême introduit en 1794 s’inscrit dans une volonté de déchristianisation de la France.
    Il me semble que c’est dès 1789 une religion de l’Humanité qui lui est associée. Sinon pourquoi ce terme nouveau et non pas Dieu de Jésus-Christ, Tout-Puissant, Créateur… ?


  45. Je profite du commentaire de MS pour vous indiquer que je pars quelques jours à Annecy pour les fêtes. Je vais essayer de soutenir le même rythme pour mes billets et vos commentaires seront évidemment publiés dans les meilleurs délais. Que personne ne s'inquiète. Je vous remercie d'ailleurs pour la qualité de ceux-ci, qu'ils approuvent ou non la teneur de mes billets qui cherchent souvent à stimuler votre réactivité. Pour ne parler que de mon tout dernier post, j'ai lu avec infiniment d'intérêt les réflexions qu'il vous a inspirées. Je regrette de ne pouvoir répondre directement à chacun d'entre vous, en particulier à Pegobry qui m'a appris beaucoup même si, me semble-t-il, il exagère la tonalité négative de mon billet. A ce sujet je voudrais souligner qu'en dépit des apparences je n'ai aucune certitude indiscutable sur ce plan. Je me pose des questions et il s'agit davantage d'un portrait en creux de Benoît XVI que d'une analyse historique du comportement de Pie XII. Le titre d’un billet se doit, quand on peut, d'interpeller et vous aurez compris que l'assimilation de Pie XII à Papon par Alain Duhamel est tout à fait grotesque à mon sens. Surtout, n'oubliez jamais que l'écriture fait trop souvent disparaître des ombres et des doutes que la pensée pourtant recèle. Très bonnes fêtes à vous tous et formidable année 2010 !
    > Message du 22/12/09 09:43

  46. Merci ! Et bonnes fêtes à vous monsieur Bilger. Bonnes fêtes aux Blogueuses et Blogueurs ; et meilleurs voeux à tous pour 2010 !

  47. Certes le vol de ce symbole de la Shoah est odieux. Mais il faut raison garder et il me semble, à moi aussi, plus important de traiter des crimes actuels et de la justice avec ses faibles moyens.
    Mes propos vont peut-être choquer certains, mais je pense aussi qu’il faut être clair.
    Ce qui me chagrine toujours un peu quand on parle des camps nazi, c’est qu’on y associe la Shoah en parlant peu (trop peu) des autres personnes exterminées dans ces camps et qui ont été les frères de sang des victimes de la Shoah. L’extermination a été quasi-universelle contre ceux et celles qui gênaient le régime nazi et pas seulement contre les juifs.
    A propos du « travail qui rendrait libre », qui pourrait croire encore aujourd’hui en un tel slogan ? Les seules personnes libres dans notre société sont les capitalistes qui ne travaillent pas et font travailler les autres. Ceux qui travaillent ne sont justement pas libres et contraints de travailler pour atteindre le niveau 1 de la pyramide de Maslow.
    Quant à parler de l’extermination la plus importante de l’histoire, il me semble qu’on oublie un peu trop facilement l’extermination de tous les peuples améridiens et d’une grande partie des indiens d’Amérique du Nord. Mais personne n’en parle, pas de musée, pas de devoir de mémoire… Pourquoi ???

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