Pour ne rien cacher, depuis l’enregistrement de Salut les Terriens chez Thierry Ardisson jeudi dernier, je rumine.
Je ne parviens pas à digérer sa première question sur mon cheveu sur la langue qui serait ma caractéristique essentielle, et une ou deux autres qui ont suivi sur le même thème passionnant.
A dire vrai, si je suis au bord de l’agacement, c’est que la soirée s’était très bien passée mais que je n’ai pas eu la réaction qui s’imposait par une sorte de peur, de crainte de blesser cet animateur que par ailleurs j’aime bien. J’aurais dû simplement lui répondre que j’étais heureux de constater qu’il savait d’emblée aborder les sujets importants et qu’après évidemment on traiterait de choses dérisoires comme le crime, la cour d’assises, la politique, mon père ou la vérité.
Pourtant, l’équipe d’Ardisson était sympathique, lui-même, avec son sourire éclatant, semblait vous faire un cadeau au moment même où il vous rapetissait, son adorable compagne était présente, j’étais assis à côté de Karl Lagerfeld qui avait droit à la part du lion avec Dominique Bertinotti ministre de la Famille. Mais cette initiale inélégance venue comme un cheveu sur la soupe…
Sans doute la complaisance avec laquelle je l’avais accueillie, le faux sourire que je m’étais imposé étaient-ils restés dans un coin de mon être puisque venant d’atterrir au Togo, quand j’ai reçu un SMS de l’un de mes enfants, j’ai été pris à nouveau d’un lancinant et aigre regret. Pourtant ce message, ayant apprécié mon intervention médiatique, était chaleureux et rassurant mais il me faisait part aussi de l’exaspération éprouvée devant cette sempiternelle allusion à ce cheveu.
Croyant me libérer, j’ai rédigé un tweet pour évacuer cet état d’âme et, si j’ai reçu beaucoup de consolations revigorantes et lucides, j’ai aussi été accablé par la bêtise de telle ou telle réplique. La plus sotte, d’une sottise crasse, étant celle-ci : « Dans les concours d’éloquence à la mode, on en parle. Si Bilger a réussi en zozotant, vous pouvez y arriver vous aussi ». Comme la parole et l’éloquence seraient aisées si elles ne dépendaient que d’un détail physique !
Je ne pensais jamais que je serais toujours obligé de me battre pour tenter à la fois de faire valoir l’indécence offensante de cette référence constante à l’insignifiant et de rappeler que même chez moi il existait peut-être autre chose que ce cheveu et cette langue.
Dans les portraits même bienveillants auxquels j’ai eu droit, dans les articles qui étaient consacrés à certaines des affaires criminelles où j’avais requis, il venait sûrement, il prenait sa place, il apparaissait comme un détail capital, un attribut irremplaçable, ce cheveu. On pouvait avoir l’impression que je m’étais constitué autour de lui et que ma pensée, mes qualités, mes défauts, mon être ne tenaient qu’à un cheveu. Je finissais par songer que j’avais sans doute tort pour ne pas estimer à sa juste valeur une telle richesse.
Mon excellent ami, le grand journaliste Franck Johannès, après m’avoir une première fois altéré le moral avec une allusion ironique à mon cheveu, avait par la suite développé une argumentation de haute volée pour me prouver que je disposais là d’une marque d’identité, d’une trace de singularité dont je ne devais pas seulement m’accommoder mais me féliciter. Quelques minutes rasséréné, je perdais vite l’optimisme et je sentais que j’aurais été prêt à perdre cette caractéristique pour le bonheur d’avoir la paix lors de mes lectures et de mes présences médiatiques.
Ce qui me désolait le plus tenait à ce que j’étais quasiment le seul à devoir souffrir d’une telle impolitesse. En effet, Thierry Ardisson et d’autres journalistes et animateurs à sa suite n’évoquaient pas la petite taille d’untel, la chemise blanche de BHL, le rire crispant de Laurent Ruquier, le poids de Pierre Ménès ou l’apparence atypique de Karl Lagerfeld – tous attributs n’ayant en effet aucun intérêt sinon pour blesser, faire rire ou distraire de l’essentiel.
Je persiste à considérer que le cheveu sur la langue n’est rien d’autre qu’une modalité de prononciation, une manière d’être et de parler équivalentes aux éléments que je viens d’évoquer. En certaines circonstances, j’ai considéré que cette obsession constituait la revanche physique de ceux qui ne pouvaient pas me faire sortir de mes gonds sur le plan intellectuel.
Grâce à ce ce billet qui me délivre et décharge une incompréhension éruptive, je me fais du bien. J’accepte le reproche de ne pas savoir être indifférent. J’espère que cette impossibilité a parfois des conséquences positives. Je proteste à mon sujet, donc aussi forcément pour les autres, parfois.
Je voudrais vraiment en terminer avec cette histoire qui m’a mis à un cheveu d’un véritable énervement.
Tout cela ne serait pas arrivé, vous aurait été épargné si à la première question de Thierry Ardisson j’avais eu le culot de répondre comme j’en ai eu envie. Trop tard.
Ce qui caractérise notre époque, c’est la crainte d’avoir l’air bête en décernant une louange, et la certitude d’avoir l’air intelligent en décernant un blâme.
Jean Cocteau
Je pense, ainsi que vous, que ce n’était pas très élégant de la part d’Ardisson et je pense que chacun a eu son lot, en parlant de l’animal de compagnie de Lagerfeld ce n’était pas non plus du meilleur goût… C’est dommage car Ardisson a beaucoup d’humour et je comprends votre frustration de ne pas avoir réagi tout de go… mais ça n’a pas d’importance, votre fair-play a prévalu… et vous avez banalisé au lieu de rentrer dans son jeu, qui de ce fait faisait un flop… L’indifférence a du bon.
En avoir ou pas (sur la langue). Ca vous chatouille, puis ça vous gratouille, et puis il faut que ça sorte.
Mais sans lui, la face du monde (judiciaire) en eut sûrement été changée (après tout, pour d’autre c’était bien le nez).
Heureusement qu’Ardisson ne vous a pas pris à rebrousse-poil, on n’imagine pas comment la vengeance aurait pu tourner en boucle…
Je conçois parfaitement votre crispation, regardant cette émission j’ai moi-même ressenti une certaine frustration quand la remarque de Monsieur Ardisson m’a rappelé ce détail que la clarté de vos exposés, la précision de votre expression, votre usuelle clairvoyance et la pertinence de vos positions même lorsque je ne les partage ni ne les approuve, et l’élégance générale de votre style m’avait fait oublier depuis si longtemps.
