Il y a eu un certain délire politique et médiatique à la suite du jugement ayant notamment condamné Nicolas Sarkozy (NS) le 25 septembre, ainsi qu’au moment de son incarcération.
Après vingt jours de détention, NS a été remis en liberté par la cour d’appel de Paris, présidée par Olivier Géron. Il demeure soumis à un contrôle judiciaire strict, lui interdisant de rencontrer les autres prévenus, de se rendre à l’étranger et d’entretenir le moindre contact avec le garde des Sceaux ou les membres de son cabinet.
Ayant toujours considéré que nous avions enfin un grand ministre de la Justice, j’ai regretté que celui-ci n’ait pas été suffisamment attentif aux apparences, tant dans sa relation avec NS que dans ses propos à son égard. On peut dire qu’il a lui-même contribué à fragiliser la séparation des pouvoirs, ce qui explique cette « première » dans l’arrêt en question.
Celui-ci ne désavoue pas la présidente du tribunal correctionnel, car les deux juridictions, pour statuer sur la détention ou la remise en liberté, ne se fondaient pas, procéduralement, sur les mêmes critères.
Il me semble qu’une double conclusion peut être tirée de cette première séquence judiciaire, du 25 septembre au 10 novembre.

La France n’est pas véritablement une démocratie, puisqu’il est clair que, pour certaines causes, l’égalité entre « les puissants et les misérables » non seulement n’est pas admise, mais conduit à des dénonciations qui perdent toute mesure et toute crédibilité. Il y aurait donc des innocents par principe et des coupables par vocation !
On m’a rapporté que mon ami Ivan Rioufol avait comparé la situation de NS à celle de Jésus-Christ !
Il me semble pourtant évident que le principe selon lequel plus on détient de pouvoir, plus on doit répondre de ses actes, constitue un progrès indéniable.
J’avais trouvé l’exécution provisoire inutile, même si elle sert beaucoup en matière pénale et que le tribunal l’avait ordonnée en raison de l’exceptionnelle gravité des faits. Il s’agit en effet, et de loin, de l’affaire la plus grave — et même la plus indigne — que l’on puisse reprocher à un candidat à l’élection présidentielle, si NS, présumé innocent, devait voir sa condamnation confirmée ou aggravée en mars 2026. Cela n’exclut pas qu’il puisse être relaxé, conformément à ses dénégations constantes – attitude qu’il a d’ailleurs adoptée dans toutes les procédures auxquelles il a été mêlé.
Ce qui changera au mois de mars – ce sera une seconde séquence -, c’est que le fond sera abordé avec rigueur et objectivité, sans que la tenue des débats soit parasitée par la situation personnelle de NS. En effet, la pitié qu’a suscitée, chez beaucoup, son incarcération, a empêché que l’on s’attache à la substance du jugement, bien plus favorable à NS qu’on ne l’a dit. Les débats, puis l’arrêt attendu en 2026, seront totalement délestés de ce risque.
Comment ne pas conclure par un hommage à cette magistrature, aujourd’hui étrangement décriée — y compris par certains de ses plus éminents serviteurs —, et qui s’est pourtant montrée remarquable par sa compétence, sa tenue, sa résilience et sa résistance aux attaques les plus abjectes et les plus indécentes ?
Solidaire d’elle pour le meilleur, il m’importe peu d’en être trop souvent le seul défenseur convaincu.