Cette frustration s’est même teintée d’une touche de bêtise lorsque j’ai amèrement regretté de ne pas disposer d’un mur où afficher le portrait de cet animateur, tant je déteste ceux qui m’amènent à m’abaisser ce dont votre réaction, quand bien même vous la considérez inadaptée, vous a au moins protégé.
Monsieur Ardisson, sur cette affaire, mérite bien plus votre indifférence que votre courroux et protégez-vous du type de réactions dont j’ai tant de mal à me défaire !
Monsieur Bilger,
Ecoutez Monsieur Johannès ! J’ai essayé de vous expliquer la même chose sur Twitter mais en 146 caractères… Ce qu’à la suite de ces remarques imbéciles vous semblez considérer vous aussi comme un « cheveu sur la langue » – que pour ma part je n’avais jamais remarqué comme tel tellement vous le maîtrisez – vous confère a priori une étonnante identité, à la radio ou à la télé, qu’en fait la plupart de ces gens vous envient ! Il vous permet de capter l’attention de votre public avant même de délivrer le fond de votre propos et renforce considérablement votre impact. Quand on n’a pas la poitrine de Jayne Mansfield (ahhh…) ou la plastique de Clark Gable (vous avez quand même séduit Madame Bilger…), et qu’on est plutôt un intellectuel et un débatteur, on ne crache pas sur ce genre d’avantage. Surtout ne changez rien, nous perdrions beaucoup de notre plaisir à vous écouter…
Face à une caméra et dans l’ambiance d’un enregistrement, pas si facile de trouver la bonne répartie dans l’instant . Combien se sont fait piéger, même des professionnels.
Ardisson, spécialiste de la provocation, n’en est pas à sa première saillie. Il n’empêche que celle-ci traduit un manque de respect évident à l’égard de l’un de ses invités.
Finalement il s’en fut d’un cheveu pour éviter l’incident !
Monsieur,
Je vous lis depuis longtemps mais vous écris pour la première fois. Je viens de regarder en streaming l’émission où vous êtes apparu, je vous entendais pour la première fois d’ailleurs, et vous ai trouvé aussi captivant que le format minimaliste de l’émission et votre courte prise de parole le permettait. Votre cheveu sur la langue, c’est anecdotique, mais vous savez bien comme Ardisson aime se mettre en valeur en rabaissant peu ou prou ses invités…Vous avez eu l’élégance et la courtoisie de ne pas l’humilier en retour, merci.
Vous valez tellement mieux que ce minable, juste capable de faire de la télévision. Je vous trouve toujours très juste dans vos analyses et j’adore votre petit cheveu qui vous rend tellement attachant.
Une de vos supportrices
L’attitude juste face à l’imprévu.
Seul les plus grands maîtres du bouddhisme en sont capables, ou certains jeunes enfants, ce qui revient presque au même.
Être soi sans contrainte, en toutes circonstances, mais n’importe quel moine tibétain vous expliquera que c’est le travail de plusieurs réincarnations.
Ah mais, qu’est-ze qu’on z’en fout de ce zeveu ! un zeveu, qu’est-ze donc, vous zauriez pu avoir tout un épi, une toizon abzalonienne zur la langue que z’aimerais bien connaître l’accuzé dans le bokz de la cour d’assize tenté de ricaner trois millizecondes sur zette particularité ! Bilzer a un zeveu ! La belle affaire ! Za fait trente ans de taule, avec ou zans !
Aussi bien je pense, Philippe, que ceux qui se sont arrêtés à cet aspect de votre prononciation ne vous ont tout simplement jamais écouté. Ils n’ont jamais su ce que vous dites, ils ont attrapé deci delà quelques mots sans imaginer qu’il s’agissait d’une phrase, encore moins d’un raisonnement et ont décidé de vous résumer à cette coquetterie. La première fois que je vous ai entendu, c’était, je crois, à propos de François Besse, j’ai été captivé alors et je n’ai donc strictement rien remarqué de baroque dans votre élocution. Il a fallu qu’on me le fasse remarquer un jour – Mais tu sais, Bilger, c’est celui qui a un cheveu – pour le constater. C’est un accent.
Un jour trouverez-vous peut-être votre Edmond Rostand qui vous composera la tirade du cheveu mais d’ici là, zoyons clairs, je crois qu’on z’en fout !
Vaut mieux un cheveu sur la langue qu’un poil dans la main !
Ardisson n’a jamais travaillé de sa vie.
Cher Philippe,
Que faire de notre cerveau archaïque qui agit hors de tout autocontrôle ?
Cette peur de disqualification qui creuse un long sillon et réactive un combat avec soi-même, des émotions volontairement enfouies, des désirs de fuite.
Que faire de notre demande de perfection constante sans cesse trahie par notre réalité corporelle ?
Que faire lorsque l’entourage ne vous donne plus ce renforcement positif, que des pensées rationnelles, le développement de l’intelligence ne comblent plus ce trouble plus profond que l’émotionnel, cet état épuisant de rumination ?
Ecouter cette sensation désagréable qui tourne en rond. Oui forcément puisqu’elle est dominante de toute raison et de tout renforcement. Oui parce qu’elle sert de pare-excitation à un changement qui veut se mettre en place et utilise ce langage corporel pour s’inviter à une prise de conscience impérieuse.
Les ruminations peuvent apporter des constructions positives si l’on creuse sans craindre et commence à porter son attention à côté. Y a quoi à côté qui veut prendre sens, qui veut naître ?
L’hypersensibilité peut être un atout ou un charme dans un parcours en contraste avec une image que votre statut ou vous-même vous ont trop longtemps imposée. C’est peut-être approximatif mais il est nécessaire de se laisser régresser pour pouvoir atteindre des voix de sublimation ou de création.
Pourquoi voulez-vous que seules vos constructions intellectuelles dominent dans vos récits et que votre présence ne trouve qu’une place secondaire.
Des singularités ont plus d’espace à prendre que des présences lisses. Vous voyez bien que votre parole est plus recherchée que celle d’un ministre.
françoise et karell Semtob
Vous avez laisser courir et vous avez fort bien fait. Démosthène bégayait, moins cependant que Camille Desmoulins, le procureur général de la lanterne. Alcibiade prononçait mal les s, Cicéron avait une voix dure et peu flexible… Ne parlons pas de Napoléon ! Ils ont tous réussi à tirer parti de leurs défauts.
J’ai lu récemment le récit de Christine Bridault, qui a été juré d’assises dans un procès où vous requériez, et, si je l’en crois, vous n’avez aucun souci à vous faire du côté oratoire. L’avocat de la défense vous qualifiait alors de « chat surpuissant et surarmé » : il n’a visiblement pas entendu la même chose qu’Ardisson…
Vous êtes un poil susceptible. Un cheveu sur la langue c’est comme un accent étranger. C’est une marque d’identité plus qu’un véritable défaut.
La remarque n’était pas méchante mais plutôt enfantine, et KL en a encaissé des pires sur son animal de compagnie, son orientation sexuelle, son français, sa silhouette, son régime.
Mais KL est imperturbable.
« …mais que je n’ai pas eu la réaction qui s’imposait par une sorte de peur, de crainte de blesser cet animateur que par ailleurs j’aime bien. »
Je pense que tout cela n’est que la conséquence de votre croyance dure comme fer que les médias sont tout.
La vulgarité absolue dans ce genre de programmes pensés, construits par et pour les seuls ricanements – désolée, même en replay, même avec vous, Philippe, ce genre de produits télévisuels n’est pas une seconde regardable – est d’inviter des auteurs sans avoir lu une ligne, un mot, une virgule de leur livre, de leurs billets ou de leurs articles.
Voilà ce qui devrait être très prioritairement dit et dénoncé par les invités.
Vous avez ici et ailleurs une foule de gens du réel qui, quand ils vous écoutent, ne songeraient pas un millionième de seconde à faire le plus minuscule cas de votre cheveu sur la langue.
Il n’empêche que vous manifestez dix mille fois plus d’attention et d’intérêt pour les Thierry Ardisson que pour ces personnes.
La seule anomalie est le fait d’accepter de vous rendre à ce genre d’émissions, de ne pas vouloir leur dire non.
Un mot sur et pour Franck Johannès.
En matière journalistique F. Johannès est l’élégance, le sérieux et la compétence mêmes.
Votre cheveu présente l’immense avantage de permettre à celui qui ne vous a écouté que quelques minutes, de vous reconnaître ensuite au bout de quelques secondes.
Bonjour Philippe Bilger,
« Je ne parviens pas à digérer sa première question sur mon cheveu sur la langue qui serait ma caractéristique essentielle, et une ou deux autres qui ont suivi sur le même thème passionnant. »
Il ne faut pas vous formaliser pour ce genre de petite pique de la part de Thierry Ardisson. Ce qui est agaçant chez lui c’est sa manie de couper les cheveux en quatre.
Il est vrai que lorsqu’on est pris au dépourvu, la bonne réplique ne vient pas tout de suite et ce n’est que longtemps après qu’elle nous apparaît. Mais hélas il est trop tard.
Sans doute n’est-ce que partie remise car il se trouvera bien un jour un autre animateur, avide de faire son petit effet, qui vous reparlera de votre cheveu. Tiens, pourquoi pas Laurent Ruquier lorsqu’il vous invitera à son émission ONPC. 🙂
Bonjour Monsieur Bilger,
Ce sont souvent les remarques détournées sur la personne qui sont les plus pernicieux chevaux de Troie et ce genre de remarque, il n’y a pas à couper les cheveux en quatre, passe souvent dans les émissions de divertissement.
J’avais un défaut avec les chuintantes jusqu’à un âge avancé. Finalement c’est un problème que j’ai résolu définitivement, vous allez trouver cela incroyable, quand je me suis mis à apprendre le russe (quatre ans quand même).
C’était une mission quasi impossible pour moi au départ vu le nombre incalculable de « chuintantes » de cette langue. C’est bien sans le vouloir que cela m’a apporté quelque chose dans ma propre prononciation personnelle.
Sinon dans ces émissions-là, ils n’auraient jamais l’idée de dire vous êtes bien mis de votre personne. On dirait que l’excentricité sublime va être de nos jours d’être bien mis de sa personne et pour ainsi dire élégant.
Je m’en rends compte à chaque fois que je prends les transports en commun, moi qui dans ma tenue vestimentaire est on ne peut plus classique ; je vois toujours des rappeurs ou des jeunes avec le look grunge ou punk qui me regardent comme si j’étais un extra-terrestre.
Ce désordre des convenances se retrouve automatiquement sur les plateaux télés de divertissements qui sont le reflet de la société.
Un peu d’humour M. Bilger ??
Vous êtes sérieux, bien sérieux dans vos interventions télé. Vous cherchez à convaincre, vieille déformation professionnelle qui vous nuit face à des présentateurs comme T. Ardisson, qui cherchent à se valoriser aux dépens de leurs invités.
Moquez-les sans état d’âme, avec même un zeste de cynisme.
Face à un T. Ardisson ou son frère en médiocratie, lancez le défi de réciter le célèbre vers de Racine qui conclut la pièce Andromaque.
Une superbe allitération :
« Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes. »
Il n’y a pas de défaut qui ne soit un avantage… au détriment d’autrui !
Cher Philippe Bilger,
Votre billet illustre cette qualité – ou ce défaut – qui vous est exclusive : cette capacité à conserver toute votre fraîcheur, votre candeur, votre naïveté dans un environnement où rien n’a été laissé au hasard pour l’accomplissement du but unique : valoriser les qualités extraordinaires du seul personnage qui vaille sur le plateau : l’animateur.
La comparaison d’une caractéristique « innée », le cheveu sur la langue, avec les singularités très programmées que sont la chemise et la coiffure de B H-L, ou le costume, l’accoutrement devrait-on dire, de Karl Lagerfeld, ne semble à cet égard pas pertinente. Autant les atours de ces derniers sont le fruit d’une longue réflexion, d’une lente maturation sans doute, autant le cheveu sur la langue, le bégaiement, la petite taille ou l’embonpoint ne sont que des handicaps naturels dont les détenteurs parviennent à faire, parfois, des atouts. Le tempo si reconnaissable du phrasé de Louis Jouvet résultait d’un long travail de l’intéressé pour se débarrasser d’un défaut d’élocution dont il se serait bien passé.
Je suis bien convaincu que Thierry Ardisson fait aussi peu cas de votre cheveu qu’il ne le fait du costume de Karl Lagerfeld ; mais si les auteurs qui lui préparent ses bons mots ont jugé que cette entrée en matière peu amène ferait rire, l’argument a sans doute porté sur Thierry Ardisson sans aller jusqu’à le questionner sur la qualité de ces rires.
Mais il faut reconnaître que votre environnement professionnel ne vous a pas, certainement, préparé au mieux à ce type d’insolences. J’imagine bien un prévenu évoquant à gorge déployée le cheveu sur la langue dont serait affligé l’avocat général sur le point de requérir.
Je terminerai par un aveu : assistant en direct à l’interpellation de Thierry Ardisson à votre encontre, je me suis fait cette réflexion : « tiens, mais c’est vrai, il a un cheveu sur la langue » !
De mon point de vue, si vous évitez vous-même d’en faire des billets, nous oublierons ce cheveu.
Monsieur Bilger,
L’allusion à votre « cheveu sur la langue » vous a atteint profondément. Ce qui, moi, m’a sidérée, c’est qu’à l’accusation de traîtrise de votre père, vous n’ayez pas réagi, ne serait-ce que par un « c’est plus compliqué que ça ». Votre père était autonomiste, c’était un crime à l’époque, c’est maintenant plutôt une mode. L’histoire de l’Alsace entre les deux guerres est compliquée, mal connue, et soigneusement occultée.
Si mon mari, Alsacien, avait mesuré 1,75 mètres, blond aux yeux bleus, il aurait peut-être été incorporé dans la section Waffen-SS « das Reich » cadeau des généraux à Hitler en 1944. L’histoire est cruelle pour certains, et seuls les vaincus sont des criminels.
Le cheveu sur la langue fait entièrement partie de votre personne. Il est vrai qu’il apporte, à mes yeux, une dose d’humanité marquée au fer blanc à un bonhomme qui fut avocat général à Paris. Et ce décalage entre la force implacable de la justice et la petite faiblesse de l’homme, esclave de son être profond, a un côté que je trouve particulièrement rassurant. Un peu comme les tics de Guaino, de Lindon, ou même le tee-shirt noir… d’Ardisson.
Cela étant dit, je suis entièrement d’accord avec Véronique Raffeneau plus haut. Votre véritable erreur est de participer à ces émissions qui s’attachent précisément à la première bêtise venue pour faire de l’audimat. Vous existez sans vous fourvoyer dans cette arène, contrairement à de nombreux auteurs/artistes. Evitez-là désormais.
Vous avez simplement été l’une des nombreuses cibles de la machine médiatique, le temps de quelques secondes. Rien de nouveau, mais surtout rien de grave. Vous ne pouvez pas profiter des avantages qu’elle procure et vous plaindre de l’essence même de son fonctionnement.
«J’accepte le reproche de ne pas savoir être indifférent. »

Autorisez-moi cette auguste réplique : si vous saviez comme à la lecture de ce billet, «je vous ai compris», et aussi cette autre: «Mais qu’êtes-vous allé faire dans la galère» d’Ardisson ? Connaissant le loustic et son inélégance singulière, vous auriez pu le prévoir !!
Ceci étant, la dernière fois que le cheveu de la tête à Mathieu à été opposé à la dent de la mâchoire à Jean, il me semble avoir évoqué cette particularité de la prononciation romaine qui de «diabolus» à l’initiale dure issu du grec «διά_βολος» (qui tend ses pièges ou ses filets en semant la zizanie – du grec pour ‘ivraie’- ou en instaurant la division), a fait «zabulus» dont l’initiale a beau être un doux zézaiement, elle ne le rend pas moins redoutable, au contraire… Tout comme dans le cas de sōna la ceinture, celle des coupeurs de bourses, devenue le redoutable zona.
Parlons donc plutôt de Démosthène à la «voix faible, l’élocution confuse et le souffle court, qui rendait difficile à saisir le sens de ses paroles, obligé qu’il était de morceler ses périodes. » — Plutarque, Vie de Démosthène, 9 orateur auquel les Athéniens ont érigé un herma sur la place du marché à Athènes, quarante ans après sa mort, statue par laquelle on comprend bien que ce qui compte, ce n’est pas tant l’élocution – contre laquelle il a mené par ailleurs un combat acharné comme on sait – mais qui force l’écoute davantage qu’une voix de stentor et fraye donc un chemin à la puissance de l’argumentation…!
On va donc dire que, à sa manière, qui je vous l’accorde n’est pas des plus subtiles, mais bon Aridsson est Ardisson hein! les gros sabots de sa rhétorique ont voulu faire de vous un modèle pour tous ceux qui aimeraient faire d’une singularité qui paraît au départ un repoussoir au commun des mortels, une véritable et admirable force, ce qui, en soi, reconnaissez-le, n’est pas une mauvaise chose et vous met tellement au-dessus du vulgaire….! Continuez donc à le prendre avec humour, l’intelligence vous en saura gré.
La goujaterie de ce présentateur mondain s’appuie sûrement sur cette phrase pêchée je ne sais plus où : « il prend sa coquetterie à l’œil pour un éclair d’intelligence ». Bien entendu s’il avait osé évoquer l’aspect « atypique » de Karl Lagerfeld, il se serait sans doute pris une volée de bois vert d’une langue au fort accent teuton, trempée dans l’acide. Faudrait-il Monsieur Bilger vous rappeler les adages « Bien faire et laisser braire » (j’ai été cavalier), « Les chiens aboient, etc.).
@Michel
Ce n’est pas à sa pilosité linguale que je le reconnais sans le voir, mais à la qualité de son verbe, même si je ne partage pas toujours ses opinions.
Contrairement à vous, je tiens peu en estime Thierry Ardisson. Je rejoindrai Véronique Raffeneau dans son analyse. Vous courez les plateaux de télévision et donc vous soumettez à la volonté des animateurs. Que pouviez-vous attendre d’autre de Thierry Ardisson ?
Malgré son sourire toujours parfait, Thierry Ardisson n’est qu’un goujat que vous semblez découvrir, ce qui me surprend pour quelqu’un qui fréquente les plateaux et, à votre égard, il ne pouvait que l’être simplement pour ce que vous symbolisez par votre présence : l’institution judiciaire. Êtes-vous sûr que vous ne figuriez pas sur le « mur des c… » intime de cet animateur ?
Mais votre réaction très humaine est celle de toute personne qui sait ses défauts (d’élocution en l’espèce) à qui la simple politesse et le respect de l’autre imposent de ne pas les lui rappeler. C’est de la même nature qu’adulte l’on continue à se moquer du nom d’une personne, élément dont elle ne porte aucunement la responsabilité. Nous sommes tous imparfaits et conscients de l’être : le rappel de ces imperfections ne peut qu’aviver une blessure intime que l’intelligence de l’autre doit amener à s’abstenir de le faire.
La fonction même de Thierry Ardisson est d’aviver immédiatement ce type de blessures pour conditionner ses victimes et exercer sur elles une espèce de domination. Répliquer n’avance à rien d’autre que de donner au « tortionnaire » l’occasion de pousser son avantage. A moins de connaître le défaut de la cuirasse de l’intéressé et de s’y engouffrer. Mais une telle attitude n’est pas constructive. L’ignorance de l’attaque reste la meilleure tactique.
Cela mérite la tirade du nez d’Edmond Rostand (Cyrano). Le terme de sot est bien approprié à celui qui se focalise avec facilité sur un détail en passant sous silence toute la richesse d’un individu.
Riche est celui qui ne s’est pas laissé désarmer par un ‘détail’ mais qui l’a surmonté. Il en a fait un marchepied pour progresser en tout domaine. Ce faisant, il peut ‘faire de l’ombre’ car il est brillant. Alors la revanche du sot consiste à le rabaisser, à le réduire à un détail…
Il convient donc de ‘recadrer’ fermement le sot. De le remettre à sa place.
Démosthène en son temps fut raillé pour sa diction. Des petits cailloux dans la bouche pour le forcer à maîtriser la prononciation l’en auraient débarrassé. Lui aussi discourait à propos des choses judiciaires, la plus connue étant la loi de Leptine, Démosthène se dressait alors contre la médiocre gestion des finances publiques d’Athènes…
L’historien Paul Veyne a dit un jour qu’il lui semblait probable qu’un trait de son comportement qu’au fond il trouve assez considérable – à savoir qu’il est un original, un dissident, un être qui sort du troupeau – est dû à une très petite chose : il a une asymétrie sur le visage. Peut-être cette particularité que vous avez ne rend compte en rien de ce que vous êtes. Mais peut-être que nombre de vos qualités trouvent ici une de leurs origines – l’origine immédiate, comme on distingue en histoire les causes immédiates des causes profondes ou lointaines. Peut-être est-ce pour cela que vous aimez aller au fond et non pas rester à la surface ? Que vous n’aimez pas condamner et êtes généreux ? Que vous n’aimez pas les socialement dominants qui sont indifférents aux dommages subis par les victimes ? Que vous n’avez pas peur de montrer votre vulnérabilité (votre trait le plus étonnant et attachant pour moi qui suis lecteur de ce blog et ne vous connais pas autrement) ?
Confidence pour confidence, je vous préférais, Philippe, avant que vous vous multipliiez sur les ondes. Cette frénésie de paraître, de participer à des émissions vulgaires, bêtes et superficielles devient une tare bien plus grave, je vous l’assure, que ce charmant défaut de langue qui suscite l’intérêt et la sympathie de l’auditeur.
Vous savez bien que le public, inculte et grossier, ne comprend goutte à ce que vous vous efforcez d’expliquer, entre deux saillies lourdingues ou mots d’esprit foireux d’animateurs uniquement soucieux de maintenir le rythme rigolo de leur émission et de ne pas perdre de parts du marché audiovisuel.
Hormis deux ou trois émissions regardables, la télévision est le supermarché du futile et de la vulgarité.
Qu’allez-vous donc faire chez les Ardisson, Ruquier ou Fogiel ?
Pourquoi pas la Roue de la fortune ou Money Drop, tant que vous y êtes ?
Thierry Ardisson est royaliste ; il le dit et le redit ! Son émission en porte le sceau.
Les invités lui font face en demi-cercle, assis dans un fauteuil. Il préside de son bureau, renvoie d’un geste négligent de la main les œuvres des uns et des autres, porte le noir (qui lui sied à merveille) qui symbolise le désir de pouvoir.
« Le grinçant » qui ne fait que passer, lui, reste debout.
Et il adore l’invité du 20 heures auquel, à laquelle, il ne reprochera rien parce qu’il, qu’elle le ramène à (son) l’humanité et aux constats de difficultés qui lui sont
étrangères.
La remarque du cheveu fait partie du personnage. Mais est particulièrement inutile puisque chacun peut l’entendre.
L’avoir reliée à quelques secondes près à votre parcours professionnel, à l’autonomisme impardonné à votre père était
de l’indélicatesse.
Le Roi pourrait encore lui apprendre quelques astuces pour être proche et/ou éloigné de ses sujets.
L’orateur le plus ébouriffant qu’il m’ait été donné d’entendre fut Edgar Faure qui avait ce même défaut. Est-il nécessaire de s’en affliger comme vous le faites ?
Continuez à nous enchanter de vos vivifiants propos, tout le reste n’est pas même de la littérature.
En toute amitié
Scène VII. Savonarole, Madame B.
Savonarole – Si vous ne lui envoyez par moi tout à l’heure cinq cents euros, il va ridiculiser votre mari et, de son cheveu, en faire tout un potage.
Madame B. – Comment, diantre ! Cinq cents euros !
Savonarole – Oui Madame ; et de plus, il ne m’a donné pour cela que deux heures.
Madame B. – Ah ! Le pendard d’Ardisson, m’assassiner de la façon !
Savonarole – C’est à vous, Madame, d’aviser promptement aux moyens de sauver de la risée médiatique un mari que vous aimez avec tant de tendresse.
Madame B. – Que diable allait-il faire dans cette galère ?
Savonarole – Aux étranges lucarnes la folie de paraître conduit parfois, dit-on, les vieux Procureurs…
Madame B. – Il faut, Savonarole, il faut que vous fassiez ici l’action d’un lecteur fidèle.
Savonarole – Quoi, Madame?
Madame B. – Que vous alliez dire à cet Ardisson qu’il me renvoie mon mari et que vous vous mettiez à sa place jusqu’à ce que j’aie amassé la somme qu’il demande.
Savonarole – Eh ! Madame, songez-vous à ce que vous dites ? et vous figurez-vous que cet hardi çon ait si peu de sens que d’aller recevoir un misérable comme moi à la place de votre mari, coincé entre un tailleur emperruqué et une ministricule aux us bien âgés ?
Madame B.- Que diable allait-il faire dans cette galère ?
Savonarole – Il ne devinait pas, le benêt, ce malheur. Songez, Madame, qu’il ne m’a donné que deux heures.
Madame B.- Vous dites qu’il demande…
Savonarole – Cinq cents euros.
Madame B.- Cinq cents euros ! N’a-t-il point de conscience ?
Savonarole – Vraiment oui, de la conscience à cet étrange terrien !
@ Catherine JACOB
Cpmment faites-vous pour reproduire les lettres grecques ou autres ? Je n’y arrive pas. Merci. Enfin, si vous lisez ce petit billet intéressé.
@ P.Bilger
Pour le cheveu sur la langue, vous agacez-vous du personnage sot qui vous a interpellé à ce sujet ou du fond de bêtise que représente cette apostrophe ?
Lorsque j’étais enfant, ma mère me disait que j’avais deux mains droites, une pour écrire et l’autre, la gauche (à la sortie de la guerre), pour serrer la main de ceux qui avaient perdu leur bras droit. J’ai eu quelquefois l’occasion de mettre en pratique cette injonction, et j’ai toujours vu un sourire de reconnaissance sur le visage de mon interlocuteur. Alors, je suis content d’être d’un autre temps, quand on enseignait qu’on ne riait jamais du défaut des autres, si léger fût-il ni de leur nom ni de leur état. Nous n’étions que des enfants du peuple, et nous méprisions en silence la populace, dont Ardisson aujourd’hui.
Monsieur Bilger,
L’indélicatesse que vous venez de décrire illustre parfaitement les raisons pour lesquelles je ne regarde plus les émissions animées par le méchant bateleur qu’est Thierry Ardisson.
Que retiendrons-nous de lui, lorsque ses ricanements, sa dentition artificielle, ses outrances vaines, auront définitivement quitté le paysage audiovisuel ?
En toute sincérité, je peux vous affirmer que le poids du cheveu attaché à votre langue ne parviendra jamais à supplanter celui du fond de vos propos.
Ce n’est pas votre cheveu que l’on écoute. Ce n’est pas lui non plus qui a provoqué l’émoi de notre garde des Sceaux…
Bonjour,
Ce que je retiens d’Edgar Faure, c’est le phrasé, l’éloquence, la facilité de l’écriture et surtout sa présence sur la scène politique française.
Il disait malicieusement et sans s’énerver : « Je n’ai qu’un cheveu sur la langue ».
Vous avez bien du mérite, cher Philippe, à continuer de bien aimer cet animateur qui cherche avant tout à choquer et scandaliser.
Vous êtes bien bon de lui consacrer votre chronique et c’est bien dommage que vous ne vous soyez pas laissé aller à votre impulsion première de crainte de blesser cet homme, qui lui n’a guère de scrupules avec ses invités.
Hélas il s’est servi de ces incongruités pour s’ériger en censeur incontournable ; il mériterait grandement d’être remis à sa place. Dommage que votre courtoisie légendaire vous en ait empêché.
Cher M. Bilger,
Roger Siffert, de la Choucrouterie à Strasbourg chantait il y a 40 ans déjà :
« Fer Kopfweh, gebst Aspirin,
fer Dumheit gebst nit ! »
Pour ceux qui ne parlent pas couramment l’alsacien, je traduis :
« Pour le mal de tête y a l’aspirine, pour la bêtise, y a rien »
Bien à vous
Vous êtes trop bien élevé, courtois et « profond » Monsieur Bilger, pour être bon dans ce genre d’émission où rien ne compte si ce n’est l’ego de l’animateur. C’est ce que j’ai pensé en la regardant et votre billet me le confirme.
Cela dit, et compte tenu de votre parcours professionnel, vous êtes un bel exemple de résilience.
Cher Philippe,
Le billet sur Yo et d’autres prend ce jour tout son sens.
Vous m’avez fait de la peine chez Ardisson, et bien avant son intervention. Que faisiez-vous donc là ?
Par votre billet, vous m’en faites encore davantage.
Comment osez-vous d’une certaine manière vous comparer à un Laurent Ruquier sur lequel il n’y a rien à dire. Ardisson vous a-t-il touché à ce point ?
Audrey Crespo-Mara n’a qu’un seul défaut, c’est son compagnon. Ardisson ne méritait pas votre billet, mais puisse votre écriture vous soulager.
Consolez-vous, quoi que vous ayez dit de saignant comme vous savez le faire, Ardisson l’aurait coupé au montage, et je pense que vous vous êtes grandi et n’avez pas non plus tendu l’autre joue.
Ardisson vous a trahi une fois, c’est de sa faute. S’il vous trahit deux fois, ce sera de la vôtre.
Ardisson peut également s’écrire hardiçon, et si votre cheveu le gêne, oubliez la cédille, on ne vous en voudra pas.
Bonsoir Monsieur Bilger
On a les défauts de ses qualités et inversement ; moi j’aimerais parfois avoir plus de retenue car je trouve que c’est une grande qualité dans certaines circonstances.
Toujours dans certaines circonstances c’est une bonne chose de répondre, mais c’est votre bonne étoile qui ne vous a peut-être pas fait répondre dans le cadre de cette dimension, dans cette émission-là en particulier.
Comme me disait un ami peintre : un artiste n’est pas à même d’être le meilleur critique de son œuvre et par extension un homme peut prendre ses qualités pour des défauts à l’aune du jugement et de ceux (les défauts) des autres.
Bonsoir monsieur Bilger,
J’ai toujours plaisir à vous suivre même à la télé mais samedi j’ai souffert pour vous devant tant d’inélégance.
Vous êtes trop gentil monsieur Bilger, voilà votre faiblesse !
@Amfortas | 06 mai 2013 à 16:08
« Cpmment faites-vous pour reproduire les lettres grecques ou autres ? Je n’y arrive pas. Merci. Enfin, si vous lisez ce petit billet intéressé. »
Je ne fais rien de particulier, ça marche tout seul. Mais peut-être que lorsque le diable s’en mêle… Allez savoir.
Pour faire une référence cinématographique, vous êtes resté sage comme une image.
Merci de me rappeler cet excellent film, et le moment où le mari de Jaoui dans le film passe à la télé dans une parodie d’Ardisson. Il vient pour parler de son livre mais doit répondre sur sa pratique de la sodomie avec sa femme… (vers 1h15mn20s en lien mais en russe)
Bonjour,
Hier, j’ai oublié de vous dire que je trouve quelques similitudes entre Edgar Faure et Philippe Bilger.
Tempête dans le verre d’eau du tout-petit-monde parisien et M. Ardisson et sa vocation de « moraliste pourrisseur » (drogue, sexe, etc) ne mérite pas le coup de chapeau dont il bénéficie… Ah, si le mouvement sur le mariage gay pouvait avoir pour effet d’apporter de l’air frais pour ébranler le monopole de ces miasmes parisiens…
Je trouve que le mot « cheveu » revient trop souvent dans les commentaires…
Jamais remarqué non plus de moi-même votre cheveu. Je crois bien que c’est vous qui me l’avez fait savoir dans un de vos billet ancien. Mais ne le supprimez pas, il me (nous sans doute) manquerait…
Bonjour monsieur Bilger,
Je vous félicite au contraire de ne pas avoir répondu à M. Ardisson…
« L’indifférence est le plus grand des mépris »
Citation d’Axel Oxenstiern
Je le pratique souvent, et je reste en bonne santé !
Amfortas,
Si vous disposez de word, vous pouvez, selon la version de word dont vous disposez, ajouter des « caractères spéciaux », dont l’alphabet grec : αβΩ∑π… (Il suffit de taper, dans l’aide : caractères spéciaux, et vous vous voyez proposer différentes possibilités)
Sinon, vous tapez dans votre moteur favori « caractères spéciaux », et vous aurez accès à différents sites, notamment la correspondance pour les caractères html, et des sites qui vous proposent de copier dans leurs bases (gratuitement) plein de symboles différents.
En dernier ressort, remettez-vous en à la générosité de Catherine Jacob. Si j’en juge par sa réponse, ça n’a pas l’air gagné.
Amfortas,
le site suivant peut vous être utile:
http://windows.microsoft.com/fr-fr/windows-vista/using-special-characters-character-map-frequently-asked-questions
Ce qui a été profondément gênant c’est la posture qui vous été imposée, vous sentant obligé de médire sur les opposants au mariage pour tous, vous pensiez ne pas faire le poids face à la langue bien pendue de Lagerfeld et la lobbyste Bertinotti, et le comique trublion qui se référence à ses vues sur You Tube. Alors vous avez critiqué les ardents défenseurs du respect d’une filiation de bon sens. Mais les rires du public tétanisent certainement les esprits critiques du politiquement correct. Le cheveu sur la langue est anecdotique, à côté du maquillage de drag queen de Bertinotti et du style victorien de Lagerfeld.
Moi aussi j’étais fort étonnée de vous voir dans cette émission et me demandais quelle serait votre « posture ». Je vous ai trouvé effectivement bien trop courtois pour ne pas dire gentil face à cet animateur et suis sur ma faim : je pensais bêtement que l’interview porterait sur votre livre.
Combien êtes-vous admirables, vous tous qui vilipendez une émission que cependant vous regardez manifestement souvent. Est-ce qu’ainsi vous vous confortez dans votre supériorité ?
Moi, j’aime bien cette émission qui après les personnalités de service, invite des inconnus, accidentés de la vie, souvent fort intéressants et parfois touchants par leur courage.
Véronique, je ne suis pas du tout d’accord avec votre sévérité. Philippe n’a pas à dire, sur un coup de tête, oui ou non à un programme de télévision qui entre dans le plan de promotion d’un livre. Un livre, c’est un éditeur, c’est une distribution, c’est un circuit économique qu’il faut rentabiliser et la promo en fait partie. On peut le regretter mais c’est ainsi et Philippe aurait vraiment mauvaise grâce à refuser des émissions qui lui sont conseillées par sa maison d’édition et qui sont capables de faire mieux connaître son bouquin. Car après tout, ce qui importe pour Philippe, c’est bien que son propos soit entendu et lu et si les lecteurs regardent Ardisson ou Ruquier, eh bien, il faut en être ! D’autant plus que le personnage d’Ardisson plaît de surcroit à Philippe, alors pourquoi se priver ?
Enfin, vous paraissez, à juste titre, blessée du trop d’importance que Philippe accorde à une inélégance d’Ardisson relativement à l’appréciation plus véritable et plus profonde de ceux qui, sur ce blog ou ailleurs, apprécient son voisinage intellectuel. Je ne pense pas que cela soit le cas et je pense justement que Philippe savait très bien, en publiant ce billet, qu’il rallierait ses amis à son cheveu. Mais Ardisson, ce sont des dizaines de milliers de spectateurs dont la plupart n’a jamais lu une ligne de Bilger : réduire un auteur à un cheveu ne donne pas spécialement envie de se précipiter sur le bouquin. Et ce n’est pas fair-play de la part d’Ardisson car s’il faut servir un peu de soupe à l’audimat sur le compte d’un invité, autant que ça rapporte à celui-ci qui, après tout, est là pour ça.
Qui est Thierry Ardisson ? (j’habite dans le Gers)
Cher Jean-Dominique,
« …réduire un auteur à un cheveu ne donne pas spécialement envie de se précipiter sur le bouquin. »
Faire de la télé avec pratiquement l’obligation pour l’invité d’être raccord avec la crétinerie ambiante, genre ricanements comme ponctuation insupportable des propos échangés, histoire de ne pas fâcher l’animateur, me dépasse.
Je suis bien convaincue que ce qui détermine un lecteur à lire un auteur est tout autre chose que le fait d’assister ou non à ce type de programmes.
Le plus important dans mon post était l’observation selon laquelle Philippe est victime de sa croyance dure comme fer que les médias sont tout.
Par exemple, Jean-Dominique, vous avez écrit un commentaire remarquable suite au billet consacré au Mur des cons, que sbriglia, à juste titre, a mis en exergue.
Oui, dix mille fois, Philippe devrait plutôt vous consacrer un billet pour avoir décrit le Syndicat de la Magistrature chassant en meute, façon clanique.
Mais non ! Philippe préfère commenter le plus que rien des propos d’un Thierry Ardisson…
Pour finir, cette chanson de Guy Béart, qui résume très bien la façon dont Philippe est perçu, ici et ailleurs, à des années-lumière des nullités des propos des journalistes-animateurs :
http://www.youtube.com/watch?v=51BnP28HfoA
@SR
J’ai toujours trouvé que Karl Lagerfeld avait un style gothique qui ne déparerait pas dans un vieux Béla Lugosi lors de la grande époque des films d’horreurs et d’épouvante de la Hammer (exemples : Dracula et les moult adaptations plus ou moins réussies d’après les histoires extraordinaires d’Edgar Allan Poe ).
Un style gothique qui d’ailleurs actuellement ne déparerait pas non plus dans une wave gothic treffen à son apogée (grande fête qui rassemble chaque année tous les gothiques de France, de Navarre et de Pluton). De plus, cela lui correspondrait assez bien, car en vérité, c’est une fête qui se déroule le temps d’un week-end à Leipzig.
Bonjour monsieur Bilger, je crois que vous avez échappé au pire, Baffie n’étant pas présent sur ce plateau télé comme autrefois chez Ardisson, souvenez-vous de la vulgarité et de la grossièreté inouïe de Baffie envers Gorbatchev, envers l’un des fils du Comte de Paris… un livre ne suffirait pas à les citer tous.
Pour son maintien à la télévision face à la concurrence, le fonds de commerce d’Ardisson est l’agression violente et gratuite, inversement proportionnelle à la notoriété de ses invités. Il tape fort là où cela fait mal.
En l’espèce, vous avez toutefois marqué des points, et il vous réinvitera, soyez-en sûr, pour d’autres tentatives de déstabilisation, car vous avez à peine sourcillé concernant votre cheveu, et pas du tout là où il se réjouissait de vous attendre au tournant avec une massue, en évoquant votre père. De la classe, face à un animateur goujat, spécialiste en mauvais coups sur tous les talons d’Achille.
Maintenant que, promo oblige, cette épreuve ardissonienne a eu lieu, ce sera moins stressant de vous suivre dans des émissions de débat comme sur la Cinq, où les chausse-trapes ne font pas partie du jeu.
Le plus important dans mon post était l’observation selon laquelle Philippe est victime de sa croyance dure comme fer que les médias sont tout. Véronique Raffeneau
Nul n’ignore, Véronique, que les médias ne sont pas tout. Mais ils font tout.
Vous voudriez un PB comme Pierre Bonte, mais il faut pour cela une antenne ouverte, non seulement à votre personne mais à votre projet, et ce genre de projet ne peut plus guère intéresser les médias, l’audience étant moins subordonnée à l’excellence d’un contenu qu’à la notoriété d’un plateau.
Quant à bloguer hors cercle d’intérêt et tête d’affiche médiatiques, c’est risquer rapidement de s’en exclure.
Bonjour Monsieur Bilger,
Un an après, c’est l’heure de la remise en question personnelle avant toute chose. J’ai été le premier à faire partie de ceux qui ont tapé comme Polichinelle sur le gendarme (dans le théâtre des marionnettes bien connu des petits et des grands), sur notre président.
Je pourrais continuer à le faire mais à partir de maintenant d’une façon différente et surtout, en tout cas, moins dans la caricature.
Finalement je devrais suivre un précepte de Charles Péguy qu’Alain Finkielkraut reprend à son compte, en particulier dans le mécontemporain :
« Un monde non seulement qui fait des blagues, mais qui ne fait que des blagues, et qui fait toutes les blagues, qui fait blague de tout. »
Finalement j’en suis fatigué moi-même de blaguer et je trouve que ce n’est pas de la meilleure intelligence pour polémiquer ; on peut constater depuis un certain temps que sur le blog d’Yves Thréard, pour ceux qui m’y suivent, je polémique déjà autrement.
C’est mon dernier commentaire sur ce sujet, ayant dépassé amplement mon quota.
Je suis assez content de moi, sur ce changement de cap.
Bonne fin de journée.
Cher Monsieur Bilger,
C’est toujours avec délectation que je vous écoute et vous lis.
Et si ce cheveu participe à votre respectable et bienveillant
personnage, alors, les moqueurs durables ou passagers qui vous titillent ou vous étrillent devraient sur le triangle de chair qui délivrent leurs billevesées, non pas un cheveu,
mais une touffe, une forêt de poils se faire implanter.
Si cette singularité n’a en rien constitué l’âme d’un Bilger, ne l’a-t-elle pas, dans une certaine mesure, conduit à contenir cette pensée dynamique, puissante, impétueuse, la cadençant harmonieusement, dans un prononcé réfléchi et impeccable qui ne laisse pas indifférent ?
Continuez d’interpeller, avec la force tranquille qui est la vôtre, la République à besoin de veilleurs comme vous,
alors même que la probité de bon nombre d’hommes publics se pare d’une coiffe de médiocrité.
Bien respectueusement.
Je ne vois pas de quoi vous parlez… Je lis votre blog depuis quelques dizaines de minutes (je viens de le découvrir), et je n’entends nul défaut de prononciation. Il me semble que vous coupez les cheveux en quatre…
Cher MS,
Je suis désolée de répondre avec retard à votre post.
Non, cher MS, les médias ne font pas tout.
Il se trouve que j’ai eu à l’automne le grand bonheur professionnel d’organiser une rencontre entre Philippe Bilger, Franck Johannès et les lecteurs d’une Bibliothèque municipale.
Des mois après, tout le monde m’en parle encore et encore.
Qui se souvient aujourd’hui des plateaux télé ambiance Canal + de… la semaine dernière ?
Véronique, loin de moi évidemment l’idée de dire qu’il n’y a pas de vie de l’esprit en dehors des médias.
Mais organisez une rencontre avec deux personnes tout aussi qualifiées dans leur domaine mais dont l’exposition médiatique n’aura pas contribué à forger ou accroître la notoriété, et vous risquez d’y drainer moins de monde.
Ardisson a la critique et l’ironie facile et politiquement correcte. Je ne peux m’empêcher de penser que c’est tout ce qu’il a face à vous, votre pensée structurée et votre éloquence impressionnante.
Soyez fier d’avoir été critiqué ainsi par lui. Cela le rapetisse et vous grandit.
A deux donc. Vraiment.
Car que diable alliez-vous faire dans cette galère ? Cela dit, j’ai dû regarder en tout et pour tout cette émission une demi-heure depuis qu’elle existe et ne suis pas donc forcément très bon juge mais le fameux « sucer est-ce tromper ? » parvenu jusqu’à mes oreilles et le fait que ce talk show ne soit pas en direct m’en ont détournée définitivement.
Peut-être ce billet renvoie-t-il à d’autres humiliations, à ces blessures d’enfance autrement plus graves et je le comprendrais mieux. Car franchement être blessé par cette remarque d’un animateur tellement mal dans sa peau qu’il est lifté, botoxé, implanté au point d’avoir l’air échappé du musée Grévin, n’a vraiment aucun sens. Et je passe sur le fait de « rajeunir les cadres » et de vivre avec une partenaire beaucoup plus jeune dénotant un vrai mal-être. La vieillesse n’est pas une maladie transmissible ; la jeunesse non plus. Ardisson l’apprendra vite s’il ne le sait déjà.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 12 mai 2013 à 08:53
Les médias grand public ont toujours intérêt à intéresser un peu beaucoup de gens au lieu d’en passionner un nombre plus restreint.
C’est évident mais en même temps il faut être un peu connu pour que des gens vous recherchent ou vous écoutent sur des médias plus spécialisés, c’est pourquoi Philippe Bilger se rend à l’émission d’Ardisson.
Le tout est de ne pas y perdre son âme ni le fil des dix secondes de temps de parole attribué, et dans ce sens je crois que notre hôte a bien fait d’ignorer la remarque faite sur son cheveu sur la langue.
Monsieur Bilger,
De longue date, quand je le peux, j’écoute avec respect vos réactions, analyses et commentaires sur ce qui fait les vraies choses de la vie. A vous entendre je me dis à chaque fois sur les sujets qui me posent question, « mais bien sûr ! je pense comme lui! » … mais après !
Cette anecdote que j’ignorais me paraît si petite que je suis navré pour vous qu’elle vous chagrine.
Chacun a son petit défaut
Moi c’est d’avoir grisonné très tôt et ainsi d’avoir suscité des dires comme : « oh ! tu as des cheveux blancs ! bizarre… »
En fait cela m’a servi dans la vie car mes fonctions de direction en étaient plus crédibles à 35 ans
Et maintenant que j’ai le double je n’ai pas vieilli !… comme d’autres maintenant chenus, à qui on dit : oh ! comme tu as vieilli !!!
Euréka ! Je viens de comprendre pourquoi vous en voulez à Laurent Ruquier : lui aussi avait des problèmes d’élocution mais il a réussi à s’en débarrasser… et pas vous !
La jalousie est un vilain défaut Phiphi (j’rigole hein, mais c’est le premier article que je lis de vous et vous m’avez l’air sympathique).
Et pour Camille : pour vous réconcilier avec Baffie, regardez la pièce « Les Bonobos » (la seule pièce devant laquelle j’ai eu d’énormes fous rires).
Ce type en plus d’avoir des réparties géniales est un auteur brillant !